Tagué: squelette

Un crâne de chevreuil et rêveries

Ce matin je vais faire un petit tour, histoire de faire une pause dans mon travail sur ordinateur. Je marche au pied de notre petite montagne … aperçois une forme blanche.

crane chevreuil 1

Après vérification en effet c’est bel et bien le crâne d’un chevreuil. C’est juste au bord de la route, mais dissimulé dans la végétation.

Il est très beau et serait un magnifique ajout au pare-choc de notre camion.

crane chevreuil 11

Quelques réflexions s’invitent. Attention, ça va délirer sec.

Ces os blanchis par la pluie et le temps sont l’empreinte minéralisée des animaux sauvages. Ils vivent autour de nous dans le même espace, mais pas dans les mêmes zones horaires. Je suis diurne. mais les chevreuils sont plutot actifs la nuit. C’est au crépuscule qu’ils s’approchent du village et pénètrent les potagers, alors que tout le village est devant sa TV, son ordinateur ou sa playstation. On peut donc penser à des mondes parallèles qui se superposent, et rarement se croisent.

Les ossements sont une sorte d’empreinte permanente qui est indépendante du temps. C’est comme si l’animal, une fois mort, devenait visible dans notre monde à nous (dans notre zone horarire).

Une autre réflexion, c’est que je ne trouve presque jamais de squelettes entiers. Par quels phénomenes les os disparaissent et se séparent les uns des autres. Il y a-t-il une force magique en action ?

Troisième réflexion, c’est que si j’avais une tonne de temps, si j’étais au chômage, je prendrais la peine de ramasser tous les cadavres d’animaux que nous trouvons souvent aux bords des routes pour leur offrir une sépulture chrétienne digne de ce nom dans la montagne. Je sais que la religion chrétienne est homo-centrique et qu’elle ne s’interesse que très peu à la chose animale. C’est là une grave lacune et j’y remédierais ainsi à ma facon.

Ces sujets sont -au moins pour moi- tout à fait passionnants et si j’en ai la force je les développerai dans un futur projet de bande dessinée. Intitulée Histoires Naturelles.

Un crâne de chevreuil et rêveries

Un crâne de chevreuil et rêveries

L’écosystème et l’escalier

Le mur derrière la maison. Un tas de bois datant de 10 ans au moins le protégeait du regard. L’hiver et le chauffage au bois aidant le tas de bois a diminué.

Le mur a l’âge de la maison. Il est en terre battue, apposée sur un treillis fait de bambou. De méchantes plantes de bois le protégeaient à moitié du tas de bois. Le tas de bois, mélange de branches de cyprès idéales pour commencer le feu, de vielles planches de bois, et des morceaux de pin qui avaient du servir à chauffer l’eau du bain jadis.

L’endroit coincé sous un préhaut est sombre; humide. Je n’étais jamais vraiment rassuré lorsque la nuit j’allais y chercher du bois pour alimenter Calcifer notre poêle à bois. J’avais l’impression à la fois d’être observé par des animaux et d’être à la frontière d’un monde parallèle (mais par nécessairement hostile).

Finalement nous dégageons tout le tas de bois pour faire réparer le mur. Il aurait fallu une autre année à Calcifer pour en venir à bout, et nous voulons fermer les autoroutes à scolopendres avant l’été.

Et nous avons quelques surprises.

1 une petite colonie de termites s’est installées entre des planches au milieu du tas de bois. Impressionnant de voir ces êtres redoutables, blancs, silencieux. La colonie heureusement est limitée à quelques planches. Je jette les termites à la rivière avant d’aller brûler le bois derrière les montagnes. Holocauste.
2 le reste du squelette du chat dont nous avons parlé plus tôt. On voit les deux omoplates et des vertèbres. Le chat est il mort ici silencieusement ou le renard l’a-t-il mangé ?
3 et puis, sur le mur de terre battue, enfin dégagé des planches, de délicates structures de terre construites par de petites guêpes.

Le mur en lui même n’est pas en si mauvais état. Saki chan le charpentier du village nous dit que les murs anciens en terre battue sont très solides.
Certes il y a des trous. Pas étonnant que des animaux se promènent sous le plancher de la cuisine. Mais je m’attendais à quelque chose de bien pire.

La nature nest pas naive. Il ne faut pas la sous-estimer. Cependant même si la nature est cruelle et dure, elle n’a pas la méchanceté ni la bêtise de l’homme.

En tout cas il s’en est passé des choses; dans notre tas de bois, derrière la maison.

Une dernière remarque. Chacune de notre expérience à la campagne est crescendo. Nous sommes partis de zéro. A mesure que nous nous accoutumons à ce nouvel environnement et que nous en profitons avec plus de profondeur, viennent des événements dont nous nous serions bien passés. (le scolopendre, les insectes, un animal sous la cuisine, et ces termites, et le squelette du chat). Ce sont comme les marches d’un escalier, que nous gravissons pas à pas, les étapes d’une initiation.

tsuchikabé

Le mur derrière la maison. Une fois le tas de bois et les planches dégagés.

nid de guèpes

Les délicats nids de guèpes sur le mur même. Les guèpes ont sans doute utilisé la terre du mur pour les faire.

Les os du chat

Le reste du fameux squelette du chat. Qui était bien caché derrière les fagots.

termites

Les termites découvertes entre des planches. Je les ai balancées dans la rivière. Mais j’ai remarqué que, le lendemain, les poissons ne les avaient pas mangées.

Le chat

le crane de chat

le crane de chat

Sous un tas de fagots, à l’abris derrière la maison et le chais, j’aperçois des formes blanches. Je me rapproche un peu et trouve là des os. Le premier que je découvre est un petit crâne.

Les orbites sont énormes et je pense à un animal nocturne.
Les dents montrent des canines pointues et menaçantes, c’est un carnivore, un chasseur.
Pour identifier la bête, je cherche sur le net les photos de crânes de putois, de fouines, de belettes, pour enfin tomber sur celui d’un chat.
Oui il s’agit du crâne d’un chat.
Le puzzle se complète peu a peu et lors des visites suivantes je découvre au même endroit les os de la queue, les vertèbres, des côtes et des omoplates.
Les os sont blanchis, propres, pas la moindre trace de fourrure ou de viscères; la petite bête a dû mourir là il y a plusieurs mois, car il ne reste que les os, la, sous un tas de fagots, juste derrière le mur où était l’autel bouddhique.