Tagué: promenade dans la campagne japonaise
Des endroits merveilleux
Des endroits merveilleux il y en a bien une bonne poignée, dans notre petit village où personne ne vient jamais.
D’ailleurs pour le faire visiter et mieux connaitre je devrais peut être acheter une vieille maison, la retapper et en faire une guest house ? Vous viendriez nous voir ?
Au fond de la vallée, il y a un petit hameau. Plus que vingt personnes y vivent. Il est à moitié déserté. Mais c’est un très bel endroit et ma bicyclette m’y conduit presque chaque jour. Avec le pilotage automatique.
A l’entrée de ce hameau que les montagnes couronnent, un sanctuaire shintô. (jinja).
C’est un endroit magnifique. Merveilleux. On monte un escalier de pierre, un écriteau informe de la présence des vipères.
Une fois en haut on arrive au pied d’un cryptomère gigantesque. C’est un géant, en effet. Il n’y en a pas beaucoup comme lui. Son écorce est molle, douce et chaude. On pense à la peau d’un éléphant ou encore d’un vénérable vieillard. C’est assez incroyable. On passerait des heures à observer et caresser l’écorce.
Et puis il y a le sanctuaire. C’est un miracle qu’il tienne encore debout. Dans dix ou vingt ans; faute de population pour l’entretenir ou le réparer ce sera sans doute une ruine.
Ce sanctuaire fait l’intersection entre l’homme et la nature, le profane et le sacré.
Chose peu courante pour un sanctuaire de si petit calibre, son entrée protégée par deux gardiens de bois silencieux.
C’est peut être aussi celà qui nous touche car les gens qui ont construit tout cela nous les connaissons presque à moins que ce ne fussent leurs parents ou leurs grand parents.
Bref. Un beau moment d’émotion.
Welcome to Deep Japan.
Et puis d’autres arbres .. certains, fatigués, se sont couchés.
Lundi matin (vélo)
Comme tous les lundis matins j’ai vraiment la tête dans le cul et il est très pénible de se mettre au travail. Je commence donc par aller faire un grand tour en vélo.
Je descends vers le bas de la vallée puis la remonte dans son intégralité jusqu’aux pieds des montagnes.
La lumière et les couleurs sont magnifiques. Tout est beau et m’emplit d’espoir. 35 km, ça fait du bien.
L’homme n’a pas été fait pour passer des journées entières sur un clavier d’ordinateur c’est sûr.
L’entrée de la vallée. A l’horizon les montagnes: tout espoir est possible.
Comme le village se fond avec le paysage. Quelle harmonie.
Une de mes vues préférées.
Un peu plus loin un barrage. La route va monter sec.
Et cette petite route sauvage, où il n’y a plus âme qui vive … on y est très bien.
Régulièrement je fais sonner la poire klaxon du vélo, histoire de faire fuir les ours … pas envie de rencontrer de plantigrade ce matin.
Les montagnes à perte de vue …
Dans les coins les plus reculés, des idiots jettent des ordures … des idiots il y en a décidément partout. Frigos et machines à laver. Je vois des employés de la ville les récupérer avec des cordes pour ensuite les dégager et les emporter vers les usines de recyclage. Good job …..
Le village ce matin
Promenade dans le village ce matin. Vers cinkousizeures.
Un petit sanctuaire shinto.
Dans le sanctuaire, un ancien dojo pour jouer au sumo.
Devant la salle communale des posters sont affichés … Les sujets sont variés.
Expo sur les malades de la lèpre au Japon qui a partir de 1931 étaient confinés de force dans des établissements spéciaux où stérilisation et avortements étaient couramment pratiqués. Un des épisodes sombres du japon moderne.
Une expo sur les kamikazes (les jeunes qui sont partis dans le ciel du sud). Et des conférences par des survivants des bombardements américains sur la ville de Himeji. Il est intéressant de noter que le sujet des bombardements américains sur les populations civiles de la plupart des villes japonaises soit abordé dans le cadre d’une exposition sur les kamikazes. On peut y voir une façon de noyer le poisson et d’éviter les vraies questions que l’on devrait évoquer lorsque l’on parle du sujet des kamikazes. Ceci-dit les bombardements US sur les populations civiles JP devraient être considérés comme des crimes contre l’humanité.
On souflle un peu avec une expo sur Utrillo
Quelqu’un a amené son bateau dans son jardin.
Un autre poster.
J’aime bien cette photo. On voit bien comment la vie a changé en un siècle et comment les maisons ont évolué.
Cette vieille ferme, je ne sais pas trop de quoi il s’agit mais il semble que quelqu’un tente de la garder debout avec des bâches en plastique et un bout d ‘échafaudage. C’est un peu foufou.
C’est dingo non ?
Les nouvelles feuille de thé.
Un village au bord de la mer
Au Japon on n’est jamais loin de la mer. Pour nous, en une petite heure de route, on peut de notre village aller voir la Mer Intérieure ou Sétonaikai. Le paysage est presque méditerranéen. Les montagnes vertes.. la mer … parsemée de petites îles.
Ce village de pêcheurs, le nom m’échappe, est mignon … les rues sont escarpées. Les petites maisons les unes sur les autres, elles se disputent le moindre terrain plat.
Le port de pêche est comme les centaines (milliers) autres ports de pêches du Japon; il y a-t-il quelque chose qui le distingue de ses congénères, pas sûr. Toujours les petits bateaux et le bordel étalé partout avec les filets de pêche et tout et tout.
Une spécialité de ce village c’est l’ostréiculture, et ils font de grandes plateformes flottantes avec des bambous.
On voit que le temps s’est arrêté. Certaines ruelles me rappellent des scènes d’un film d’Ozu.
Mais certes ce village au bord de la mer n’a vraiment rien de spécial, mais il y a pour autant une foule de choses d’intérêt à observer et à photographier.
D’ailleurs c’est bien connu, ce sont souvent les coins les plus paumés et où personne ne va jamais qui sont les plus intéressants à visiter, car ils sont authentiques.
faites pas pisser votre chien dans le port
remarquer la proue en bois joliment travaillée
‘placez vos économies à la coopérative maritime’
80 pour cents des habitants de ce village portent le même nom de Inoue.
vieille pub pour du curry rice
jamais vue une bonbonne de gaz transformée ainsi en boite aux lettres.
un petit sanctuaire shinto
des crevettes à sécher
vieille épicerie
Dans le sanctuaire shinto plus haut; cette représentation des dieux hilares et festifs.
Remarquer le nom de la société de travaux sur le camion: INFINI
un keitora custom (avec le klaxoon en cuivre). A noter que le nom de la société Inoué Seisan est inscrite à l’envers comme c’est souvent le cas mais en caractères latins et en minuscules, ce qui fait un peu bizarre.
Promenade dans le village ce matin
Sur la longévité (encore)
Dans un article ancien nous révélions les dix règles secrètes de la longévité.
Aujourd’hui lors de ma promenade quotidienne jusqu’au fond de la vallée j’entrevois deux personnes. Nous échangeons quelques propos. Ces deux phénomènes on leur donnerait plus de quatrevingtdixans. Facile. Les regarder à l’ouvrage me rappelle justement ces règles de la longévité.
La première, la dame, est courbée pliée en deux sur la route, au fond de la vallée.
Elle retire les mousses incrustées dans une fissure du bitume. Sinon la route va s’abimer plus encore, explique-t-elle. A remarquer aussi qu’elle ne jette pas la mousse mais la rassemble dans un petit sac.
Le deuxième phénomène, monsieur M, ancien bucheron émérite médaillé jadis par l’Empereur Showa, manie avec dextérité sa tronçonneuse et débite un gros mûrier. C’est pour mon poêle a bois dit-il.
Bref, faut pas arrêter de pédaler sinon on se casse la gueule.
Promenade du vendredi soir
Toute cette semaine, comme tout le monde; j’ai suivi de très près les terribles événements à Paris en France. Ecrire ces articles, et garder le ton de d’habitude, cela fait un peu bizarre. Mais je continue.
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C’est vendredi, cinq heures de l’après midi. Allons donc faire un petit tour dans le village.
A la campagne; les choses peuvent paraitre immobiles mais il y a chaque fois des petits changements, en fonction du temps ou de la saison, ou du rythme des champs.
Il faut prendre le temps de regarder.
Les montagnes et la rivière, elles sont toujours la pour nous rappeler le peu de choses que nous sommes. Nous leur en sommes reconnaissants.
Oh je reconnais ce camion keitora flambant neuf.
Le camion de mon ami. C’est un homme de grande qualité que nous apprécions beaucoup. Il récolte des yuzus. Il m’en donne une poignée.
Fais attention, les branches sont pleines d’épines.気をつけて、トゲいっぱいあるね
Oui je sais, c’est comme les femmes そうね、美人と一緒
Ah si tu savais combien de fois je me suis fait piquer ! 何度も刺された!
Les yuzus on peut les mettre dans le bain le soir. ça donne une peau de bébé !
4:30 du matin
Les photos datent d’un mois déjà. De juin.
Avant les premières chaleurs de juillet. Oui les photos et cette promenade c’était le 10 juin. Je m’étais réveillé très tôt, par hasard, à 4 heures trente, au moment du lever du jour.
Une belle promenade donc. En marchant de la maison vers le fond de la vallée. C’est l’une de mes promenades préférées ici. On monte jusqu’à un très joli hameau. Il y a de belles maisons, dispersées le long de la rivière. Des maisons sont plus anciennes que d’autres, mais elles se fondent admirablement avec le paysage des montagnes et des forêts.
On voit qu’à une certaine époque on vivait pleinement en harmonie avec la nature. Certaines maisons se fondent dans la forêt et ne font qu’un.
Plus loin en continuant de suivre la route qui monte on remarque des élevages de poulets désaffectés et détruits. Il y a un temps les oeufs des poules étaient d’or. L’affaire devait marcher et rapporter des sous. Le rapport avec la nature évoluait, avec l’établissement d’une économie d’extraction … des oeufs de poule. Tout cela a périclité.
Plus loin encore les ombres des dernières maisons. Sans doute les charbonniers ou les bûcherons y vivaient encore il y a 40 ou 50 ans ! L’homme s’est retranché plus bas dans le village, laissant derrière lui toutes ces vieilles épaves et des tas d’ordures.
La nature elle est toujours là. Ici deux cryptomères, plantés de main d’homme pour faire des poteaux électriques, sont encore debout.
Leurs congénères autour d’eux se sont effondrés ou brisés, et l’on voit la forêt se régénérer dans ce qui apparait un fouillis et qui en réalité est un message d’espoir.
Vive l’amour !
Le royaume des chats et autres divagations
En continuant plus au fond de la vallée où nous vivons, il y a les ruines d’un ancien élevage de poulets. Un belle horreur de ferraille et de plastique; qu’il faudrait bulldozer, mais l’argent et le cœur manquent aux anciens propriétaires pour cela.
C’est aussi ici que l’esprit commence à divaguer et à perdre pied.
L’homme a quitté les lieux. A partir de cet endroit, la route devient un chemin forestier. Plus loin il y a un temple abandonné et une maison tombée en ruines. Le temple a brulé il y a plusieurs années. Court-circuit électrique. Le moine est parti.
Dans cette zone s’opère la lente transition entre le monde de la forêt et celui des hommes. L’homme est parti mais a marqué l’endroit, avec tous les détritus qu’il a laissés. Ces détritus sont la pour longtemps.
Comme les mines antipersonnel que laissent les guerres. La forêt tente de reprendre ce qui lui a appartenu. La forêt a tout son temps.
Des colonies de chats ont envahi l’endroit. Ils sont un peu sauvages. Ils ont pris possession des lieux. Pour l’instant. Les ruines sont devenues le royaume des chats.
Au delà de ce poste frontière, c’est le monde de la montagne et des animaux sauvages. Chevreuils, sangliers et on peut imaginer les singes et les ours qu’on ne voit jamais. Les chats assurent la transition. Vérifient les papiers des voyageurs …
J’aperçois le camion d’un villageois, arrêté près de l’ancien élevage de poulets. C’est un habitué. Il vient voir les chats tous les jours. L’homme est très discret et ne veut pas que je le photographie. Les chats eux sont moins timides.
Ils sont bien mignons les chats.
On peut continuer sur le chemin, vers le temple abandonné.
Les chats observent le promeneur s’enfoncer dans la forêt.
Celui là file dare dare vers l’ancien temple, parti dans un incendie, comme pour prévenir les dieux, ou les animaux. Ou alors les animaux sont les nouveaux dieux. Et vice versa.
Voila la maison abandonnée, où vivait le responsable du temple. Les chats montent la garde.
Ah; le camion aperçu tout a l’heure vient. Pour une caresse du conducteur, un petit chat se hisse sur la roue avant.
Postscriptum et dur retour à la réalité.
Lors de la saison de la chasse, me raconte une voisine, les chasseurs se précipitent en camions sur les chemins et écrasent sans honte tous les chatons qui s’y trouvent; ‘on s’en fout, il y a trop de chats‘ disent ils.
A croire que la c….. des chasseurs est universelle.