Tagué: cabane en forêt
Recharger les batteries
Cette semaine au boulot était vraiment chargée, avec 12 à 13 heures par jour. Certes travailler à distance permet de rester chez soi et dispense des transports en commun. On peut bosser librement et se permettre quelques petites fantaisies, en général interdites au salarié de base. Par exemple quand j’ai des réunions avec les collègues en Europe, dans ma fin de journée, je sirote du whisky. Je peux aussi fumer des clopes si le coeur m’en dit. Je crois que je pourrai plus retourner dans un bureau. Mais rester cloitré devant l’ordinateur aussi longtemps, c’est pas une vie. Je me pose la question, combien de temps je vais pouvoir encore tenir comme ça, coincé dans le casse-noisette. Ah si je pouvais monter un petit business dans le village.
Mais avoir des contraintes comme au travail nous fait apprécier d’autant plus les moments de temps libre.
Ce dimanche matin on prend le temps de décompresser. Il faut se recharger les batteries. Nous allons d’abord prendre un petit en-cas dans un café, à vingt minutes de la maison.

Le café y est bon, l’ambiance sympathique.

Il y a un chat qui ronronne sur son coussin. La formule petit déjeuner, c’est un toast beurré, un oeuf dur, quelques feuilles de salade. Un régal.

Tout est très bien arrangé dans ce café. C’est un style canadien ? On se croirait en montagne. Justement il y a des revues sur le camping et je les feuillette avec intérêt. Ça parle de camping car. De petites cabanes. Il y a des insectes aussi.



Commence une discussion avec la dame du café. Des choses et d’autres.
Les belles photos dans les magazines ça fait rêver …. Mais au moment de payer je remarque un casse noisette en forme d’écureuil.

Après le café le sanctuaire
Nous partons faire quelques emplettes et allons voir en chemin un très beau sanctuaire shintô. La pluie s’est arrêtée. Il y a peu de monde. Dès que l’on entre dans ce grand parc, recouvert d’arbres centenaires, magnifiques, on est ailleurs. Dans le monde du sacré et de la nature. L’architecture traditionnelle est en pleine harmonie avec celle-ci. C’est authentique. Pas de touriste! Tout respire.





Le balcon en forêt: mission accomplie!
Le tout est désormais stabilisé. Je passe au rabot chaque planche pour éliminer les plus grosses aspérités. Que le balcon en forêt soit confortable! J’utilise aussi le draw knife, un autre outil exotique made in UK, que je ne saurais trouver au Japon et que j’avais trouvé aux US.

Il y a des petits ajustements nécessaires. Pour éviter que l’eau de pluie s’accumule dans les trous creusés pour les différentes vis je remplis les trous de silicone.


Visser les planches au dessus de la plate-forme est un jeu d’enfant et ce moment marque la fin de ce projet.
J’ai aussi découpé des morceaux d’un vieux pneu. Je les cloue aux planches attenantes aux deux troncs d’arbre. En pressant légèrement le bout de pneu contre l’arbre. Ceci permet de stabiliser définitivement le balcon en forêt, tout en préservant l’écorce de l’arbre.

Je retire mes bottes, je suis en chaussettes sur le balcon, le dos appuyé contre l’un des deux troncs. Il pleut légèrement.
Il y a un insecte; un de ces insectes qui se nourrit du bois. Il se promène sur une planche.
カミキリムシ ou capricorne…

J’avais amené un petit haut parleur bluetooth, et j’écoute l’orgelbuchlein de JS Bach.



Je suis très content du résultat …
Mais où est passée Minou ?
Le balcon en forêt fait guragura
Certain qu’avec des fondations aussi légères le balcon en forêt allait faire guragura. ぐらぐら D’ailleurs mon ami S m’avait prévenu すじかいまみれになる
Gura gura ça indique qu’il y a du jeu entre les différentes pièces. Un coup de pied dans le balcon en forêt et tout se met à trembler.
Avant de poser les planches sur le dessus il faut donc s’attarder à mieux fixer les piliers ensemble et réduire ce guragura; solidifier le petit édifice.
Des troncs d’arbre posés horizontalement et fixés aux piliers vont réduire le guragura. Je les taille de façon à ce qu’ils épousent la courbe des piliers.


Pour ce faire j’utilise une herminette. Un outil suisse que j’avais déniché aux US il y a quelques mois. On ne voit pas des herminettes tout les jours ici au Japon… Il est toujours intéressant de se familiariser avec un nouvel outil! Cela donne des expérience points, XP, comme dans les jeux vidéo, et quand on en a suffisamment on peut passer au niveau suivant.

Je répète l’opération trois fois. J’aurais pu le faire quatre fois et avoir quatre liens horizontaux, mais je préfère laisser un côté avec assez d’espace pour passer sous le balcon, histoire de pouvoir débroussailler facilement l’été prochain.

Minou vient tester. C’est mieux, ça fait moins guragura confirme-t-elle par télépathie.

Un balcon en forêt, continuation
Dans ces projets il y a un aspect répétitif. Choisir un tronc d’arbre, le faire rouler et le positionner, faire une coupe dans la longueur pour obtenir une face plate. Faire les mesures pour faire quatre autres coupes toujours avec la tronçonneuse dans la longueur, dans un axe perpendiculaire à la première, et on en retire trois planches.





Cette répétition … en fait on pourrait faire ainsi dix planches comme on pourrait en faire mille. Avec la répétition des mouvements se dessine un rythme que l’on pourrait suivre à l’infini. Mais toujours il faut garder son attention, ne pas s’abandonner à la rêverie, car à un tout moment on pourrait faire le mauvais geste, et placer sa jambe dans la trajectoire de la tronçonneuse; et la tronçonneuse elle ne s’en apercevrait pas car en dépit des apparences et de tout notre affection, c’est un objet inanimé sans conscience.
Donc je fais une dizaine de planches. De 5 cm d’épaisseur. Tout en faisant cela je me pose la question, pourquoi m’échiner à ce projet de balcon en forêt qui n’est en rien nécessaire. Quand une coupe est faite, on ouvre le tronc d’arbre et peut découvrir les beaux motifs du bois et c’est toujours une surprise, ça n’est jamais tout à fait pareil. Et les beaux accents rouges, roses du cryptomère.

A un moment je découvre une cavité dans une nouvelle planche; une colonie de fourmis s’y était installée. Je les vois s’aventurer visiblement très surprises. Les pauvres elles étaient bien installées au chaud et les voilà SDF. En plein hiver!


Je fais aussi trois poutres de 10 cm d’épaisseur.

Ces trois poutres vont connecter la paire de poutres fixées aux deux paires de piliers. Tout de suite cela prend forme.


Minou suit ce projet et visite régulièrement le chantier.

Un balcon en forêt, premiers pas

L’emplacement choisi, il faut dégager le passage. Je coupe les troncs à 1.8 mètres, ce qui correspond à la longueur du guide pour la tronçonneuse (haddon) et la dimension du balcon en forêt.

La pose des quatre piliers se fait assez rapidement. Je les pose sur les quatre parpaings des fondations. J’ai percé les parpaings et les piliers. Dans chaque parpaing je place une barre métallique, qui vers le bas fixe le tout dans le sol, et vers le haut s’enfonce dans le pilier. S’assurer que les piliers ont les bonnes longueurs prend un peu de temps.

Ce système avec les parpaings et les barres de fer suffit à fixer le tout, même s’il a beaucoup de jeu. Je n’ai pas vraiment l’option de couler du béton ou d’amener de grosses pierres, donc je fais dans le light ..
Ah oui pour virer les insectes du bois, penser à retirer l’écorce …
Puis entre en scène la tronçonneuse pour découper deux poutres. Qui viendront se poser sur chaque paire de piliers.



Je fixe les poutres aux piliers avec de grosses vis de 24cm.
Ha! Pour mon grand plaisir mon épouse et Minou viennent faire un tour dans la forêt et visitent le chantier. Mon épouse en profite pour ramasser des feuilles de cryptomère. Il n’y a rien de mieux pour allumer le feu dans le poêle à bois le matin!

Un balcon en forêt … choisir l’emplacement
Dans l’article précédent j’écrivais ‘cabane’ mais depuis je me suis souvenu de ce beau roman de Julien Gracq, un balcon en forêt… et cette expression convient parfaitement à ce projet. Donc, mon projet, c’est de construire un balcon en forêt!
J’ai fait plusieurs croquis pour voir. Sachant qu’une fois sur le terrain, c’est un peu place à l’improvisation …
Mais la chose la plus importante avant tout cela c’est de choisir l’emplacement. Où, dans notre petite montagne, installer la plate-forme ?
Je pensais au début le faire dans la partie la plus haute de notre montagne, un coin bien isolé entre les arbres. Là on aurait été vraiment à l’écart, loin du vacarme du monde, en pleine nature et plus près de Dieu.

Mais finalement l’endroit est un peu trop sombre. Cela peut poser problème, rapport à l’humidité, surtout l’été quand c’est subtropical… dans un coin trop humide, pas exposé au soleil … mon balcon en forêt ne durerait pas trois ou quatre ans et pourrirait illico presto. Resteraient plus que les vis et les clous !
J’opte donc pour cet espace entre deux arbres au niveau de la deuxième terrasse. Et puis, les arbres pour faire ce projet sont ici, sur la deuxième terrasse. Pas besoin donc de les hisser jusqu’en haut. C’est plus réaliste, plus clair, plus aéré. Même dans ces projets il faut garder les pieds sur terre.

De là on a aussi une bonne vue sur le village. Et en particulier sur notre maison. Ce qui peut être pratique en cas d’accident (exemples: chute ou attaque d’un frelon géant). Ou alors si il y a soif je peux appeler mon épouse en bas et lui demander de m’apporter du thé ou un pastis.

C’est situé ici … si l’on regarde d’en bas, de notre maison. Ça n’est donc ni trop près ni trop loin.

Le point jaune correspond à la deuxième terrasse.
Une fois l’emplacement décidé pas besoin d’attendre, je pose quatre parpaings qui serviront de fondation. Le balcon en forêt sera entre ces deux arbres.

Et quand on lève le regard vers le ciel, on voit:

ces majestueux cryptomères. On perçoit une bande de ciel, c’est le vide laissé par les arbres que nous avons coupés plus tôt cette année, et qui serviront à ce projet.
Avec ce petit projet il y aussi un message que je voudrais passer aux villageois: ces forêts délaissées, peuplées de ces cryptomères sans plus aucune valeur marchande (faute à la globalisation) on peut quand même en faire quelque chose et y passer des heures agréables.
Une cabane en montagne cette semaine
C’était l’un des derniers projets dans ma longue liste. (pas que j’aie fini tous les autres avant). ‘Construire dans la montagne une plate-forme surélevée pour y faire la sieste et admirer la forêt.’
Et pourquoi pas même y dormir. Il faudrait sans doute une tente ou une moustiquaire pour cela. C’est une cabane mais sans toit ni mur … peut-être que j’ajouterai un toit plus tard.
En tout cas, un projet bien inutile alors qu’il y a tant à faire au taff et aussi dans la maison de madame M., mais j’ai besoin d’une diversion.
Dès que l’on pénètre dans la montagne on est pris par cet air clair et empli de parfums de réglisse. Et la terre, comme il est bon de la fouler. Le chemin monte on voit toujours les maisons du village en bas mais on est tout de suite dans un autre monde, couronné par ces cryptomêres majestueux partis à la conquête du ciel.
Dans ma grande naïveté je me dis que, assis dans la montagne; sur ma petite plate-forme, avec au dessus de moi les arbres géants … je pourrai m’approcher de la vérité. Il faudra plus d’un verre de ouisseki ou plus d’une tasse de thé.
Plus tôt cette année mon ami S est venu couper une dizaine de cryptomères, au niveau de la deuxième terrasse.

Et là comme je suis en vacances cette semaine je vais essayer de construire cette plate-forme. Le but c’est d’utiliser le bois des cryptomères coupés…. Je réfléchis à ce projet depuis plus d’un an et j’ai commencé à m’entrainer à débiter les troncs d’arbres en planches, avec ma bonne vieille tronçonneuse …

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