Tagué: permaculture au japon
Quatre Ans ! 444ème article ! rétrospective …
Voici le quatre cent quarante quatrième article de ce blog. Ca fait quatre ans que nous avons commencé une nouvelle vie à la campagne en nous installant dans un petit village de la région du Kansai, au Japon.
Une première surprise avec ce blog c’est d’avoir autant de lectrices et de lecteurs. Je me réjouis toujours de vos commentaires et de vos questions.
Une deuxième surprise c’est d’avoir encore des choses à raconter, après quatre ans.
Je suis tenté de retracer une mini chronologie de ce blog, car il y a eu plusieurs phases ou étapes. Et on pourrait résumer tout cela en: initiation du novice citadin à la vie à la campagne (au Japon).
Eté 2012
Installation dans le village. Premières impressions.
Nous étions encore bien naïfs, nous ne savions rien de la vie à la campagne.
Et nous avions encore peur des insectes.
On écrit aussi un peu sur notre maison japonaise. Qui avant les travaux n’était pas vraiment folichon.
Pour nous c’est une nouvelle vie, même si j’ai la possibilité de garder mon job en informatique, que j’effectue désormais à distance, à la maison.
Hiver 2012-2013
Une periode ou l’on essaie tout et où rien ne marche vraiment, faute d’expérience. Cela n’entame pas notre enthousiasme pour autant. Je me sens un peu comme Jean de Florette ….
Printemps – été 2013
Concert de rock punk dans le temple bouddhiste du village. Le bonze de notre village est délirant.
Nous faisons la rencontre de S. C’est un moment clef pour nous car c’est par l’intercession de S. que nous apprenons énormément par la suite.
L’histoire de notre initiation à la vie à la campagne est un peu comme un escalier dont nous gravissons les marches une à une.
S. est charpentier, nous lui commandons la destruction d’une vielle batisse juste en face de notre maison, qui est en très mauvais état. Jadis construite pour l’élevage des vers à soie. A la place S. construit une petite maison de une pièce; selon les techniques de construction japonaises traditionnelles et avec le bois des arbres qu’il a coupés lui-même dans la montagne. Je passe beaucoup de temps à regarder comment il travaille. C’est beau et passionnant.
Hiver 2013-2014
Mes parents et ma tante nous honorent de leur visite et voyagent de France. Nous visitons un peu Kyoto qui n’est pas loin et passons beaucoup de temps dans le village. Ma mère prépare un civet de chevreuil qu’elle fait goûter aux voisins avec beaucoup de succès.
Nous construisons aussi ensemble un abri pour stocker notre bois.
Nous achetons un camion keitora. Ceci marque symboliquement notre appartenance à la campagne Japonaise.
Hiroshi nous donne un petit chaton abandonné, et nous le nommons Minou. Minou est très faible, malade, pleine de parasites. Mais en quelques semaines elle devient un chat magnifique.
En un an nous avons réalisé la puissance de la nature qui nous entoure au village. La beauté des insectes, des plantes, du ciel, de l’eau. Cette vérité que nous avions oubliée nous immerge. Et puis, marcher sur la terre lorsque nous jardinons, et le contact avec le bois.
Vivre dans une maison japonaise ancienne, faite de bois et de terre.. On est ainsi en permanence connecté avec l’univers et on se sent très très bien.
Un an après notre installation, nous savons que la ville (Tokyo) ne nous manque pas.
Une grande surprise aussi est la qualité des relations que nous entretenons avec nos voisins. Tout le monde est sympathique et nous a acceptés d’emblée. On comprendra plus tard que les gens étaient très contents de voir des gens s’installer avec un jeune enfant.
Ma femme bien que venant d’une région plus au sud s’est très bien habituée à la vie dans notre village et affirme ne vouloir retourner à Tokyo pour rien au monde. Quand à moi; vivre ici au village c’est comme vivre en France. Il y a de l’espace (plus qu’à Tokyo), de la nature (plus qu’à Tokyo) et les gens me foutent la paix (comme à Tokyo). Donc je ne sens aucun dépaysement. A part la distance avec la famille et le manque de fromage.
Et les discours de François Hollande nous rappellent à chaque fois que nous sommes très bien au Japon.
Printemps 2014
Pour une année, et suivant la rotation d’une maison l’autre, nous sommes chef du district. Ou rinpocho. Ca consiste surtout à collecter des sous chaque mois. Par contre, une personne âgée de notre district décédée, notre qualité de chef de district nous amène à jouer un rôle clef lors des obsèques.
On comprend alors combien les liens de confiance entre tous sont importants dans le village. Nous nous sentons aussi très intégrés.
Lis the good life de Helen et Scott Nearing.
Nous récoltons du thé dans la forêt.
Eté 2014
Récolte un carton de pommes de terre.
Automne 2014
Nous faisons l’acquisition d’un bout de la montagne; juste en face de chez nous. Commence à débroussailler. La montagne deviendra par la suite un immense terrain de jeu et d’expérimentations. Ce moment marque vraiment notre passage à l’action.
Nous pouvons remodeler la montagne à notre guise. Mon projet est de réduire la quantité de cryptomères, dégager la jungle et les broussailles et planter une grande variété d’arbres, afin que la nature puisse repartir et se re développer.
Le contact avec la terre aussi nous fait toujours du bien. Chaque personne sur cette planète devrait avoir son petit lopin de terre et y faire des trous. Le monde irait bien mieux.
On pense au concept de grounding où justement on est connecté à la terre.
Commence aussi une longue relation avec les sangsues.
Des visions de moissonneuses de riz transformée en robots gundam.
Hiver 2014 – 2015
Découvre dans une montagne voisine un cerisier géant et écroulé. Il s’appelle ‘cerisier éléphant‘. Je le débite et le ramène à la maison. Bonne expérience avec la tronçonneuse. Dois doubler la capacité de notre abri bois.
Je finis ma première Bande Dessinée Tout Ira Bien. Dernière page publiée sur le blog !
Dans la montagne, plante les premiers arbres.
Minou commence à se promener dans la montagne, en notre compagnie.
Printemps 2015
Visite de Kristophe Noel, photographe, rencontré via ce blog.
L’ecole maternelle du village ferme, faute d’enfants. Le vieillissement de la population et le peu d’enfants est un très gros problème Japon et va aller de mal en pis.
Je me relance dans le jardinage mais je l’avoue sans trop de succès, à cause de mon boulot trop busy et de mon manque de focus.
Eté 2015
Pourtant le thème de l’agriculture continue de me passionner; et je lis un excellent book sur la permaculture et autres méthodes.
Automne 2015
Autre signe que les choses commencent à partir sérieusement en rouille avec la diminution de la population; la superette du village ferme.
Hiver 2015-2016
Travaille de nouveau dans la montagne. Dégage la deuxième terrasse. Plante une vingtaine d’arbres.
Publie ma bande dessinée Tout Ira Bien. à compte d’auteur. Le résultat; imprimé, est vraiment convaincant. Vends sur le net. Versions Française et Anglaise.
Exposition photo de Kristophe Noel dans un café du village. Portraits des habitants.
Fais la connaissance de TS, un jeune agriculteur de la région, éduqué aux Etats Unis. On parle en Anglais. Par la suite je fais connaissance avec quelques étrangers établis ici, ce qui est une première, et un soulagement un peu de ne pas être me seul étranger de la région.
S. donne un coup de main et coupe une dizaine d’arbres dans notre montagne. Des cryptomères.
Printemps 2016
Notre fils rejoint l’équipe de baseball du village.
S. propose d’utiliser le bois des arbres de notre montagne et de construire un truc avec. Commence alors le projet de Technology Transfer: je vais travailler les week ends dans l’atelier de S., S. m’enseigne les ficelles de son métier. C’est passionnant. On aimerait devenir charpentier !
Eté 2016
444è article de ce blog.
Photos du dimanche
Un dimanche tranquille marqué par des pluies puissantes l’après midi. Quelques photos en vrac….
Idéal pour s’occuper des vieux outils trouvés la semaine dernière.
Ai remis en état le vieux sumitsubo.
ainsi que quelques ciseaux à bois.
Notre petit atelier est un vrai bazard. Y ajoute trois etagères pour compacter le bordel qui commence à recouvrir le sol. Etagères testées et approuvées aussitôt par Minou.
Dans le jardin les artichauts sont en fleur. Nos trois artichauts qui se battent en duel sont le sujet de conversation favori des voisins, curieux de cette plante exotique. Nous leurs sommes reconnaissants d’ajouter du mauve à notre palette de couleurs.
L’artichaut
Nouvelles du jardin
Le jardin est toujours un lieu d’expérimentation et d’observation. Je ne peux pas vraiment dire de production de légumes. J’en suis vraiment pas encore là!
La petite loupe toujours dans la poche permet de mieux observer les bestioles.
L’année dernière les chevreuils avaient lancé moult razzia et j’avais fini par entourer grossièrement quelques zones de production. Cette fois-ci c’est un peu moins moche, mieux organisé avec un meilleur accès, et deux zones de production sont entièrement protégées derrière des filets.
Si tout se passe bien cette année, je remplacerai les bambous et les filets par une structure en bois permanente et moins moche.
J’aime faire des visites dans le jardin, faire le tour des plantes et observer tous les changements qui ont lieu. J’y ai même installé un banc histoire d’y fumer une cigarette tranquillement et de prendre le temps de regarder.
Méthodes appliquées cette année.
Abandon des longues rangées et mise au rebut du motoculteur. Bien plus agréable de travailler à la main avec des outils légers. D’autant que la surface cultivée est peu importante.
Culture sur butte. Trois buttes en cours.
Une est entièrement recouverte de feuilles mortes et de trèfles coupés. On essaie de simuler le sol de la forêt.
Une autre est en forme du mont fuji et là prospèrent les fraisiers. Ce matin j’aperçois qu’un petit animal type itachi (鼬) ou belette est venue manger quelques fraises. Délicatement l’animal n’a mangé que les parties rouges et sucrées du fruit et a laissé les parties pas encore mûres.
Une troisième butte … qui n’a pas trop la pêche.
Culture sur bac. On a quatre bacs, dont deux carrés
Utilisation de feuilles mortes et de compost… etc …
Partout j’essaye de recouvrir la terre avec des trèfles coupés. Un vénérable jardinier trouvé sur youtube comparait bellement la terre à la peau, à la chair, et expliquait qu’il faut toujours veiller à la protéger du soleil et des éléments. Les trèfles poussent tout autour du jardin, et je les coupe régulièrement et les dispose dans le jardin pour protéger la terre.
Les petites allées sont recouvertes d’écorces et d’éclats de bois, ainsi que de sciure. Le tout provenant de la préparation du bois de chauffe.
Je fais un peu de déco aussi avec des bigorneaux géants, qu’on appelle ici Sazaé サザエ ou en latin Turbo Cornutus ! Voila un nom qui sied à merveille à ces petits monstres des mers. Je remarque que les dango mushi (団子虫)ou cloportes adorent se loger sous ce coquillage et profitent de son ombre. A noter que les dango mushi ont sans doute inspiré Miyazaki pour ses monstres géants de Nausicaä de la vallée du vent.
Remarquable par la beauté de son feuillage découpé et son obstination; le pied d’artichaut. Il a survécu aux passages des chevreuils de l’année passée. Il a survécu mon incurie aussi. Et malgré tout cela, une belle surprise; avec la découverte d’une tête qui a commencé à se former après un peu plus de deux ans. Super l’artichaut !
Mon but avec ces expériences de jardinage ? Pas forcement des récoltes gargantuesques. Mais …. que la terre soit heureuse.
La beauté des légumes
Récolte du jour
La petite récolte du jour.
Les feuilles rouges; c’est du shiso. Le shiso a deux variétés. Celui qui a mangé du sashimi aura sans doute goûté au feuilles de shiso vertes.
Celui-ci sur la photo est de la variété rouge. Cela pousse très facilement, c’est presque envahissant.
Avec la variété rouge du shiso, on fait un jus délicieux et très désaltérant.
Recette du jus de shiso rouge.
- Récolter les feuilles.
- Les laver.
- faire bouillir dans une grande casserole d’eau.
- retirer les feuilles et les jeter.
- Ajouter du sucre et du vinaigre de riz. Au pifomètre.
Se sert glacé.
Le jardin
Cette année j’ai fait pas mal d’expérimentations dans le jardin mais les visites gourmandes des chevreuils (ils n’ont qu’à dévaler la montagne en face et traverser la route et la rivière) ont tout perturbé. J’ai donc passé une grande partie de mon temps libre en juillet à établir des fortifications de bambou et de filets, et après j’ai un peu arrêté de m’occuper du jardin. Parce que la plupart des légumes avaient été tout simplement dévorés. Bon appétit les amis.
Les expérimentations de cette année, c’était:
L’abandon du motoculteur et des légumes en rangées comme au défilé.
La culture en carrés
La culture sur butte
Le déploiement d’engrais vert avec les plantations de sarrasin, trèfle et autres.
Une grande réussite, ça a été aussi le rangement optimal des outils. On garde les outils les plus utiles et on les place au plus prêt, là où on en a besoin.
Ceci dit je m’occupe peu des plantes, la plupart du travail je l’ai focalisé sur la terre (ajout de crottin de cheval etc). La grande quantité de vers de terre est bon résultat.
La prochaine fois, cependant, je penserai d’abord à la protection des plantes et comment éviter l’intrusion d’animaux sauvages gourmands, en faisant des systèmes de barrière plus efficaces et moins moches.
en arrière plan; les chevreuils n’ont qu’à traverser la route et la rivière avant de venir se régaler dans le jardin.
On protège les quelques plants rescapés avec des filets et des bambous.
J’ai pu protéger cette zone à temps et les chevreuils n’ont pas touché aux plants de tomates.
Dedans c’est une petite jungle et chaque visite devient une chasse au trésor. On cherche des mini tomates ..et on trouve des poivrons et des concombres.
J’aime beaucoup ce désordre et les surprises qui en résultent.
(mini) récolte
Récolte et jardin
Cet été; le jardin avait assez bien démarré. La terre était bien mieux que l’année dernière, très belle en certains endroits et une foultitude de vers de terre: yeah !
Certains trucs n’ont pas du tout pris mais les pieds de courgettes, d’okra et de concombres étaient vraiment prométeurs. Mais voilà les chevreuils la nuit ont commencé à fréquenter notre potager et y ont fait des ravages.
J’ai fini par tout barricader avec du bambou et des filets, mais celà a pris pas mal de temps et les chevreuils ont pu faire plusieurs passages et se régaler.
Du jardin il ne reste plus grand chose. J’ai pu par contre bien protéger quelques pieds de tomates qui nous alimentent et nous consolent un peu.
Les feuilles vertes sur la photo, ce sont des feuilles de shiso.
La prochaine fois je vais changer de stratégie … niveau protection de la production.
Récolte des pommes de terre.

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