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La Fête des Ombres
Si vous suivez ce blog il y a une bonne chance que vous soyez branché(e) sur le Japon, et que vous soyez familier(e) avec Atelier Sentô. Si vous ne connaissez pas encore Atelier Sentô; c’est le moment de vous rattraper 🙂
Atelier Sentô c’est un duo, Cécile et Olivier, créateur de bande dessinées.
J’ai commencé à les suivre il y a quelques années, c’est alors au moment de la parution de leur première BD, ONIBI. Je l’ai lue fin 2016. Onibi est une histoire, le voyage initiatique de deux français dans un Japon rural et mystérieux …. dans la région de Niigata.
Le monde de Facebook est vraiment petit, je commence à les suivre. Peut être que c’est à ce moment que Cécile et Olivier commencent à suivre ce blog. Ils nous font l’honneur de likes et de commentaires!
Un peu plus tard je leur commande une petite lithographie en vente sur leur site. C’est la litho d’un jizo, petite statue bouddhiste. Depuis, la litho m’accompagne tous les jours au travail, que ce soit dans mon petit bureau ‘le plus petit bureau du monde‘ ou bien dans la maison de Madame M.

La Fête des Ombres vient de sortir: c’est le premier tome de la dernière BD d’atelier sentô.

C’est un véritable régal. L’histoire se laisse développer, on découvre les éléments narratifs un à un: C’est très bien construit. Il y a du suspense ! Du mystère ! De la poésie!
Les couleurs sont formidables. Il y a beaucoup de douceur dans les dessins.
Le tome 1 se passe en automne et en hiver; dans la campagne japonaise.Chaque case est un festin pour le neuneuil.
Il y a des clins d’oeil tout à fait irrésistibles.
Comment ils ont pu saisir et restituer les sensations de la vie à la campagne au Japon, c’est assez incroyable.
L’année dernière, en septembre, Atelier Sentô m’a contacté: ‘comment dessiner l’intérieur d’un keitora?’ (petit camion que l’on voit partout dans la campagne au Japon) … Je suis devenu technical advisor , dis je à alors mon épouse, en bombant le torse … j’ai envoyé alors quelques photos de mon keitora …. que vous pourrez retrouver, dessinées dans La Fête des Ombres …. ha ha
Quelle joie d’avoir pû apporter un grain de sable à cet édifice … et d’être mentionné dans les remerciements à la fin du book…. !
Décidement gràce à ce blog nous faisons de belles rencontres.
- Page web d’Atelier Sentô ATELIER SENTO
- Page de l’éditeur issekinisho (une pierre deux coups) La Fête des ombres • NOUVEAUTÉ 2021 • Editions Issekinicho
- Page sur Fnac point com La Fête des Ombres – Tome 1 – La fête des ombres – Cécile Brun, Olivier Pichard, Olivier Pichard, Cécile Brun – cartonné – Achat Livre | fnac
Allez y! Faites chauffer les cartes bleues ! Il y en aura pas pour tout le monde !
J’ai montré la Fête des Ombres à mon ami S.: quelle est sa réaction? Est ce que la vie à la campagne au Japon est bien représentée ? Que pense t il des dessins ?
S. a tout de suite réagi à l’authenticité des dessins. La justesse des dessins des maisons. Tous les détails.
En page 24 il s’exclame c’est exactement comme ça que l’on épluche les kakis ici!!! En effet on ne découpe pas les fruits de la même façon d’un pays l’autre …
Il souligne l’exactitude du détail des tenons dessinés sur l’escalier en bois, en page 36.
En page 53 il tilte encore en disant qu’autrefois la salles de bains chez lui était exactement comme dans le dessin… à part que chez lui le couvercle de la baignoire était carré ….
C’est dingue comme soudainement tout est si proche … Atelier Sentô c’est des artistes…




J’ai montré le livre aussi à monsieur K qui lui aussi a immédiatement réagi sur cette magnifique salle de bains. C’était comme ça chez mon grand père dit il.


Dans la maison de Madame M
Voici quelques photos de la maison de la voisine que nous avons achetée cette semaine.
Mais vous savez, on est par ce que l’on fait.
On n’est pas par ce que l’on a.
Au fruit on connaît l’arbre. Matthieu 12-33
Voila un truc qui nous imprègne depuis notre installation à la campagne. En ville, je pensais plutôt être par ce que j’avais.
Avoir une maison en plus n’est pas donc vraiment significatif. C’est ce que nous allons en faire qui est important (à la rigueur).
Ceci dit; cette maison étant ancienne porte un message, et nous informe sur la vie dans le village d’il y a cinquante ou soixante ans. Voilà une chose qui nous intéresse.
La maison, et devant, le hangar à deux niveaux.
On pourrait s’asseoir sur le muret de pierres, siroter un ouiski en se trempant les pieds dans la rivière.
Pour le plan. C’est quasi identique à celui de notre maison. C’est plus petit, la cuisine est rikiki; et il n’y a plus d’engawa mais la structure logique est en tous points identique.

plan d une ferme japonaise traditionnelle
L’entrée, ou doma. Le plancher de la maison est surélevé. Par sur la photo, mais le doma est à hauteur du sol et ici recouvert de carrelage. Originellement ça devait être de la terre battue.
Dans l’entrée; des autocollants rappelant de contacter la police en cas de visite d’arnaqueurs. Il y a beaucoup de petits filous qui essaient de profiter de la crédulité de personnes seules et âgées. Moi quand j’en vois de ces filous, je leur montre ma tronçonneuse.
De l’entrée; sur la gauche. Au fond, le tokonoma avec la calligraphie. A la droite de celui-ci il y avait le butsudan ou autel aux ancêtres.
Notez la porte sur la gauche, elle ne donne sur rien mais indique l’existence autrefois du engawa.
On voit les quatre pièces de tatami adjacentes les unes aux autres; formant le caractère de la rizière, 田
Faisons marche arrière et allons voir la cuisine. Qui est face au doma. Difficile de faire plus simple pour la cuisine mais dans la version originale de la maison, la cuisine était sans doute en terre battue, avec un petit foyer que l’on nomme okudo san.
La cuisine donne sur deux pièces de tatami.
A côté de la cuisine ce signe rappelle de faire attention au feu. J’ai vu ce même signe dans une autre maison dans le village, lors de travaux. Il a donc dû être distribué à tout le monde, à une époque.
Les colonnes sont en marronnier. Celle-ci est plus conséquente que les autres. Située au centre de la maison on la nomme la kokubashira ou colonne noire.
La classe. Les murs sont en torchis et recouverts d’enduit. (shikkui).
Faut être un bon charpentier, pour utiliser des poutres courbées comme celle-ci. D’un point de vue esthétique je trouve que celà apporte une dynamique inattendue; dans une pièce où tout est droit.
Les cloisons coulissantes sont décorées, mais ça c’est plutôt standard.
Vue du tokonoma. Nous avons demandé à laisser quelques affaires, comme machine à coudre, instrument de musique, de thé, et calligraphie.
Si on se retourne on voit une autre pièce, et l’entrée du début.
Il faudra refaire l’électricité.
La maison de Madame M
Madame M est décédée il y a deux ans. Cette dame à la volonté et prestance exceptionnelles, qui a vécu des productions de son jardin, en quasi autarcie, jusqu’à un âge très avancé.
Une anecdote à son sujet, peu après notre arrivée dans le village; il y a six ans, je me suis mis a déplacer des rochers dans la rivière, pour essayer de la dégager et éviter les débordements lors de déluges; eh bien malgré ses quatre vingt dix ans elle est descendue dans la rivière venir m’aider ….
Depuis son décès, sa maison est restée vide. Sa maison est ancienne, centenaire. C’était, autrefois, le logement des instituteurs du village. Elle est adjacente à notre terrain.
L’idée d’acheter cette maison n’a cessé de trotter dans ma tête, et finalement nous nous sommes lancés.
Nous avons finalisé l’achat de cette maison hier. Maintenant que tout est fait, il nous reste à trouver un ou des projets pour cette maison (location court terme pour voyageurs égarés, bar pour les nuits de pleine lune, qui sait …).
Cette maison qui a tant de désavantages, c’en est presque charmant: pas de parking, petit terrain. Un peu sombre. (Lire l’éloge de l’ombre de Tanizaki).
Son schéma est identique à celui de notre maison, et probablement à toutes les anciennes maisons de la vallée. Également identique au plan de la maison de mille ans… sauf qu’il n’y avait pas de place pour y mettre une vache.
Une grande entrée, qui donne sur la cuisine. A gauche quatre petites pièces en tatami arrangées en quatre carrés adjacents comme l’idéogramme de la rizière 田. La pièce, au fond et du côté de l’entrée, abrite un tokonoma et l’autel aux ancêtres, ou butsudan. (celui-ci a été évacué).
Comme chez nous; la salle de bains a été ajoutée plus tard, pendant les seventies ?
Il y a eu quelques autres travaux, comme par exemple l’effacement des engawas (ces couloirs qui font une transition entre le dehors et le dedans) pour agrandir les pièces (les panneaux coulissants en papier rendus obsolètes avec l’introduction des rideaux), et l’entrée où un carrelage est venu remplacer la terre battue (chez nous c’est du béton).
L’esprit original de la maison est, malgré ces ajustements qui ont suivi les nouveaux modes de vie, préservé: la structure en bois avec les poutres et les piliers est toujours visible; les tatamis aussi sont encore là.
Cette modeste maison a du potentiel aussi: elle est petite et n’est pas gigantesque. Elle est en excellent état et il n’y a presque pas de travaux a faire. Elle donne directement sur la rivière, ce qui est sympa.
Il y a aussi une annexe, sur deux niveaux, qui servait de hangar pour les outils. Intéressant de noter que la surface construite pour l’habitation occupe la même superficie que pour stocker les outils et les choses du jardin ou des champs.
A ma demande, l’annexe a été laissée telle quelle, elle est donc encore pleine des outils plus ou moins anciens que Madame M et sa famille ont utilisés dans leurs potagers, montagnes et rizières.
La première tâche sera donc de dégager tout cela et de faire un peu de tri, il y aura sans doute des choses intéressantes, des objets d’autrefois; j’en dresserai la liste ici dans des articles futurs.
La Maison du voisin
La pelleteuse a déjà commencé à detruire la vieille maison du voisin. Nous récupérons les meilleurs morceaux de bois, pour nous chauffer l’hiver prochain.
C’est l’occasion de prendre quelques photos en espérant que ce qui reste du toit ne nous tombe pas sur la tête.
On note que gràce à l’emploi de torchis pour les murs et les cloisons, il faut relativement peu de bois pour un telle construction. Economique, léger, souple …
Sur la moitié droite, la maison en question. On discerne le torchis placé entre le toit et les tuiles.
Cette pièce était la pièce principale. Au fond; le tokonoma avec le pilier vernissé. On distingue également les troncs d’arbres qui supportaient le plancher. Les tatamis et les planches ont été retirés.
Une ouverture donne sur le toit. Vue sur la charpente.
Chez nous, il devait y avoir une ouverture similaire, mais elle a été fermée.
On devait stocker du foin j’imagine. On distingue un crochet métallique sans doute pour accrocher une échelle ou bien utiliser des cordes.
L’ancien engawa
Comme très souvent à l la campagne, un espace de rangement extérieur abrité est arrangé le long d’un mur. Idéal pour stocker du bois.
évolutions
On estime l’âge de la maison principale -le corps de ferme- à 70 ou 100 ans.
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