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La conférence ….

La conférence s’est bien passée ! Devant donc quinze anciennes élèves de l’université de Nara.

Je dis que ça s’est bien passé car seulement une personne s’est endormie… le reste répondait bien aux plaisanteries, et il y a avait une bonne dynamique.

J’y ai pris vraiment plaisir, mais c’est normal, quand on la chance de parler de son histoire et de se savoir écouté.

Et en plus huit personnes ont acheté ma bande dessinée « retour sur terre » … Super cool !!

Préparer cette présentation c’était un peu résumer ma vie et essayer d’en extraire un sens et des choses qui pourraient intéresser des personnes de 70 ans …(qui ont donc plus de XP points que moi)

Voici quelques slides du power point.

La maison, en Charente Maritime, où mon père est né.

Dans un petit village de 300 âmes … Oh ces belles maisons charentaises qui évoquent un climat doux et clément … et les belles façades .. et ces murs de pierres d’un mètre d’épaisseur!

Un souvenir d’enfance c’est quand nous « re descendions » dans les Charentes, de Paris pour aller aider mon grand oncle aux travaux des vendanges… Je n’ai plus de photos de tout cela mais les outils, les barriques, on trouve les mêmes photos sur le net et même mon arrière grand père Gaston dont je n’ai pas de photo, la photo du vieil homme lui ressemble tant … même casquette … le même genre de chemise à carreaux … mon Gaston ne portait pas de bretelles par contre … mais lui aussi faisait godaille… et pour le dessert il versait du vin dans son verre et y trempait des biscuits brossard … je crois que ça s’appelait les boudoirs … ces biscuits

Ah oui mon arrière grand père Gaston ne portait pas la moustache … mais mises à part la moustache et les bretelles donc, la photo décrit le même personnage … la même génération d’hommes qui ont travaillé long et dur, et sont passés à travers les mailles des filets de 14 18 … des générations décimées. Gaston était bon en calcul et allait devenir charpentier … pendant la guerre il était artilleur … il y avait une photo, avec son équipe …

Voila je raconte ça aux vielles dames honorables, qui jadis ont étudié à l’université de Nara…

Après je continue sur la famille de ma mère, oléronaise … Oléron et tout ce que l’océan y offre … quelle belle région, encore !!

J’y fais la liste de toutes le choses que faisait mon grand père la chasse, la pèche, l’élevage de pigeons; poules, lapins, moutons; les abeilles aussi et tous les légumes … C’était une vraie industrie … Au fond c’était un paysan mon grand père …. il adorait ce genre de trucs … dommage qu’il n’aie pas fait son vin d’ailleurs …

Un peu plus tard je décris notre vie à Tokyo, et je mélange photos et extraits de ma Bande Dessinée

A Tokyo nous étions dans une belle cage dorée … nous étions heureux avec mon épouse et notre fils mais le manque d’espace à Tokyo, cette ville qui n’en finit pas, fait penser tout de même aux cages de lapins de mon grand père … attention à la myxomatose les amis !!

A partir de la dans la présentation je décris comment nous nous sommes installés au village, petit village au nord de Himeji et les slides s’appuient beaucoup sur la bande dessinée …

Une des conclusions c’est que la vie à la campagne au Japon et la vie à la campagne en France se ressemblent énormément, les climats et la végétation étant en effet assez proches…

Une grosse différence quand même c’est le cochon … Je leur raconte alors qu’enfant j’avais assisté à une pelère dans un village des pyrénées où nous avions de la famille …. le village tuait le cochon … quel spectacle ce fut … quand les gens sont ensemble, se retrouvent, travaillent .. que ce soit pour le cochon, ou pour récolter le thé …

Mais encore ici il y a des similitudes avec notre village au Japon. Lors de la pelère les hommes se sont regroupés pour attraper le cochon, et lui rendre gorge. Ensuite ils font le gros travail de le laver, et le dépecer … mais une fois le travail des hommes finis ils commencent à ouvrir les bouteilles de pinard, pendant que dans les cuisines les femmes se tapent tout le boulot interminable pour faire les saucisses et les boudins.

Magnifique!

Ici au village c’est un peu pareil lorsque nous faisons le nettoyage annuel de la rivière … les hommes descendent dans la rivière et « font le boulot des hommes » assez rapidement et pendant ce temps la les femmes sont en cuisine et préparent des onigiris, des tsukémonos, du thé … cette répartition des tâches et distribution des rôles entre hommes et femmes … pareil … et logique si je pense par exemple au maniement des tronçonneuses et le hisser des troncs hors de l’eau; pour nettoyer la rivière… Dans les deux cas quand même les femmes se tapent plus de boulot c’est certain !

Ci-dessous la dernière slide de la présentation ..

ou en effet j’arrive à la conclusion que en venant nous installer ici à la campagne j’ai fait comme une immense boucle; ayant quitté la France, m’étant installé au Japon, avec femme enfant et chats … pour plus modestement refaire les gestes de mon grand père et de mon oncle. D’où le titre de la BD « retour sur terre »

Ce Retour Sur Terre, ce retour à la campagne c’est aussi une grande boucle qui se fait à travers trois générations. Mon grand père, mon grand oncle qui vivaient presque en autarcie avec toutes leurs productions, mes parents qui ont embrassé la modernité et sont partis vivre sur Paris, avec toutes les opportunités professionnelles que la ville pouvait offrir et puis moi qui, aidé par internet, travaille dans une grande boite US et y poursuit les opportunités professionnelles similaires, mais ce depuis la campagne où j’essaie de réapprendre les choses de la campagne; et essaie de produire moi même, le plus possible.

La boucle est bouclée …

Petite conférence sur Wakame Tamago

L’année dernière, juste quelques mois après que j’aie fini la version Japonaise de ma bande dessinée Retour Sur Terre ma chère voisine m’a demandé de faire une présentation pour la réunion annuelle des anciennes élèves de l’université de filles de Nara….

J’ai accepté son offre sans doute que cela a flatté mon égo et sur le coup je n’ai pas su me contrôler et … refuser…

En même temps il est bon d’accepter chaque nouveau défi que l’on trouve sur son chemin, un peu comme faire toutes les side quests dans un jeu vidéo. Ainsi on gagne plus de points, avec lesquels on peut parfaire son armure ou étendre ses pouvoirs magiques.

Nous voila donc un an plus tard et cet après midi je vais faire la présentation.

Un truc qui m’a un peu tarabusté: que raconter à des jeunes femmes qui ont fait leur vie et qui ont presque l’âge de ma mère? Comment les intéresser ? Il y a-t-il vraiment des choses valables à raconter sur mon parcours et mon expérience ?

Le but de cette présentation n’est pas ma satisfaction personnelle, mais la satisfaction du public et de ces personnes qui me font l’honneur d’écouter mes histoires.

Ma chère voisine a je pense plus de 80 ans, elle est très drôle et apparait d’ailleurs dans ma BD plusieurs fois. et la dizaine ou vingtaine de personnes à qui je vais faire la présentation doivent être juste un peu plus jeunes qu’elles….

J’ai donc préparé un power point avec cinquante slides pour raconter ma petite histoire ….

Faire des présentations; je le fais souvent au travail, comme beaucoup d’entre vous je pense, et parfois je le fais devant des centaines de collègues.

Mais cette fois ci la présentation est sur …. moi … ça c’est vraiment une première fois!!

Dans la présentation je présente ma famille en France, en Charente Maritime et comment mon grand père une fois à la retraite s’éclatait littéralement à vivre presque en autarcie grâce au jardinage, à la chasse, à la pèche, et à l’élevage de poules pigeons lapins et moutons …. et comment aussi mon oncle faisait son vin !!

Je raconte comment je suis entré en contact avec le Japon, et utilisant des pages de ma BD, et comment j’ai commencé à y vivre et puis aussi comment avec ma femme nous avons décidé de quitter Tokyo pour nous installer dans un petit village à la campagne, suite aux catastrophes de 2011.

Tout cela en mélangeant des photos et des extraits de ma BD.

Et puis nos premiers pas dans la vie à la campagne où nous devons tout apprendre de zéro. Et si vous lisez les premières pages de ce blog vous verrez que j’ai pas mal évolué dans mes idées et mes propos … en dix ans …

La présentation power point suit en fait le narratif de la BD mais en ajoutant du réel avec des photos.

Il y a aussi cette slide ou je montre à gauche quand nous vivions à Tokyo (dans le quartier de Bunkyo ku puis plus tard à Kichijoji) avec une maison de 500K Euro, un emprunt immobilier, le peu d’espace et de nature mais des trains bondés le matin et le soir …

avec l’impression un peu de vivre comme les lapins de mon grand père… mais attention des lapins de luxe …

A droite avec la flèche verte qui baisse montre le prix de notre maison à la campagne, 30K Euro, l’espace autour de nous, le fait que nous sommes libres et n’avons plus d’emprunt immobilier ni de trains bondés et aussi

le fait que de consommateur de biens nous soyons devenus producteurs de bien:

je fais mes légumes, mes champignons mon bois et …. ma BD !!!

Une transformation qui nous a été super bénéfique et que je recommande ….

La ligne rouge sur la slide avec les étoiles c’est le 幸せ度 ou le degré de satisfaction car oui j’était très heureux à Tokyo mais pas vraiment satisfait, et on voit que la courbe du coût de la maison et la courbe de satisfaction se croisent …

Le prix de l’immobilier reflète la valorisation d’un bien par le marché. Notre maison de Kichijoji était valorisée à 500K EUR (70 milions de Yen) parce que ‘tout le monde veut vivre à Kichijoji’. (et encore la maison elle même avait 30 ans et était évaluée pour très peu… les 70 milions de Yens étaient surtout pour le prix du terrain) Notre maison au village était évaluée à 30K Euros soit 4 milions de Yens …. parce que voila; personne ne veut vivre ici… et encore moins dans une maison ancienne !! avec les chiottes dehors !!!

En gros notre courbe de satisfaction a monté lorsque nous avons décidé de ne plus suivre le chemin que la majorité préfère mais de faire notre propre chemin ….

Plus tard dans la présentation j’arrive à la conclusion que en venant nous installer ici à la campagne j’ai fait comme une immense boucle; ayant quitté la France, m’étant installé au Japon, avec femme enfant et chats … pour plus modestement refaire les gestes de mon grand père et de mon oncle. D’où le titre de la BD « retour sur terre »

Mais faire cette grande boucle était-elle vraiment nécessaire ? aurais je pu arriver à la même conclusion tout en vivant et restant en France ? voilà une bonne question !!

PPR: Pastèques Poussins Riz

P Pastèques

Dans le champ que nous cultivons avec l’ami Saki, ce matin je vais récolter les pastèques. Pour bien faire je les aurais récoltées une à une plus tôt cet été, mais l’endroit était recouvert d’herbes hautes et comme nous partageons le champ avec les vipères j’ai dû d’abord y aller avec la débroussailleuse.

Les corbeaux n’ont pas vu les pastèques cachées dans les herbes, sinon il les auraient mangées !

Ca fait beaucoup de pastèques à manger, tout d’un coup. J’en passerai quelques unes au mixeur pour en faire un jus très désaltérant.

P Poussins

Saki à propos a reçu neuf petits poussins. Il avait des poules jadis mais il y a deux ans, un furet était parvenu à s’introduire dans le poulailler et il avait fait un massacre, style mélenchon à l’assemblée.

Je me dis que le jour où je quitterai mon job je m’occuperai de quelques poules, histoire d’apprendre et de pouvoir manger des œufs. Ce serait la continuation naturelle de nos aventures ici au village car nous essayons de maîtriser les choses simples qui nous approchent de l’autonomie: faire ses légumes, se chauffer au bois, et fabriquer des choses.

Je profite de l’occasion pour me renseigner et voir comment tout cela se passe …. dans le temps, dans les Charentes, mes grand parent avaient des poules, des pigeons, des lapins, des moutons … Presque en auto suffisance! Ce concept d’auto suffisance prend d’ailleurs tout son sens dans ces périodes inflationnistes et trempées d’incertitude.

En attendant Saki, a bricolé un abri pour les poussins, en utilisant un vieux meuble.

R Riz

On est dans l’atelier de Saki à discuter, que vient mister T.

Mister T est un personnage toujours souriant et plein d’astuces. Lui aussi d’ailleurs a des poules. Ce matin il vient inspecter sa rizière qui est juste face à l’atelier.

On parle de quelques aspects techniques. L’espacement entre ses plans de riz est plus important que dans la rizière du voisin. Je m’assieds au bord de la rizière et on discute alors tous les trois. J’adore ces moments ! C’est comme dans un film….

Je prends mister T en photo. Il inspecte une tige de riz. Je pose la question, de combien de grains de riz qu’il y a pas par brin. D’usage on dit qu’il y en a quatre vingt huit … D’ailleurs explique t il ce nombre, 88 on le retrouve dans l’idéogramme du riz !

Ah! que de choses à apprendre ! que je me dis, il y en a autant de choses à apprendre que j’en ignore …

Faire du thé cette année

Aujourd’hui nous avons eu bon temps.

Avec toute la pluie annoncée on se demandait quand nous aurions un temps propice pour aller faire notre thé.

Mais ce matin il y a un beau soleil et nous partons au fond de la vallée. Aux pieds des montagnes et le long de ce que je soupçonne être d’anciennes rizières se trouvent des théiers.

Le processus de préparation du thé je l’ai présenté en détail dans une vidéo. Voici le lien:

Faire du thé ‘bancha’, le thé populaire japonais – YouTube

Un beau ciel ce matin !

Un magnifique ciel.

Sur la photo remarquer la trainée de condensation laissée par un avion. On dit hikoukigumo ‘nuage avion’ en Japonais. 飛行機雲 Ce qui est assez rare avec cette pandémie de connarovirus.

Sur la gauche; remarquer les jolies feuilles d’un théier devenu sauvage.

De ces théiers il y en a un peu partout comme ici sous le trait orange …

Nous récoltons les jeunes feuilles.

Puis nous allons chez S. Il y a une grande terrasse devant sa maison. On place un gros réchaud à gaz, sortons une grosse marmite centenaire.

Elle a dû en voir; cette marmite !

Ca prend beaucoup de temps tout ça. Ca nous prend en fait toute la journée. Pour produire à la fin l’équivalent de quatre paniers à provision .

C’est que ces feuilles de thé toutes fraiches on les passe sur le feu au moins trois fois pour en faire partir l’humidité.

Pendant tout ce temps on discute. Ma femme nous rejoint et apporte un sérieux coup de main. On parle franchement de tout, et discuter comme ça; en faisant un petit travail manuel simple et très répétitif c’est très agréable. Sinon on finirait par être distrait par quelque chose voyez vous.

La on est proche du produit final.

Et ça donne soif et ça donne faim.

La femme de S. nous prépare un ramen ! Délicieux. J’ajoute deux feuilles de thé.

Qu’est ce qu’on se régale.

La maison de Madame M

Madame M est décédée il y a deux ans. Cette dame à la volonté et prestance exceptionnelles, qui a vécu des productions de son jardin, en quasi autarcie, jusqu’à un âge très avancé.

Une anecdote à son sujet, peu après notre arrivée dans le village; il y a six ans, je me suis mis a déplacer des rochers  dans la rivière, pour essayer de la dégager et éviter les débordements lors de déluges; eh bien malgré ses quatre vingt dix ans elle est descendue dans la rivière venir m’aider ….

Depuis son décès, sa maison est restée vide. Sa maison est ancienne, centenaire. C’était, autrefois, le logement des instituteurs du village. Elle est adjacente à notre terrain.

L’idée d’acheter cette maison n’a cessé de trotter dans ma tête, et finalement nous nous sommes lancés.

Nous avons finalisé l’achat de cette maison hier. Maintenant que tout est fait, il nous reste à trouver un ou des projets pour cette maison (location court terme pour voyageurs égarés, bar pour les nuits de pleine lune, qui sait …).

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Cette maison qui a tant de désavantages, c’en est presque charmant: pas de parking, petit terrain. Un peu sombre. (Lire l’éloge de l’ombre de Tanizaki).

Son schéma est identique à celui de notre maison, et probablement à toutes les anciennes maisons de la vallée. Également identique au plan de la maison de mille ans… sauf qu’il n’y avait pas de place pour y mettre une vache.

Une grande entrée, qui donne sur la cuisine. A gauche quatre petites pièces en tatami arrangées en quatre carrés adjacents comme l’idéogramme de la rizière 田. La pièce, au fond et du côté de l’entrée, abrite un tokonoma et l’autel aux ancêtres, ou butsudan. (celui-ci a été évacué).

Comme chez nous; la salle de bains a été ajoutée plus tard, pendant les seventies ?

Il y a eu quelques autres travaux, comme par exemple l’effacement des engawas (ces couloirs qui font une transition entre le dehors et le dedans) pour agrandir les pièces (les panneaux coulissants en papier rendus obsolètes avec l’introduction des rideaux), et l’entrée où un carrelage est venu remplacer la terre battue (chez nous c’est du béton).

L’esprit original de la maison est, malgré ces ajustements qui ont suivi les nouveaux modes de vie, préservé: la structure en bois avec les poutres et les piliers est toujours visible; les tatamis aussi sont encore là.

Cette modeste maison a du potentiel aussi: elle est petite et n’est pas gigantesque. Elle est en excellent état et il n’y a presque pas de travaux a faire. Elle donne directement sur la rivière, ce qui est sympa.

Il y a aussi une annexe, sur deux niveaux, qui servait de hangar pour les outils. Intéressant de noter que la surface construite pour l’habitation occupe la même superficie que pour stocker les outils et les choses du jardin ou des champs.

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A ma demande, l’annexe a été laissée telle quelle, elle est donc encore pleine des outils plus ou moins anciens que Madame M et sa famille ont utilisés dans leurs potagers, montagnes et rizières.

La première tâche sera donc de dégager tout cela et de faire un peu de tri, il y aura sans doute des choses intéressantes, des objets d’autrefois; j’en dresserai la liste ici dans des articles futurs.

 

 

 

 

 

Penser à Madame M

En Octobre 2012, nous étions à peine arrivés au village, j’écrivais un portrait de notre voisine, Madame M, l’un des premiers articles de ce blog .

Madame M nous a quittés il y a deux ans maintenant.

La page 11 de ma nouvelle BD lui est consacrée.

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Voici une version allégée de l’article de 2012.

Sa maison est juste à côté de la notre. Elle doit avoir 88 ans ?
Elle vit seule depuis j’imagine plusieurs années.
Son corps est très fin. Son visage bien sûr très ridé. Elle est courbée. Elle doit être toute légère. Comme un moineau. On la dirait faite en papier.
Pour se déplacer elle s’aide d’une canne. Pour les distances plus longues elle s’appuie sur un petit caddie qu’elle pousse.
Elle vit quasiment en autarcie. On la voit parfois 800 mètres en aval jusqu’à une superette, ou elle achète des petites choses. Pour tout le reste elle se nourrit de la production de son jardin.
Chaque jours elle traverse le village pour travailler sur ses deux jardins; un potager et un verger parsemé de chataigners. Le potager a une surface impressionante et je crois qu’il aurait facilement raison de mon dos et de ma patience.
Mais elle travaille dur, et ne laisse aucun espace inexploité, le potager est recouvert de plants de haricots, de patates douces et là ou il n’y a pas de légumes des fleurs draguent les abeilles.
Je la vois le soir l’été à son retour des jardins, elle rentre chez elle; pliée en deux au dessus de son caddie, son tshirt trempé de sueur.
Son jardin est situé en hauteur par rapport à la rivière qui irrigue le village. Si bien qu’elle doit transporter l’eau dans des seaux l’été lorsqu’il fait chaud.
Je la vois aussi sur le chemin du jardin transporter un débroussailleur à essence. L’engin est lourd, elle le pose à moitié sur le caddie qu’elle pousse, et je me demande bien comment elle peut parvenir à s’en servir dans le jardin.
Vous voyez, toute la détermination et la force qu’elle deploie dans son quotidien. J’avoue, moi qui ai la moitié de son âge, ne pas avoir cette même énergie.
Ma boite de vitesse est toujours en première, elle, est en cinquième.
Mais comme toujours et partout les efforts payent. Madame M. arbore un sourire qui éblouit. Son sourire, c’est comme un rayon de soleil, le champ d’un oiseau ou le rire d’un enfant.

 

 

Faire son thé (2)

Faire son thé

C’est déjà un peu tard pour la saison. Plus tôt dans le printemps, lorsque les jeunes pousses apparaissent est le meilleur moment.

Autrefois tous les habitants du village partaient dans les montagnes cueillir les feuilles des théiers qui y poussent librement. Puis ils préparaient les feuilles et celà satisfaisait leurs besoins en thé pour l’année. Les gens vivaient de la nature, quasiment en autarcie.
De cette époque pas si lointaine mais révolue, il reste les théiers parsemés dans les forêts et le long des chemins de montagne.
Ils sont pour la plupart abandonnés. Il est plus pratique; plus rapide; d’acheter du thé en magasin.
Il est recommandé de ne pas aller cueillir les feuilles de thé après un jour de pluie, car il y aurait alors beaucoup  de sangsues. Même les jours ensoleillés il faut se couvrir; mettre des bottes; manches longues. Les mieux préparés mettent du sel au fond des bottes ou bien attachent une boucle de tissu imbibée de sel autour des bottes; afin d’éviter l’intrusion de ces bêtes tenaces et répugnantes.
J’ai de la chance ce jour là; aucune sangsue ne vient m’embêter. Un ami, grand fumeur n’a jamais été embêté par les sangsues en forêt, à croire que l’odeur de la nicotine les fait fuir.
Mon fils par contre trouve 3 sangsues dans ses bottes, elles se promènent sur ses chaussettes; à la recherche du contact de la chair et du sang.
Voilà pour la contrepartie de quelques heures délicieuses que nous passons en forêt le long d’une petite route. Nous cueillons les feuilles des théiers. On entend le chant des oiseaux. L’ombre des arbres nous tient au frais. On choisit les feuilles les plus jeunes. Un coup d’oeil pour vérifier que l’on n’emporte pas d’insecte.
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A gauche sur la pente, un petit arbuste. C’est un théier.
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Autrefois racontent nos amis on faisatt thé de toute feuille, comme feu de tout bois. Cependant prendre uniquement les feuilles jeunes et fraiches permettra une meilleure qualité
Revenus à la base, on fait rôtir les feuilles dans une grande poêle. On les mélange pour éviter qu’elles ne s’abiment au contact du fond de la poêle. On répète l’opération trois fois. Après chaque tour dans la poêle on laisse reposer les feuilles histoire de laisser s’échapper l’humidité.
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On répètera l’opération encore une ou deux fois le lendemain. Il faut que les feuilles soient bien sèches sous peine de les perdre avec la moisissure.
Wikipédia fournit l’explication suivante;
Le thé vert est un thé dont les feuilles, après la cueillette, seront le plus souvent flétries et chauffées à haute température, afin de neutraliser les enzymesresponsables de l’oxydation. Elles seront ensuite roulées et séchées plusieurs fois afin d’obtenir une forme particulière. On peut distinguer deux méthodes principales pour obtenir du thé vert. La méthode chinoise, d’une part, par laquelle les feuilles sont chauffées dans de grandes bassines de cuivre placées sur le feu ; la méthode japonaise, d’autre part, par laquelle les feuilles seront chauffées à la vapeur, très brièvement, en moins d’une minute, avant d’être
On a toujours été des fans de thé, et boire le thé que l’on a préparé soi-même est une satisfaction que je n’avais jamais osé imaginer.
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Première poêlée; les feuilles ont encore toute leur fraicheur.
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Progressivement les feuilles de thé sèchent.
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The Good Life

THE GOOD LIFE.
Un excellent book écrit par Helen et Scott Nearing. Wiliam Coperthwaite cite les Nearing comme source d’inspiration dans A Hand made life – in search of simplicity.
En 1932, Helen et Scott Nearing abandonnent leur vie à New York et achètent un large terrain dans le Vermont. Où ils vivront principalement de leurs forêts et de leur jardin. Le livre est un récit de leur vie et de leur philosophie. Scott Nearing est mort à l’âge de 100 ans. Economistes de formation; Helen et Scott décrivent leur approche et leur méthode de façon détaillée et méticuleuse. La richesse des références utilisées est impressionnante et remarquable.
Les bonnes choses doivent être partagées et voici certains extraits de ce livre, dont nous vous recommandons la lecture. On peut regretter qu’aucun éditeur français ne se soit intéressé à ce remarquable récit, et qu’il n’ait pas encore été traduit en français.
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Minou, elle aussi, a beaucoup apprécié.
  • p.5 We left the city with three objectives in mind
The first was economic. We sought to make a depression free living, as independent as possible of the commodity and labor markets, which could not be interfered with by employers, whether business men, politicians or educational administrators. Our second aim was hygienic. We wanted to maintain and improve our health. We knew that the pressures of the city life were exacting, and we sought a simple basis of well being where contact with the earth, and home grown organic food would play a large part.
Our third objective was social and ethical. We desired to liberate et dissociate ourselves, as much as poccible, from the cruder forms of exploitation: the plunder of the planet; the slavery of man and beast; the slaughter of men in war, and of animals for food.
  • p.31 We would attempt to carry on this self-subsistent economy by the following steps: (1) raising as much of our own food as local soil and climatic conditions would permit. (2) Bartening our products for those which we could not or did not produce. (3) Using wood for fuel and cutting it ourselves. (4) Putting up our own buildings with stone and wood from the place, doing the work ourselves. (5) Making such implements as sleds, drays, stone=boats, gravel screens, ladders. (6) Holding down to the barest minimum the number of implements, tools, gadgets and machines which we might buy from the assembly lines of big business (7) If we had to have such machines for a few hours or days in a year *plough, tractor, rototiller, bulldozer, chainsaw), we would rent or trade them for local people instead of buying and owning them.
  • p.32 Ideas of « making money » or « getting rich » have given people a perverted view of economic principles. The object of economic effort is not money, but livelihood. Money can not feed, clothe or shelter. Money is a medium of exchange,-a means of securing the items that make up livelihood. It is the necessaries and the decencies which are important, not the money which may be exchanged for them.
  • p.33 Under any economy, people who rent out money live on easy street. Whether as individuals or banking establishments, they lend money, take security and live on a rich harvest of interest and the proceeds of forced sales. The money lenders are able to enjoy comfort and luxury, without doing any productive labor. It is the borrowing producers who pay the interest or lose their property. Farmers and home owners by the thousands lost everything they had during the Great Depression because they could not meet interest payments. We decided to buy for cash or not at all.
  • p.35 We believe that all life is to be respected -non human as well as human. Therefore, for sport we neither hunt nor fish, nor do we feed on animals. Furthermore, we prefer, in our respect for life, not to enslave or exploit our fellow creatures. Widespread and unwarranted exploitation of domestic animals includes robbing them of their milk or their eggs as well as harnessing them to labor for man. Domestic animals, whether cows, horses, goats, chicken, dogs or cats are slaves. Humans have the power of life or death overt them. Men buy them, own them, sell them, work them, abuse and torture them and have no compunctions against killing and eating them. They compel animals to serve them in multitudinous ways. If the animals resist, rebel or grow old, they are sent to the butcher or else are shot out of hand.
Cats and dogs live dependent subservient lives under the table tops of humans. Domestic pets kill and drive away wild creatures, whose independent, self-respecting lives seem far more admirable than those of docile, dish-fed retainers. We enjoy the wild creatures, and on the whole think they are more lithe, beautiful and healthy than the run of cats and dogs, although some of our best friends in vermont have been canine and feline neighbors.
  • p.91 The keystone of our economy was our food supply. As food  costs are the largest single item in the budget of low income families, if we could raise most of our food instead of buying it on the market, we could make a substantial reduction in our cash outlay and in our required cash income. (…) This decision brought us face to face with three stubborn facts, the Vermont climate, the pitch of the land, and the depleted soil.
  • p.121 most of the food consumed by human beings comes directly from the upper few inches of top soil. A whole soil is one that contains the ingredients necessary to produce sturdy healthy vegetation of the required variety and species. Different plants have different nutritional needs and offer various combinations of minerals, vitamins and enzymes to the animals and humans who consume them. Soil wholeness may be upset by erosion, by cropping, by improper fertilizers. Until the solid balance is restored, the products of an unbalanced soil will be unbalanced vegetation. If such vegetation is consumed, it may transfer its unbalance to the user, causing a person who eats « good food » by ordinary standards, to be far from well.
  • p.122 Good food should be grown on the whole soil, be eaten whole, unprocessed and garden fresh. Even the best products of the best soils lose more or less of their nutritive value if they are processed. Any modification at all is likely to reduce the nutritive value of a whole food. Peeling tomatoes, scrapping carrots, milling wheat, cooking green peas, removes essential partis of the food, causes chemical changes, or drives off vitamins.
  • p.142 We were looking for a kindly, decent, clean and simple way of life. Long ago we decided to live in the vegetarian way, without killing or eating animals; and lately we have largely ceased to use dairy products and have allied ourselves with the vegans, who use and eat no animal products, butter, cheese eggs or milk. This is all in line with our philosophy of the least harm to the least number and the greatest good to the greatest number of life forms.
  • p.144 Apply to vegetables and fruit the principles of wholeness, rawness, garden freshness, and one or few things at a meal, and you have the theory of our simple diet. In practice, the theory gave us a formulated regime, fruit for breakfast, soup and cereal for lunch, salad and vegetables for supper. (…)  We often had a one-day exclusive apple diet to revivify and cleanse the system. (…) Gourmets amongst us dipped whole bananas in honey and then in wheatgerm. Quarter sections of apples were dipped the same way, or spread with peanut butter. Nuts were often cracked and eaten with the apples. Berries were served with maple syrup or honey, or eaten dry. Breakfast was rounded up by a handful of sunflower seeds, herb tea sweetened with honey, or a tablespoon of blackstrap molasses in hot water.
  • p.145 We have gone for months at a time with no breakfast at all and maintained health and suffered no discomfort though carrying on a full program of work. For ten years we have eaten fruit for our first meal of the day, and yet put in four solid hours of hard physical or mental work until lunch. We felt better, worked better and lived better on it than after a stuffy starch, protein-rich breakfast.
  • p.148 All of our meals were eaten at wooden plank table, in wooden bowls, the same bowl right through the meal. This practically eliminated the dish washing problem. With no sauces, no frying and the like, there were few dishes to wash and pans to scrub. (…) We also felt than wooden eating utensils were more neutral and modified the flavor less than the metallic table tools.
These food habits of ours we found simple, economical, and practicable, though they were perhaps not usuals for 20th century Americans. With advancing civilization, the American diet pattern, like everything else, has undergone a thorough-going change. The business of procuring the necessities of life has been shifted form the wood lot, the garden, the kitchen and the family to the factory and the large-scale enterprise. in our case, we moved our center back to the land. There we raised the food we ate. We found it sufficient, delicious and nourishing.  On this diet we maintained a rugged health and patronized no doctors. (….) With vegetables, fruits, nuts and cereals we proved that one could maintain a healthy body as an operating base for a sane mind and a purposeful harmless life.
  • p.151 Livelihood is the central core around which most people build their lives. (…) The majority of human beings, notably in industrial communities, dedicate their best hours in their best years to getting an income and exchanging it for the necessaries and decencies of physical and social existence. Children, old people, the crippled, the sick, the voluntarily parasitic are at least partially freed from livelihood preoccupations. Able bodied adults have little choice. They must meet the demands of livelihood or pay a heavy penalty in social disapproval, insecurity, anxiety and finally in physical hardship.
Livelihood needs, particularly for the necessities, are continuous, operating every day, of every month, of every year.  An interruption in the supply of necessary goods and services, even for a short time, results in hardship and creates an atmosphere of uncertainty, anxiety and fear. By what means are the stability and security of livelihood to be safeguarded ?
(…) We would suggest seven procedures which will maximize the stability and security of livelihood.
First, regulating the sources of livelihood in such a manner that all able-bodied adults will render a service in exchange for income, thus eliminating the social divisions which develop when a part of the community lives on unearned income while the remainder exchanges labor power for its livelihood.
Second, avoid gross and glaring inequalities in livelihood status.
Third, budget and plan the community economy.
Fourth, keep community books and open the accounts to public inspection.
Fifth, pay as you go, either in labor or in materials, this avoiding inflation.
Sixth, practice economy, conserving resources, producing and consuming as little as necessary rather than as much as possible.
Seventh, provide a wide range of social services based upon specialization and cooperation.
  • p.153 Thoreau said on cutting one’s own fuel:  » It warms us twice, and the first warmth is the most wholesome and memorable, compared with which the other is mere coke… The greatest value is received before the wood is teamed home. »
  • p.154 Our purpose (…) was not to multiply food, housing, fuel and the other necessaries, but to get only enough of these things to meet the requirements of a living standard that would maintain our physical efficiency and at the same time provide us with no end in itself;  rather it was a vestibule into an abundant and rewarding life. Therefore we produced the necessaries only to a point which would provide for efficiency. When we reached that point we turned our attention and energies from bread labor to avocations or to social pursuits.
Current practice in US economy called upon the person who had met his needs for necessaries to turn his attention forthwith to procuring comforts and conveniences, and after that to luxuries and superfluities. Only by such procedures could an economy based on profit accumulation hope achieve the expansion needed to absurd additional profits and pay a return to those investing in the new industries.
Our practice was almost the exact opposite of the current one. ur consumer necessaries came mostly from the place, on a use basis. Comforts and conveniences came from outside the farm and had to be procudre either by barter or through cash outlays. (…) « Earn a little and spend a little less ».  Food from the garden and wood from the forest were the product of our time and labor. We paid no rent. Taxes were reasonable. We bought no candy, pastries, meats, soft drinks, alcohol, tea, coffee or tobacco. These seemingly minor items mount up and occupy large place in the ordinary’s family’s budget.
  • p.155 Mark Twain: Civilization is a limitless multiplication of unneccessary necessaries. A market seeks by ballyhoo to bamboozle consumers into buying things they neither or want, thus compelling them to sell their labor power as a means of paying for their purchases. Since our aim was liberation from the exploitation accompanying the sale of labor power, we were as wary of market lures as a wise mouse is wary of other traps.
  • p.158 City dwellers, accustomed to a wide variety of services, get to a point at which they believe that the essential questions of day to day living can be settled by arrangement, chiefly over a telephone. A customer with a ten dollar bill can get wonderful results in a department store. But put the same person in the backwoods with a problem to be solved and an inadequate supply of materials and tools. There money is useless, Instead, ingenuity, skill, patience and persistence are the coin current. The store customer, who comes home with a package under his arm  has learned nothing, except that a ten dollar bill is a source of power in the market place. The man or woman who has converted material into needed products via tools and skills has matured in the process.
  • p.159 William Cooper « It is not large funds that are wanted, but a constant supply, like a small stream that never dies. To have a great capital is not so necessary as to know how to manage a small one and never be without a little. »
  • p.192 We are opposed to the theories of a competitive, acquisitive, aggressive, war-making social order, which butchers for food and murders for sport and for power. The closer we have to come to this social order the more completely are we a part of it. Since we reject it in theory, we should , as far as possible, reject it also in practice. On no other basis can theory and practice be unified. At the same time, and to the utmost extent, we should live as decently, kindly, justly, orderly and efficiently as possible. Human beings, under any set of circumstances, can behave well or badly. Whatever the circumstances, it is better to love, create and construct than to hate, undermine and destroy, or, what may be even worse at times, ignore and lassoer passer.