Tagué: puissance de la nature
Une grenouille dans les toilettes
Ce dimanche matin. On va faire quelques courses. Acheter des champignons, des oeufs bio et des haricots. En chemin nous faisons un break dans un café, ‘la maison de Rocky’, un endroit très sympathique et découvert à peine le mois dernier.
La maison de Rocky vaudrait un article.

Puis nous continuons un peu plus au nord jusqu’à un magnifique sanctuaire Shinto à côté duquel on peut trouver les productions locales.
Vient le moment critique de la pause pipi. Les toilettes sont en partie ouvertes sur l’extérieur. A un mètre à peine au dessus de l’urinoir dans le coin, une petit grenouille semble passer l’hiver!



Qui veut un petit chaton ?
Sûr qu’on a un peu merdé. Il y a quelques mois nous recueillions Scotch un petit chaton.
Nous sommes allés voir le vétérinaire qui nous a dit qu’il était encore trop tôt pour déterminer le sexe de Scotch et qu’il fallait attendre avant toute stérilisation.
On a dû alors se convaincre que c’était un mâle … Et puis quelques semaines plus tard on a ensuite vu le ventre de Scotch gonfler…
Voila encore la puissance de la nature qui se manifeste devant nous…
Scotch a donné naissance à 6 adorables petits chatons.
Si mignons soient-ils, nous ne saurons tous les garder.
Si vous habitez dans la région du Kansai et si vous souhaitez prendre un ou des chaton(s) faites-moi signe!
Un Dimanche au jinja (sanctuaire shinto)
La définition du shintoisme sur wikipedia commence bien, utilisons la comme introduction:
Le shinto (神道, shintō , littéralement « la voie des dieux » ou « la voie du divin ») ou shintoïsme est un ensemble de croyances datant de l’histoire ancienne du Japon, parfois reconnu comme religion. Elle mélange des éléments polythéistes et animistes. Il s’agit de la religion la plus ancienne du Japon et particulièrement liée à sa mythologie.
Dimanche était particulier, avec la fête annuelle au sanctuaire shintô de notre village. On appelle jinja le sanctuaire shintô. Il y a 4 ans, peu après notre installation au village nous avions déjà écrit sur cette fête.
Notre village est divisé en plusieurs rinpos (隣保), groupes de maisons et de familles, ou petits districts. Cette année c’était au tour de notre district d’organiser la fête.
Le jinja de notre village est situé dans un endroit magnifique, à flanc de montagne. Il est entouré de superbes arbres. Le chemin de terre qui y mène grimpe sec et essoufle plus d’un visiteur. Autant dire que le sanctuaire n’a pas ete posé là par hasard, on sent qu’il y a un certain flux de power à cet endroit: cet un power spot.
A huit heures tappantes nous nous y retrouvons tous pour nettoyer autour et dedans le sanctuaire. Un arbre, un chêne, s’est écroulé à proximité du sanctuaire. Il est bloqué par deux autres arbres et reste en déséquilibre. Nous entreprenons de le degager pour éviter toute chute et tout dégât du sanctuaire. Avec un jeune voisin plein d’allant et d’énergie on scie d’abord les branches puis découpons le tronc à la tronçonneuse.
L’opération est délicate mais bouclée en une heure. Pendant ce temps la les autres voisins balayent autour du sanctuaire et de son bel escalier de pierres. Ils préparent le sanctuaire en déroulant des draperies blanches marquées de symboles noirs. Ils plantent de chaque côté de l’entrée de grands drapeaux, longs to six mètres, célébrant ceux du village qui ont pris part à la guerre russo japonaise de 1904-1905. (on aimerait bien savoir pourquoi).
Les offrandres sont placées devant l’autel. Fin des préparations. Rendez vous à 13 heures pour la cérémonie.
A 13 heures tout le monde est de retour. Le chef du village a mis une chemise et est très chic. Arrive le kannushi (神主), prêtre shintô qui officie dans les differents sanctuaires de la vallée.
Le kannushi va réciter des incantations à mes oreilles mystérieuses et non sans côté magique. Ma femme cependant m’éclairera plus tard en m’expliquant qu’avec une oreille attentive on peut clairement discerner toutes les strophes et leur significations. Il agite dans l’air des langues de papier blanc en faisant un bruit faramineux.
Pendant ce temps j’écoute et je regarde les arbres qui nous dominent. Les gens sont silencieux et semblent receuillis.
A la fin, le kannushi a disparu. Soit il est reparti sans que je l’aie apercu, soit il a ouvert une petite trappe cachée dans le plafond du sanctuaire pour reprendre sa forme de hibou.
En tout cas, c’est le deep Japan ça et je me dis qu’on a bien de la chance de faire partie d’une si belle communauté et d’avoir un si joli sanctuaire. Je me dis que je voudrais aller voir monsieur K qui malgré ses 80 ans vient chaque matin nettoyer le sanctuaire, pour le prendre en photo.
Apres le depart du kannushi, le chef du village nous distribue du saké de la bouteille qui avait été offerte en offrande. Le saké, de la marque hakutsuru, est purement délicieux … certains en reprennent.
La cérémonie finie on range les draperies, les drapeaux. on collecte aussi l’argent du tronc.
A 15 heures, les habitants se retrouvent encore, mais dans la salle communautaire, pour faire un bingo ! Bon, je vais pas trop m’étaler sur le bingo ….
Pour conclure cette journée ‘Japon profond’ ou deep Japan, de retour à la maison, on mange du sashimi pour diner ….
Le chemin qui mène au sanctuaire
Un immense arbre cache l’entrée du sanctuaire
Le portique torii du sanctuaire
L’escalier en pierres
On dégage un arbre tombé
Tout le monde prépare les décorations
Les drapeaux de la guerre russo japonaise….
avec les noms des soldats qui y ont participé.
Dans le sanctuaire
après le nettoyage le matin
Pendant la cérémonie. On peut distinguer le kannushi (prêtre shintô) dans son vêtement bleu, à l’intérieur du sanctuaire.
Après la cérémonie; collecte du tronc
Matin de printemps
Me lève tôt ce matin et décide d’aller faire un petit tour dans notre montagne. Le printemps est là. Il a plu toute la journée d’hier et tout regorge d’eau.
Arrivé en haut, un beau panorama du village. Tout est calme. Beaucoup de chants d’oiseaux. La rivière chante avec force, sa puissance est démultipliée par la pluie de la veille.
Je fais le tour des arbres plantés cet hiver. Les bourgeons sont bien visibles et prêts à exploser. Sauf le grenadier, sur lequel on ne discerne aucun changement. Il faut attendre qu’il fasse plus chaud pour le grenadier ?
Voyez à propos comment je les ai barricadés, derrière des grillages métalliques et des filets. C’est un peu la ligne maginot contre les chevreuils. Espérons que les chevreuils n’auront pas l’idée de passer par la Belgique …
On voit les premières plantes pousser. Une sorte de cresson. Désormais les chevreuils pourront trouver de quoi manger dans la montagne ? Les fougères aparaissent aussi.
On voit bien les mousses qui regorgent d’eau. Une forêt miniature.
A propos des chevreuils d’ailleurs, j’aperçois, à moitié enfoui dans la terre, sur le flanc de la montagne, le bois d’un chevreuil. Encore un beau cadeau de la montagne.
Je retourne à la maison tout excité par cette découverte et les jolies choses vues. Beaucoup de plaisir à observer les transformations de la nature.
Mais sur le retour j’aperçois une sangsue qui se balade sur mon bras, je la dégage d’un coup de pouce.
Arrivé au jardin je fais quand même une petite vérification et là je constate encore une fois que la nature n’est pas tendre… quatre sangsues se promènent sur mon pantalon … avec une paire de ciseaux je les sectionne de façon systématique … au vietnam les soldats américains fumaient cigarette sur cigarette, pour pouvoir brûler les sangsues et s’en débarrasser ….
et je regarde aussi dans mes bottes: une dizaine de sangsues s’y promènent! Il y a des grosses de trois centimètres et des petites de quatre millimètres …. je ne peux retenir un cri de surprise, c’est la folie ! je n’ai passé que 15 minutes à peine dans la montagne !
Les plus petites sangsues ont le réflexe de se dissimuler dans les coutures intérieures de la botte. je les déloge avec la lame des ciseaux … et sectionne. Elles continuent de gigoter.
Dans le village il n’y a personne, et je me fous presque à poil dans le jardin, pour tout vérifier: chaussettes. pantalon, envers et endroit. pull. tee shirt. slip.
OK ! Je crois que je vais espacer mes visites dans la montagne. Et surtout éviter d’y aller après la pluie.
Aussi; je vais m’acheter un pantalon de travail jaune ou orange. Eviter les camouflages. Pour mieux détecter les bestioles !!!!
Un crâne de chevreuil et rêveries
Ce matin je vais faire un petit tour, histoire de faire une pause dans mon travail sur ordinateur. Je marche au pied de notre petite montagne … aperçois une forme blanche.
Après vérification en effet c’est bel et bien le crâne d’un chevreuil. C’est juste au bord de la route, mais dissimulé dans la végétation.
Il est très beau et serait un magnifique ajout au pare-choc de notre camion.
Quelques réflexions s’invitent. Attention, ça va délirer sec.
Ces os blanchis par la pluie et le temps sont l’empreinte minéralisée des animaux sauvages. Ils vivent autour de nous dans le même espace, mais pas dans les mêmes zones horaires. Je suis diurne. mais les chevreuils sont plutot actifs la nuit. C’est au crépuscule qu’ils s’approchent du village et pénètrent les potagers, alors que tout le village est devant sa TV, son ordinateur ou sa playstation. On peut donc penser à des mondes parallèles qui se superposent, et rarement se croisent.
Les ossements sont une sorte d’empreinte permanente qui est indépendante du temps. C’est comme si l’animal, une fois mort, devenait visible dans notre monde à nous (dans notre zone horarire).
Une autre réflexion, c’est que je ne trouve presque jamais de squelettes entiers. Par quels phénomenes les os disparaissent et se séparent les uns des autres. Il y a-t-il une force magique en action ?
Troisième réflexion, c’est que si j’avais une tonne de temps, si j’étais au chômage, je prendrais la peine de ramasser tous les cadavres d’animaux que nous trouvons souvent aux bords des routes pour leur offrir une sépulture chrétienne digne de ce nom dans la montagne. Je sais que la religion chrétienne est homo-centrique et qu’elle ne s’interesse que très peu à la chose animale. C’est là une grave lacune et j’y remédierais ainsi à ma facon.
Ces sujets sont -au moins pour moi- tout à fait passionnants et si j’en ai la force je les développerai dans un futur projet de bande dessinée. Intitulée Histoires Naturelles.
Pardon Tortue
Au pied du jardin coule une rivière.

Scolopendre du matin
Scolopendre du matin; chagrin.
On a dû marcher dessus ce matin en sortant de la maison. Il est un peu écrabouillé. Bouge encore la tête.
Il a plu dans la nuit. Les scolopendres sortent souvent ainsi, après la pluie.
Nous avons bien progressé. Il y a encore un an les scolopendres nous faisaient peur et nous inspiraient la plus grande horreur.
Aujourd’hui nous les trouvons … presque sympathiques. Car ils incarnent la force et la puissance de la nature, qui nous entoure et nous fait vivre.
shizen no chikara 自然の力 comme les gens disent ici …..
La culture sur butte
Sepp Holzer présente dans son book comment il a développé et utilisé la culture sur butte. La culture sur butte est régulièrement citée lorsque l’on parle de permaculture.
Il s’agit de regrouper du bois mort, humide, spongieux, d’ajouter des feuilles et autres matières végétales etc et de recouvrir le tout de terre. Cela forme un butte d’où le nom de la technique.
Sur youtube j’ai découvert cette excellente présentation par Philip Ferrer qui explique la mise en pratique de la culture sur butte.
On voit ce monsieur à l’accent étonnant chercher du bois mort en forêt et monter une butte dans son jardin. Son jardin d’ailleurs est magnifique.
Je décide d’essayer aussi à mon tour. La journée a été bien chargée et je pars dans mon petit camion peu avant la tombée de la nuit, destination le fond de la vallée, où la route se dilue dans la montagne. J’emporte une hache et une fourche. Et le petit tour dans la nature qui s’ensuit, à peine une heure devient une petite aventure en soi. Quel plaisir que de passer ces quelques instants volés au quotidien dans la pleine nature. En forêt.
400 mètres après la dernière maison du village un jeune chevreuil croise le petit chemin de pierres, à quelques enjambées du camion.
Un peu plus loin sur le bord du chemin; peu après les ruines d’un temple qui a disparu dans un incendie il y a quelques années, des tâches brunes s’étalent dans une flaque d’eau. Je m’arrête et descends du camion pour voir de quoi il s’agit. Oups, des dizaines de crapauds partouzent tranquillement comme si de rien n’était. La puissance de la nature. Il doit déjà y avoir des dizaines de milliers d’oeufs dans cette flaque d’eau. Qui sait combien de ces oeufs formeront des têtards, et combien feront le régal des tritons et des salamandres, et combien deviendront de beaux crapauds bien gluants en mesure de perpétuer l’espèce.
Je repars dans le camion après cette découverte. Continue jusque plus profond dans la montagne et la forêt. Il y reigne un silence profond, seul le courant d’une rivière est audible.
La, je pars à la recherche de vielles souches et de bois mort. A la hache je coupe les vieux troncs tombés sur le sol que la mousse recouvre. Quel plaisir que de tapper, frapper le bois et regarder la lame de la hache déchiqueter le bois. Je sens mon corps s’éveiller, le sang irriguer mes muscles à mesure que j abats la hache sur les troncs d’arbre. Ouah ce doit etre bien beau que d’abattre un arbre à la hache me dis-je. La tronçonneuse, c’est bien laid. C’est encore la belle saison, il n’y a pas d’insectes ni serpents.
Les chocs de la hache résonnent dans toute la forêt. Je ne me sens pourtant pas seul.
Je rammasse aussi des feuilles mortes, des branches tombées ça et là sur le sol humide et noir.
Tout celà formera une superbe butte dans le jardin.
La nuit va bientôt tomber. C’est le moment de rentrer.
Je charge tout dans le petit camion, le keitora. Avant de monter et de démarrer, je lance « Merci Forêt » … je reviendrai sous peu.
Cache cache
La puissance de la nature
A chaque instant nous sommes rappelés à la puissance de la nature.
1) Des grenouilles; les moriaogaeru (Rhacophorus arboreus), sur la branche d’arbre située au dessus d’un étang, pondent leurs oeufs dans un nuage de mousse blanche. Les têtards; une fois le moment venu, tomberont dans l’eau de l’étang et y continueront leur développement.
2) Une guêpe a édifié un nid délicat sur le rayon d’une roue de notre bicyclette. Sept alvéoles de papier.
3) Des guêpes encore ont vu dans les détails de la cloche du temple du village l’opportunité de bâtir avec le moindre effort.
Vocabulaire
かえる 蛙 Grenouille
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