Tagué: squelette de chat

Les animaux

Vivre à la campagne entouré de la nature c’est vivre à proximité d animaux sauvages et partager avec eux le même espace. Et parfois les mêmes ressources lorsque ceux ci viennent dévorer, la nuit, en cachette, les légumes et les fleurs des jardins.
La présence de ces animaux, chevreuils, sangliers, blaireaux, fouines et mêmes singes et ours signifie que l’environnement où nous vivons n’a pas été saturé de polluants et de poisons. Si les bêtes peuvent vivre ici, il y fera bon vivre pour nous aussi les hommes.
Il est cependant assez rare de voir les animaux, ce sont des visions fortuites au hasard de promenades nocturnes ou au lever du jour. La journée, les animaux se dissimulent dans les montagnes et ils ne sont plus visibles.
Par contre on découvre parfois les ossements d’animaux.
  • je trouve la carapace d’un bébé tortue à côté du jardin.
  • un jour en forêt ma femme découvre le crâne d’une biche.
  • plus récemment nous apercevons au bord d’une route le crâne d’un blaireau.
  • et le squelette de chat trouvé derrière la maison
On peut se demander par quelles magies ces ossements d’animaux viennent croiser nos chemins.
Il y a peut etre un peu de Totoro là-dedans…comme les mondes parallèles, ceux de la réalité (le monde des adultes) et ceux des enfants, et ceux des esprits de la forêt qui parfois s’entrecroisent. Les enfants sont sur la frange intermédiaire, entre le monde des adultes et celui des esprits de la forêt. Voilà l’histoire de Totoro.
Les ossements découverts sont l’empreinte minérale des animaux sauvages.
En disparaissant les animaux sauvages cessent d’etre invisibles. C’est comme si soudain il existaient à la fois dans leur monde et le nôtre.
Les animaux sauvages après leur mort viennent nous rappeler leur existence, et le fait que les montagnes; les forêts, le village n’appartiennent pas qu’à nous les hommes, mais que nous les partageons avec d’autres êtres.

L’écosystème et l’escalier

Le mur derrière la maison. Un tas de bois datant de 10 ans au moins le protégeait du regard. L’hiver et le chauffage au bois aidant le tas de bois a diminué.

Le mur a l’âge de la maison. Il est en terre battue, apposée sur un treillis fait de bambou. De méchantes plantes de bois le protégeaient à moitié du tas de bois. Le tas de bois, mélange de branches de cyprès idéales pour commencer le feu, de vielles planches de bois, et des morceaux de pin qui avaient du servir à chauffer l’eau du bain jadis.

L’endroit coincé sous un préhaut est sombre; humide. Je n’étais jamais vraiment rassuré lorsque la nuit j’allais y chercher du bois pour alimenter Calcifer notre poêle à bois. J’avais l’impression à la fois d’être observé par des animaux et d’être à la frontière d’un monde parallèle (mais par nécessairement hostile).

Finalement nous dégageons tout le tas de bois pour faire réparer le mur. Il aurait fallu une autre année à Calcifer pour en venir à bout, et nous voulons fermer les autoroutes à scolopendres avant l’été.

Et nous avons quelques surprises.

1 une petite colonie de termites s’est installées entre des planches au milieu du tas de bois. Impressionnant de voir ces êtres redoutables, blancs, silencieux. La colonie heureusement est limitée à quelques planches. Je jette les termites à la rivière avant d’aller brûler le bois derrière les montagnes. Holocauste.
2 le reste du squelette du chat dont nous avons parlé plus tôt. On voit les deux omoplates et des vertèbres. Le chat est il mort ici silencieusement ou le renard l’a-t-il mangé ?
3 et puis, sur le mur de terre battue, enfin dégagé des planches, de délicates structures de terre construites par de petites guêpes.

Le mur en lui même n’est pas en si mauvais état. Saki chan le charpentier du village nous dit que les murs anciens en terre battue sont très solides.
Certes il y a des trous. Pas étonnant que des animaux se promènent sous le plancher de la cuisine. Mais je m’attendais à quelque chose de bien pire.

La nature nest pas naive. Il ne faut pas la sous-estimer. Cependant même si la nature est cruelle et dure, elle n’a pas la méchanceté ni la bêtise de l’homme.

En tout cas il s’en est passé des choses; dans notre tas de bois, derrière la maison.

Une dernière remarque. Chacune de notre expérience à la campagne est crescendo. Nous sommes partis de zéro. A mesure que nous nous accoutumons à ce nouvel environnement et que nous en profitons avec plus de profondeur, viennent des événements dont nous nous serions bien passés. (le scolopendre, les insectes, un animal sous la cuisine, et ces termites, et le squelette du chat). Ce sont comme les marches d’un escalier, que nous gravissons pas à pas, les étapes d’une initiation.

tsuchikabé

Le mur derrière la maison. Une fois le tas de bois et les planches dégagés.

nid de guèpes

Les délicats nids de guèpes sur le mur même. Les guèpes ont sans doute utilisé la terre du mur pour les faire.

Les os du chat

Le reste du fameux squelette du chat. Qui était bien caché derrière les fagots.

termites

Les termites découvertes entre des planches. Je les ai balancées dans la rivière. Mais j’ai remarqué que, le lendemain, les poissons ne les avaient pas mangées.