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Couverture pour ‘Retour Sur Terre’; nouvelle version
J’ai bien réfléchi à tous vos commentaires et feedbacks sur la couverture de la bande dessinée Retour Sur Terre.
Tous vos commentaires m’ont bien permis de réfléchir et de revoir cette couverture ….

Qu’est ce que j’ai changé ?
J’ai retiré mon pseudo wakame tamago de la capsule (commentaire de Pierre P)
Les flammes autour de la capsule spatiale … C’est vrai je voulais exprimer de la violence quand je les avais dessinées. J’avais sans doute un boost de testostérone ….
Je les ai remplacées par des fumées bleues, comme des fumées de vapeurs, beaucoup plus pacifiques …. Moins menaçantes ! (commentaire de Didier M sur l’aspect vraiment menaçant de la capsule: ‘‘la capsule de rentrée atmosphérique enveloppée de ses flammes représente clairement une menace létale qui pèse sur l’apparente quiétude de cette belle région. »)
Petit détail j’ai ajouté des rangs de salades et d’haricots dans le champ en bas au centre…. dans le jardin de madame T.
J’ai remis TOKYO la station spatiale, mais cette fois elle est plus petite, et coloriée en gris elle devrait moins sauter aux yeux à la première vue (commentaire de Pierre N)
Le commentaire de Daniel A où il disait en gros de faire à l’essentiel: le village, pas de capsule m’avait beaucoup surpris et intéressé. En effet; rien ne vaut la simplicité. Surtout pour la couverture d’un book ! mais je me dis que cette capsule apporte un côté drôle, étrange, un peu burlesque. D’autant que, la capsule apparait vraiment dans la BD. Même si c’est très bref.
Je peux pas m’empêcher d’ajouter des petits détails
C’est un peu obsessionnel. Mais j’adore ajouter des petits détails. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à ajouter ces petits détails. C’est peut être ce que je préfère. J’ai été traumatisé par la coccinelle de Gotlib !
Sur la couverture comme j’ai retiré le nom wakamé tamago de la capsule il y a un peu de place et j’ajoute des trucs …
J’avais ajouté une pelle et une hache mais je complète avec ….
C’est quoi ça ?

Pour ceux et celles qui ne lisent pas le Japonais; pouvez vous deviner ce que c’est ?

Je pense être fini sur la BD. J’ai fait plus d’une centaine de corrections en août et ce week end a été super productif ….
Cette semaine je vais donc commander une nouvelle impression d’essai c’est le third shot, et si tout va bien ce sera définitif. Enfin, rien n’est jamais définitif!
En tout cas merci encore pour votre suivi, celà me donne beaucoup de courage.
Le magnifique atelier de Mr N
Hier dimanche je vais faire des courses à la ville voisine. Un petit détour pour passer à un mujin hanbai sho 無人販売所: Un petit abri en bois à côté d’un champ où un un producteur laisse des légumes: okras, piments, aubergines etc et on peut se servir en laissant quelques pièces dans une boite.
J’y achète des aubergines pour plus tard dans la journée faire une ratatouille.
Mais en chemin, entre deux maisons, (je suis en camion) j’aperçois un garage absolument magnifique où siègent majestueusement deux voitures. Et tout autour une incroyable collection d’outils…

J’arrête le camion et vais voir un peu car ça a vraiment l’air spécial.
Ah justement le propriétaire du garage est là. Je le salue et le complimente sur cette réalisation tout à fait merveilleuse. Et donc fais la connaissance de monsieur N.
Très sympa, monsieur N me fait visiter…
J’observe tous les détails de ce superbe atelier. La première voiture est une Nissan Cedric de 33 ans. C’est en l’occurrence la Y31, septième génération de la cedric par Nissan. Produite de 1987 à 2014.

On voit que monsieur N a bien bichonné cette voiture !

Le moteur est si propre ! je pourrais faire ma ratatouille dedans!
J’admire également l’agencement des outils.



Tout ça c’est du sérieux !


Monsieur N est prévoyant car il a même un moteur de rechange pour la Nissan cedric. A noter aussi l’outil de torture médiéval.
Je suis admiratif devant cette belle ouvrage et la passion de monsieur N.
Souvent on voit que les hommes ont besoin d’un endroit à eux, ça peut être un atelier, un garage, où ils vont en réalité se réfugier. L’endroit magique devient un peu une tanière. En Japonais on appelle parfois ces lieux de solitude et de passion des bases secrètes, soit himitsu kichi 秘密基地. Ou alors, à l’américaine the base. Il y a d’ailleurs un comique japonais George Tokoro qui a monté tout un business (publication, immobilier, vêtements) autour de ce concept de tanière pour les mecs.
A noter que le garage de monsieur N a un premier étage. Sans doute le sanctuaire d’autres passions !
Monsieur a par ailleurs conçu une table basse qui intègre une pièce d’un moteur de nissan cedric.


A côté monsieur N a aussi un très mignon petit van subaru, restylé selon le van mytique de Volkswagen qui fut si emblématique de toute une époque.


Merci à monsieur N de m’avoir laisssé photographier tout celà.
Je remonte dans mon camion et fais quelques courses. J’achète des boites de clous.
Les courses faites je retourne à mon camion, et vois cette magnifique chevrolet C3100 de 1955 garée juste à côté de mon camion.
Quelle journée !

Je laisse la photo dans sa taille originale … au cas où vous voudriez la télécharger pour l’utiliser en fond d’écran :)

Catastrophes Naturelles
Kyushu cette grande île du Japon plus au sud est directement exposée aux grandes pluies et aux typhons. Les dégats cette année sont importants. Avec je crois plusieurs vallées tout à fait inondées etc.
Chez nous aussi il a beaucoup plu il y a dix jours de celà maintenant. Comme nous vivons au bord d’une petite rivière, et qu’à chaque grosse pluie elle se transforme en torrent, nous sommes toujours un peu inquiets. De plus les montagnes nous entourent, elles sont abruptes, recouvertes de forêts de cryptomères où les arbres sont trop nombreux (les forêts ne sont plus entretenues) et leurs racines peu développées: un glissement de terrain et oup tout est fini.
Voici notre petite rivière, filmée il y a une dizaine de jours.
Il y a deux ans, je me souviens; une collègue de Londres m’avait demandé.
why do you stay in Japan ? There are so many disasters there. You could move to the US and be safer there.
J’ai répondu
Well yes in Japan there are so many natural disasters. tremblements de terre, typhons, inondations, etc
But in UK, in France, if there are not many natural disasters, there are many ‘human disasters’ . And in US, there are both humans and natural disasters…
Donc en effet au Japon on se doit se faire à l’idée qu’à tout moment, le ciel peut nous tomber sur la tête. …
On voit bien que celà a forgé l’esprit des Japonais. Même si placés devant un danger imminent, les gens même si très inquiets ou stressés restent calmes. Je l’avais constaté lorsque il y a trois ans nous avions dû évacuer notre hameau, d’énormes pluies avaient provoqué un glissement de terrain pas trop loin de chez nous, et avec tous nos voisins, nous étions allés passer la nuit à la mairie. Tout le monde était inquiet mais tellement calme. Je sentais que j’étais le seul à paniquer intérieurement.
Ceci dit, les actualités ne nous épargnent rien! Cette épidémie mondiale, les incertitudes économiques … le monde se transforme devant nous…
Que faire donc en attendant que le ciel nous tombe sur la tête ?
Ranger ses outils ?

Un pied-de-biche bien français
Mon pied-de-biche…
Quelle belle expression ! en Japonais on dit simplement barre (バール) bien qu’il y ait aussi ce mot: 鉄梃(かなてこ) kanatéko. En américain on dit crowbar et dans certaines régions comme l’Angleterre ou l’Australie on utiliserait ce terme de pied de cochon pig foot.
Eh bien ici il est clair que le terme Français se distingue par son élégance. (En Espagnol c’est pie de cabra soit pied de chèvre). J’aurais dû apprendre le Russe.
Mon pied-de-biche, à force de creuser des trous et déloger de grosses pierres, montre quelques signes de fatigue.
Neuf il était pas mal; bicolore vert orange.
Après six ans de service est venu le moment de lui refaire une beauté.
Et pourquoi pas donc le repeindre en bleu blanc rouge, comme le drapeau.
D’abord une bonne couche de blanc.
Ça jette !
La grange et son message
Suite à l’achat de la maison de notre ancienne voisine visitons le petit bâtiment de deux niveaux qui lui est attenant. Comment le nommer en français, j’hésite entre le hangar et la grange … Pourquoi pas la grange.
Le rez de chaussée, le sol est en béton. Et il y a tous les outils de jardinage de madame M. Deux magnifiques brouettes complèteront ma collection. Il y a un motoculteur que je vais donner à un voisin. Sinon beaucoup d’ustensiles que je pourrai réutiliser dans mon petit jardin.
Tout ça on laisse; on fera le tri petit à petit. Car, Petit à petit, l’oiseau fait son nid.
Je pense que tous les outils et affaires que Madame utilisait pour ses nombreuses activités de jardinage et récolte de pêches, yuzu, châtaignes étaient assemblées dans cette grange.
Le long de la maison il y a un autre débarras avec des outils beaucoup plus anciens, comme une araire et autres choses. (pour un article futur).
Il y a aussi, alignées sur des étagères, des choses anciennes, des pots, et des caisses en bois datées et signées qui doivent contenir de la vaisselle. Nous nous y attarderons plus tard.
L’escalier qui mène au premier étage est si raide qu’on le confondrait presque avec une échelle.
En haut, une grande pièce avec tatamis. C’est un vrai capharnaüm. Le sol est recouvert d’affaires, on hésite où poser le pied. Globalement les choses ici sont plus récentes et d’intérêt moindre.
Je fais le tri dans les affaires et mets dans un coin ce que nous allons garder. Seuls quelques trucs retiennent mon attention, des machines à coudre, un ou deux meubles, un échiquier, des cendriers … il y a tellement de cendriers! A croire que pour chaque événement dans le village on distribuait des cendriers.
Il y a aussi un vieux magnétophone Sony. Ce modèle date de 1963.
Avec la fille de madame M nous nous sommes arrangés pour qu’elle bazarde tout ce dont nous ne voulons pas. C’est rapide, les gars balancent direct dans leur camion benne, du premier étage ! oh yeah c’est rock and roll !
Voici quelques photos de la pièce du haut après rangement. Le plancher est un peu souple, il faudra le refaire peut être. On voit, la pièce fait huit tatamis donc c’est assez grand …
Le pavillon d’or de Kyoto.
de vieilles valises.
La vue de la fenêtre.
Pendant le rangement j’ai remarqué cette boite de biscuits métallique. Avec ce message, à méditer.
NB Un Lecteur sur Facebook m’informe que c’est du Paul Valéry. C’est un vers du poème le cimetière marin.
Le vent se lève… ! Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs !
La maison de Madame M
Madame M est décédée il y a deux ans. Cette dame à la volonté et prestance exceptionnelles, qui a vécu des productions de son jardin, en quasi autarcie, jusqu’à un âge très avancé.
Une anecdote à son sujet, peu après notre arrivée dans le village; il y a six ans, je me suis mis a déplacer des rochers dans la rivière, pour essayer de la dégager et éviter les débordements lors de déluges; eh bien malgré ses quatre vingt dix ans elle est descendue dans la rivière venir m’aider ….
Depuis son décès, sa maison est restée vide. Sa maison est ancienne, centenaire. C’était, autrefois, le logement des instituteurs du village. Elle est adjacente à notre terrain.
L’idée d’acheter cette maison n’a cessé de trotter dans ma tête, et finalement nous nous sommes lancés.
Nous avons finalisé l’achat de cette maison hier. Maintenant que tout est fait, il nous reste à trouver un ou des projets pour cette maison (location court terme pour voyageurs égarés, bar pour les nuits de pleine lune, qui sait …).
Cette maison qui a tant de désavantages, c’en est presque charmant: pas de parking, petit terrain. Un peu sombre. (Lire l’éloge de l’ombre de Tanizaki).
Son schéma est identique à celui de notre maison, et probablement à toutes les anciennes maisons de la vallée. Également identique au plan de la maison de mille ans… sauf qu’il n’y avait pas de place pour y mettre une vache.
Une grande entrée, qui donne sur la cuisine. A gauche quatre petites pièces en tatami arrangées en quatre carrés adjacents comme l’idéogramme de la rizière 田. La pièce, au fond et du côté de l’entrée, abrite un tokonoma et l’autel aux ancêtres, ou butsudan. (celui-ci a été évacué).
Comme chez nous; la salle de bains a été ajoutée plus tard, pendant les seventies ?
Il y a eu quelques autres travaux, comme par exemple l’effacement des engawas (ces couloirs qui font une transition entre le dehors et le dedans) pour agrandir les pièces (les panneaux coulissants en papier rendus obsolètes avec l’introduction des rideaux), et l’entrée où un carrelage est venu remplacer la terre battue (chez nous c’est du béton).
L’esprit original de la maison est, malgré ces ajustements qui ont suivi les nouveaux modes de vie, préservé: la structure en bois avec les poutres et les piliers est toujours visible; les tatamis aussi sont encore là.
Cette modeste maison a du potentiel aussi: elle est petite et n’est pas gigantesque. Elle est en excellent état et il n’y a presque pas de travaux a faire. Elle donne directement sur la rivière, ce qui est sympa.
Il y a aussi une annexe, sur deux niveaux, qui servait de hangar pour les outils. Intéressant de noter que la surface construite pour l’habitation occupe la même superficie que pour stocker les outils et les choses du jardin ou des champs.
A ma demande, l’annexe a été laissée telle quelle, elle est donc encore pleine des outils plus ou moins anciens que Madame M et sa famille ont utilisés dans leurs potagers, montagnes et rizières.
La première tâche sera donc de dégager tout cela et de faire un peu de tri, il y aura sans doute des choses intéressantes, des objets d’autrefois; j’en dresserai la liste ici dans des articles futurs.
Prendre le temps
J’écris pas mal d’articles sur mes petits projets bricolages mais …
Mais le message, en fait c’est, plutôt que le bricolage en soi, le plaisir à prendre le temps, et le plaisir de faire les choses soi même.
Passque des bricoleurs plus adroits et plus appliqués que moi, il y en a des millions.
Au pied de notre petite montagne.
Il reste ce grand tas de bois. Des arbres que nous avons coupés l’année dernière. et les avons laissés là…
Les outils sont made in Japan sauf le draw knife qui est made in England.
Oh regardez moi ce petit bébé ! Il mange la partie extérieure des troncs, qui est plus tendre et plus riche. Ca doit correspondre à l’aubier.
Je découpe les troncs, coupés à 1.7 mètres pour en faire des pieux carrés pour faire une barrière. On voit que l’aubier est trempé d’eau et parfois donc habité d’insectes.
L’aubier est trempé pour les arbres que nous avons coupés en avril l’année dernière. Ceux que nous avions coupés plus tôt pendant l’hiver en février, eux sont secs.
Ce travail permet de retirer une grande partie de l’aubier . (donc je vire les insectes; les parties mouillées qui vont pourrir, j’allège le tout, et donne un aspect uniforme à tous les piliers).
Pendant ce temps j’entends au loin les aboiements d’un chien. Un chien de chasse qui s’est égaré dans les montagnes. Les chasseurs dans leurs petits camions keitora passent en boucle dans le village en bas et klaxonnent pour récupérer le chien qu’ils finissent par retrouver.
Tous ces chasseurs sont très âgés. Petits; nerveux. Il chassent pour l’argent; la prime de huit mille yens par tête de chevreuil. Ils ne semblent pas chasser pour le plaisir ou l’art de le faire … Ca se lit sur leur visage … leur âme s’est éteinte … la lumière dans leur regard est opaque … Ils sont dans le côté obscur de la force …
La présence de ces chasseurs m’inquiète un peu. Ils sont tous à moitié aveugle … je descends les voir et leur indique d’où les aboiements du chien perdu semblent parvenir. Ils retrouvent leur toutou.
Pour éviter un accident je vais chercher des hauts parleurs et je mets de vieilles chansons de David Bowie qui viennent emplir le silence de la montagne. Histoire que les chasseurs ne me tirent pas dessus par erreur… sachant que les chevreuils n’écoutent pas David Bowie.
C’est le problème quand on travaille avec des outils à main … si j’avais bossé avec la tronçonneuse j’aurais pas eu besoin de David Bowie pour faire s’éloigner les chasseurs …
Mais j’aurai pas eu autant de plaisir à travailler…
Les pieux feront 5 suns (pouces) sur 5 soit 15 centimètres de côté… Ca va être du solide …
Il faudra une vingtaine de pieux en tout … C’est bien de pouvoir prendre le temps…
Les six colonnes sont faites
L’abri que nous allons construire dans le jardin (technology transfer) aura six colonnes (hashira 柱).
J’ai fini les colonnes hier.
Je travaille dans l’atelier de S. Il me prête ses grosses machines. Il m’a fallu dompter cette machine infernale assez impressionnante au départ, qui avec quatre scies circulaires découpe des tenons en deux coups. Il faut rester concentré. Les Saoudiens pourraient utiliser cette même machine pour couper les mains des voleurs de poule, comme il est d’usage chez eux.
Le tenon découpé, il faut percer le trou pour la cheville.
Cheville komisen 込栓
Pour celà on utilise une perceuse spéciale qui fait des trous carrés, de la taille de la future cheville. (la cheville fait 5 buns de côté soit la moitié d’un sun, et cela correspond à la largeur de la sashigané … comme par hasard ….) ….
Ensuite on fait une petite entaille à 45 degrés sur le côté supérieur du trou carré avec le ciseau à bois. Cela permettra à la cheville de pénétrer plus facilement. (photo ci dessous avant de faire l’entaille).
Ensuite il y aura des hiuchi, ou arbalétrier c’est ça ? qui vont connecter la colonne aux poutres à 45 degrés. On prévoit des entailles dans les colonnes pour y accueillir (et soutenir) les hiuchi.
Pour ce faire on utilise ici aussi le ciseau à bois, j’en utilise un qui fait 1 sun et 4 buns de largeur. Très bien aiguisé il découpe le bois comme si c’était du beurre.
S. revient d’une partie de pêche et me montre au début comment se positionner par rapport au bois et aux outils etc … ici démonstration clope-au-bec avec un tsukinomi, ciseau à bois à manche long, que l’on utilise sans marteau.
Pour préparer ces six colonnes il y a donc toute une série d’opérations et de gestes à faire, une séquence précise à suivre. Et voyez vous tout celà est comme une danse, à la manière de bouger, de se positionner, et d’utiliser les divers outils. Il y a grand plaisir à faire tout cela.
Le plein d’outils
Un peu par hasard, je récupère les outils d’un charpentier d’une ville voisine qui a cessé ses activités et fermé son atelier. Les gens voulaient se débarrasser.
Y en a un sacré paquet. Ca remplit presque le camion.
Certains sont exceptionnels (au moins pour moi)
De vieilles équerres sashigané. さしがね 差金 A noter qu’elles ne portent pas d’indication chiffrée.
Un ancien sumitsubo en bois. (sumitubo) すみつぼ 墨つぼ 墨壺
et avec une boite de coton spécial pour l’encre.
Une grande quantité de rabots (kanna) かんな 鉋
Un très bel ensemble de ciseaux à bois. (nomi) のみ 鑿
Un ciseau à bois au manche long, pour travailler les poutres.
Cette trouvaille arrive à un moment intéressant car je passe désormais tous mes week ends dans l’atelier de S le charpentier, où il m’enseigne les rudiments de son beau métier.
Un petit coup de pouce venu de dessus les nuages ?
L’équerre du menuisier
Nous avons descendu le bois de notre montagne et commençons un nouveau projet, pharaonique: construire un nouvel abri dans le jardin, pour y étendre le linge, pour offrir à Minou un endroit agréable pour surveiller les alentours en toute sécurité, et faire des petites party avec les zamis, même sous la pluie.
Nous utiliserons le bois de notre montagne. Je ferai ce projet avec l’aide de S., menuisier charpentier, qui va m’apprendre ses techniques de base. C’est donc un transfer de technologie… technology transfer ….
Durant la phase de préparation j’observe l’équerre de S. et suis tout de suite intéressé par cet outil traditionnel et aux fonctionnalités étonnantes.
Cette équerre traditionnelle, utilisée depuis le 7è siècle s’appelle sashigane. 差し金
Celle-ci est graduée en sun et en shaku, les mesures traditionnelles, mais il y a des versions modernisées en système métrique.
sun すん 寸 (env. 3 cm)
shaku しゃく 尺 ( env. 30 cm)
L’outil à priori simplissime a quelques secrets que je voudrais vous presenter ici ….
des marques en idéogrammes chinois
Je crois comprendre qu’ils correspondent à une ancienne version du shaku; utilisée autrefois en Chine avant le 7è siècle.
Chaque signe a son sens, et indique à l’artisan les endroits propices (ou au contraire néfastes) à l’emplacement d’une porte ou d’une colonne par exemple. Je pense que ce concept est proche du Feng Shui.
財(ざい)Un excellent emplacement pour positionner une colonne ou une poutre. Garantie de bonne fortune
病(びょう) Maladie. Mauvais karma. A éviter.
離(り、りう、はなるともいう)Séparation des enfants ou des conjoints. A éviter.
義(ぎという)Bonne chance. Bon emplacement pour les coffre forts ou les choses de valeur.
管(かん)Longévité.
劫(ごう)Bad !
害(がい)Malheur, décès.
吉 (きち) Lucky Strike !!!!
des graduations augmentées d’un facteur de 1.41
1.41….. c’est la racine carrée de 2.
La graduation permet de calculer la longueur de l’hypoténuse d’un triangle isocèle rectangle… Ses deux côtés sont de longueur égale, disons A. Pythagore nous dit que l’hypoténuse sera égale à la racine carrée de 2 fois A au carré, soit la racine carrée de 2, multipliée par A.
des graduations augmentées d’un facteur de 3.14
Mesurer avec ces graduations le diamètre d’un cercle, la mesure affiche la valeur du diamètre multipliee par PI, soit le périmètre du cercle.
un petit lapin !
alors là on peut se poser la question … pourquoi le petit lapin … mais il doit y avoir une raison n’est-ce-pas ….
Tout cela est super intéressant, tant d’ingéniosité !
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