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Cérémonie shintô dans le village

Dans le sanctuaire shintô de notre village a lieu une cérémonie, dont d’ailleurs j’ignore le nom.

Cette cérémonie a lieu chaque année à la fin de l’été.

J’ai eu l’occasion d’en parler déjà, en 2012 ici, plus tard en 2016 ici

Cette année j’ai une caméra vidéo et filme l’événement.


Faut grimper un joli chemin pour y arriver. J’y retrouve mes voisins formidables. Il y a le chef du village qui discute avec le prêtre shintô pendant que les visiteurs prient.
Je suis avec ma voisine madame T à qui je pose la question fondamentale: depuis quand existe le Japon.

Puis; commence la cérémonie que je filme dans son intégralité.

Dites moi ce que vous en pensez, quelles sont vos impressions?

Construction d’un garage

Le bureau de la coopérative forestière, dans le village, a commandé à mon ami S., charpentier, la construction d’un garage. Il s’agit de protéger des intempéries leur nouveau camion ainsi que d’autres équipements forestiers.

S. construit le garage avec des arbres (cryptomères) coupés dans notre vallée.

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Il s’agit de faire un garage qui expose la beauté du bois de la localité: Pour cela utiliser les troncs tels quels, en rondins, permet de mettre en valeur les belles courbes et toute la beauté du matériau.

sumitsuki, kizami

S., il fait les choses à l’ancienne. Les pièces de bois sont travaillées à la main.

Voilà quelque chose de très intéressant, et à chacune de mes visites à l’atelier de S., je prends des photos pour documenter l’avancée du projet.

A son atelier j’y vais très souvent.

Les lundis matins vers 7 heures, j’apporte le café et nous faisons le point sur la semaine qui commence et ce mouvement du monde qu’on ne peut plus arrêter.

Sinon de temps en temps je vais le voir en fin d’après midi. Son frigo dans l’atelier est toujours plein de bibine…

Les villageois s’étonnent d’ailleurs que je sois toujours fourré dans l’atelier de S. C’est pour écouter la bonne parole, réponds-je à chaque fois.

Ce projet de garage est conséquent. Les poutres dans la longueur du bâtiment font neuf mètres.

Le jour de la construction ou munéagé 棟上げ approche. L’assemblage de toutes les pièces de bois prendra en fait deux jours.

S. se fait aider des bûcherons de la coopérative.

Je prends des journées de congé pour me libérer du boulot et assister aux travaux et photographier tout celà. En deux jours; pas moins de 800 photos.

Car voir tout le monde travailler, dans la bonne humeur mais avec aussi une excellente coordination est un vrai spectacle. Les gars sont des pros.

Je ne me sens pas trop gêné de m’incruster comme ça pendant les travaux, personne ne m’a demandé de venir; mais personne ne me demande de partir … On m’offre même le café !

Pour moi ce sont deux journées merveilleuses. Ah les artistes ! Des hommes qui savent travailler et qui savent vivre !

Et T. le charpentier reconverti en bûcheron, quand il grimpe sur une poutre et qu’il tappe avec son maillet comme un malade, quelle classe.

Parce que pour qu’une pièce de bois entre dans l’autre, il faut tapper, il faut tapper.

Je me dis que pour les bûcherons, c’est un projet intéressant, de construire un bâtiment avec le bois qu’ils ont eux-même extrait des montagnes.

Ce garage; une fois assemblé, a un style du tonnerre.

S. a exploité avec goût les différentes courbes des troncs des rondins; et cela apporte au tout une dynamique qui ne laisse pas indifférent. Il y a un côté transcendant dans ce garage.

Des 882 photos je fais une sélection. Une bonne quarantaine.

J’en imprime un photo book que je vais offrir plus tard à S. et au big boss de la coopérative forestière.

L’idée du photo book c’est bien sûr remercier de m’avoir accueilli sur le chantier mais aussi passer le message; qu’un tel projet, et avec de tels gens, c’est beau. Et que ça vaut bien un petit livre.

Les fondations

La nouvelle construction, à la place du hanaré, sera une piéce de 20 mètres carrés. 4×5. Construction traditionelle. Murs en terre. Et tout le reste en bois.
Pour ce qui est des fondations de la maison, ce sera comme le hanaré, soit les piliers de bois reposant sur de grosses pierres. Rien de plus. Le batiment est surrélevé par rapport au sol. Ceci permet de résister à l’humidité.
Cette semaine nous avons posé les pierres. A l’emplacement des futur piliers… on se croirait sur un site archéo.
L’énorme pierre carrée, ce sera pour monter dans la pièce. Déjà on s’assied dessus, pour regarder tranquilement ce qui se passe dans les montagnes.
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on creuse la terre avec la pelleteuse vert grenouille pour mettre les grosses pierres à niveau.

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Sur les pierres viendront s’appuyer les piliers en bois. On fait comme autrefois ! Ce procédé est économique … pas besoin de camions toupie.

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Les pierres posées, on a mis une couche de terre ‘masatsuchi’

La maison de 1000 ans

[Note de septembre 2014: j’ai plus depuis rencontre l’ancien proprietaire de la maison de 1000 ans]

La maison de 1000 ans. 1000, vraiment ?  千年の家

Multi centenaire c’est certain. Elle était habitée jusqu’il y a quelques années, puis elle a été restaurée et est devenue un musée. A 30 minutes à pied de chez nous. Dans un hameau du même village.

On peut la visiter les week ends. C’est ce que nous avons fait.
L’entrée donne sur l’écurie et la cuisine. La cuisine consiste en un évier et un kamado à trois foyers.
Intéressant, le kamado est construit dans un creux dans le sol. pour mieux amasser les cendres ? Il n’y a pas de cheminée, ce qui fait que toutes les poutres sont noircies par les fumées. L’arrète du toit a deux ouvertures, qui permettent à la fumée de s’échapper, par le haut. La fumée qui s’échappe et se disperse librement dans la maison a le mérite de faire fuir les insectes.
La cuisine et l’écurie ont un sol en terre battue. C’est comme chez nous autrefois.
La deuxième moitié de la maison a un plancher surélevé. Il est constitué de bambous et de nattes de pailles. Ancètres simplissimes des tatamis ?, sur une partie, et sur une autre, d’un plancher superbe, on voit les marques de découpes du bois à l’herminette.
 On a dressé un petit autel shintô dans cette pièce.
La toiture est constituée de paille, comme dans les maisons ultra célèbres et inscrites au patrimoine de l’UNESCO de Hida Takayama.
On voit, l’intérieur est sombre. Et cela rappelle l’essai esthétique de Tanizaki, l’éloge de l’ombre.
Dans la pièce attenante à la cuisine, il y a un irori, un petit foyer, carré; inscruté dans le sol. Normalement il y a toujours des braises et le foyer ne s’éteint jamais, pendant des générations et des générations. Avec le kamado c’est le coeur de la maison.
Sur l’irori, la tradition est d’accrocher une théière ou une soupière crochetée au jizaikagi (自在鉤). Le jizaikagi est un est tube en bambou ou une chaine; pendante du plafond, relié à un levier, souvent en forme de poisson et qui permet de régler la distance entre la théière et le foyer. Pourquoi cette présence incongrue de poisson ? Le poisson évoque l’eau et donc la sécurité par rapport au risque d’incendie, m’a-t-on expliqué un jour.
Dans cette petite maison dite de 1000 ans, tout est simple est réduit au minimum. Il y a aussi des toilettes et un endroit pour se laver, cependant inaccessibles au visiteur.
Donc le minimum, est là. Dans un sens on ne devrait pas avoir besoin de plus… on se verrait assez bien vivre dans cette maison … avec un cheval comme ami et une connexion internet.
la maison de 1000 ans
la maison de 1000 ans
La maison de 1000 ans a-t-elle vraiment 1000 ans ?
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L’écurie occupe la moitié de la cuisine-entrée.
kamado
Le kamado à trois foyers. Le foyer à droite, pour faire cuire le riz. Au centre, bouillir de l’eau. A gauche pour la soupe !
Plus loin à côté de la fenêtre, un évier rudimentaire.
irori
L’irori à côté de la cuisine. On distingue le morceau de bois qui évoque la forme d’un poisson.
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De jolis objets d’autrefois. Pas de plastique.
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Très beau parquet. Au fond de la pièce, un autel shintô.
Pour les curieux qui souhaitent visiter cette maison, voici l’adresse et les instructions (en JP).
住所 〒671-2415
姫路市安富町皆河(問い合わせは姫路市教育委員会文化課)
TEL 079-221-2786
定休日 千年家の公開は、土曜、日曜、祭日(年末年始は除く)のみ ※平日は団体のみ、要事前予約
アクセス 中国自動車道「山崎IC」から車で約10分

Promenade

 

Franchement, tout est beau. La nature resplendit avec ses palettes de verts. Le mois de mai est décidement un bon moment dans l’année; juste avant la saison des pluies et les grosses chaleurs bien humides de juillet et aout qui suivront.

 

Cette maison me fait penser à la maison dans Totoro. Pas le même style mais peut être la couronne de verdure qui la protège.

 

maison de totoro

 

 

A même hauteur mais de l’autre côté de la rivière, ce morceau de village incrusté dans ses potagers.

On aperçoit la face d’une montagne écorchée, c’est qu’un habitant du village coupe les cryptomères (sugi) pour se construire une maison.

 

maison et jardin

 

Si à partir du pont on va dans la direction opposée, vers le nord, on peut apercevoir ce joli groupe de maisons; entre montagne et rizières.

 

paysage

 

De retour à la maison nous faisons un crochet par le jardin où nous récoltons des radis et une fraise.

radis et fraise

 

Notre maison

Je me rends compte que j’écris beaucoup sur la maison et certaines de ses caractéristiques, mais ne l’ai pas encore montrée dans son entier.

A gauche, le hanaré. C’est là que l’on s’occupait des vers à soie jadis. Et au centre, la maison où nous vivons. Dans le courrant de l’année nous allons faire des travaux et retapper le hanaré afin de pouvoir en profiter.

En ce moment nous travaillons dans le jardin. Nous allons faire un passage avec des traverses en bois qu’un voisin nous a données.

Et oui c’est le printemps et c’est très agréable de passer du temps dehors.

notre maison, une ferme japonaise traditionnelle

notre maison, une ferme japonaise traditionnelle

Le hanaré

Le hanaré; nous en avons déjà un peu parlé, c’est une petite bâtisse de deux engawas entourant deux pièces de huit tatamis.
Il tient encore droit dans ses bottes. Malgré le plancher de tatamis qui s’enfonce sous les pas; et les volets, battus par des décennies de pluie.
Pour nous faire une idée des possibilités de travaux d’amélioration, j’ai dessiné le hanaré sur sketch up. En voici trois vues.
derriere travers face travers interieur

Le Doma

Ma pièce préférée de la maison, c’est le doma.

Doma s’écrit 土間:
Le premier caractère 土 signifie ‘terre’, le second 間 ‘espace’. Traditionnellement le sol du doma est en effet de terre battue; par opposition aux pièces dont le sol est en plancher ou en tatamis.

Le doma est l’entrée de la maison japonaise traditionnelle.

Chez nous le doma est carré.

Une face du carré est fixe, c’est une cloison, qui avant les travaux donnait sur un débarras. Autrefois ça donnait sur l’étable et la vache Marguerite.

Les trois autres faces du carré sont des cloisons coulissantes.

  • Une vers l’extérieur.
  • Une vers le salon cuisine
  • Une vers le bureau bibliothèque.

Ce que j’aime avec le doma; c’est la transition douce qu’il assure entre l’intérieur et l’extérieur. C’est le sas de décompression entre privé public, entre confort et nature.

Il permet aussi d’accéder directement au bureau ou à la cuisine.
Il est spacieux et l’on peut s’asseoir sur un banc et mettre ses bottes sans se presser.

J’y ai fait d’ailleurs une boite à chaussures qui fonctionne aussi comme un banc. Nous avons mis un autre banc; histoire de prendre ses aises et que tout le monde aie assez de place.

Dans les maisons japonaises contemporaines le doma est remplacé par le genkan; un espace réduit où se chausser et se déchausser est, à cause du manque d’espace, trop souvent un exercice d’équilibre.

Le doma est vraiment adapté à la vie à la campagne.
On peut y poser des légumes fraichement cueillis du jardin, venir avec ses bottes pleines de terre, sans se soucier de salir l’intérieur de la maison.
Idem, le doma se prête à poser le stock de bois de chauffe de la journée. C’est peut-être d’ailleurs un bon équivalent de la cave, car il n’y fait ni trop chaud ni trop froid.

Le doma c’est un art de vivre ancien dont nous sommes bien heureux de pouvoir profiter !

DOMA

flash back, les travaux

Nous sommes installés dans notre maison japonaise, traditionnelle; heureux propriétaires de cette ancienne ferme, et heureux habitants de ce petit bout de village situé à 80 kilomètres d’Osaka; dans l’Ouest du Japon.Les photos prises lors des travaux de réfections il y a plusieurs mois nous donnent un aperçu de comment cette maison a été construite.

Sur les photos; on note;

L’absence de fondations. la maison est posée à même le sol. on note qu’elle tient droit depuis 70 à 80 ans et qu’elle a vu plusieurs typhons passer au dessus de sa tête ainsi que des tonnes de neige. Elle a également survécu le grand tremblement de terre de Kobe en 95.
(situé à 70 km).

L’absence de murs. Les murs ne sont pas porteurs. Tout tient sur les colonnes, les poutres. Dans un sens c’est une construction proche des constructions modernes en acier, où les poutres en acier forment un réseau d’arêtes qui supportent la structure. Il y a quelques cloisons, mais ce ne sont pas des murs.

Les poutres. Les charpentiers connaissent le bois et savent ce qu’on peut lui demander. Les poutres transversales sont des tronc d’arbres épais, elles sont courbes. La courbe est toujours orientée vers le haut, on profite de l’élasticité du bois.
Les poutres verticales sont plus fines et droites.

La maison est bâtie sur un étage-et-demi. Un plancher rudimentaire sur le lequel jamais je n’irai m’aventurer sépare les deux.
On a vu plus tôt que le demi-étage au dessus servait de grange où l’on gardait le foin l’hiver, ce n’est pas un espace habité.
On voit sur les photos que les poutres du rez de chaussée sont noires, c’est que pendant des décennies les propriétaires ont fait du feu dans la cuisine!
Celles du demi étage en haut sont ‘naturelles’.

Sur les photos on voit les artisans au travail. Bien sûr avec une vielle maison comme ça tout doit être refait sur mesure. Ils ont travaillé dur et sué beaucoup pour nous. Sympathiques; mais attention; relativement peu fiables … ils ne tiennent pas les dates … ça nous a rappelé la France ! Les artisans de Tokyo eux étaient plus Suisses; là-bas tout était réglé comme du papier à musique.
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Promenade dans le village