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Découverte d’un sanctuaire shintô
Nous faisons un tour, mon épouse et moi, dans une vallée que nous connaissons peu, à vingt kilomètres de chez nous pour faire cette belle découverte que je veux partager avec vous.
Il s’agit d’un sanctuaire shintô, que nous trouvons vraiment par hasard… Il est un peu en retrait des habitations. De beaux arbres le protègent. Une pancarte donne mille ans à ce sanctuaire. Ca nous rajeunit pas.
Tout de suite nous sommes saisis par la sérénité du lieu.
Il faut apprécier tout cela dans son ensemble, les arbres, le calme et le silence, ces bâtiments, la lumière, la petite bouteille de saké déposée en offrande et puis aussi, le fait qu’il n’y a pas âme qui vive.
Le quart d’heure que nous y passons nous lave et nous débarrasse de tous nos soucis éventuels, les quinze minutes nous nettoient, nous resynchronisent avec nous mêmes; On est prêts à repartir.









Tondo de 2020
Cette année aussi nous avons fait le tondo, avec les gens du village. Tondo de 2019 Tondo de 2016 Tondo de 2015
Donc on se retrouve pour faire brûler un énorme tas de branches etc.

Purification en début d’année. Cette année il y a peu de monde. Les plus jeunes (les moins vieux), pompiers volontaires, sont d’astreinte.

Le grand bûcher réchauffe bien ce dimanche matin. Mais où est passé l’hiver ? Pas encore la moindre neige cette année. Et si les matins sont froids, les journées sont très douces. Je questionne les plus anciens, 80 ans, personne n’a connu un hiver aussi doux ! On se croirait au printemps. Normalement on devrait se peler un peu les c….
Tout cela est inquiétant.
Le bûcher se consomme devant nous. On sort les bières. Les bouteilles de shochu.
Le sujet de Carlos Ghosn revient dans les conversations.
On discute aussi de yumemakura. Yumemakura: contraction de yumé (rève) et de makura (oreiller) et qui désigne un rêve au cours duquel apparait un défunt ou un esprit.
Un voisin avec les braises du bûcher se fait cuire un petit gâteau de riz (mochi). Il fait griller des petits poissons, et réchauffer du saké. La simplicité de cette combinaison. Saké. Poisson. Riz. Cette simplicité me frappe. Quelle beauté me dis-je.

Faut être fort voyez vous pour arriver à un tel niveau. Une personne ordinaire aurait amené des chips ou des cacahouètes.
Savoir s’arrêter à l’essentiel.
Pour finir, ‘taifu’ de Happy End. (From the 1972 Kazemachi Roman album)
Que faire au Japon en deux jours ?
Ce dimanche je pars faire le plein d’énergie; je vais prendre une camionnée de crottin de cheval pour le jardin.

Le week end dernier, ma petite soeur est venue nous rendre visite de France avec son mari et sa fille, de voyage en Asie. Séjour court, deux jours à peine. Mais nous avons passé d’excellents moments.
Ce qui conduit à cet article:
Que faire au Japon en deux jours ?
Les possibilités sont infinies mais voici comment nous avons passé deux excellentes journées.
Faire le tour du village. On va voir la maison de mille ans, et nous allons faire un tour dans notre vallée.
aller voir les vaches, finalement on ne l’a pas fait car ma jeune nièce de huit ans a déjà vu des vaches !
L’après midi nous allons faire un tour dans la ville voisine. Je les préviens: il n’y a pas grand chose à voir dans cette ville… et comme dans toutes les villes où il n’y a pas grand chose à voir nous passons un excellent moment et faisons de belles rencontres.
J’aurais voulu les faire monter dans un simulateur de tremblement de terre, mais celui du centre des catastrophes naturelles est en panne! Les employés à l’entrée expliquent qu’il n’y a pas le budget pour le réparer … par contre super sympas les gars ils nous proposent en lot de consolation de faire des exercices avec des extincteurs d’incendie. On se fait pas prier. A retenir, ça se dégoupille comme une grenade.
Nous faisons un tour à pied, dans l’ancienne rue marchande.
S’y alignent trois fabricants de saké. Nous allons voir celui qui s’appelle le vieux pin, 老松. Etablissement fondé en Meiwa 5, soit en 1768.
On nous y fait goûter quelques saké, … c’est vraiment délicieux, de belles notes fruitées … mmm Là s’engage avec la marchande (l’épouse du CEO) une discussion sur le fromage.
On continue et allons voir une pâtisserie, Morizou. J’avais écrit un article sur Morizou … La pâtissière est bien surprise de voir tant de français débarquer tout d’un coup. Nous sommes des charentais avec ma petite soeurette, et nous discutons galettes et tourteaux fromagers. Cette pâtissière a une vraie passion pour les recettes françaises régionales et fait parmi de nombreuses merveilles … des tourteaux fromagers.
C’est le soir , nous rentrons à la maison avec quelques pâtisseries. Pour le diner, nous faisons dans la finesse avec un hachis parmentier gargantuesque.
Le lendemain dimanche est également riche en activités. Le matin nous allons faire du bowling. C’est génial. Il y a tout ce folklore du bowling. Manque plus que le dude.

Je vois pas ma petite soeur tous les jours et en fait passer du temps avec des jeux est très agréable, on se retrouve, sans les mots.
Ensuite nous allons déjeuner au chat botté, restaurant formidable dans la ville de Himéji. Excellent moment et beaucoup de plaisir de retrouver Dimitri et son épouse et de pouvoir les présenter à ma soeur.

Nous ne chômons pas car ensuite nous partons dare dare au batting center, une machine nous envoie une balle à 80 ou 120 km par heure et on doit la frapper avec une batte, comme au baseball.
Ca aussi c’est génial.
Feuilleter tranquillement un magazine
Voici ce que m’écrit mon ami et mentor F. qui est de retour en France pour quelques jours, pour ses affaires immobilières.
C’est le gros bordel en politique mais dans la rue les gens parlent de viande et de boire un café. Le matin les enfants courent à l’école.
Mais le peuple se passionne pour la question politique. Graffitis sur les murs adoptent un langage d’un autre temps: Peuple, lutte, justice. On invente des chansons de marche.
Et puis au soir revenu, échaudés, ils rentrent chez eux border les enfants et se coucher.
Oh là là, France!
Nous on est toujours au village et à midi nous sommes allés déjeuner dans un restaurant, paisiblement. En attendant les beignets de crevettes je feuillette un magazine, et découvre quelques pépites.
En fait le tout formule un résumé des choses que j’aime au Japon. Le raffinement, la cuisine et l’alcool, et puis ce côté délirant où beaucoup est permis et où on frôle parfois le mauvais goût.


Dans un pays où il y a peu d’enfants et où l’on vieillit bien.






On peut penser au système de retraite Japonais mais en vérité, ne pas s’arrêter est une clef de la longévité.




(ce qui est tout à fait rarissime, vu que les poissonniers au Japon portent toujours des bottes blanches)
Dimanche pluvieux, inventaire des porcelaines
Il pleut ce dimanche j’aurais fait sinon un tour en vélo. Cette pluie est bienvenue par contre pour les concombres plantés la veille.
Donc pourquoi pas profiter de la pluie pour explorer la grange attenante à la maison de madame M .
Le rez de chaussée de la grange est tel quel, j’avais demandé à tout y laisser.
Sur des étagères il y a des boites en bois. Les boites sont signées et datées. Elles contiennent des porcelaines. Je les descends toutes pour faire l’inventaire de leur contenu.
La voisine d’en face Madame T. sort ses poubelles et vient me voir …. Madame T. je suis dans son fan club, voici son portrait dans ma BD;
Elle me demande ce que je trafique; je lui explique que je fais l’inventaire …
Puis elle me dit quelque chose de très gentil qui me touche bien ‘ c’est formidable tout ce travail que tu fais dans le village, merci d’être venu de si loin! ah ça nous aide tellement’.
C’est sur que laisser cette maison à l’abandon aurait été source de mélancolie. Retournons à nos boites.
Les boites sont datées de Showa 14, soit 1939. Je vois que tout y est très bien rangé. Et enveloppé dans du papier journal, dont certains fragments sont datés de 1972. Donc Mme M a dû envelopper ces plats vers 1972, et les boites ont du être la sur ces étagères depuis un demi siècle. Depuis; les habitudes alimentaires ont aussi changé. (exemple, introduction du pain?)
Certaines porcelaines sont en quarante exemplaires. Elles devaient être utilisées pour les grandes fêtes ou les grands événements.
C’est quelque chose ici qui n’intéresse presque personne; la plupart des gens jettent tout cela. On vide les vielles maisons en jetant tout dans des bennes et après; la maison passe à la pelleteuse. Faire place nette. Et on a dû faire pareil en France à un moment. Le formica c’est tellement mieux. Sans parler du plastique.
Arrêtons les digressions et voyons ce qu’il y a dans ces boites.
Tout est en effet très bien rangé. Là ce sont des bols de riz. (茶碗)
Ici des soucoupes et un bol plus grand. Il y a une quarantaine de ces soucoupes.
Elles sont plutôt jolies.
Le papier journal qui les enveloppe est aussi intéressant, parce qu’il fait voyager dans le temps:
1972, la guerre du Vietnam. L’article décrit le bombardement de la ville de Vinh par des B52 Strato Fortress Americains, avec 750 tonnes de bombes larguées.
Cette action fait partie je crois comprendre de l’opération nommée Linebacker, qui s’est déroulée du 9 mai au 23 octobre 1972. In God we trust.
Ces fragments de journal évoquent la guerre, mais ces pièces de porcelaine pour moi elles évoquent la paix, l’art de vivre et la civilisation. Regardez cette jolie pièce.
Il y a également un service à saké.
avec de très jolis choko, gobelets pour le déguster. choko = 猪口 s’écrit littéralement la gueule du sanglier, c’est marrant hein ?
Il y a aussi quelques pièces en bois laqué. Celles-ci portent un aigle comme motif.
Celles-ci un p’tit oazo ?
Je fais la découverte aussi de cette pièce; intéressante parce qu’elle s’inscrit dans un contexte historique:
Une nageuse fait un plongeon. Une inscription signifiant la Natation Japonaise. 日本のスイエイ
Le drapeau japonais d’avant guerre, les cinq anneaux olympiques, l’inscription qui est faite en katakana et pas en kanji ou hiragana, indiquent que ce bol de riz évoque les jeux olympiques qui devaient avoir lieu à Tokyo en 1940. Ils ont été annulés avec la 2e G.M.
Oh c’est une pièce exceptionnelle, qui va payer pour la maison? Non, sur le Net, des pièces similaires se vendent pour 40 euros.
une petite assiette, j’aime beaucoup le motif.
Celles-ci aussi.
Pour finir, des porcelaines il y en avait plein d’autres mais je ne vais pas tout mettre la, un pub pour la Mazda Carole 360, « la voiture familiale ».
Un Dimanche au jinja (sanctuaire shinto)
La définition du shintoisme sur wikipedia commence bien, utilisons la comme introduction:
Le shinto (神道, shintō , littéralement « la voie des dieux » ou « la voie du divin ») ou shintoïsme est un ensemble de croyances datant de l’histoire ancienne du Japon, parfois reconnu comme religion. Elle mélange des éléments polythéistes et animistes. Il s’agit de la religion la plus ancienne du Japon et particulièrement liée à sa mythologie.
Dimanche était particulier, avec la fête annuelle au sanctuaire shintô de notre village. On appelle jinja le sanctuaire shintô. Il y a 4 ans, peu après notre installation au village nous avions déjà écrit sur cette fête.
Notre village est divisé en plusieurs rinpos (隣保), groupes de maisons et de familles, ou petits districts. Cette année c’était au tour de notre district d’organiser la fête.
Le jinja de notre village est situé dans un endroit magnifique, à flanc de montagne. Il est entouré de superbes arbres. Le chemin de terre qui y mène grimpe sec et essoufle plus d’un visiteur. Autant dire que le sanctuaire n’a pas ete posé là par hasard, on sent qu’il y a un certain flux de power à cet endroit: cet un power spot.
A huit heures tappantes nous nous y retrouvons tous pour nettoyer autour et dedans le sanctuaire. Un arbre, un chêne, s’est écroulé à proximité du sanctuaire. Il est bloqué par deux autres arbres et reste en déséquilibre. Nous entreprenons de le degager pour éviter toute chute et tout dégât du sanctuaire. Avec un jeune voisin plein d’allant et d’énergie on scie d’abord les branches puis découpons le tronc à la tronçonneuse.
L’opération est délicate mais bouclée en une heure. Pendant ce temps la les autres voisins balayent autour du sanctuaire et de son bel escalier de pierres. Ils préparent le sanctuaire en déroulant des draperies blanches marquées de symboles noirs. Ils plantent de chaque côté de l’entrée de grands drapeaux, longs to six mètres, célébrant ceux du village qui ont pris part à la guerre russo japonaise de 1904-1905. (on aimerait bien savoir pourquoi).
Les offrandres sont placées devant l’autel. Fin des préparations. Rendez vous à 13 heures pour la cérémonie.
A 13 heures tout le monde est de retour. Le chef du village a mis une chemise et est très chic. Arrive le kannushi (神主), prêtre shintô qui officie dans les differents sanctuaires de la vallée.
Le kannushi va réciter des incantations à mes oreilles mystérieuses et non sans côté magique. Ma femme cependant m’éclairera plus tard en m’expliquant qu’avec une oreille attentive on peut clairement discerner toutes les strophes et leur significations. Il agite dans l’air des langues de papier blanc en faisant un bruit faramineux.
Pendant ce temps j’écoute et je regarde les arbres qui nous dominent. Les gens sont silencieux et semblent receuillis.
A la fin, le kannushi a disparu. Soit il est reparti sans que je l’aie apercu, soit il a ouvert une petite trappe cachée dans le plafond du sanctuaire pour reprendre sa forme de hibou.
En tout cas, c’est le deep Japan ça et je me dis qu’on a bien de la chance de faire partie d’une si belle communauté et d’avoir un si joli sanctuaire. Je me dis que je voudrais aller voir monsieur K qui malgré ses 80 ans vient chaque matin nettoyer le sanctuaire, pour le prendre en photo.
Apres le depart du kannushi, le chef du village nous distribue du saké de la bouteille qui avait été offerte en offrande. Le saké, de la marque hakutsuru, est purement délicieux … certains en reprennent.
La cérémonie finie on range les draperies, les drapeaux. on collecte aussi l’argent du tronc.
A 15 heures, les habitants se retrouvent encore, mais dans la salle communautaire, pour faire un bingo ! Bon, je vais pas trop m’étaler sur le bingo ….
Pour conclure cette journée ‘Japon profond’ ou deep Japan, de retour à la maison, on mange du sashimi pour diner ….
Le chemin qui mène au sanctuaire
Un immense arbre cache l’entrée du sanctuaire
Le portique torii du sanctuaire
L’escalier en pierres
On dégage un arbre tombé
Tout le monde prépare les décorations
Les drapeaux de la guerre russo japonaise….
avec les noms des soldats qui y ont participé.
Dans le sanctuaire
après le nettoyage le matin
Pendant la cérémonie. On peut distinguer le kannushi (prêtre shintô) dans son vêtement bleu, à l’intérieur du sanctuaire.
Après la cérémonie; collecte du tronc
Décoration du nouvel an
Posée stratégiquement sur un four de charbon de bois, la décoration traditionnelle pour célébrer le nouvel an.
une bouteille de saké 酒
un yuzu 柚子
un kagami mochi (deux gâteaux de riz superposés) 鏡餅
Après l’Arizona
Je suis parti dix jours en business trip en Arizona. Dépaysement total à l’aller, et au retour.
Je rentre à la maison le dimanche matin vers dix heures, le corps encore fatigué par le long voyage, et les nuits de quatre heures de sommeil, décalage oblige.
Ces dix jours ont semblé trois mois, tellement les univers au Japon et aux US sont différents.
Le dimanche s’annonce tranquille, une belle journée d’hiver avec un ciel bleu.
Puis un ami passe à la maison, j’en profite pour lui passer un petit souvenir, du smoked cheese. Tout tombe bien, il a des amis dans sa base secrète dans la montagne, et on décide de l’y rejoindre. Tout d’un coup tout se précipite, du moment de repos nous passons à celui de la fête.
Nous emportons une provision de vins et surtout un tire-bouchon. Comme ils n’ont que du saké là bas nous avions essayé la dernière fois de déboucher un Bourgogne avec une mèche de perceuse.
Arrivés sur place, on se met en carré autour d’un feu. Certains carburent à la bière; d’autres au whisky. A gauche il y a une vieille TV magnétoscope, en pleine lecture d’un épisode de Heidi. Regarder Heidi, là, tout en discutant, picolant et fumant un peu, c’est vraiment top. Notre fils lui s’occupe du feu, il transporte les bûches.
Tout est beau. La lumière, le feu. Les amis. La famille.
Il y a une personne que je ne connais pas encore, un homme de de 70 ans environ. Il vient de la ville voisine et a apporté du sanglier.
C’est la saison de la chasse.
Notre ami va vers le frigo et sort un morceau de chevreuil. Il le fait griller au dessus du feu; c’est pour le chien. Le chien a faim. Une bière plus tard le morceau est prêt et finalement nous décidons d’y goûter. Nous partageons avec le chien.
Promenade en ville
Dans la ville voisine de Shiso.
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