L’homme peut-il être sauvé ? 人間を救えるのか —- tel est le sujet de mon dernier dessin….
Il s’agit en effet du Christ qui essaie de sauver des hommes à l’aide d’un UFO CATCHER … UFO CATCHER: il y en a en France ?
Un "UFO catcher" est un type de machine de jeu ou de divertissement que l'on trouve généralement dans les salles d'arcade, les parcs d'attractions ou les centres de divertissement. Il est également connu sous le nom de "grue à peluches" ou "grue à jouets". L'objectif du jeu est d'utiliser une grue mécanique pour attraper un prix, souvent une peluche ou un jouet en peluche, et le récupérer. (chatgtp)
En tout cas c’est comme cela que l’on nomme ce jeu au Japon ….
Parmi la foule, les âmes perdues, on peut voir le chevreuil, qui est un personnage de ma bande dessinée ‘Retour Sur Terre’… que fait-il la ?
Jusqu’au mois de mars j’ai tenu un excellent rythme avec les dessins, parvenant à avoir une bonne idée et à en faire un dessin chaque semaine. Ceci en parallèle avec le travail.
Cependant la fatigue s’accumulant avec le boulot en Avril, j’étais sec ! Plus d’idées! aucune inspiration. Peut-être, aussi, l’arrivée du printemps et d’autres événements autour de nous.
Et puis tout d’un coup après quelques semaines sèches…
cette image du Christ qui tente de sauver les hommes, avec un UFO CATCHER ….
Comme à chaque fois, je prends beaucoup de plaisir à faire ces dessins: je sens que cela m’aide à progresser ….
Merci encore de suivre mes petites aventures et pour tous vous encouragements, difficile pour vous de vous rendre compte peut-être, mais vos commentaires et vos feed backs me donnent énormément d’énergie !!!!
Tôt le matin de week end vers 5 ou 6 heures j’aime me glisser dans le jardin avec une thermos de café… et je parcours quelques pages, je lis!
Lire me permet de me reconnecter avec moi-même car je fus il y a très longtemps un très gros lecteur, dévorant quand j’étais étudiant un livre par semaine. La vie professionnelle et la numérisation inéluctable de ma vie personnelle et la profusion des distractions sur le Net, m’ont éloigné de la lecture, et c’est quelque chose qui me manque !!
Tôt le matin donc j’essaie de me faire une désintoxe en passant le matin ces moments calmes, en grande compagnie.
Samedi c’était avec Shakespeare, et son Macbeth, que je n’avais jamais lu.
Ca réveille d’anciennes connexion dans la cervelle, ça les dépoussière,
les synapses font des petites étincelles;
par exemple je me souviens tout d’un coup que le film de Kurosawa 蜘蛛巣城 avec Mifune était une adaptation de Macbeth…
Et ça donne envie de le revoir …
Une phrase… dans Macbeth:
Rien dans sa vie Ne l’honora autant que sa façon de la quitter. Il est mort Comme un homme qui eût appris par cœur à mourir Pour rejeter le plus précieux de ses biens Comme une bagatelle insignifiante
Et puis dimanche et ce matin de lundi retrouvailles avec l’un de mes personnages préférés: Chateaubriand! Je l’avais lu il y a plus de vingt ans et j’avais à l’époque, adoré ses mémoires d’outre tombe…
Je m’y remets. Avec plaisir. Avec un peu d’appréhension aussi: que vais-je en penser, aujourd’hui ?
p6
tout chevalier errant que je suis, j’ai les goûts sédentaires d’un moine : depuis que j’habite cette retraite, je ne crois pas avoir mis trois fois les pieds hors de mon enclos. —– tiens ben c’est tout comme moi, dans le village!!
(xx)
Quant à moi, je ne me glorifie ni ne me plains de l’ancienne ou de la nouvelle société. Si, dans la première, j’étais le chevalier ou le vicomte de Chateaubriand, dans la seconde je suis François de Chateaubriand; je préfère mon nom à mon titre
p10
Les jésuites suppléent à la solitude à mesure que celle-ci s’efface de la terre.
p54
C’est pour avoir vu le colonel en second du régiment de Conti, le marquis de Wignacourt, galoper sous des arbres, que des idées de voyage me pour la première fois par la tête.
p62
La mort est belle, elle est notre amie: néanmoins, nous ne la reconnaissons pas, parce qu’elle se présente à nous masquée et que son masque nous épouvante.
Ces petites heures que j’arrive à arracher à ma propre médiocrité me font un bien énorme.
Après on peut faire un tour dans le jardin et contempler les fleurs des zaricots
Et puis plus tard aller chercher dans les bois des pousses de bambou
Je dis que ça s’est bien passé car seulement une personne s’est endormie… le reste répondait bien aux plaisanteries, et il y a avait une bonne dynamique.
J’y ai pris vraiment plaisir, mais c’est normal, quand on la chance de parler de son histoire et de se savoir écouté.
Et en plus huit personnes ont acheté ma bande dessinée « retour sur terre » … Super cool !!
Préparer cette présentation c’était un peu résumer ma vie et essayer d’en extraire un sens et des choses qui pourraient intéresser des personnes de 70 ans …(qui ont donc plus de XP points que moi)
Voici quelques slides du power point.
La maison, en Charente Maritime, où mon père est né.
Dans un petit village de 300 âmes … Oh ces belles maisons charentaises qui évoquent un climat doux et clément … et les belles façades .. et ces murs de pierres d’un mètre d’épaisseur!
Un souvenir d’enfance c’est quand nous « re descendions » dans les Charentes, de Paris pour aller aider mon grand oncle aux travaux des vendanges… Je n’ai plus de photos de tout cela mais les outils, les barriques, on trouve les mêmes photos sur le net et même mon arrière grand père Gaston dont je n’ai pas de photo, la photo du vieil homme lui ressemble tant … même casquette … le même genre de chemise à carreaux … mon Gaston ne portait pas de bretelles par contre … mais lui aussi faisait godaille… et pour le dessert il versait du vin dans son verre et y trempait des biscuits brossard … je crois que ça s’appelait les boudoirs … ces biscuits
Ah oui mon arrière grand père Gaston ne portait pas la moustache … mais mises à part la moustache et les bretelles donc, la photo décrit le même personnage … la même génération d’hommes qui ont travaillé long et dur, et sont passés à travers les mailles des filets de 14 18 … des générations décimées. Gaston était bon en calcul et allait devenir charpentier … pendant la guerre il était artilleur … il y avait une photo, avec son équipe …
Voila je raconte ça aux vielles dames honorables, qui jadis ont étudié à l’université de Nara…
Après je continue sur la famille de ma mère, oléronaise … Oléron et tout ce que l’océan y offre … quelle belle région, encore !!
J’y fais la liste de toutes le choses que faisait mon grand père la chasse, la pèche, l’élevage de pigeons; poules, lapins, moutons; les abeilles aussi et tous les légumes … C’était une vraie industrie … Au fond c’était un paysan mon grand père …. il adorait ce genre de trucs … dommage qu’il n’aie pas fait son vin d’ailleurs …
Un peu plus tard je décris notre vie à Tokyo, et je mélange photos et extraits de ma Bande Dessinée
A Tokyo nous étions dans une belle cage dorée … nous étions heureux avec mon épouse et notre fils mais le manque d’espace à Tokyo, cette ville qui n’en finit pas, fait penser tout de même aux cages de lapins de mon grand père … attention à la myxomatose les amis !!
A partir de la dans la présentation je décris comment nous nous sommes installés au village, petit village au nord de Himeji et les slides s’appuient beaucoup sur la bande dessinée …
Une des conclusions c’est que la vie à la campagne au Japon et la vie à la campagne en France se ressemblent énormément, les climats et la végétation étant en effet assez proches…
Une grosse différence quand même c’est le cochon … Je leur raconte alors qu’enfant j’avais assisté à une pelère dans un village des pyrénées où nous avions de la famille …. le village tuait le cochon … quel spectacle ce fut … quand les gens sont ensemble, se retrouvent, travaillent .. que ce soit pour le cochon, ou pour récolter le thé …
Mais encore ici il y a des similitudes avec notre village au Japon. Lors de la pelère les hommes se sont regroupés pour attraper le cochon, et lui rendre gorge. Ensuite ils font le gros travail de le laver, et le dépecer … mais une fois le travail des hommes finis ils commencent à ouvrir les bouteilles de pinard, pendant que dans les cuisines les femmes se tapent tout le boulot interminable pour faire les saucisses et les boudins.
Magnifique!
Ici au village c’est un peu pareil lorsque nous faisons le nettoyage annuel de la rivière … les hommes descendent dans la rivière et « font le boulot des hommes » assez rapidement et pendant ce temps la les femmes sont en cuisine et préparent des onigiris, des tsukémonos, du thé … cette répartition des tâches et distribution des rôles entre hommes et femmes … pareil … et logique si je pense par exemple au maniement des tronçonneuses et le hisser des troncs hors de l’eau; pour nettoyer la rivière… Dans les deux cas quand même les femmes se tapent plus de boulot c’est certain !
Ci-dessous la dernière slide de la présentation ..
ou en effet j’arrive à la conclusion que en venant nous installer ici à la campagne j’ai fait comme une immense boucle; ayant quitté la France, m’étant installé au Japon, avec femme enfant et chats … pour plus modestement refaire les gestes de mon grand père et de mon oncle. D’où le titre de la BD « retour sur terre »
Ce Retour Sur Terre, ce retour à la campagne c’est aussi une grande boucle qui se fait à travers trois générations. Mon grand père, mon grand oncle qui vivaient presque en autarcie avec toutes leurs productions, mes parents qui ont embrassé la modernité et sont partis vivre sur Paris, avec toutes les opportunités professionnelles que la ville pouvait offrir et puis moi qui, aidé par internet, travaille dans une grande boite US et y poursuit les opportunités professionnelles similaires, mais ce depuis la campagne où j’essaie de réapprendre les choses de la campagne; et essaie de produire moi même, le plus possible.
L’année dernière, juste quelques mois après que j’aie fini la version Japonaise de ma bande dessinée Retour Sur Terre ma chère voisine m’a demandé de faire une présentation pour la réunion annuelle des anciennes élèves de l’université de filles de Nara….
J’ai accepté son offre sans doute que cela a flatté mon égo et sur le coup je n’ai pas su me contrôler et … refuser…
En même temps il est bon d’accepter chaque nouveau défi que l’on trouve sur son chemin, un peu comme faire toutes les side quests dans un jeu vidéo. Ainsi on gagne plus de points, avec lesquels on peut parfaire son armure ou étendre ses pouvoirs magiques.
Nous voila donc un an plus tard et cet après midi je vais faire la présentation.
Un truc qui m’a un peu tarabusté: que raconter à des jeunes femmes qui ont fait leur vie et qui ont presque l’âge de ma mère? Comment les intéresser ? Il y a-t-il vraiment des choses valables à raconter sur mon parcours et mon expérience ?
Le but de cette présentation n’est pas ma satisfaction personnelle, mais la satisfaction du public et de ces personnes qui me font l’honneur d’écouter mes histoires.
Ma chère voisine a je pense plus de 80 ans, elle est très drôle et apparait d’ailleurs dans ma BD plusieurs fois. et la dizaine ou vingtaine de personnes à qui je vais faire la présentation doivent être juste un peu plus jeunes qu’elles….
J’ai donc préparé un power point avec cinquante slides pour raconter ma petite histoire ….
Faire des présentations; je le fais souvent au travail, comme beaucoup d’entre vous je pense, et parfois je le fais devant des centaines de collègues.
Mais cette fois ci la présentation est sur …. moi … ça c’est vraiment une première fois!!
Dans la présentation je présente ma famille en France, en Charente Maritime et comment mon grand père une fois à la retraite s’éclatait littéralement à vivre presque en autarcie grâce au jardinage, à la chasse, à la pèche, et à l’élevage de poules pigeons lapins et moutons …. et comment aussi mon oncle faisait son vin !!
Je raconte comment je suis entré en contact avec le Japon, et utilisant des pages de ma BD, et comment j’ai commencé à y vivre et puis aussi comment avec ma femme nous avons décidé de quitter Tokyo pour nous installer dans un petit village à la campagne, suite aux catastrophes de 2011.
Tout cela en mélangeant des photos et des extraits de ma BD.
Et puis nos premiers pas dans la vie à la campagne où nous devons tout apprendre de zéro. Et si vous lisez les premières pages de ce blog vous verrez que j’ai pas mal évolué dans mes idées et mes propos … en dix ans …
La présentation power point suit en fait le narratif de la BD mais en ajoutant du réel avec des photos.
Il y a aussi cette slide ou je montre à gauche quand nous vivions à Tokyo (dans le quartier de Bunkyo ku puis plus tard à Kichijoji) avec une maison de 500K Euro, un emprunt immobilier, le peu d’espace et de nature mais des trains bondés le matin et le soir …
avec l’impression un peu de vivre comme les lapins de mon grand père… mais attention des lapins de luxe …
A droite avec la flèche verte qui baisse montre le prix de notre maison à la campagne, 30K Euro, l’espace autour de nous, le fait que nous sommes libres et n’avons plus d’emprunt immobilier ni de trains bondés et aussi
le fait que de consommateur de biens nous soyons devenus producteurs de bien:
je fais mes légumes, mes champignons mon bois et …. ma BD !!!
Une transformation qui nous a été super bénéfique et que je recommande ….
La ligne rouge sur la slide avec les étoiles c’est le 幸せ度 ou le degré de satisfaction car oui j’était très heureux à Tokyo mais pas vraiment satisfait, et on voit que la courbe du coût de la maison et la courbe de satisfaction se croisent …
Le prix de l’immobilier reflète la valorisation d’un bien par le marché. Notre maison de Kichijoji était valorisée à 500K EUR (70 milions de Yen) parce que ‘tout le monde veut vivre à Kichijoji’. (et encore la maison elle même avait 30 ans et était évaluée pour très peu… les 70 milions de Yens étaient surtout pour le prix du terrain) Notre maison au village était évaluée à 30K Euros soit 4 milions de Yens …. parce que voila; personne ne veut vivre ici… et encore moins dans une maison ancienne !! avec les chiottes dehors !!!
En gros notre courbe de satisfaction a monté lorsque nous avons décidé de ne plus suivre le chemin que la majorité préfère mais de faire notre propre chemin ….
Plus tard dans la présentation j’arrive à la conclusion que en venant nous installer ici à la campagne j’ai fait comme une immense boucle; ayant quitté la France, m’étant installé au Japon, avec femme enfant et chats … pour plus modestement refaire les gestes de mon grand père et de mon oncle. D’où le titre de la BD « retour sur terre »
Mais faire cette grande boucle était-elle vraiment nécessaire ? aurais je pu arriver à la même conclusion tout en vivant et restant en France ? voilà une bonne question !!
Donc les couvreurs ont fini leur travail la semaine dernière, et le toit de mon home office a été complètement refait.
Juste au moment où les couvreurs plient les gaules mon ami Saki chan arrive avec son camion chargé de belles branches …
Il les a coupées dans un sanctuaire shintô à une vingtaine de kilomètres.
Le bois qu’il amène ainsi est superbe. Il est couvert de mousses ou de fougères … un vrai écosystème …. Dire que tout finira dans le ventre de Calcifer notre poêle à bois ….
Il revient en effet d’un job, où il devait, dans une nacelle suspendue et attachée à une grue, couper des branches d’arbres majestueux dans un sanctuaire shintô. Ces branches étaient devenues menaçantes pour les frêles toitures des bâtiments sacrés…
Ce sanctuaire se nomme le nid du serpent: 蛇穴
Intrigué par ce nom j’ai fait des recherches sur le net pour découvrir que ce sanctuaire est situé dans la boucle d’un cours d’eau …
Intéressant !! Nous décidons avec mon épouse d’aller y faire un tour … L’endroit c’est un lieu un peu plus développé qu’ici, c’est beaucoup moins montagneux et il y passe une ligne de chemin de fer donc … donc … euh je m’attends …. à du moche …. parce que c’est souvent comme ça voyez-vous !!! Dès que la modernité s’installe ….
Mais même si en effet il y a un peu de moche autour, l’endroit est absolument fantastique.
C’est fou comme sur une toute petite surface avec la conjonction de quelques éléments; l’eau; les arbres, les oiseaux, la lumière … le ciel se crée un espace de merveilleux….
Voila on arrive
Quatre petits bâtiments en comptant les toilettes
A l’intérieur il y a un tronc pour y verser quelque monnaie … je fais un don exceptionnel de 1000 Yens (8 euros ???), pour remercier les dieux de l’endroit pour tout le bois que nous avons reçu et qui nous réchauffera dans deux ans.
C’est bien, comme cela, de fermer la boucle; et de s’assurer que tout reste ainsi en ordre … pas de place au chaos….
Le couvreur dirait ici de bien regarder les tuiles …
Ici c’est l’entrée du sanctuaire avec le tori-i. On discerne de belles branches coupées … Calcifer va les manger…
Saki chan a fait le boulot dans une nacelle, haussée par une grue … Saki chan a 69 ans. La retraite … connait pas !!
Les arbres sont superbes et donnent au lieu toute sa dimension spirituelle.
Ici aussi.
Mmmm Saki chan est passé par la avec sa tronçonneuse … et ce tronc d’arbre je l’ai bien vu … dans mon jardin !!!
En effet le sanctuaire se nomme le trou du serpent
Un dessin quelque peu énigmatique
Nous allons voir le deuxième bâtiment
Une peinture qui date de Meiji … Comme le Japon a changé !!
Accroché à cette poutre; un arc.
Sur la poutre à droite; une baïonnette. Je pense que c’est le modèle utilisé lors de la guerre Russo Japonaise, par l’armée Russe….
Mon arrière grand père utilisait pour récolter les asperges une baïonnette qu’il avait pris à un Allemand pendant la 1è GM …
Le tranquille ruisseau qui fait une boucle autour du sanctuaire lui donne beaucoup de charme et le protège du brouhaha de la route voisine. Modeste mais très bien aménagé il appelle à la paix et à la sérénité. Quel endroit !
Un peu plus loin on voit qu’il y a plein de cresson qui pousse…
Le toit du home office est terminé. Ils ont fait un bon boulot !
Chaque jour où les couvreurs venaient je leur offrais un café pour le matin ou le midi, et pour leur pause de l’après midi, une glace. C’était bien sympa. Chaque jour j’allais chercher de nouvelles glaces et je suis allé crescendo: petits esquimos à la limonade (la marque gari gari kun, qui était la marque favorite de feu monsieur Abé), puis des esquimos upgradés, chocolat-vanille et puis … des Haagen Dazs!!
Hier leur boss est repassé remplacer gracieusement une tuile qui était fendue sur le toit de notre maison, peut être un futur projet … dans quelques années.
Pour le remercier je lui donne un sachet plein de feuilles de roquette; récoltées toutes fraiches dans le jardin et un autre sachet pour l’assaisonnement, à savoir huile d’olive et balsamico. Il est vraiment sympa et j’ai envie d’aller le voir dans son atelier et visiter sa collection d’anciennes tuiles.
La modernité et le « progrès technologique » se sont aussi téléscopés avec les couvreurs, vous remarquerez que beaucoup de maisons nouvelles au Japon, leur toiture n’est pas couverte de tuiles mais de …. comment ça s’appelle ce truc!!! des feuilles d’asphalte ?? ou de céramique … ces dernières ont l’avantage d’être beaucoup plus légères … et les toitures modernes sont de conception plus simples, souvent simplement un ou deux grandes surfaces planes. Légèreté: point important pour les pays avec tremblement de terre… Bref les couvreurs eux aussi font face à une réalité et une technologie qui évoluent.
La semaine au travail a été assez dure et j’ai eu du mal à gérer mon temps et j’ai travaillé beaucoup trop. Idéalement je serais capable de me réserver quelques heures chaque après midi pour décompresser, vaquer à des choses diverses, jardiner et profiter du beau ciel de printemps, profiter de la vie!
Parfois comme ça je me laisse ainsi enliser dans le travail, et je sens alors que j’échoue dans mon but. Ca m’arrive souvent quand je bute sur un problème technique … ça peut prendre alors des heures et des heures …. pour trouver la solution … Je ne déteste pas ce genre de choses mais je me mets moi même dans la situation où je ne veux pas être: perdre le contrôle de mon temps.
Au fond je n’ai pas forcément besoin d’avoir plus de pognon ni d’en gagner plus. Nos maisons sont payées. (et une des deux a un nouveau toit). Les voitures sont payées. Nous n’avons pas d’emprunt. (Ca c’est parce que nous sommes allés vivre dans un petit village à la campagne; et que nous avons troqué une maison achetée à Tokyo avec un gros emprunt, avec une maison dans le village, pour le septième du prix)….
Donc, continuer à travailler certes, apporte le cash flow mensuel nécessaire à nos activités de tous les jours. Notre fils a 18 ans et va aller étudier en université ce qui nécessite financement … mais si je me laisse aspirer dans le job alors la je me mets en situation d’échec, je me dis.
Mon but c’est d’être le plus indépendant possible et d’avoir le plus de maîtrise sur mon temps possible. Situation paradoxale ou impossible si je suis salarié ? Oui peut être, …. Mais j’ai quelques points de mon côté: je ne vais jamais au bureau. Mon boss vit à Oklahoma, soit exactement à 10,189 kilomètres***; et elle me dit rarement quoi faire …. je décide …
Hier vendredi après midi j’ai pu quand même me libérer et je suis allé retirer les mauvaises herbes dans notre rang de pommes de terre. Un bonne heure et demie passée très tranquillement, c’était un moment très agréable…. ça m’a fait du bien … et j’écoutais justement un podcast de Morgan Housel … et ce, pour la première fois … et tout en retirant les mauvaises herbes je tombe sur ce passage …
the highest form of wealth is the ability to just wake up in the morning and say I can do what I want today.
one common denominator in happiness like a universal fuel of joy for the most of people; people want to control their own lives: the ability to do what you want when you want with whom you want for as long as you want is the highest dividend that money can pay
Que pensez vous de tout ça ??
Lundi j’ai pris une journée de congé et suis allé récolter des feuilles de sansho dans notre montagne.
une voisine nous a apporté des pousses de fougères qu’elle a préparées: un délice !!
Cette semaine Saki chan a bossé dans un sanctuaire shinto pour dégager des arbres qui menaçaient un bâtiment … il m’a apporté tout ça avec son beau camion. Je lui offre deux caisses de bière pour le remercier.
***Distances avec mes boss depuis 95
1995 – 1996 travaille à Tokyo distance avec mon boss 2 mètres
1997 – 1999 travaille à Tokyo distance avec mon boss 10 mètres
1999-2004 travaille en Europe la distance avec mon boss varie de 343 à 1262 kilomètres …
Puis retour au Japon et la distance avec mon boss a varié, 5315 kilomètres quand il était à Singapoor, 10549 quand il était à Chicago…. maintenant donc c’est 10189 km -Oklahoma-…. 10000 km: c’est très bien comme ça.
Cette idée d’open garage dans une ancienne grange, ce projet d’ouvrir une petite galerie -modeste- pour y exposer des dessins et faire venir des visiteurs, m’est venue début janvier.
Depuis, j’ai fait quelque progrès. Il s’agissait d’abord de restaurer des murs de torchis, ‘tsuchikabé’ (土壁)de la première pièce.
Chose tout à fait nouvelle pour moi et donc j’ai avancé pas à pas; tranquillement.
Les murs tsuchikabé étaient vraiment endommagés par endroits. Ils étaient aussi ‘bruts’, sans enduit.
Sur la photo ci-dessous on note par exemple deux endroits bien abimés où on distingue le support de bambou, sous la couche de terre.
On voit aussi comment ils ont construit cette « grange » autrefois. De vielles poutres de châtaignier provenant de constructions anciennes; courbes par endroits, et depuis désassemblées, forment; posées sur des pierres, la fondation du bâtiment.
Les poteaux porteurs eux, sont « neufs » et tout droits. C’est du cryptomère.
J’admire toujours cette économie de moyens !!
Je répare les murs avec du nakanuri. De la terre très très fine, mélangée à de l’eau.
Sur le coup c’est bien, mais dès que ça sèche ça fissure à donf. J’essaie alors plusieurs trucs … comme ici où j’ajoute un tissu grossier de jute… mais non c’est pas ça !!!
En fait je me suis planté (et c’est pour cela que j’ai attendu trois mois pour écrire l’article), car j’ai essayé de réparer les murs seulement avec le nakanuri, mais il faut en fait ajouter le susa (fine paille de riz) et du sable.
Voila!! Il faut mélanger le nakanuri avec le sable et surtout le susa !!! Après c’est un jeu d’enfant.
Gros plan sur le susa
Gros plan sur le mélange nakanuri sable susa eau.
Voila le résultat après deux couches de nakanuri susa et sable. Ca fait beaucoup mieux.
Attention !!! Je ne recherche pas la perfection mais seulement le ‘good enough’ ….
Après que tout cela a séché, j’applique le shikkui (漆喰), le plâtre traditionnel, constitué de chaux éteinte, de granulat (?) de fibres de chanvre ou de lin, et d’algues. Tout ceci est très poétique ….
Ceci dit ça marche … voici ce que cela donne sur un autre pan de mur.
L’autre pan de mur, arrangé avec une couche de nakanuri (le bon mélange)
et après avec le shikkui. Ca fait mieux non ??
Bon il faut réfléchir à remplacer cette fenêtre affreuse … on veut voir le paysage dehors !!!
J’en fous partout !!! mais voila une activité bien zen … J’ai passé plusieurs samedis bien tranquilles à barbouiller et en écoutant de la musique (comme la bande originale du film interstellar, génial!), et plusieurs bons podcasts, comme all-in par exemple.
Les couvreurs ce sont des rapides et la capacité à faire un bon boulot bien et vite c’est la clé de leur business model.
Hier c’était le deuxième jour des travaux et la majorité des tuiles sont déjà sur le toit.
Pendant ce temps j’étais au bureau…. et la comparaison de nos rythmes de vie!!!
vendredi j’ai commencé à 2 heures et demi du matin. Plusieurs petites réunions tél avec les collègues aux US jusqu’à 8 heures du matin.
Juste le moment où ils arrivent, ils sont 6 aujourd’hui ils ont tous le sourire et la pêche. Ils travaillent ensemble depuis de nombreuses années.
Je suis tout seul devant mon PC mais j’ai aussi de très bons amis dans la boite et on s’appelle régulièrement.
Ils se mettent tout de suite au travail.
A heures fixes ils se font de grandes pauses.
Voila quelque chose que je ne fais pas ! Ces pauses permettent d’éviter la fatigue et les blessures. Un de mes problèmes c’est que si je fait une petite pause je me regarde une vidéo sur youtube … les snipers Ukrainiens …. les poubelles qui s’accumulent à Paris avec la grève … Les CRS dont l’âge de la retraite aussi est augmentée ? qui tappent sur des manifestants opposés à l’augmentation de l’age de la retraite …. Toutes ces vidéos ne m’apportent rien !!! Peut etre que je devrais faire des mini siestes, ou faire 1km au rameur… Comment me déconnecter de youtube et de toutes ces conneries ?
Pendand leur journée ils bougent constament. Ils grimpent et descendent les échelles. Ils dégagent les vieilles tuiles. Ils renforcent le toit avec des planches etc ils n’arrêtent pas; et ce toujours sur le plan incliné de la toiture, et en hauteur. Ca n’est pas rien. Il ne faut pas tomber. Il ne faut pas se blesser. etc …
Pendant ce temps je suis devant mes trois écrans en sirotant du thé …
Par contre c’est vrai je peux jouir d’une certaine liberté. Je fais un tour dans le jardin récolter du ruccola, je peux aller faire un tour du village à pied voir ce qui se passe, ou discuter avec ma voisine si je la vois dans son jardin. Elle parle beaucoup de Poutine et des Russes … Poutine est bien affreux … mais nous aussi au Japon on a eu de gros affreux …. autrefois … ce qui est super formidable aussi c’est que je retourner à la maison discuter avec mon épouse à tout moment. La proximité avec mon épouse et la possibilité d’aller la voir à la maison à n’importe quel moment c’est formidable. Pourquoi ne pouvoir la voir qu’à heures fixes?
Je crois qu’un grand thème dans ma vie c’était la liberté. C’est peut être pour ça que je suis allé vivre au Japon. La curiosité aussi …
En fin d’après midi je vais aller transpirer sur mon rameur, 10 kilomètres et je vois que les couvreurs eux n’ont pas besoin de ça. Ils sont sveltes; souples, dynamiques et de bonne humeur. Leur boss a 75 ans et il est en super forme.
En fin d’après midi vers 17 heures ils rangent leurs outils. Et ils peuvent constater le résultat de leur travail … pour moi ça n’est pas du tout évident … en général mes projets progressent très lentement et il n’est pas rare qu’après avoir buté sur des problèmes j’ai le sentiment d’avoir fait du surplace toute la journée.
Il n’y a pas un truc meilleur que l’autre; je pense que c’est très différent. Je ne ferais pas un bon couvreur mais eux non plus ne sauraient sans doute pas faire ce que je fais.
Les nids de frelons je les mets dans le potager, je me dis que la cellulose mâchée par les frelons va retrouver joliment dans la terre.
Il y a quelques années j’avais acheté la maison de feu Mme M pour un peu plus tard y installer mon bureau. (je travaille à domicile).
Je l’avais achetée pour vraiment pas grand chose, à peu près deux mille euros et puis nous avions fait quelques travaux; refait et posé un plancher, et refait l’électricité aussi.
Question boulot je suis vraiment bien installé. Ca fait une très grande pièce et puis quand on travaille chez soi il est important d’avoir un espace clairement dédié au travail pour pouvoir bien le séparer du privé. Sinon ça peut être un peu difficile je pense.
La maison était très simple et en assez bon état. Pas sûr exactement de quand elle date … Par contre la toiture était vraiment limite. Les tuiles étaient en très mauvais état et parfois certaines se brisaient en petits morceaux, je voyais bien de temps en temps des petits morceaux de tuile tombés sur la route.
et puis, le mois dernier j’ai vu qu’une tuile était carrément tombée du toit…
J’ai alors appelé mon ami Saki chan charpentier qui est venu voir dix minutes plus tard, il a remis une tuile en place et il appelé le couvreur, qui est arrivé sur place 15 minutes plus tard …
Voila! Aujourd’hui les travaux ont commencé et j’ai pu une nouvelle fois admirer le professionnalisme et l’éthique des artisans. Formidable.
Chose intéressante à noter c’est que; sous les tuiles, il y avait une couche constituée d’écorces de cryptomère.
Retirer les tuiles
Ils amènent ce camion aspirateur pour retirer la terre et les petits débris du toit
On peut discerner les feuilles d’écorce de cryptomère qui étaient juste sous les tuiles.
Détail sur les écorces
On voit que c’était pas folichon !
A propos ils ont ramené cet énorme nid de frelons de sous la toiture.
Pour la renforcer ils posent des planches de contreplaqué. Pour réduire le coût de l’opération j’étais allé les récupérer dans le vieil atelier d’un charpentier qui a fait faillite il y a une dizaine d’années … Long story short le boss des couvreurs c’est le jeune homme avec la casquette sur la photo dessous … Il a je pense 75 ou 77 ans. et il avait gentiment contacté le nouveau propriétaire de cet atelier et demandé l’autorisation pour que je puisse aller récupérer ces planches … sympa n est ce pas.
L’idée de ce dessin est venue en discutant avec mon ami Saki chan.
Autour d’un feu nous parlions de sa chienne, adorable, tchatcha. On faisait la remarque qu’être constamment tenu par une laisse, c’est pas top. Et que tchatcha serait plus heureuse si elle pouvait gambader librement dans les montagnes, comme le gros chien du dessin animé Heidi.
Mais après avoir tiré sur sa cigarette Saki a fait la remarque que ça n’est pas réservé à tchatcha la chienne et nous aussi les hommes nous sommes retenus par une quantité de laisses.
De tout cela j’ai fait un petit dessin. Je continue dans ma série de dessins, de style ukiyoé.
犬は、いつもリードでむすばれて、 可愛そうとおもえるが、
On peut penser que le chien avec toujours une laisse autour du cou est bien malheureux
人間は何本ものリードで むすばれている。 ただ気づいていないだけだ。
L’homme lui est retenu par une multitude de laisses, mais souvent il ne s’en aperçoit pas.
Et ici on voit en effet Wakame Tamago lui-même retenu par la laisse du travail 仕事, de la société 社会, du pognon お金, du système 常識.
Et vous remarquerez le sens du détail, chaque monstre qui me tient en laisse a une petite pelle pour ramasser mes crottes.
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