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Catastrophes Naturelles

Kyushu cette grande île du Japon plus au sud est directement exposée aux grandes pluies et aux typhons. Les dégats cette année sont importants. Avec je crois plusieurs vallées tout à fait inondées etc.

Chez nous aussi il a beaucoup plu il y a dix jours de celà maintenant. Comme nous vivons au bord d’une petite rivière, et qu’à chaque grosse pluie elle se transforme en torrent, nous sommes toujours un peu inquiets. De plus les montagnes nous entourent, elles sont abruptes, recouvertes de forêts de cryptomères où les arbres sont trop nombreux (les forêts ne sont plus entretenues) et leurs racines peu développées: un glissement de terrain et oup tout est fini.

Voici notre petite rivière, filmée il y a une dizaine de jours.

Il y a deux ans, je me souviens; une collègue de Londres m’avait demandé.

why do you stay in Japan ? There are so many disasters there. You could move to the US and be safer there.

J’ai répondu

Well yes in Japan there are so many natural disasters. tremblements de terre, typhons, inondations, etc

But in UK, in France, if there are not many natural disasters, there are many ‘human disasters’ . And in US, there are both humans and natural disasters…

Donc en effet au Japon on se doit se faire à l’idée qu’à tout moment, le ciel peut nous tomber sur la tête. …

On voit bien que celà a forgé l’esprit des Japonais. Même si placés devant un danger imminent, les gens même si très inquiets ou stressés restent calmes. Je l’avais constaté lorsque il y a trois ans nous avions dû évacuer notre hameau, d’énormes pluies avaient provoqué un glissement de terrain pas trop loin de chez nous, et avec tous nos voisins, nous étions allés passer la nuit à la mairie. Tout le monde était inquiet mais tellement calme. Je sentais que j’étais le seul à paniquer intérieurement.

Ceci dit, les actualités ne nous épargnent rien! Cette épidémie mondiale, les incertitudes économiques … le monde se transforme devant nous…

Que faire donc en attendant que le ciel nous tombe sur la tête ?

Ranger ses outils ?

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Comment ça se passe ici

On suit avec attention ce qui se passe à travers le monde, on se tient informé de ce qui se passe avec le virus. En Italie, en France, aux US. En Chine plus difficile de savoir ce qu’il s’y passe en vrai avec la censure et la propagande.

Paradoxalement je ne vois pas vraiment ce qu’il se passe au Japon. Il n’y a pas eu de confinement ou lock down et pourtant, malgré la proximité avec la Chine, source de la pandémie, il y a beaucoup moins de cas qu’en Europe. Est ce parce qu’au Japon l’on fait peu de tests ?

Ca ne peut pas être parce qu’ici on ne se fait pas la bise, ou qu’on ne se serre pas la pince …

Du bois pour les hivers prochains, à noter d’énormes branches de camphrier, ramassé dans un chantier. Au fond l’amandier est en fleurs

On voit se développer sous nos yeux trois catastrophes: la première avec les très nombreuses victimes de la maladie, la deuxième la fragilisation des systèmes de santé avec les nombreux médecins et personnels soignants victimes eux aussi du virus (or, il faut dix ans pour faire un médecin), et finalement les retombées économiques et sociales du confinement et de l’arrêt des activités décidés pour freiner les deux premières.

ici du cerisier (ramassé au bord d’un chemin) et des branches de marronnier

Je sais ce que se murmurent entre eux les arbres les insectes et les oiseaux, à savoir que ce coronavirus pourrait les débarrasser des humains qui détruisent leur habitats! On peut les comprendre …

Sous le filet, dans le potager, les brocos attendent de passer à la casserole.

Quand le gouvernement Japonais a décidé la fermeture des écoles, je me suis dis, bon, soyons cohérent avec cette mesure, et réduisons nos déplacements. Contribuons à l’effort. Si bien que je ne quitte notre vallée qu’une fois par semaine au plus, pour faire quelques courses indispensables.

Ce confinement symbolique que je m’impose n’est guère contraignant car nous avons le jardin, notre montagne, sans parler de tous les chemins abandonnés dans la vallée où personne ne passe. On n’est pas à l’étroit.

Dans le jardin, Cette Coccinelle s’est noyée dans un sceau
(photo laissée floue pour épargner les âmes sensibles)

Rien que l’idée de rester au village et d’en limiter mes sorties me procure un grand calme, comme une sérénité. Se laisser un peu moins distraire. Il y a quelque chose bénéfique à ne pas sortir, à ne pas prendre la voiture et à rester dans son jardin, à, comme un chat, se limiter à un territoire bien défini et constant. Et puis, ouvrir un livre ou une bouteille et le territoire s’élargit soudain par magie.

Donc pour limiter les sorties j’ai puisé dans mes souvenirs … mon grand père Jean m’expliquait qu’à travers les âges nous avons pu survivre les crises et les guerres grâce au cochon: dans les campagnes chaque famille avait un ou deux porcs pour la viande de l’année.

Les feuilles de rucola pour faire des salades ou accompagner des spaghettis

Au Japon c’est différent, dans notre village aucune famille n’a jamais eu de cochon (je me suis bien renseigné là dessus) mais, me fiant aux paroles de mon grand père, dès les premiers jours de la crise, il y a un bon mois maintenant, j’ai acheté un jambon italien entier… un gros morceau de bidoche qui en effet nous aide à réduire nos sorties pour faire les courses. On en est arrivés à la moitié. Parce que sinon en effet j’irais à la superette acheter trois petites saucisses par ci, deux petits bouts de gras par là…. et il faudrait y retourner trois jours plus tard…

Pareil pour la bibine; Plusieurs caisses de bière sont venues tenir compagnie au prosciutto dans le frigo…

Dîner ce crise avec nouilles instantanées et une salade du jardin

Mais ces choses matérielles mises à part, comment agir en temps de crise. Tout le monde dans sa vie vit ces moments plus ou moins longs, plus ou moins intenses, de crise, où tout peut basculer vers le néant. Je pense particulièrement à mes amis Syriens dont le pays a été précipité dans une guerre civile terrible (avec l’aide de nos gouvernements) … vous imaginez ce que ces gens ont vécu depuis des années maintenant… Mes grands parents en France tout comme mes voisins les plus âgés ici au village ont connu la guerre. Avant la deuxième c’était la première. Et il y en a eu beaucoup d’autres depuis.

Pour moi le premier moment qui nous a donné un avant goût de la fin du monde et tout remis en question, c’était la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Dans ces moments, comment réagir, comment se protéger et protéger ses proches. D’abord il faut je crois s’informer pour pouvoir saisir la situation et bien comprendre les risques. Comprendre aussi comment nos actes peuvent impacter notre entourage. Aussi ne pas céder à la panique tout en acceptant nos propres faiblesses et nos propres craintes, car on est pas des super héros…

En ces temps incertains

Garovirus

Avec l’épidémie du coronavirus je me plonge dans la lecture du journal de l’année de la peste de Defoe, l’auteur de Robinson Crusoe. Le récit publié en 1722 raconte la peste qui frappe Londres en 1664, y causant le décès d’un quart de la population.

Il y a certains passages dans ce récit qui font penser aux villes et villages mis en quarantaine en Chine et en Italie par exemple, l’impréparation des sociétés, et la psychologie des gens, par exemple ces quartiers de Londres qui au début se croient épargnés de la peste et finissent par morfler plus tard.

Je pense aux jeux olympiques de Tokyo prévus pour cet été, je me demande ce qui va se passer.

Les jeux olympiques en fait ont le pouvoir de rassembler les gens, tous les téléspectateurs de la planète autour des mêmes jeux: les populations mondiales se catalysent et; le temps de quelques semaines, semblent unies dans l’esprit, c’est un sentiment très fort qui se dégage de ça.

Paradoxalement je me dis aussi que ce terrible virus, qui pourrait faire annuler ces jeux olympiques a un effet similaire…

Car finalement le virus rappelle à tous que, où que l’on soit, et qui que nous soyons nous respirons tous le même air…