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Préparer du thé
Cette année j’avais vraiment envie de récolter et préparer du thé.
Nous l’avions fait déjà en 2014 et l’année dernière.
Les théiers poussent au bord des chemins de montagne, il n’y a qu’à se servir.
On peut y aller au sécateur, et couper les extrémités des branches, les jeunes pousses du printemps, c’est plus rapide. Les théiers n’en repousseront que mieux.
De retour à la maison on peut prendre son temps et cueillir les feuilles.
Ensuite sur une grosse marmite mais une poêle à paella ferait l’affaire, à feu très doux, on fait sécher les feuilles.
Bon sang que le parfum qui se dégage est agréable, on se sent vraiment bien. On est presque high!
Éviter que les feuilles ne carbonisent, il faut les remuer délicatement avec ses mains. C’est un plaisir palpable ce travail, le parfum des feuilles, leur vert lumineux et rafraîchissant, et puis la douce chaleur de la marmite mais attention à ne pas se brûler le bout des doigts.
On étale les feuilles de thé, idéalement sur une grosse natte de paille de riz. Justement il y en a une vingtaine dans le hangar de la maison de madame M. On les utilise. J’utilise aussi les temis 手箕(てみ)qui étaient dans le hangar. C’est une sorte de panier fait en bambou et leur forme est idéale pour ramasser et déplacer les feuilles.
Tous ces anciens outils qui appartenaient à Madame M je les utilise, et je vois qu’ils conviennent parfaitement à ces travaux et gestes d’autrefois. Tout a été calculé avec perfection, il y a des siècles de cela.
Les feuilles de thé on les laisse sécher donc sur une natte de paille. Puis une fois bien reposées; 30 ou 40 minutes à peu près on recommence et les passe dans la marmite de nouveau. On répète l’opération trois fois en tout.
Il faut que les feuilles sèchent, pour éviter le développement de moisissures. Ensuite le thé est prêt pour être consommé, ou mis en boite.
Dans la maison de Madame M
Voici quelques photos de la maison de la voisine que nous avons achetée cette semaine.
Mais vous savez, on est par ce que l’on fait.
On n’est pas par ce que l’on a.
Au fruit on connaît l’arbre. Matthieu 12-33
Voila un truc qui nous imprègne depuis notre installation à la campagne. En ville, je pensais plutôt être par ce que j’avais.
Avoir une maison en plus n’est pas donc vraiment significatif. C’est ce que nous allons en faire qui est important (à la rigueur).
Ceci dit; cette maison étant ancienne porte un message, et nous informe sur la vie dans le village d’il y a cinquante ou soixante ans. Voilà une chose qui nous intéresse.
La maison, et devant, le hangar à deux niveaux.
On pourrait s’asseoir sur le muret de pierres, siroter un ouiski en se trempant les pieds dans la rivière.
Pour le plan. C’est quasi identique à celui de notre maison. C’est plus petit, la cuisine est rikiki; et il n’y a plus d’engawa mais la structure logique est en tous points identique.

plan d une ferme japonaise traditionnelle
L’entrée, ou doma. Le plancher de la maison est surélevé. Par sur la photo, mais le doma est à hauteur du sol et ici recouvert de carrelage. Originellement ça devait être de la terre battue.
Dans l’entrée; des autocollants rappelant de contacter la police en cas de visite d’arnaqueurs. Il y a beaucoup de petits filous qui essaient de profiter de la crédulité de personnes seules et âgées. Moi quand j’en vois de ces filous, je leur montre ma tronçonneuse.
De l’entrée; sur la gauche. Au fond, le tokonoma avec la calligraphie. A la droite de celui-ci il y avait le butsudan ou autel aux ancêtres.
Notez la porte sur la gauche, elle ne donne sur rien mais indique l’existence autrefois du engawa.
On voit les quatre pièces de tatami adjacentes les unes aux autres; formant le caractère de la rizière, 田
Faisons marche arrière et allons voir la cuisine. Qui est face au doma. Difficile de faire plus simple pour la cuisine mais dans la version originale de la maison, la cuisine était sans doute en terre battue, avec un petit foyer que l’on nomme okudo san.
La cuisine donne sur deux pièces de tatami.
A côté de la cuisine ce signe rappelle de faire attention au feu. J’ai vu ce même signe dans une autre maison dans le village, lors de travaux. Il a donc dû être distribué à tout le monde, à une époque.
Les colonnes sont en marronnier. Celle-ci est plus conséquente que les autres. Située au centre de la maison on la nomme la kokubashira ou colonne noire.
La classe. Les murs sont en torchis et recouverts d’enduit. (shikkui).
Faut être un bon charpentier, pour utiliser des poutres courbées comme celle-ci. D’un point de vue esthétique je trouve que celà apporte une dynamique inattendue; dans une pièce où tout est droit.
Les cloisons coulissantes sont décorées, mais ça c’est plutôt standard.
Vue du tokonoma. Nous avons demandé à laisser quelques affaires, comme machine à coudre, instrument de musique, de thé, et calligraphie.
Si on se retourne on voit une autre pièce, et l’entrée du début.
Il faudra refaire l’électricité.
Faire son thé en 2017
Cette année aussi nous faisons notre thé. Feuilles de thés glanées dans les montagnes avoisinantes.
Faire ces petites choses comme autrefois, ces petites choses que les gens aujourd’hui délaissent il faut le dire, c’est très important. Surtout, si c’est pour le thé, qui est, comme le vin, un vecteur de civilisation.
Un excellent mélange
Un excellent mélange qui accompagne nos repas: du thé vert bancha + feuilles de biwa infusés ensemble.
Le plan de la montagne
Ragafrance avait suggéré que je fasse un plan de la montagne. C’est chose faite !
On voit bien les trois terrasses qui se succèdent. La première je l’ai nettoyée (débroussaillé la jungle) et nous y avons planté une vingtaine d’arbres depuis l’année dernière.
La deuxième terrasse est inchangée, et occupée de cryptomères et de théiers.
La troisième est couverte de cryptomères avec une grande clairière en son centre, un typhon il y a 10 ans y a tout arraché.
Je suis en train de dégager tous les arbres effondrés pour faire place nette.
Une prochaine étape aussi sera d’y abattre les cryptomères en mauvais état.
Faire son thé (2)
En complément de l’article écrit hier, sur le thé que nous avons récolté dans les montagnes.
Faire son thé
C’est déjà un peu tard pour la saison. Plus tôt dans le printemps, lorsque les jeunes pousses apparaissent est le meilleur moment.


