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Des mésanges dans le jardin
L’année dernière j’avais fait un nichoir, que j’ai naïvement installé dans le noyer du jardin. En plein dans le territoire des chats Minou et Scotch.
Un couple de mésanges s’est installé dans le nichoir… en fait lundi dernier je me dis, bon je vais déplacer le nichoir et le réinstaller dans notre montagne, loin de ces peux petits félins… je prends une échelle, défait le nichoir pour le déplacer … et merdre!!! il y a sept oisillons dedans. Je n’avais rien remarqué. Je remets tout en place.
Et vois un peu plus tard les mésanges, une à une, filer vers le nichoir, une grosse larve au bec.
Voilà qui est très touchant. Essayons de filmer tout ceci.

Voilà ce que ça donne
En effet donc les mésanges n’hésitent pas à s’installer près des habitations mais aussi près des chats …
Mésange en Japonais c’est shijuukara しじゅうから 四十雀, et oui ça s’écrit ‘quarante moineaux’.
Car Minou et Scotch, ne cessent de rôder autour du noyer. Parfois ils s’élancent et montent dans l’arbre … ce sont de sacrés chasseurs.
Pour éviter que les chats n’attrapent un des parents dans leur va-et-vient infini pour nourrir les petits zoizeaux je pose un filet pour protéger l’accès aux branches de l’arbre.
Il leur faut vraiment bosser dur pour élever ces petits, combien de larves ils doivent s’en aller chasser. Ca me rappelle quand je travaillais encore à Tokyo; tous les jours je prenais le train, changement à Shinjuku, ensuite machin, dans cette foule résignée le matin, joviale le soir, pour pougner dans un bureau dont on ne peut ouvrir les fenêtres. Et le soir; je rentrais à la maison, mon sac plein de larves que ma femme s’empressait de bouillir ou frire, d’assaisonner au goût du jour.

L’année prochaine j’installerai le nichoir dans notre montagne. Mais là, je pose des trucs qui piquent pour empêcher de grimper à l’arbre, et un filet fixé aux branches pour empêcher les chats de s’approcher du nichoir.
On va observer tout ça de prêt en espérant que ça marche.
Pour planter des mûriers
Il y a quelques pépites de belles nouvelles quand même, avec cette crise du virus on voit de beaux comportements, les gens qui jouent de la musique ou chantent de leur balcon; le club de foot romain qui apporte de la bouffe à ses fans âgés. Lefigaro parlait aussi quelque part de l’entraide qui se développait entre voisins. J’ai un collègue aux US qui a eu le virus et il est resté en quarantaine chez lui, il me décrit comment ses voisins déposaient de la bouffe au pied de sa porte.
Fondamentalement l’homme a envie d’être sympa mais le mode de vie, la mise en condition, parfois l’en dévient. (c’est le connarovirus).
J’écris tout celà de façon trop légère car avant tout il y a les médecins les infirmiers et tous les personnels qui se dévouent à soigner les malades tout en s’exposant et prenant des risques.
On voit le manque d’anticipation des politiques en Europe, c’est comme si tout le monde y était pris au dépourvu, ha y a pas assez de masques ha y faut faire des milliers de respirateurs alors que tout celà avait déjà commencé en Chine il y a plus de trois mois. Et l’Union Européenne. Je me dis que, pour l’Europe, le virus sera un coup plus dur encore que le Brexit .
Pendant ce temps, Poutine fait un coup de comm’ parfait en déployant des médecins militaires en Italie, et leur matériel, le tout air lifté avec neuf magnifiques IL 76. Démonstration de force.
News du village.
Il y a une vieille maison au toit de chaume qui est en cours de démolition, je me demande si c’est pas pour y construire une nouvelle maison. Il y aurait de nouveaux habitants qui viendraient s’installer ?
Pendant Fukushima en 2011n lorsque les réacteurs nucléaires explosaient nous étions à Tokyo, en plein milieu de la ville et un truc qui me foutait vraiment la pétoche c’était de ne pas être en mesure d’évacuer avec ma petite famille… nous n’avions pas de voiture, les trains sont tout le temps bondés de toute façon et faudrait imaginer tous ces milions de gens qui devraient évacuer en même temps. Ce serait impossible. Et puis, évacuer, vers où?
C’est l’un des trucs que je redoutais le plus. De nous retrouver bloqués.
Nous avons changé de vie depuis, en nous installant à la campagne maintenant ça fait 8 ans, et en effet nous sommes moins vulnérables, moins exposés aux aléas. Nous pouvons nous réchauffer avec notre bois, la rivière à côté apporte quantité d’eau et dans le jardin la nuit on entend les légumes pousser. Par contre en cas de typhon une partie de la montagne pourrait s’écrouler pour nous ensevelir en quelques secondes, faut pas l’oublier.
Nous avions coupé quelques cryptomères dans la montagne. Depuis je les ai un peu arrangés. Pour faire des enclos, pour protéger les nouvelles plantations de ces gros coquins de sangliers. L’année dernière les sangliers ont détruit plusieurs des arbres que j’avais plantés, et pour éviter ça je fais des barricades avec de beaux troncs d’arbres, posés les uns sur les autres, cela devrait constituer une défense efficace pour les mûriers que je souhaite y planter. J’utilise des kasugai 鎹 pièces métalliques en forme de U, comment dit on en français, pour fixer les troncs les uns aux autres.
Je fais deux enclos de un mètre quarante de côté. Je plante un mûrier dans chaque. Les troncs de cryptomère ensemble doivent faire une demie tonne, ça devrait marcher contre les sangliers, et puis bien sûr les filets, contre les chevreuils.
Pourquoi planter des mûriers ? Autrefois il y en avait partout dans la vallée, leur feuilles nourrissaient les vers à soie dont tout le monde faisait l’élevage.
Pourquoi en planter en montagne ? Ca a l’air très compliqué et il n’y a peut être pas assez de lumière. C’est vrai, c’est très compliqué mais bon ! je veux essayer.

Et puis un autre enclos de quatre mètres sur quatre, pour y mettre deux mûriers et aussi des Yamato imo, un genre d’igname. C’est une expérience, apparement ça pousse très bien en montagne, donc on verra.
Pour ce grand enclos les troncs d’arbre de quatre mètres sont trop lourds à porter, donc je les fends en deux avec une masse et un coin.

Quel boulot ! Et pour quoi ? Pour le fun ! Je vous dis c’est exténuant de faire tout ça mais travailler comme ça en forêt c’est un vrai bonheur, il y fait bon, marcher sur la terre, entendre quelques oiseaux, transbahuter des trucs ….


Cette semaine
Le printemps arrive à grands pas après un hiver excessivement doux ici.
On sent vraiment les effets des transformations du climat.
Les oiseaux sont de retour, je les observe tous les jours du bureau. Une paire de jumelles permet de zoomer et de les observer en détail.
J’avais mis à leur disposition dans une boite des graines de tournesol, récoltées l’été dernier mais ils n’y ont pas du tout touché.
Ils viennent souvent se mettre à côté d’un sansho, à quatre mètres devant ma fenêtre.
J’apprécie vraiment de pouvoir travailler à la maison cela offre ces petits moments de beauté, impossibles à saisir dans un bureau.
Voilà quelque chose d’ennuyeux quand même avec les chats, ces sacrés chasseurs, c’est que souvent ils ramènent des oiseaux à la maison. Parfois ils ne sont même pas blessés et nous parvenons alors à les attraper dans la cuisine pour ensuite les relâcher.
Si le travail prend vraiment beaucoup de temps, j’apprécie certains moments.

J’aime bien bosser avec les américains, parfois nous passons de bons moments au téléphone surtout qu’au début des réunions on commence toujours par quelques blagues.

Cette semaine je remarque que les collègues américains me posent des questions sur le coronavirus. J’imagine qu’aux Etats Unis aussi les médias parlent de ce nouveau virus qui se propage, propage, maintenant il a été détecté quasiment partout. Et au Japon aussi chaque jour de nouveaux cas sont annoncés.
On voit ici que les gens s’inquiètent, car il y a une pénurie de masques. Même la superette du village, n’en a plus et les rayons sont vides. Pareil pour les produits pour se désinfecter les mains.
Bientôt les périodes du pollen avec notamment celui des cryptomères (période où beaucoup de personnes se protègent avec des masques) et je me demande comment les stocks de masques vont pouvoir être reformés.
Je suis certain aussi que à Tokyo dans les hautes sphères on commence à s’inquiéter avec les jeux olympiques de cet été et qui ont coûté la bagatelle de 30 milliards de dollars. On peut se rappeler que les jeux olympiques de Tokyo en 1940 avaient été annulés avec la guerre. Bien sûr on espère que cette épidémie va s’enrayer, peut être avec les pluies, peut être avec le changement de température.

Bande Dessinée: page 2 !!
Page 2 de mon nouveau projet de BD … je ne m’étends pas longtemps sur Tokyo qui est hors sujet, et tout de suite nous montrons comment nous avons trouvé notre maison à la campagne. C’est encore un draft quelques corrections restent à apporter mais ici c’est bon à 95 pour cent.
Bande Dessinée: Première page!
A y réfléchir et à écouter ma femme, je changerai sans doute le titre de ce projet de bande dessinée, inspirée de notre vie à la campagne, ici au Japon.
Titre (provisoire): Histoires Naturelles.
Depuis longtemps, j’ai compris que ma femme a toujours raison.
Depuis le dernier article à ce sujet en mars dernier; le projet a avancé et les quinze premières pages sont quasiment ficelées. Il reste beaucoup de travail … encore 65 pages à faire !!!
Voici la première page. On y raconte comment nous avons vécu dix ans à Tokyo … si si j’exagère à peine …
Changement de train (20 minutes)
Hier je suis enfin rentré à la maison, après un business trip (voyage d’affaires, c’est pompeux n’est ce pas… et puis … de quelles affaires s’agit-il), en Europe et aux United States of Amerika. Je suis bien content d’être de retour à la maison !!!
L’avion était jusqu’à l’aéroport de Tokyo: Narita.
Un train express éponyme relie l’aéroport au centre de Tokyo. Je suis descendu à la gare de Shinagawa à Tokyo pour ensuite prendre le shinkansen (ou bullet train, ou TGV Japonais), lequel m’amène à Himeji en mois de trois heures dans le plus grand confort (la première classe vaut le coup).
…. C’est fichtrement pratique tout ça !
Il y avait 20 minutes de flottement pour changer de train à Shinagawa. J’en ai profité pour y faire un tour dans la gare en tirant ma valise à roulettes. Tenant dans l’autre main un petit ipod avec lequel j’ai pris quelques photos.
Shinagawa n’est pas la gare la plus busy au monde, 360,000 personnes l’empruntent chaque jour; donc la même fréquentation que Paris Saint Lazare. La fréquentation de la gare la plus busy au monde (Shinjuku) est double: 757,000 personnes par jour.
Je voulais ainsi capturer l’ambiance de la gare, ce grand commutateur à hommes et femmes.
Un afflux de gens continuel. La foule coule comme de l’eau, les gens ne s’effleurent pas. On reste propre.
Des boutiques de souvenirs, des gâteaux et des boites à bento étalent un luxe et un raffinement impressionnants.
Ah ! La civilisation !
Les petites pâtisseries sont présentées comme des bijoux précieux.
Il y a des échoppes où l’on peut casser la croûte rapidement.
D’autres où des couples prennent un verre et discutent …
Les trains arrivent et repartent toutes les trente secondes, c’est le pouls de la ville.
vendeur de chocolat
avec ces putains de smart phones, les gens ne se parlent plus.
rien de suspect ?
rentabilisation du centimètre
resto de curry rice
au Japon j’apprécie que l’on paie encore en cash
il a fait tomber son stylo
retour de chantier
une bonne photo dans le tas
c’est la fête des noix et je pense à François Hollande
j’aime bien l’uniforme de l’agent de propreté
soupes de nouilles
un bar à sushi où l’on mange debout (tachigui)
repos entre deux trains
en route !
Une journée a Tokyo
Je passe un dimanche à Tokyo, coincé entre deux voyages d’affaire, un en Europe et un aux US.
Tokyo n’a pas beaucoup changé en 5 ans. Très heureux de voir que quelques petites bulles de bonheur et d’humanité y sont toujours.
En particulier ma librairie préférée, fondée en 1905 et depuis tenue par sept générations successives de libraires. J’y acheté d’ailleurs des pléiades d’occasion pour charger ma bibliothèque à la maison, entre autres les journaux de Gide et de Claudel, ainsi que les cahiers de Valéry.
Surpris de voir beaucoup de jeunes. Tokyo c’est l’aspirateur de la jeunesse japonaise, l’exode des jeunes des provinces vers la mégalopole continue. La mégalopole les digère, les phagocyte en consommateurs et salariés malléables. Ceux qui une fois à l’age de la retraite n’auront pas un sous continueront comme chauffeur de taxi jusqu’à leur dernier tour, ceux qui auront quelque économies voudront peut être de l’espace et iront se trouver une maison à la campagne, une fois les fêtes finies et le vin bu.
Apprécie beaucoup une certaine sérénité dans la foule. Cela semble changer d’un quartier à un autre. Dans le quartier des libraires à Jimbocho les gens étaient vraiment tranquilles. Il y a une paix dans le désordre. Par contre il y avait plus d’excitation à Ueno.
Mais rarement la foule ne se gène. C’est la une des magies du Japon.
Admire l’architecture urbaniste, tout est optimisé pour le grand nombre. Tout est machinal. L’efficacité des trains etc … L’abondance des chiottes publiques … Ca me rappelle … la propreté irréprochable de l’aéroport de Haneda à Tokyo et la saleté latente de Charles de Gaulle à Paris, même dans le terminal le plus récent … où je pouvais distinguer partout de la poussière et des déchets.
Je sens que beaucoup dans la foule sont dans l’attente de quelque chose. Quelque chose de nouveau. Que faire, sinon consommer ? Cela saute aux yeux quand on voit la recherche d’objets nouveaux, dans les magasins. D’ailleurs il y a beaucoup de jolies choses. C’est un art, que de choisir et faire venir des objets des vêtements joliment faits des quatre coins du monde.
J’apprécie cette longue promenade à Tokyo mais il me manque de rentrer à la maison au village pour pouvoir avoir de l’espace (mon espace) et fouler la terre. Marcher sur le bitume ça n’est pas naturel et c’est très fatigant. J’ai besoin de terre.
A Tokyo j’hésitais un peu où aller. J’ai fini par suivre, presque automatiquement, les chemins qu’il y a 20 ou 10 ans je suivais régulièrement. Presque un comportement animal où je suis mes propres traces. Le chemin constamment emprunté par les animaux c’est le kémonomichi. 獣道 Il y en a beaucoup dans ma montagne. Donc de retour à Tokyo un jour je retrouve mes anciens kémonomichi, avec beaucoup de plaisir. J’ai donc commencé par Jinbocho le quartier des libraires et des livres anciens. Puis suis allé dans notre ancien quartier à Nishi ogikubo et Kichijoji.
J’en ai profité pour revoir des amis, pas vus depuis trois ou quatre ans. Les amis c’est le plus important.
Partout, des signes de choses interdites. Pression continue pour contrôler les comportements.
L’entrée d’une maison à nishiogikubo
A Tokyo il y a beaucoup d’animaux, mais ce sont des objets.
Le parking d’un hôtel de passe ou love hôtel. Jolies colonnes rouges.
????
encore un homme – poulet ?
un petit resto transformé en maison de hobbit.
et la un nain de jardin !!!
pub pour le tourisme au Tohoku, la région qui a été frappée par le tremblement de terre de 2011.
Pub sur un camion pour recruter des futures hôtesses de bar ou autres choses, possiblement prostitution. Salaire > 50 euros de l heure. l’affiche est amusante, cote droit une fille qui n’a pas d’argent et cote gauche une fille qui sourit avec un signe du Yen sur la joue.
Publicité pour détectives privés. Pourquoi le singe ?
Livres sur la peinture hollandaise, joli travail sur les étiquettes. de la belle ouvrage à l’ancienne.
un fabricant de sacs en cuir choisit la silhouette d’un cuirassier comme logo.
bu un coup de trop ?
Les poubelles d’un fleuriste
logo d’une papeterie
avant j’étais fondu dans cette foule de moutons noirs tous les jours …. c’était une épreuve.
un trou dans la ville
Notre ancienne rue
Une petite porte secrète. J’aime bien la poignée.
Le logo d’un café. Le caractère est intéressant. On le retrouve dans le terme dekoboko 凸凹 (aspérité, irrégularité)
Ma librairie préférée
Mon resto préféré à Tokyo
Mon restaurant préféré à Tokyo: Y’s café. 03-3394-1557
Cinq ans que nous avons quitté Tokyo et si il y a une chose qui me manque c’est Y’ café (avec les amis aussi bien sur)
Dans le quartier de Nishiogiokubo. 西荻窪 Suginami ku. Gare Nishiogikubo sur la ligne JR Chuo. A quinze minutes de Shinjuku. Il faut sortir de la gare; s’engouffrer dans une petite rue direction nord et 8 minutes plus tard prendre la droite. Une grosse harley davidson bleue est toujours garée devant le resto donc difficile de le manquer.
L’ambiance est style îles des mers du Sud / Okinawa. Des poissons, des tortues sur les murs. L’ambiance est très relax.
La cuisine servie à Y’s Cafe est variée. Le curry japonais ou kare- raisu カレーライス y est excellent et c’est le meilleur que j’y mange au Japon (essayer le porc, ポークカレー).
Et noter le dry kare ドライカレー, un pur bonheur d’arômes et d’épices. Franchement j’en mangerais volontiers tous les jours.
Le menu est énorme, la seiche à la tomate イカ飯, les salades et les pickles sont tous des numbers one.
… Tout n’est pas seulement dans la bouffe. Il y le contact aussi. Les propriétaires sont si sympathiques. A force de manger chez eux, nous sommes devenus des amis.
Le patron peut intimider, avec un air de loubard surfeur, mais détrompez vous il est très timide. Et c’est toujours chouette quand son grand rire résonne de derrière les fourneaux.
Et son épouse, toujours un mot gentil et tant d’attention aux détails. Une belle équipe.
Ce sont de vrais pros et régulièrement ils inventent de nouveaux plats.
J’ai fait quelques dessins humoristiques représentant leur restaurant et très aimablement ils les ont accrochés aux murs.
Comme j’étais à Tokyo ce dimanche. j’en ai profité pour y faire encore un tour….
Si vous êtes à Tokyo, n’hésitez pas …
Photos Japon 1995-1998
Voici un petit book avec une selection de photos prises au Japon entre 1995 et 1998.
C’est en quatre parties, quatre V:
Ville
Vie
Ventre
Vide
Clickez sur le lien ci dessous pour y acceder en mode PLEIN ECRAN
11 mars 2011 … 5 ans déjà
Nous pensons avec émotion et tristesse à toutes les vies perdues et bouleversées par le tremblement de terre, le tsunami et la catastrophe nucléaire qui ont frappé le Japon le 11 mars 2011 et les jours qui ont suivi. C’était il y a cinq ans. Beaucoup de malheur et de destruction qui ont frappé le Japon et son peuple.
Je vais raconter comment nous avons vécu ces événements. A l’époque nous étions à Tokyo.
J’étais au bureau; vingt deuxième étage d’un gros building quand tout s’est mis à trembler. Ma femme était à la maison avec le fils.
Le bureau s’est mis à bouger. Au début les collègues avaient un sourire amusé, jusqu’au moment où on a compris que ce serait pas comme d’habitude, car les secousses n’arrêtaient pas et étaient plus violentes à chaque coup. Alors tout le monde s’est planqué sous son bureau. Le building où nous étions, un truc super classe construit en isolation sismique, faisait des bruits de craquements, et, au 22è étage ça tanguait fort. Les tiroirs des bureaux s’ouvraient et se refermaient comme animés par un poltergeist. Par la fenêtre on voyait l’autre building en face qui tanguait lui aussi comme une énorme barque et on voyait les deux gratte ciels se rapprocher dangereusement.
Tout a bien tenu, incroyable! Plusieurs heures plus tard la TV nous informait du tsunami qui ravageait la région au nord. Je n’ai pas du tout saisi l’ampleur du désastre sur le moment je dois l’avouer. Ma méconnaissance de la géographie. Les trains étaient arrêtés et il y avait des dizaines de milliers de personnes dans la rue qui rentraient chez elles, à pied. Je suis resté au bureau jusqu’à minuit afin d’éviter prudemment la foule et les mouvements de panique en cas de nouvelles secousses, et suis arrivé à la maison vers deux heures du matin.
C’est le lendemain matin que l’on a commencé à entendre parler des centrales nucléaires. L’explosion du premier réacteur devant les caméras des TV, le 12 mars. Tout d’un coup revenaient dans ma tête les images de Tchernobyl. Donc, quoi, Tokyo était tout d’un coup devenue Kiev ? Le 13 au soir le premier ministre japonais affirmait à la TV qu’il fallait construire un nouveau Japon; autrement dit la situation était incontrôlable.
Cinq ans ont passé et on peut affirmer que cela aurait pu être bien pire. Tokyo et le reste du Japon ont eu de la chance; d’autres trucs auraient pu péter, comme les piscines de combustible etc… Le Japon a su aussi garder sa cohésion sociale. Le prix à payer, humain, sanitaire, économique, est cependant considérable. Et ça n’est pas fini, car qu’en est il de la santé de ceux qui vivent dans les régions contaminées ?
Une catastrophe nucléaire se passeraient en France, les gens feraient la chasse aux agents EDF en représailles, j’en suis certain …. Ce serait un sacré bordel.
Enfin, sur toute cette histoire nucléaire j’ai écrit une bande dessinée …
Nous sommes restés à Tokyo jusqu’à ce que nous ayons l’idée de faire examiner un échantillon de la terre de notre jardin à Tokyo et un échantillon de la terre du jardin de mes parents en région parisienne. Je voulais comparer la quantité de merde radioactive qui était tombée dans notre quartier à Tokyo avec un lieu familier et pour moi synonyme de sécurité. … Combien de merde radioactive vivions nous donc avec …
Le résultat indiquait pour l’échantillon de Tokyo une densité de césium vingt fois supérieure à celle de Paris. Je pense que si le rapport avait été seulement de cinq ou huit nous serions restés … Mais vingt c’était bien au dessus du seuil (psychologique) que nous nous étions fixé.
Ca n’est pas très scientifique me direz vous mais sur la question nucléaire les avis sont tellement partagés et les informations tellement contradictoires.
Cela nous a donc décidés à aller voir ailleurs. Par contre nous ne voulions pas fuir pour fuir, mais partir pour construire quelque chose de nouveau. Aussi nous considérions que le risque s’imposait à long terme et pas forcement dans l’immédiat. Mon job étant dématérialisé, je pouvais le faire de n’importe où. Aller vivre à la campagne s’imposait. De fil en aiguille nous avons trouvé notre nouvelle maison.
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