Le cerisier éléphant

En explorant un chemin qui part dans la forêt je découvre une magnifique clairière, au bout de laquelle de vieilles tombes sommeillent. Ca n’est pas le cimetière principal du village. Il n’y a que quelques tombes.

C’est un lieu de paix. Le chant des oiseaux. Le calme humide de la forêt. On est totalement avec la nature. Les ancêtres qui reposent ici sont privilégiés. On les envierait presque.

Au pied des tombes s’étend dans un grand creux, une fosse: un ancien champ de théiers.

Là, un immense cerisier est effondré. Des ronces et la jungle un peu partout.

Plus tard je vais voir le chef du village. Et m’enquiers de cet arbre. Il est tombé, tout seul apparemment. Après vérifications je décide de récupérer le bois du cerisier dont Calcifer, notre poêle à bois, sera friand.

Voilà une entreprise un peu ardue pour mon niveau et mon expérience somme toute encore limités.

Il faut:

descendre dans la fosse,

dégager les criptomères effondrés et les ronces qui bloquent le passage,

atteindre le cerisier; tronçonner.

porter le bois jusqu’au chemin;

charger la brouette,

descendre la brouette sur cinquante mètres;

décharger tout;

et ensuite tout ranger dans le camion.

C’est beaucoup de travail, mais comme on voit à chaque nouveau projet, il suffit de chercher le meilleur angle d’attaque et d’y aller, tranquillement; et en faisant attention à ne pas se blesser. A partir de ce point là, il n’y a pas vraiment de risque. Il suffit d’y aller.

Le travail est intense et très agréable. Le cerisier est beaucoup plus grand que je ne l’avais imaginé. Et le bois, bien qu’un peu humide, est en excellent état.

A tronçonner cet arbre géant, j’observe et apprends sa structure. On peut imaginer comment il se dressait et emplissait la clairière de son énergie, avant qu’il ne tombe. Ses branches, énormes, font penser aux pattes d’un éléphant qui se serait échoué ici dans les bois. Je découpe les morceaux de bois avec respect et reconnaissance. A plusieurs reprises d’ailleurs je m’entends dire merci.

Je me dis que ce bois que je vais finir par brûler je le vole à la forêt car sans mon intervention il serait lentement retourné à la terre et aurait nourri des millions de petites bestioles et aurait embelli la forêt une nouvelle fois, de son énergie.

Il s’agit là d’un réel transfert d’énergie. L’énergie de l’arbre que le temps et les champignons et la terre auraient lentement absorbée; je la prends; la mets dans mon camion et Calcifer le poêle à bois nous la restituera sous forme de chaleur.

Les tronçons que je tronçonne. Je pense à ces images abominables des trafiquants d’ivoire (et le roi d’Espagne aussi)  qui massacrent les pachydermes.

Pourquoi l’arbre, éléphant de la forêt, est-il tombé ? Suis-je dans le cimetière des éléphants ?

cerisier elephant 4 cerisier elephant 3 cerisier elephant 2

 

Là, deux des six jizos qui marquent l’entrée du cimetière. A leur pied, le cerisier éléphant.

cerisier elephant 6

C’était un cerisier géant.

cerisier elephant 1

 

que ma tronçonneuse démembre.

cerisier elephant 7

 

 

cerisier elephant 5

et que je charge dans la brouette bleue.

cerisier éléphant

cerisier éléphant

Le camion Keitora est plein, bien au delà de sa limite de 350kg.

cerisier elephant 11

Et on range le bois, sous un abri provisoire. Le temps d’agrandir l’abri bois …

cerisier elephant 10

11 Commentaires

  1. saxobenevole

    Tu as vraiment envie que l’ hiver soit froid 😉 En tout cas peut être pas pour cette année si, comme tu l’ écris , le bois est humide ! Belle vaillance en tout cas ! A bientôt !

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  7. Ludovic Texier

    Bonjour, ton article est magnifique , et j’ai , du coup , cliqué sur les liens que tu y as disposé (je pourrais ainsi lire tes autres autres articles ….Celui ci me laisse rêveur !!! (au fait , je peux dire « tu » , je le fais souvent spontanément quand les gens parraisent sympatique , et c’est bel et bien ce que l’on ressent dans ton article !!! 🙂 ) Bon, en tout cas , cela fait plaisir de lire de tel article , car c’est vraiment la vie de mes rêves qui se déroule sous ces lignes ! (même si je me doute bien que c’est un projet de vie qui n’a pas du être simple du tout !? ) Marié à une Japonaise depuis 6 ans ,et papa d’une petite fille de quatre ans , nous vivons en France et ne venons au Pays du soleil levant que pour y visiter la famille , mais mon rêve secret , et ce depuis très jeune , d’y vivre, mais quand je vois les critères , la complexité de pouvoir réaliser un tel rêve, alors, je suis , à défaut de pouvoir le réaliser , RAVI de lire des articles /blogs de compatriotes qui ont réalisé ce rêve ,ca me console un peu !!! ^^ Je n’ai pas abandonné ce rêve , je lis tout ce qui tombe sous mon clavier, les infos necessaires à cela , et puis je me dit qu’après tout , si cela ne se réalise jamais ,continué d’y séjourner pour les vacances, c’est déjà super !!! au plaisir de te lire ,
    Amicalement ,
    Ludovic .
    PS: sympa le nom du poele « Calcifer » , un p’tit clin d’oeil au « Chateau ambulant  » j’imagine !? 🙂

  8. ludocross16

    Je ne me lasse pas de ce « passage », à « coté » des deux Jizos , je m’y verrais tout à fait y passer quelques heures à méditer !!! 🙂

  9. Pingback: Un arbre sacré | à la campagne au japon

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