Tagué: poêle à bois
Vidéo où je coupe du bois
Vidéo tutube où je me filme en train de couper du bois.
On a coupé deux arbres dans notre montagne hier et tout ramené à la maison. Un cryptomère et un cyprès. Comme ces arbres faisaient vingt mètres de haut …. ça fait du volume et du boulot.
Tout finira dans le ventre de notre sympathique poêle à bois Calcifer.
Même par cette petite matinée de fin novembre où il fait frisquet, eh bien je finis par bien transpirer, à manipuler ces gros morceaux de bois.
Tous mes remerciements à ma tronçonneuse Martine.
Voilà. Tout se que l’on peut faire soi même on essaie de le faire, histoire d’être moins dépendant de la société, et d’apprendre des choses. Disons qu’on est bons pour le bois et le chauffage, une bonne partie des légumes, et les petites choses comme le thé et l’uméboshi.
Pour aller au stade suivant, le fameux stade des poules, il me faudrait le temps que je n’ai pas.
Vidéo: préparer le bois pour l’hiver
Je m’essaye à faire des vidéos sur notre quotidien.
Ici: je me filme lors de la préparation du bois pour les hivers prochains.
C’est donc aussi mon coming out !
C’est lundi dernier, j’ai passé la journée entière à fendre du bois 🙂
La meilleure façon de chasser les oiseaux
La meilleure façon de chasser les oiseaux? C’est avec un appareil photo !

Je ne me souviens plus du nom de ce monsieur; on se croise souvent sur les chemins dans les forêts.
A chaque fois on discute, à voix basse, pour ne pas faire fuir les oiseaux qu’il vient photographier.
Il y a cette espèce rare dit-il, et quand ils sont dans la vallée, ils sont seulement entre cet arbre là et cet arbre là dit il en montrant un espace qui fait à peine 50 mètres de largeur.

Le paragraphe d’Aristote; lu hier soir entre le chat Scotch et le poêle à bois Calcifer résonne, comme quoi souvent les événements s’offrent de façon synchrone.
Ethique à Eudème, p. 268 Ed. Pléiade
Ainsi donc; Anaxagore aurait; dit-on, répondu à quelqu’un qui agitait des questions de ce genre et ne cessait de lui demandait dans quel dessein l’on aurait pu choisir de venir au monde, plutôt que non:
C’est afin, aurait-il dit, de contempler le ciel et l’ordre qui règne dans l’univers entier.
Ainsi donc, lui croyait que si c’est pour gagner quelque science, le choix de vivre vaut d’être fait.
Mais comment s’appelle bien ce monsieur … Peut être Anaxagore ?
Refaire le plancher (1)
On a donc décidé de refaire le plancher de la petite maison que nous avons achetée l’année dernière.
Au début je pensais faire beaucoup des travaux, avec l’aide de mon ami S, charpentier de son état, mais en réalité c’est un projet beaucoup plus complexe que je ne l’avais imaginé.
Une raison pour celà c’est qu’une maison japonaise ancienne comme celle-ci a tendance à s’affaisser. En effet il n’y a pas de fondation. Les poutres sont simplement posées sur des pierres, elles mêmes reposant sur le sol. Pendant 60 ou 80 ans les choses bougent, à pas de fourmis certes. Donc les éléments finissent par ne pas être alignés parfaitement.
Une grosse partie du travail donc c’est de s’assurer que le nouveau plancher s’aligne correctement avec le bas des fenêtres etc. Voilà une tâche délicate; si je m’étais lancé tout seul dans l’aventure, j’aurais échoué misérablement !
Tout cela m’aide à mieux comprendre comment ces maisons ont été construites. Construites d’ailleurs avec une grande économie de moyens, une poignée de grosses pierres, du bois, de la terre et le tout est solide et durable. Des maisons écologiques !
La durabilité d’une maison comme celle-ci surpasse celle d’une maison japonaise moderne, assemblée avec des vis, du bois aggloméré… du plastique …
Ici première étape, il faut dégager l’ancien plancher. On retire les tatamis. Et tout ce qui il y a dessous. Faire place nette!




On laisse la poutre, elle est en bon état, c’est du marronnier.
Par contre on vire les pierres.

Ce foyer est fait de terre, avec une grosse soupière au sommet. Finalement on le vire aussi, il s’effrite et tombe en morceaux tout seul.


Ensuite on positionne des blocs de béton. Les poutres (oo-biki 大引き) du nouveau plancher s’appuieront dessus.


saura le digérer sans problème.

Voilà, fin de la première journée!
Un balcon en forêt, premiers pas

L’emplacement choisi, il faut dégager le passage. Je coupe les troncs à 1.8 mètres, ce qui correspond à la longueur du guide pour la tronçonneuse (haddon) et la dimension du balcon en forêt.

La pose des quatre piliers se fait assez rapidement. Je les pose sur les quatre parpaings des fondations. J’ai percé les parpaings et les piliers. Dans chaque parpaing je place une barre métallique, qui vers le bas fixe le tout dans le sol, et vers le haut s’enfonce dans le pilier. S’assurer que les piliers ont les bonnes longueurs prend un peu de temps.

Ce système avec les parpaings et les barres de fer suffit à fixer le tout, même s’il a beaucoup de jeu. Je n’ai pas vraiment l’option de couler du béton ou d’amener de grosses pierres, donc je fais dans le light ..
Ah oui pour virer les insectes du bois, penser à retirer l’écorce …
Puis entre en scène la tronçonneuse pour découper deux poutres. Qui viendront se poser sur chaque paire de piliers.



Je fixe les poutres aux piliers avec de grosses vis de 24cm.
Ha! Pour mon grand plaisir mon épouse et Minou viennent faire un tour dans la forêt et visitent le chantier. Mon épouse en profite pour ramasser des feuilles de cryptomère. Il n’y a rien de mieux pour allumer le feu dans le poêle à bois le matin!

Avec les cryptomères (et Claudel)
Samedi. Hier. On part à 5 heures du matin. Destination, une petite vallée à 30 km au nord de chez nous.
La vallée est presque inhabitée. Recouverte de forêts de cryptomères plantés là il y a 40 ans, comme un peu partout dans la région.
L’endroit est très plaisant. Une magnifique rivière, ses belles pierres arrondies.
Autrefois, avant que les cryptomères ne se dressent sur leurs trente mètres de hauteur, c’étaient des rizières. En témoignent les anciens murs de pierre qui mettent les terrains à niveau. On exploitait alors le moindre terrain pour faire pousser du riz.
Mon copain S. a été engagé pour couper les cryptomères d’un grand terrain. Un investisseur de la ville y fera installer des panneaux solaires. C’est le boom du solaire ici au Japon et les panneaux solaires fleurissent un peu partout, jusqu’en des endroits à priori préservés. Quand on voit les déastres de l’énergie nucléaire, on ne peut être que pour le solaire. Mais j’ai des réserves lorsque l’on détruit des forêts et que l’on remplace des arbres par des panneaux. Toujours cette course pour la laideur.
Aujourd’hui j’accompagne S. Je chargerai mon camion des plus grosses branches de cryptomères. Le cryptomère est un bois léger, il brûle très vite. Mais c’est différent pour ses branches. Les branches sont beaucoup plus denses que le tronc et peuvent bien s’entendre avec un poêle a bois.
Toutes les branches font un gros tas sur une partie dégagée du terrain. Le travail consiste à dégager les plus grosses branches, les couper et les charger dans le camion. Un parfum étonnant de réglisses m’accompagne tandis que je m’affaire.
S. coupe d’autres arbres. Toujours impressionnant d’observer la chute de ces colosses au pied d’argile.
Le passage sur les cryptomères, dans Connaissance de l’Est de Claudel, me revient à l’esprit.
Avant de rentrer, S. charge son camion.
Un dimanche comme je les aime
- Lever à sept heures – petit déj en famille
- Glandouille devant Calcifer le poêle à bois, lis quelques pages du journal de guerre de Ernst Jünger. Le fils à mes côtés sur le canapé lit une manga de Ishinomori sur Sherlock Holmes. Les chats se réveillent.
- Neuf heures, vais dans notre montagne. En descends quatre troncs d’arbres. Les porte sur l’épaule. C’est lourd. Je transpire. Le bonnet de laine de huit euros est tout trempé. Le bois c’est pour une future barrière.
- Un voisin passe, monsieur K. On discute.
- Remonte dans la montagne. Réarrange le grillage autour de quatre arbres momijis plantés l’année dernière. Les chevreuils ont abimé le grillage et grignoté un peu de ces petits arbres.
- S. passe en camion en bas. Il m’appelle et dit qu’il est train de couper des arbres, que je pourrai prendre les chutes. Je descends et le suis en camion.
- Nous arrivons au pied de la montagne de Kaz. Un bel endroit. Trois grands cyprès coupés bloquent le petit chemin de montagne. S., Kaz., et un inconnu X. s’affairent avec leurs tronçonneuses. Les pros utilisent des tronçonneuses allemandes de la marque Stihl.
- En fait monsieur X. veut faire des tabourets en bois pour une équipe de foot. Un beau visage. Un sourire très calme. Très rare ici; une boucle d’oreille. Dès le début je le trouve très sympathique. De tout façon si c’est un ami de Kaz ce ne peut être qu’une personne sympathique.
- Tous les morceaux de moins de 30cm de diamètre je les ramasse et les charge dans mon camion. Ca finira par faire trois camionnées. Not bad at all. C’est Calcifer le poêle à bois qui va être content!
- On fait la pause de midi et allons tous les quatre déjeuner dans un petit resto. Quelle fine équipe.
- C’est vraiment sympathique de travailler ensemble tous les quatre. On charge les plus gros morceaux qui feront les tabourets dans le camion de X. C’est bien lourd et l’on apprécie l’occasion de pouvoir utiliser sa force.
- Je monte le chemin de montagne pour m’éloigner et faire pipi. Qu’il est agréable de faire pipi en montagne. J’admire le paysage et la beauté du coin tout en mouillant mes bottes. D’énormes arbres, poussés par la neige tombée en abondance cette année se sont effondrés d’une falaise.
- S. coupe un autre arbre, un cyprès énorme. facilement 60 ans. Le cyprès est bloqué à un moment. S. l’attache à son camion et le tire pour le débloquer. On passe ainsi trois bonnes heures. Une pause café. On est tous détendus et sérieux. Mais pas de déconnade. Faut jamais déconner en présence de tronçoneuses.
- Le travail fini tout le monde se sépare.
- Je décharge le camion, retourne dans ma montagne et finis de poser un filet autour de deux autres arbres. Toujours contre les chevreuils affamés.
- Retourne à la maison et fais une petite recherche sur les prix de vente de bois de chauffe. S. qui sait vraiment tout faire, mais vraiment tout, ne s’emmerde pas avec internet et quand il veut chercher une info il me demande de le faire pour lui. Je m’exécute avec grand plaisir. J’imprime le fichier excel avec une liste de prix et les différents ratios en Yens par volume, et vais le retrouver chez lui.
- Il est dehors, fume une cigarette en se réchauffant devant un petit braséro. Il regarde le soleil couchant. On discute des prix du bois de chauffe. Un voisin agriculteur arrive. Il s’allume une cigarette et approche ses mains du braséro. Il fait frisquet.
- Rentre à la maison, et repars avec le fils; diner au kaiten sushi de la ville voisine. Comme dessert le fils commande un parfait à la fraise. On discute avec le chef sushi qui nous informe qu’avec le prix des fraises qui est à la hausse ils vont bientôt retirer du menu les parfaits à la fraise. Et oui c’est comme en France: tout part en couille, .
- Je lui demande s’il va remplacer le parfait à la fraise avec du parfait à la sardine.
Un arbre sacré
Avec les tonnes de neige qui sont tombées dans la vallée, une grande branche d’un arbre sacré s’est cassée. Elle est tombée dans la rivière.
L’arbre sacré protège un petit sanctuaire situé au bord de la route, à l’entrée d’un hameau, un peu plus haut. A écrire ces lignes la question me tarabuste … c’est un sanctuaire shinto ou autre chose ? Il n’y a pas de portique sacré (torii). C’est ce que l’on appelle un hokora. ほこら、祠
Toujours est-il que cet arbre magnifique et sacré protège un sanctuaire, et qu’il a perdu une de ses grandes branches, laquelle est tombée dans la rivière et ça va poser problème lors de pluies violentes.
Je téléphone au chef du village pour savoir si je suis autorisé à dégager la rivière et emporter le bois tombé, pour Calcifer notre poêle à bois, son appétit est sans limite. Il faudra sans doute trois camionnées pour tout ramener à la maison …
On me confirme que ça arrange tout le monde et j’ai le green light. Il y a trois ans j’avais fait aussi la découverte d’un cerisier géant effondré dans les montagnes, à côté d’un cimetière.
Voyez-vous, les beaux arbres comme ça il n’y en a quasiment que dans les lieux sacrées ici; les sanctuaires ou les cimetières. Les hommes, dans leur hubris, mais aussi dans l’espoir d’échapper à la pauvreté et de pouvoir embrasser la modernité, ont tout rasé pour planter des cryptomères, il y a quarante ans. Voila. Tous les beaux arbres sont partis.
Je descends dans la rivière. Encore de la neige, ça glisse. J’emporte deux scies. Pas envie d’utiliser la tronçonneuse aujourd’hui. Il fait sombre déjà. Je récite un pater noster avant de commencer le travail. Car le lieu est particulier, et il faut le respecter. C’est un power spot. Beaucoup de choses s’y passent. Pas forcement que des bonnes.
Le travail pendant deux petites heures se passe très bien. Avec un immense plaisir. C’est bien plus agréable de scier à la main. C’est, en fait, du bonheur à l’état brut. Je suis seul. Les pieds dans l’eau glacée et mes bottes et mes gants de cuir sont trempés. Je transpire. C’est formidable.
Découper un arbre c’est comme dépecer un animal. C’est pareil. A part que les organes dont on n’a pas besoin sont à l’extérieur pour l’arbre, c’est le feuillage et les petites branches. Mais que l’on dépèce un arbre ou un animal, il faut le faire avec respect et amour. Et ainsi les choses prennent leur sens.
Pour aujourd’hui j’ai retiré les branches qui étaient dans l’eau. La rivière est dégagée, ses paroles peuvent de nouveau s’écouler sans entrave. Il fait nuit. Je rentre à la maison. Mais je reviendrai. I will be back.
Travaux collectifs: le nettoyage de la rivière
Une fois l’an, un dimanche après midi en décembre, tous les habitants du village se regroupent pour le nettoyage de la rivière. (voir aussi l’article écrit en 2012 sur le même sujet !)
Ici dans cette région du Japon les précipitations peuvent être soudaines et très importantes. Il y a aussi les typhons. Il est crucial que la rivière soit propre et qu’aucun obstacle ne vienne à freiner son débit. Sinon, il pourrait y avoir des désastres, comme des débordements, des inondations avec des maisons emportées par les flots déchainés ou encore l’effondrement de berges ou de ponts.
Le nettoyage de la rivière, c’est un événement important. Ca n’est pas unique; au Japon c’est très répandu je crois. Qu’en est-il dans les campagnes de France et d’ailleurs ?
En tout cas on peut apprécier de voir la petite communauté prendre le sort de sa rivière en main et unir ainsi ses forces cet après midi d’hiver, sans utiliser les resources ou les services de la municipalité, de la région ou de l’état. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Tous les hommes se regroupent. On est en habits de travail. Tout le monde porte à sa ceinture une serpe kama 鎌, ou bien une hachette nata 鉈, ou encore une scie noko 鋸.
Le chef du village aura décidé des petits groupes qui vont se répartir le travail à différents endroits le long de la rivière. Puis on va couper les bambous ou encore retirer les poubelles ou les branches de bois mort qui encombrent le lit de la rivière. Tout le monde est très bien organisé. Il y a ceux qui descendent dans la rivière pour couper et tronçonner, il y a ceux armés de leur petits camions keitora dans lesquels ils vont charger toutes les coupes pour les emmener ailleurs, là où on ira faire le tondo plus tard en janvier.
Cette année notre équipe était chargée de couper et débiter un vieux marronnier dont le tronc courbe venait freiner le débit de la rivière pendant les grandes pluies. Je suis triste de voir couper ce bel arbre. Je voulais nettoyer la rivière, pas vraiment voir couper d’arbres. Mais bon, cet arbre, un typhon aurait pu l’arracher, et il aurait pu alors se ficher sous un pont et qui sait alors si le pont aurait pu résister à la puissance décuplée de l’eau. Le malheureux marronnier, finira d’ailleurs dans notre tas de bois pour être jeté dans le ventre de calcifer.
Après deux bonnes heures de travail on se retrouve tous au foyer du village, les hommes s’asseyent d’un côté et les femmes de l’autre. La bière, le saké, le shochu. Des bouts de cochon, une soupe, une salade de pattes mmm quel régal. Les gens sont de bonne humeur. C’est une petite fête.
Quel bon moment en bonne société!
Calcifer se régénère (ôde)
Calcifer, notre poêle a bois.
Calcifer, c’est le cœur de la maison
Calcifer c’est le réacteur de la maison_sous_marin_nucléaire
Calcifer hiverne l’été et se réveille quand il fait froid
Calcifer l’hiver nous propulse vers les tropiques
Calcifer est un volcan sympathique mais gourmand de bûches
Calcifer nous fait voir les étoiles, en nous transportant jusqu’au centre de la Terre.
Avec Calcifer Minou le chat devient Tigre du Bengale
Aujourd’hui, Calcifer se refait une beauté
Grace aux hommes à poêles,
On lui purge les tuyaux, lui frotte les boyaux
on le démonte, on le désosse
on le brosse on le nettoie
on le décrasse jusqu’à la dernière vis
on l’aspire et on lui vide le ventre de ses cendres froides.
Calcifer, on le sait: il nous enterrera tous.
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