Tagué: S’installer dans un village au Japon

D’autres photos aériennes

Le voisin est repassé avec son drone et a gentiment pris d’autres photos du village.

le drone DJI made in china a du prendre ces photos à 150 mètres de hauteur …

 

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Ben oui y a que des montagnes … la vallée est ici étroite … Les montagnes sont recouvertes de cryptomères, plantés il y a 40 ou 50 ans …

 

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Ah ! c’est moi le point orange sur la photo 😉 Les arbres alignés en allumettes; c’est notre montagne. Dessous la zone parsemée de points blancs c’est la première terrasse où nous avons planté moults arbres.

C’est assez petit n’est ce pas … c’est pas un ranch au Texas notre truc …

 

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Et notre village encore ….

 

 

Le riz de cette année

Depuis notre installation dans le village nous mangeons le riz produit par monsieur K.

Ce matin monsieur K vient nous apporter le riz qu’il a récolté la semaine dernière. Le riz est livré en sacs de 30 kilos. Nous lui avions commandé trois sacs.

Ces trois sacs feront notre consommation jusqu’à l’année prochaine.

 

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Pour nous remercier il nous offre deux bouteilles de thé.

Quatre Ans ! 444ème article ! rétrospective …

Voici le quatre cent quarante quatrième article de ce blog. Ca fait quatre ans que nous avons commencé une nouvelle vie à la campagne en nous installant dans un petit village de la région du Kansai, au Japon.

Une première surprise avec ce blog c’est d’avoir autant de lectrices et de lecteurs. Je me réjouis toujours de vos commentaires et de vos questions.

Une deuxième surprise c’est d’avoir encore des choses à raconter, après quatre ans.

Je suis tenté de retracer une mini chronologie de ce blog, car il y a eu plusieurs phases ou étapes. Et on pourrait résumer tout cela en: initiation du novice citadin à la vie à la campagne (au Japon).

Eté 2012 

Installation dans le village. Premières impressions.

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Nous étions encore bien naïfs, nous ne savions rien de la vie à la campagne.

Et nous avions encore peur des insectes.

On écrit aussi un peu sur notre maison japonaise. Qui avant les travaux n’était pas vraiment folichon.

Pour nous c’est une nouvelle vie, même si j’ai la possibilité de garder mon job en informatique, que j’effectue désormais à distance, à la maison.

Hiver 2012-2013

Une periode ou l’on essaie tout et où rien ne marche vraiment, faute d’expérience. Cela n’entame pas notre enthousiasme pour autant. Je me sens un peu comme Jean de Florette ….

Printemps – été 2013

Concert de rock punk dans le temple bouddhiste du village. Le bonze de notre village est délirant.

Nous faisons la rencontre de S. C’est un moment clef pour nous car c’est par l’intercession de S. que nous apprenons énormément par la suite.

L’histoire de notre initiation à la vie à la campagne est un peu comme un escalier dont nous gravissons les marches une à une.

S. est charpentier, nous lui commandons la destruction d’une vielle batisse juste en face de notre maison, qui est en très mauvais état. Jadis construite pour l’élevage des vers à soie. A la place S. construit une petite maison de une pièce; selon les techniques de construction japonaises traditionnelles et avec le bois des arbres qu’il a coupés lui-même dans la montagne. Je passe beaucoup de temps à regarder comment il travaille. C’est beau et passionnant.

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Hiver 2013-2014

Mes parents et ma tante nous honorent de leur visite et voyagent de France. Nous visitons un peu Kyoto qui n’est pas loin et passons beaucoup de temps dans le village. Ma mère prépare un civet de chevreuil qu’elle fait goûter aux voisins avec beaucoup de succès.

Nous construisons aussi ensemble un abri pour stocker notre bois.

Nous achetons un camion keitora. Ceci marque symboliquement notre appartenance à la campagne Japonaise.

Hiroshi nous donne un petit chaton abandonné, et nous le nommons Minou. Minou est très faible, malade, pleine de parasites. Mais en quelques semaines elle devient un chat magnifique.

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En un an nous avons réalisé la puissance de la nature qui nous entoure au village. La beauté des insectes, des plantes, du ciel, de l’eau. Cette vérité que nous avions oubliée nous immerge. Et puis, marcher sur la terre lorsque nous jardinons, et le contact avec le bois.

Vivre dans une maison japonaise ancienne, faite de bois et de terre..  On est ainsi en permanence connecté avec l’univers et on se sent très très bien.

Un an après notre installation, nous savons que la ville (Tokyo) ne nous manque pas.

Une grande surprise aussi est la qualité des relations que nous entretenons avec nos voisins. Tout le monde est sympathique et nous a acceptés d’emblée. On comprendra plus tard que les gens étaient très contents de voir des gens s’installer avec un jeune enfant.

Ma femme bien que venant d’une région plus au sud s’est très bien habituée à la vie dans notre village et affirme ne vouloir retourner à Tokyo pour rien au monde. Quand à moi; vivre ici au village c’est comme vivre en France. Il y a de l’espace (plus qu’à Tokyo), de la nature (plus qu’à Tokyo) et les gens me foutent la paix (comme à Tokyo). Donc je ne sens aucun dépaysement. A part la distance avec la famille et le manque de fromage.

Et les discours de François Hollande nous rappellent à chaque fois que nous sommes très bien au Japon.

Printemps 2014

Pour une année, et suivant la rotation d’une maison l’autre, nous sommes chef du district. Ou rinpocho. Ca consiste surtout à collecter des sous chaque mois. Par contre, une personne âgée de notre district décédée, notre qualité de chef de district nous amène à jouer un rôle clef lors des obsèques.

On comprend alors combien les liens de confiance entre tous sont importants dans le village. Nous nous sentons aussi très intégrés.

Lis the good life de Helen et Scott Nearing.

Nous récoltons du thé dans la forêt.

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Eté 2014

Récolte un carton de pommes de terre.

Automne 2014

Nous faisons l’acquisition d’un bout de la montagne; juste en face de chez nous. Commence à débroussailler. La montagne deviendra par la suite un immense terrain de jeu et d’expérimentations. Ce moment marque vraiment notre passage à l’action.

Nous pouvons remodeler la montagne à notre guise. Mon projet est de réduire la quantité de cryptomères, dégager la jungle et les broussailles et planter une grande variété d’arbres, afin que la nature puisse repartir et se re développer.

Le contact avec la terre aussi nous fait toujours du bien. Chaque personne sur cette planète devrait avoir son petit lopin de terre et y faire des trous. Le monde irait bien mieux.

On pense au concept de grounding où justement on est connecté à la terre.

Commence aussi une longue relation avec les sangsues.

Des visions de moissonneuses de riz transformée en robots gundam.

moissonneuse Gundam

Hiver 2014 – 2015

Découvre dans une montagne voisine un cerisier géant et écroulé. Il s’appelle ‘cerisier éléphant‘. Je le débite et le ramène à la maison. Bonne expérience avec la tronçonneuse. Dois doubler la capacité de notre abri bois.

Je finis ma première Bande Dessinée Tout Ira Bien. Dernière page publiée sur le blog !

Dans la montagne, plante les premiers arbres.

Minou commence à se promener dans la montagne, en notre compagnie.

Printemps 2015

Visite de Kristophe Noel, photographe, rencontré via ce blog.

L’ecole maternelle du village ferme, faute d’enfants. Le vieillissement de la population et le peu d’enfants est un très gros problème Japon et va aller de mal en pis.

Je me relance dans le jardinage mais je l’avoue sans trop de succès, à cause de mon boulot trop busy et de mon manque de focus.

Eté 2015

Pourtant le thème de l’agriculture continue de me passionner; et je lis un excellent book sur la permaculture et autres méthodes.

Automne 2015

Autre signe que les choses commencent à partir sérieusement en rouille avec la diminution de la population; la superette du village ferme.

Hiver 2015-2016

Travaille de nouveau dans la montagne. Dégage la deuxième terrasse. Plante une vingtaine d’arbres.

le plan de la montagne

Publie ma bande dessinée Tout Ira Bien. à compte d’auteur. Le résultat; imprimé, est vraiment convaincant. Vends sur le net. Versions Française et Anglaise.

Exposition photo de Kristophe Noel dans un café du village. Portraits des habitants.

Fais la connaissance de TS, un jeune agriculteur de la région, éduqué aux Etats Unis. On parle en Anglais. Par la suite je fais connaissance avec quelques étrangers établis ici, ce qui est une première, et un soulagement un peu de ne pas être me seul étranger de la région.

S. donne un coup de main et coupe une dizaine d’arbres dans notre montagne. Des cryptomères.

Printemps 2016

Notre fils rejoint l’équipe de baseball du village.

S. propose d’utiliser le bois des arbres de notre montagne et de construire un truc avec. Commence alors le projet de Technology Transfer je vais travailler les week ends dans l’atelier de S., S. m’enseigne les ficelles de son métier. C’est passionnant. On aimerait devenir charpentier !

Eté 2016

444è article de ce blog.

S’installer dans un village au Japon

On a un peu parlé du rôle du rinpochou dans un article précédant, et comment les liens entre les habitants d’un village au Japon sont forts et basés sur la confiance mutuelle.

Comment se passe l’installation d’un nouveau dans un village au Japon ? Voici quelques anecdotes.

Pour nous, l’installation dans le village a été des plus simples. Avant notre installation nous sommes allés nous présenter au chef du village le jichikaichou. Il n’y a eu sinon aucune formalité particulière.

Un beau souvenir, c’était peu après que nous ayons acheté la maison, il y avait la fête du Obon avec tous les villageois et leurs familles assemblés dans la salle des fêtes.  La les gens nous ont demandé de monter sur l’estrade nous ont tendu un micro et nous ont demandé de nous présenter à tout le monde. Tout dans la bonne humeur.

Cela varie donc beaucoup d’un village à l’autre, mais parfois s’installer dans un village au Japon peut être beaucoup plus compliqué:

Un ami (Japonais) a il y a 10 ans voulu acheter un terrain dans un village dans une région montagneuse, pour y construire une petite villa. Mais avant de pouvoir acheter le terrain il a dû présenter, devant l’assemblée du village, la nature de son projet et en expliquer tous les détails ainsi que son curriculum. Ensuite les villageois ont procédé à un vote. Finalement notre ami a été autorisé à acheter dans le village … Il avait obtenu l’autorisation … à une voix près.

Il faut aussi savoir que certaines communautés imposent de payer une somme d’argent à toute nouvelle personne désirant s’y installer. On appelle ça le nyuusonryou にゅうそんりょう 入村料. Frais d’entrée dans le village. Il y a plusieurs explications.

Dans certains cas le frais d’entrée est censé compenser les investissements réalisés par les villageois dans le passé, comme la pause des canalisations d’eau etc ..; on veut faire participer le nouveau venu.

Dans certains villages, le frais d’entrée est utilisé comme un levier pour dissuader les gens pas trop sérieux. Le frais d’entrée est restitué au bout de trois ou cinq ans à condition que le nouveau soit resté dans le village pendant ces années.

Dans d’autres villages où les forêts et les montagnes sont détenues par la communauté, le frais d’entrée accorde le droit de pouvoir utiliser voire exploiter une portion des forêts.

Le frais d’entrée varie de 100 000 à 800 000 Yens, soit environ de 1000 à 8000 Euros, suivant le village.

En tout cas il est clair qu’il ‘y a vraiment pas de règle générale, les conditions pour pouvoir s’installer dans un village au Japon sont tout à fait différentes d’un village à l’autre, même dans la même région. Avec le vieillissement de la population et le dépeuplement annoncé des campagnes on aurait pu penser que les choses avaient changé. Ca n’est pas encore le cas.