Quelques heures à Kobé
Hier j’ai passé quelques heures à Kobé.
J’étais curieux de voir ce qui se passe en ville et au Japon en général. J’allais aussi rencontrer plus tard le soir mes acolytes; ilotiers de la région de Hyogo, nous sommes cinq compères qui au cas d’une catastrophe dans la région pourraient avoir a relayer des infos de l’ambassade aux français vivant dans la région.
En sortant du train je découvre un peu le quartier de Kitano, un quartier très touristique et élégant, avec des belles villas de l’époque de Meiji. Il y a de nombreux touristes et ils ont l’air d’apprécier l’endroit.
Même les touristes Chinois sourient et font la queue devant des magasin de pâtisserie mais c’est certainement la liberté qu’ils goûtent le plus. En profitent-ils pour penser librement ? visiblement ceux-là non car sinon on les verrait dans les bibliothèques, et pas devant les pâtisseries. Ceux qui sauraient en profiter pour penser librement sont sans doute déjà exilés, ou bien encore en prison.
Un peu à l’écart je trouve l’église catholique de Kobé. Un très beau bâtiment où je vais essayer de me recueillir. D’abord avant d’y entrer on passe par une cour circulaire, bien arrangée. J’y vois des grosses marmites -pour faire cuire le riz- encore sur des tables, j’imagine que l’on y a arrangé un repas, pour nourrir les nécessiteux sans doute.

Il y a toujours la coexistence de la richesse et de la misère.
A l’entrée de l’église il y a comme dans toutes les églises un panneau avec des affiches, des publications chrétiennes et des messages par les associations et les volontaires. Ce suis très touché de voir ces efforts pour venir à l’aide à l’autre.
Une grande boite en bois est mise à disposition pour y recueillir des dons pour la région de Noto touchée par le grand tremblement de terre.
J’y glisse un billet de 1000 yens et oui je suis un peu con pourquoi ne pas y avoir mis 10 000 à la place ?
Puis j’entre dans l’église proprement dite. Architecturalement c’est une véritable réussite. Je m’assieds et j’essaie de me calmer l’esprit. Les années de catéchisme sont très lointaines, j’ai oublié la moitié du Notre Père.

Cette longue pause me permet de ré-assembler les pièces de mon puzzle et je repars visiter la ville.
Les rues en pente guident les pas vers la gare de Sannomiya et des rues très animées, des rues avec des bars et restos, des rues avec des magasins de fashion, il y en a pour tous. Partout une foule jeune, assez fluide et très joyeuse.

Les gens font la queue devant de nombreux cafés et magasins c’est assez impressionnant. Le tout dans une ambiance joviale. Finalement faire la queue avec ses copains ou copines ça fait partie de la fête, on discute dans le froid mais on sait qu’à un moment un peu plus tard il y aura une table des fauteuils et du chauffage….
Il y a des ruelles étroites où se cachent des boutiques étonnantes arrangées avec goût et la aussi des gens font la queue … incroyable !!

Gelato Pique une marque de pyjamas avec une stratégie marketing géniale, qui permet au final de transformer du pétrole en or …
Parfois la foule heureuse doit s’arrêter pour laisser passer une énorme Mercedes ou alors une LEXUS magnifique ….

Cette pancarte explique que manger des gyozas et boire de la bière ça fait partie de la culture. Entièrement d’accord. Lu et approuvé.

J’admire tout cela mais je me dis que cela manque un peu d’authenticité …
Au fond ce luxe et cette joie forment une fine couche de quelque chose qui finira par sécher, craqueler et sera remplacée par quelque chose d’autre.
Un peu plus tard je découvre un ancien marché, une vieillie galerie marchande couverte, très étroite … Cela date directement de l’époque de Showa. On imagine qu’à l’époque il y avait du monde, c’était bruyant, il y avait des enfants et des chats.
De nombreuses boutiques sont fermées mais il y a encore deux poissonniers, un marchand de thé qui travaillent la depuis 50 ou 60 ans peut-être, comme si rien n’avait changé. Tout cela c’est certain sera bulldozé dans quelques années.
Et puis dans quelques années les rues animées que j’ai admirées plus tôt auront elles aussi changé.
Ce renouvellement permanent très visible ici au Japon car on construit et détruit facilement donne à la ville cet aspect organique qui est si envoutant.

S’y mélangent tristesse et beauté.


Finalement je trouve un petit café tranquille où poser ma besace et m’y vient cette réflexion;
le village où nous vivons représente le Japon d’il y a 50 ou 60 ans, avec les traditions d’autrefois qui y subsistent.
mais le village où nous vivons représente aussi le futur du Japon, où il n’y aura plus que des vieux et où il n’y aura plus d’enfants.
Voila pour terminer sur une note assez sombre …. merci

Mon fils vient de passer six mois à Nagoya. Ce n’est pas très loin de Kobé. Il vous envierait d’être installé au Japon.
Belle journée.
Merci pour ce reportage intéressant comme chaque fois 🙂 amicalement
Merci
Bonjour merci, je suis content que Nagoya et le Japon lui ont plu
Merci beaucoup pour le beau reportage. Il y a quelques cadrages qui valent le coup, et on suit bien ton cheminement. PS : La bourse que j’ai demandée pour voyager au Japon a échoué, dommage, surtout pour mon jeune fils qui a besoin à son âge d’échanges culturels. Sinon, dans mon secteur, les campagnes se remplissent de néo-ruraux. Malheureusement, ce sont plus pour des raisons économiques qu’un choix de vie, comme nous ! Pour certains, ils ne connaissent pas leur territoire, la géographie des lieux, ni même des bribes de l’histoire locale, et cela après de nombreuses années. Une de mes voisines était il y a peu étonnée de savoir l’existence d’un ruisseau situé à une dizaine de mètres de sa demeure. pfffff bon
Bonjour,
J’aime beaucoup ta vision de la ville au Japon, « organique », j’avais lu un ouvrage d’une architecte qui expliquait que les villes au Japon étaient construites autour du temps et non de l’espace. Ces petits changements permanents qui donnent mille visages et semblent perpétuellement en mouvement. ça traduit un peu ce qu’on ressent et ce que tu décris. !
pour conclure sur une note plus positive,
qui sait ce que l’avenir nous réserve… !
Voici un Wakametamago moins enjoué que d’habitude? Merci pour ces réflexions et photos!
Merci Tigny, c’est peut être l’effet de l’hiver !!!