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Découverte d’un sanctuaire shintô

Nous faisons un tour, mon épouse et moi, dans une vallée que nous connaissons peu, à vingt kilomètres de chez nous pour faire cette belle découverte que je veux partager avec vous.

Il s’agit d’un sanctuaire shintô, que nous trouvons vraiment par hasard… Il est un peu en retrait des habitations. De beaux arbres le protègent. Une pancarte donne mille ans à ce sanctuaire. Ca nous rajeunit pas.

Tout de suite nous sommes saisis par la sérénité du lieu.

Il faut apprécier tout cela dans son ensemble, les arbres, le calme et le silence, ces bâtiments, la lumière, la petite bouteille de saké déposée en offrande et puis aussi, le fait qu’il n’y a pas âme qui vive.

Le quart d’heure que nous y passons nous lave et nous débarrasse de tous nos soucis éventuels, les quinze minutes nous nettoient, nous resynchronisent avec nous mêmes; On est prêts à repartir.

Des endroits merveilleux

Des endroits merveilleux il y en a bien une bonne poignée, dans notre petit village où personne ne vient jamais.

D’ailleurs pour le faire visiter et mieux connaitre je devrais peut être acheter une vieille maison, la retapper et en faire une guest house ? Vous viendriez nous voir ?

Au fond de la vallée, il y a un petit hameau. Plus que vingt personnes y vivent. Il est à moitié déserté. Mais c’est un très bel endroit et ma bicyclette m’y conduit presque chaque jour. Avec le pilotage automatique.

A l’entrée de ce hameau que les montagnes couronnent, un sanctuaire shintô. (jinja).

C’est un endroit magnifique. Merveilleux. On monte un escalier de pierre, un écriteau informe de la présence des vipères.

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Une fois en haut on arrive au pied d’un cryptomère gigantesque. C’est un géant, en effet. Il n’y en a pas beaucoup comme lui. Son écorce est molle, douce et chaude. On pense à la peau d’un éléphant ou encore d’un vénérable vieillard. C’est assez incroyable. On passerait des heures à observer et caresser l’écorce.

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Et puis il y a le sanctuaire. C’est un miracle qu’il tienne encore debout. Dans dix ou vingt ans; faute de population pour l’entretenir ou le réparer ce sera sans doute une ruine.

Ce sanctuaire fait l’intersection entre l’homme et la nature, le profane et le sacré.

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Chose peu courante pour un sanctuaire de si petit calibre, son entrée protégée par deux gardiens de bois silencieux.

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C’est peut être aussi celà qui nous touche car les gens qui ont construit tout cela nous les connaissons presque à moins que ce ne fussent leurs parents ou leurs grand parents.

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Bref. Un beau moment d’émotion.

Welcome to Deep Japan.

Et puis d’autres arbres .. certains, fatigués, se sont couchés.

 

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Typhon: destruction d’un sanctuaire shintô

Un typhon est passé il y a dix jours. Le vent a soufflé très fort. A certains endroits de la vallée il y a eu des dégâts. Des toitures endommagées. Pas mal d’arbres couchés.

Plus au sud, à 10km, un arbre s’est écroulé sur un sanctuaire shintô (jinja 神社). Shintô cette religion animiste unique au Japon, qui célèbre les déités de la nature. Dans sa chute l’arbre a détruit une bonne partie de ce jinja. Des parties du bâtiments ainsi ont été écrasées comme des mouches mais la petite construction qui abrite la déité a été épargnée, . On en aperçoit bien le petit toit, resté intact, comme par miracle. Je crois que cet élément se nomme justement le hondono 本殿.

Je ne connaissais pas ce sanctuaire. Il est situé à quelques kilomètres au sud de l’entrée de notre vallée, dans un endroit magnifique, comme c’est souvent le cas pour les jinjas. Dans une belle forêt. Il faut quitter un hameau et franchir une petite rivière sur un pont de métal, vert, pour y parvenir.

Des arbres majestueux entourent ce sanctuaire. Dès que l’on pénètre ce lieu on est ailleurs; il y a définitivement quelque chose de spécial, c’est palpable.

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Mais c’est en réalité ce même sentiment qui nous gagne lorsque l’on entre en forêt; le fait de marcher sur la terre molle et vivante des bois, se baigner dans cette lumière soudainement verticale qui s’égoutte sur nous, nettoyée par le tamis des feuilles, vouloir respirer profondément, se mettre aux aguets, dans l’espoir de voir ou d’entendre des animaux; et être aux pieds de ces géants qui nous connectent à la fois à la terre, et au ciel.

Le sanctuaire shintô, le jinja, ainsi placé au pied des arbres, nous rappelle directement au caractère sacré de la forêt. Il y a une interdépendance. Le jinja est sacré car il est dans la forêt. La forêt est sacrée car elle abrite un jinja. Dans le hondono du jinja la déité est symbolisée par un miroir; où la silhouette des arbres et le silence feutré de la forêt se reflètent.

Cette fois-ci cependant avec le typhon et l’arbre qui a cédé sous l’insistance du vent, la forêt a porté un coup fatal au sanctuaire.

Les habitants du hameau tenteront sans doute de le réparer. Affaire à suivre.

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Un Dimanche au jinja (sanctuaire shinto)

La définition du shintoisme sur wikipedia commence bien, utilisons la comme introduction:

Le shinto (神道, shintō?, littéralement « la voie des dieux » ou « la voie du divin ») ou shintoïsme est un ensemble de croyances datant de l’histoire ancienne du Japon, parfois reconnu comme religion. Elle mélange des éléments polythéistes et animistes. Il s’agit de la religion la plus ancienne du Japon et particulièrement liée à sa mythologie.

Dimanche était particulier, avec la fête annuelle au sanctuaire shintô de notre village. On appelle jinja le sanctuaire shintô. Il y a 4 ans, peu après notre installation au village nous avions déjà écrit sur cette fête.

Notre village est divisé en plusieurs rinpos (隣保), groupes de maisons et de familles, ou petits districts. Cette année c’était au tour de notre district d’organiser la fête.

Le jinja de notre village est situé dans un endroit magnifique, à flanc de montagne. Il est entouré de superbes arbres. Le chemin de terre qui y mène grimpe sec et essoufle plus d’un visiteur. Autant dire que le sanctuaire n’a pas ete posé là par hasard, on sent qu’il y a un certain flux de power à cet endroit: cet un power spot.

A huit heures tappantes nous nous y retrouvons tous pour nettoyer autour et dedans le sanctuaire. Un arbre, un chêne, s’est écroulé à proximité du sanctuaire. Il est bloqué par deux autres arbres et reste en déséquilibre. Nous entreprenons de le degager pour éviter toute chute et tout dégât du sanctuaire. Avec un jeune voisin plein d’allant et d’énergie on scie d’abord les branches puis découpons le tronc à la tronçonneuse.

L’opération est délicate mais bouclée en une heure. Pendant ce temps la les autres voisins balayent autour du sanctuaire et de son bel escalier de pierres. Ils préparent le sanctuaire en déroulant des draperies blanches marquées de symboles noirs. Ils plantent de chaque côté de l’entrée de grands drapeaux, longs to six mètres, célébrant ceux du village qui ont pris part à la guerre russo japonaise de 1904-1905. (on aimerait bien savoir pourquoi).

Les offrandres sont placées devant l’autel. Fin des préparations. Rendez vous à 13 heures pour la cérémonie.

A 13 heures tout le monde est de retour. Le chef du village a mis une chemise et est très chic. Arrive le kannushi (神主), prêtre shintô qui officie dans les differents sanctuaires de la vallée.

Le kannushi va réciter des incantations à mes oreilles mystérieuses et non sans côté magique. Ma femme cependant m’éclairera plus tard en m’expliquant qu’avec une oreille attentive on peut clairement discerner toutes les strophes et leur significations. Il agite dans l’air des langues de papier blanc en faisant un bruit faramineux.

Pendant ce temps j’écoute et je regarde les arbres qui nous dominent. Les gens sont silencieux et semblent receuillis.

A la fin, le kannushi a disparu. Soit il est reparti sans que je l’aie apercu, soit il a ouvert une petite trappe cachée dans le plafond du sanctuaire pour reprendre sa forme de hibou.

En tout cas, c’est le deep Japan ça et je me dis qu’on a bien de la chance de faire partie d’une si belle communauté et d’avoir un si joli sanctuaire. Je me dis que je voudrais aller voir monsieur K qui malgré ses 80 ans vient chaque matin nettoyer le sanctuaire, pour le prendre en photo.

Apres le depart du kannushi, le chef du village nous distribue du saké de la bouteille qui avait été offerte en offrande. Le saké, de la marque hakutsuru, est purement délicieux … certains en reprennent.

La cérémonie finie on range les draperies, les drapeaux. on collecte aussi l’argent du tronc.

 

A 15 heures, les habitants se retrouvent encore, mais dans la salle communautaire, pour faire un bingo ! Bon, je vais pas trop m’étaler sur le bingo ….

 

Pour conclure cette journée ‘Japon profond’ ou deep Japan, de retour à la maison,  on mange du sashimi pour diner ….

 

Le chemin qui mène au sanctuaire

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Un immense arbre cache l’entrée du sanctuaire

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Le portique torii du sanctuaire

 

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L’escalier en pierres

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On dégage un arbre tombé

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Tout le monde prépare les décorations

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Les drapeaux de la guerre russo japonaise….

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avec les noms des soldats qui y ont participé.

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Dans le sanctuaire

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après le nettoyage le matin

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Pendant la cérémonie. On peut distinguer le kannushi (prêtre shintô) dans son vêtement bleu, à l’intérieur du sanctuaire.

 

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Après la cérémonie; collecte du tronc

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Visite au temple shinto et les nouvelles amitiés

Les Dieux qui protègent le village, leur sanctuaire shintô est à la hauteur du deuxième hameau, un peu plus au fond de la vallée. Il faut s’aventurer jusqu’à mi-montagne. Nous sommes déjà allés au sanctuaire l’été. On suit la route qui monte; on traverse le deuxième hameau. Tout y est un peu plus sauvage; la vallée est plus étroite; regroupée.

A un moment on engage un sentier sur la gauche qui monte sec; jusqu’au portique du sanctuaire. -Torii 鳥居-
Sur le chemin nous avons entendu l’aboiement de chiens, il y a donc des chasseurs qui sont venus de la ville tirer le chevreuil. Nous nous dépêchons d’arriver au sanctuaire; gage de notre sécurité.
Nous pensions être seuls, quelle bonne surprise; nous trouvons Monsieur K. Il était en train de nettoyer le sanctuaire. Il a fait un petit feu; avec les branches  qu’il a balayées du sol, et derrière la radio relate le progrès d’un marathon en cours.
Nous allons d’abord prier tous les trois, on lance une pièce de monnaie en offrande.
Nous avions déjà rencontré Monsieur K., lors d’événements dans le village, mais c’est le premier tête à tête avec lui.
Il est grand pour les hommes de son époque. Il a 80 ans au moins.  Il nous explique qu’il vient ici chaque jour pour s’occuper du sanctuaire. Personne ne le lui a demandé, mais c’est devenu son habitude. Il balaye les feuilles; les branches.
Le sanctuaire est entouré d’arbres; immenses et droits. Les arbres ont dépassé le siècle et sont imposants.
Avec un chiffon il essuie les planches de bois et les vitres de la construction fragile; comme s’il les caressait.
Notre arrivée est une distraction qu’il acceuille avec le sourire. Nous parlons du village; il nous raconte l’histoire de sa famille; on en profite pour lui poser une tonne de questions. A chaque occasion nous tentons de compléter le puzzle de l’histoire du village et de ses habitants.
Il parle très distinctement et je comprends presque tout ce qu’il raconte. Lui aussi comprend ce que je raconte malgré ma prononciation. Voilà qui facilite la communication.
Nous passons un bon moment ensemble. On regarde le feu; on ajoute des branches. Il ne manque que les saucisses.Tous les quatre avec lui nous nous sentons en sécurité.
C’est fou le chemin parcouru; lorsque nous vivions à Tokyo il y a quelques mois de là, nous pouvions compter nos amis sur les doigts de la main. C’est vrai que beaucoup ont quitté le pays après le cataclysme de Fukushima. Et nous avons laissé de très bons amis à Tokyo.
Voilà une journée marquée par les nouvelles amitiés, avec les habitants du village.
Plus tard dans la soirée Madame Y, elle aussi se chauffe au bois, nous appelle et nous informe que son mari a laissé devant chez nous en notre absence des bûches qu’il a coupées et qu’il nous offre.