Tagué: esprits de la forêt
Des signes magiques de l’arrivée du printemps ?
Retourner au village
Après une semaine de boulot a Tokyo, je suis de retour au village.
Ce court séjour à Tokyo m’a rappelé les joies de la ville. Par exemple pouvoir marcher la nuit au hasard dans les rues, observer, explorer. Ou aller prendre un verre avec un collègue après une journée de travail.
Cette semaine à Tokyo m’a presque donné la gueule de bois.
Je suis de retour au village. Aujourd’hui après six heures de réunions téléphoniques, de six heures du matin à midi, je pars faire un tour à pied jusqu’au fond de la vallée. J’ai besoin de marcher, de me ressourcer et de me resynchroniser avec la vie du village.
C’est une belle marche d’une heure à peu près, et il est si bon de gambader ainsi entouré des montagnes, avec la route qui serpente le long de la rivière qui serpente.
Je continue jusque dans la forêt.
Et la dernière maison qui tombe en ruine. Le Titanic.
En levant la tète on peut admirer le ciel. La, je suis de nouveau connecté à l’univers et au cosmos, me dis-je. Il y a une connexion entre le ciel et la terre que l’on peut sentir.
A cet instant je remarque quelque chose au fond de la rivière. Un bout de bois qui n’en est pas un.
C’est le bois d’un chevreuil. C’est la première fois cette année que je trouve le bois d’un chevreuil. L’année dernière j’en avais trouvé trois fois, dont une fois avec un crâne entier.
Intéressant, n’est-ce-pas, que je fasse cette découverte peu après avoir senti cette connexion avec le cosmos….. oh yeah ! ! !
Par chance encore je porte des bottes et je descends dans la rivière saisir ce précieux présent de Dame Nature.
Retrouver la montagne
Quelle incroyable joie que de retourner dans notre petite montagne ce week end, et de pouvoir y travailler de nouveau. J’ai vraiment merdé je l’avoue lorsqu’en mars après une courte visite qui s’est soldée par dix sangsues dans chacune de mes bottes j’avais décidé de ne retourner dans la montagne qu’en automne !
D’ailleurs il y a des produits chimiques qui repulsent les sangsues et la vieille recette qui consiste à enfiler autour des bottes des tissus imbibés de sel. Si je peux contrôler le problème des sangsues, il ne restera que celui des frelons … ca doit être gérable ! Franchement !
En tout cas maintenant que nous sommes en novembre c’est reparti pour un grand tour.
A ma surprise la nature n’a pas recouvert toute la terrasse de la montagne d’un épais réseau de bambous. Tout est bloqué par la végétation certes … mais bon c’est pas du bambou. Plutôt une bonne nouvelle donc.
Les cages en métal que j’avais arrangées pour les 6 arbres plantes l’année dernière tiennent encore debout. Le métal est recouvert de rouille.
Dans les cages, les arbres ont bien poussé je pense. Le grenadier, particulièrement, ce qui est une vraie surprise. La végétation à l’intérieur des cages a énormement poussé, ce qui a pu gêner éventuellement le développement des arbres. Il faudra que je recouvre le sol de carton pour limiter cela. On voit que les chevreuils ont mangé de ce qui a poussé en dehors des cages … Merci les chevreuils.
Cette année je vais nettoyer plus en profondeur. Il reste des dizaines troncs d’arbres écroulés il y a dix ans. Je vais dégager tout cela. Trop lourds si trop longs, il faut les découper en morceaux de un à deux mètres avant de pouvoir les tirer avec le tobi et les porter et les ranger en jolis tas.
Il faut veiller à protéger la chaine de la tronçonneuse qui ne résiste pas au sable ou aux petits cailloux qui se retrouveraient sur les troncs d’arbres tombés à terre.
D’ailleurs c’est très bien de couper les troncs à la hache, plutôt qu’à la tronço, un merveilleux exercice que j’apprécie beaucoup. La tronçonneuse … Si on pouvait, on ferait tout a la hache !
Le cerisier éléphant
En explorant un chemin qui part dans la forêt je découvre une magnifique clairière, au bout de laquelle de vieilles tombes sommeillent. Ca n’est pas le cimetière principal du village. Il n’y a que quelques tombes.
C’est un lieu de paix. Le chant des oiseaux. Le calme humide de la forêt. On est totalement avec la nature. Les ancêtres qui reposent ici sont privilégiés. On les envierait presque.
Au pied des tombes s’étend dans un grand creux, une fosse: un ancien champ de théiers.
Là, un immense cerisier est effondré. Des ronces et la jungle un peu partout.
Plus tard je vais voir le chef du village. Et m’enquiers de cet arbre. Il est tombé, tout seul apparemment. Après vérifications je décide de récupérer le bois du cerisier dont Calcifer, notre poêle à bois, sera friand.
Voilà une entreprise un peu ardue pour mon niveau et mon expérience somme toute encore limités.
Il faut:
descendre dans la fosse,
dégager les criptomères effondrés et les ronces qui bloquent le passage,
atteindre le cerisier; tronçonner.
porter le bois jusqu’au chemin;
charger la brouette,
descendre la brouette sur cinquante mètres;
décharger tout;
et ensuite tout ranger dans le camion.
C’est beaucoup de travail, mais comme on voit à chaque nouveau projet, il suffit de chercher le meilleur angle d’attaque et d’y aller, tranquillement; et en faisant attention à ne pas se blesser. A partir de ce point là, il n’y a pas vraiment de risque. Il suffit d’y aller.
Le travail est intense et très agréable. Le cerisier est beaucoup plus grand que je ne l’avais imaginé. Et le bois, bien qu’un peu humide, est en excellent état.
A tronçonner cet arbre géant, j’observe et apprends sa structure. On peut imaginer comment il se dressait et emplissait la clairière de son énergie, avant qu’il ne tombe. Ses branches, énormes, font penser aux pattes d’un éléphant qui se serait échoué ici dans les bois. Je découpe les morceaux de bois avec respect et reconnaissance. A plusieurs reprises d’ailleurs je m’entends dire merci.
Je me dis que ce bois que je vais finir par brûler je le vole à la forêt car sans mon intervention il serait lentement retourné à la terre et aurait nourri des millions de petites bestioles et aurait embelli la forêt une nouvelle fois, de son énergie.
Il s’agit là d’un réel transfert d’énergie. L’énergie de l’arbre que le temps et les champignons et la terre auraient lentement absorbée; je la prends; la mets dans mon camion et Calcifer le poêle à bois nous la restituera sous forme de chaleur.
Les tronçons que je tronçonne. Je pense à ces images abominables des trafiquants d’ivoire (et le roi d’Espagne aussi) qui massacrent les pachydermes.
Pourquoi l’arbre, éléphant de la forêt, est-il tombé ? Suis-je dans le cimetière des éléphants ?
Là, deux des six jizos qui marquent l’entrée du cimetière. A leur pied, le cerisier éléphant.
C’était un cerisier géant.
que ma tronçonneuse démembre.
et que je charge dans la brouette bleue.
Le camion Keitora est plein, bien au delà de sa limite de 350kg.
Et on range le bois, sous un abri provisoire. Le temps d’agrandir l’abri bois …
Les animaux
- je trouve la carapace d’un bébé tortue à côté du jardin.
- un jour en forêt ma femme découvre le crâne d’une biche.
- plus récemment nous apercevons au bord d’une route le crâne d’un blaireau.
- et le squelette de chat trouvé derrière la maison
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