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Construction d’un pavillon pour boire le thé

Cette fois, mon ami S a reçu la commande d’un petit pavillon, d’où, surplombant une rivière, il fera bon boire du thé.

J’essaie de documenter tout ce travail.

La semaine dernière c’était le munéagué (棟上げ); le jour où l’on assemble toutes les pièces de bois. Ca se fait en général en une journée…

Pour ce projet S; utilise de l’hinoki (cyprès) pour les poteaux de longueur moyenne et du cryptomère pour tout le reste. Les cryptomères il les coupe dans notre vallée. Certaines pièces il les tire lui même, d’autres il les envoie à une scierie de la ville voisine.

Je m’incruste… pour observer et prendre tout celà en photos.

C’est amusant cela fait plus d’un mois que je regarde les pièces de bois que S découpe, mesure, taille, ponce chaque jour dans son atelier, en regardant le plan de la construction, mais ce n’est que ce jour du munéagué que je comprends vraiment l’allure générale et comment les choses s’emboîtent les unes dans les autres.

Cette construction; et tout ce travail, c’est de la poésie à l’état brut.

Les regarder assembler ce légo géant aussi c’est beau !

Le plan de la construction ‘zuita’ 図板 Sur le plan S marque les pièces de bois à mesure qu’il les prépare.
Les couleurs typiques du cryptomère
Comment appelle t on les trous pour les chevilles ?
Grand sens du rangement
Pour les chevilles

Voilà tout a été préparé dans l’atelier … Maintenant, le jour du munéagué ….

J’arrive sur le chantier pour prendre ces quelques photos ….
Dans le temps il montait ces trucs sans échafaudage … Comment faisait il ? Désormais l’échafaudage est obligatoire pour les assurances

Les chevilles
Coucou !!!
Une fenêtre viendra se glisser sous cette poutre
Moi qui ai le vertige je reste sur le plancher des vaches
Ca s’emboite au millimètre mais faut taper fort
Mise à niveau du bâtiment
On pousse un peu encore un centimètre ! la planche, courbée, pousse le bâtiment dans la direction voulue n’est ce pas …
Ces diagonales c’est temporaire hein ! On les retirera une fois les chevilles posées
Pose des chevrons ou taruki. on se dépèche car la pluie est annoncée
Pause Déjeuner ! Bentôs!
Je repasse le lendemain. Le toit a été posé.

Quel bel endroit ce sera pour boire le thé ….

Restauration d’une maison ancienne

Il y a trois ans, un charpentier du village monsieur Tozawa a fait l’acquisition d’une maison ancienne, datant de 150 ans.

Voici l’article avec quelques photos de ce qui était le début de ce chantier de restauration. (2017)

C’est une construction typique. On note que le plan original de la maison est tout comme les nôtres: 4 pièces à tatami sur la gauche, avec dans la pièce au fond orientée Sud, le tokonoma et l’emplacement de l’autel bouddhique. A droite un espace pour la cuisine et une pièce où l’on gardait une vache. Tout cet espace à droite était directement aménagé sur la terre battue, tandis que l’espace à gauche était élevé par rapport au sol, avec un plancher. Il y a 8 ans cette structure, ce plan de la maison traditionnelle japonaise ici dans la région je m’y attardais dans l’un des premiers articles de ce blog formidable. Article

Mister T restaure cette maison ancienne pour s’y installer et y vivre avec sa famille. Il y travaille donc entre deux chantiers lorsqu’il a le temps. Ceci explique la durée du projet car, sinon à temps plein je pense qu’il torcherait le projet en 4 ou 5 mois.

La semaine dernière je me suis offert une belle balade à pied; histoire de marcher vers le sud, vers l’entrée de notre vallée à sept kilomètres, pour y acheter une bouteille de saké. En chemin je suis passé devant la maison en travaux et coup de bol monsieur T y était et m’a très aimablement invité à venir voir à l’intérieur, pas besoin de dire que je ne me suis pas fait prier.

La maison il y a trois ans

La maison Maintenant

La toiture a été refaite. A noter, sous la toiture métallique il y avait du chaume. (茅葺 かやぶき)Je suppose qu’il a laissé le chaume tel quel et qu’il ne l’a pas remplacé. Autrefois chaque village préservait un terrain où l’on faisait pousser les plantes nécessaires à la production du chaume; et ce pour les toitures des maisons. A savoir aussi que les plus pauvres utilisaient de la paille de blé pour leur toiture.

Ces deux photos ci dessous seront la pièce d’habitation principale. A noter les poutres impressionnantes, et d’origine.

Je note aussi que ce chantier est vraiment bien rangé et très propre. On mangerait par terre…

Les poutres et les colonnes sont gardées telles quelles. Tout celà a au moins 150 ans.

La maison est posée sur des pierres

A noter que la maison japonaise n’a pas de fondation. Les colonnes sont simplement posées sur des pierres. Il y a toute une théorie.

La maison japonaise est conçue pour osciller lors des tremblements de terre. Osciller par cela je veux dire que la maison, parce qu’elle est faite en bois, est souple et absorbe l’énergie cinétique du séisme, sans se briser. Pour cela laisser reposer la maison sur le sol sans être fixée à celui ci permet d’absorber l’énergie et d’éviter le mécanisme que les spécialistes nomment le retour de bite. C’est ce retour de bite qui peut faire briser des éléments de la construction sous l’effet du séisme.

L’idée donc c’est que la construction n’est pas seulement souple; mais aussi qu’elle flotte sur le sol.

Un ennemi: l’humidité.

Une maison en bois a deux ennemis. Les termites et l’humidité. Pas de termites dans la maison de monsieur Tozawa mais l’humidité a en effet un peu ‘bouffé’ les parties basses des colonnes. Nous avions vu cela aussi chez nous lorsque nous avions fait les travaux, en particulier dans la partie de la maison où l’on gardait autrefois la vache …

Mr T a soulevé la maison avec des crics, et a remplacé les partie basses des colonnes porteuses, endommagées par l’humidité, par de nouvelles pièces. On appelle cette technique netsugi 根継ぎ

Un point primordial, pour la maison japonaise qui est faite en bois et pour le climat japonais très humide l’été, c’est de garantir des ouvertures entre le sol et le plancher. L’aération permettra de réguler l’humidité et donc de préserver les structures en bois et mais aussi garder la maison de la visite de termites.

C’est pour cette raison que Tozawa laisse une ouverture entre le sol et les murs (on voit bien le filet de lumière sur la photo ci dessous): la partie entre le sol et le plancher sera donc toujours bien aérée.

La beauté des poutres

Tout ça c’est vraiment de la belle ouvrage comme on dit chez vous, et les photos suivantes s’attardent sur la magnifique charpente, vieille de 150 ans donc. Je pense que la plupart des pièces sont du marronnier (comme chez nous).

On ne peut pas ne pas admirer la belle dynamique des poutres qui s’emboitent les unes dans les autres. Et bien sûr les charpentiers de l’époque ont utilisé savamment les courbes de ces poutres.

Il faut remarquer que ces énormes poutres; qui datent de Napoléon III; n’ont cessé de vriller.

On voit bien comment cette tête de poutre (photo ci dessous) s’est déplacée légèrement de son support.

A noter aussi le mur en torchis d’origine sous la poutre. La partie neuve en latis sera ensuite recouverte de shikkui (enduit traditionnel)

Ici Mr T a remplacé une poutre par une nouvelle; et les intonations un peu roses du bois nous informent que c’est du cerisier. Avec de belles chevilles carrées (komisen 込み栓)

Voila!

Franchement ça fait plaisir de voir que monsieur Tozawa investit ainsi dans une ancienne maison.

Dans ce chantier on voit aussi sa maîtrise technique du métier ainsi que son sens de la beauté.

Construction d’un garage

Le bureau de la coopérative forestière, dans le village, a commandé à mon ami S., charpentier, la construction d’un garage. Il s’agit de protéger des intempéries leur nouveau camion ainsi que d’autres équipements forestiers.

S. construit le garage avec des arbres (cryptomères) coupés dans notre vallée.

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Il s’agit de faire un garage qui expose la beauté du bois de la localité: Pour cela utiliser les troncs tels quels, en rondins, permet de mettre en valeur les belles courbes et toute la beauté du matériau.

sumitsuki, kizami

S., il fait les choses à l’ancienne. Les pièces de bois sont travaillées à la main.

Voilà quelque chose de très intéressant, et à chacune de mes visites à l’atelier de S., je prends des photos pour documenter l’avancée du projet.

A son atelier j’y vais très souvent.

Les lundis matins vers 7 heures, j’apporte le café et nous faisons le point sur la semaine qui commence et ce mouvement du monde qu’on ne peut plus arrêter.

Sinon de temps en temps je vais le voir en fin d’après midi. Son frigo dans l’atelier est toujours plein de bibine…

Les villageois s’étonnent d’ailleurs que je sois toujours fourré dans l’atelier de S. C’est pour écouter la bonne parole, réponds-je à chaque fois.

Ce projet de garage est conséquent. Les poutres dans la longueur du bâtiment font neuf mètres.

Le jour de la construction ou munéagé 棟上げ approche. L’assemblage de toutes les pièces de bois prendra en fait deux jours.

S. se fait aider des bûcherons de la coopérative.

Je prends des journées de congé pour me libérer du boulot et assister aux travaux et photographier tout celà. En deux jours; pas moins de 800 photos.

Car voir tout le monde travailler, dans la bonne humeur mais avec aussi une excellente coordination est un vrai spectacle. Les gars sont des pros.

Je ne me sens pas trop gêné de m’incruster comme ça pendant les travaux, personne ne m’a demandé de venir; mais personne ne me demande de partir … On m’offre même le café !

Pour moi ce sont deux journées merveilleuses. Ah les artistes ! Des hommes qui savent travailler et qui savent vivre !

Et T. le charpentier reconverti en bûcheron, quand il grimpe sur une poutre et qu’il tappe avec son maillet comme un malade, quelle classe.

Parce que pour qu’une pièce de bois entre dans l’autre, il faut tapper, il faut tapper.

Je me dis que pour les bûcherons, c’est un projet intéressant, de construire un bâtiment avec le bois qu’ils ont eux-même extrait des montagnes.

Ce garage; une fois assemblé, a un style du tonnerre.

S. a exploité avec goût les différentes courbes des troncs des rondins; et cela apporte au tout une dynamique qui ne laisse pas indifférent. Il y a un côté transcendant dans ce garage.

Des 882 photos je fais une sélection. Une bonne quarantaine.

J’en imprime un photo book que je vais offrir plus tard à S. et au big boss de la coopérative forestière.

L’idée du photo book c’est bien sûr remercier de m’avoir accueilli sur le chantier mais aussi passer le message; qu’un tel projet, et avec de tels gens, c’est beau. Et que ça vaut bien un petit livre.

Flash back (2)

Les travaux de la maison il y a sept ans c’était un peu spécial:

Nous vivions toujours à Tokyo et n’étions pas sur place pour pouvoir superviser.

Et comme nous n’étions pas du coin, nous ne connaissions personne sur place.

Et quand à moi je n’y connaissais rien; je n’avais aucune idée, de comment c’est fait une maison japonaise ancienne.

Etant donnés toutes ces difficultés le résultat était pas mal.

Depuis, j’ai fait la connaissance de S, charpentier du village et nous sommes devenus amis. Depuis aussi, j’ai pu observer plusieurs chantiers et j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur le sujet.

Les travaux nous les avons faits avec un budget minimum. Tout ce qui pouvait être réutilisé a été réutilisé.

je me demande d’où tout ce bois a pu sortir
côté ancienne cuisine plus salle de bains
A voir ces photos sept ans plus tard je me demande si les gars ont vraiment fait un bon boulot… si je compare au plancher que nous avons refait cette année ….

Mais bon à la fin le plus important c’est d’apprendre…

L’espace à gauche c’était autrefois là où on gardait la vache.
Ensuite transformé en débarras plus chiottes donnant sur l’extérieur; désormais changé en salle de bains plus chiottes.
Ca c’est le plafond du doma ou entrée traditionnelle. on voit bien l’ancien passage qui permettait de monter sous le toit.
Témoins de la vie d’autrefois toutes les vieilles poutres sont noircies…

Reconstruction du sanctuaire détruit

Il y a quelques mois déjà, un énorme cryptomère a détruit dans sa chute un sanctuaire shinto dans le village. La photo est assez impressionnante.

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Depuis, tout a été dégagé; et les travaux de (re)construction ont bien avancé.

Je suis allé y faire un tour et le charpentier et un maçon y était affairés. Très sympa le charpentier, on a pu faire connaissance; et il m’a fait visiter le chantier.

 

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Intéressant de noter que la nouvelle construction est différente. On ne fait pas à l’identique. D’ailleurs plus ouvragé et recherché qu’avant.

 

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Cet élément entre les deux poutres, s’appelle; m’explique le charpentier, kaérumata ou les cuisses de la grenouille. 蟇股

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Non seulement le charpentier est très sympathique mais il a aussi un beau camion.

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Pour la construction il a choisi du cyprès hinoki ヒノキ 檜. Le plafond est fait avec du sugi cryptomère すぎ 杉.

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Le charpentier est également bien organisé avec ce système pour réchauffer les canettes de café. Quand j’étais étudiant en Pologne j’utilisais un truc similaire pour chauffer des boites d’épinard.

Je suis vraiment content de savoir que ce sanctuaire est reconstruit, et ce dans les règles de l’art.

Mais ce qui me réjouit aussi, c’est qu’autour du sanctuaire; là où se dressaient les cryptomères qui se sont écroulés; ils ont planté des arbres. Des érables du Japon.

 

Technology Transfer: c’est parti pour la construction

Le point culminant de ce gros projet. Les fondations (six pierres) sont prêtes.

Et nous allons construire l’azumaya (kiosque, charréterie, pergola). Dernieres préparations on écourte les colonnes en fonction de la hauteur relative de chaque pierre.

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Et on finit aussi les chevilles.

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S. est là et est aux commandes. Les pièces de bois sont très lourdes, et il faut bien sa pelleteuse pour les lever et les positionner.

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J’ai bien merdé: je voulais poser une caméra et nous filmer toute la journée, mais dans le feu de l’action j’ai complètement oublié. Je dois dire que j’étais assez tendu, car je craignais que les pièces de bois que j’ai travaillées ne s’emboitent pas comme il faut. Finalement il n’y a eu aucun problème.

Le processus pour la construction est le même que si nous construisions une maison. Il y a simplement moins de pièces et en particulier pas de plancher. Mais le principe et la séquence d’action sont identiques.

Voici l’algorithme:

On assemble un côté (enfonce deux colonnes dans une poutre keta). On le lève et le pose sur les pierres.

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On assemble le côté opposé, (enfonce deux colonnes dans une poutre kéta). On le lève et le pose sur les pierres.

On positionne la colonne du milieu (pour le côté où il y a trois colonnes). Puis on pose le 3e kéta (3e poutre). lequel vient se ficher dans deux poutres avec l’assemblage des ari (fourmi) ou queue d’aronde.

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Ici intervient S. qui se transforme en chat tant il grimpe sur les échelles et marche sur les poutres avec agilité et souplesse malgré ses 62 balais. Avec de gros maillets nous frappons la poutre qui petit a petit s’emboite dans ses deux frangines.

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C’est très impressionnant.

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On recommence pour le quatrième côté.

Ensuite on pose la poutre centrale, hari, qui va elle aussi se fixer dans les deux kétas avec des queues d’aronde. Cette poutre centrale est très lourde, elle a la forme d’une baleine. Dans notre montagne, cet arbre était sur le flanc de la montagne et sa souche etait courbe.

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On remet a niveau, quelques ajustements et ensuite on place les chevilles.

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Il faut continuer ensuite en posant les tsuka et les moya qui forment l’ossature du toit.

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On est en septembre mais il fait encore très chaud. Mais tout prend forme et c’est un vrai bonheur de voir comment les choses se mettent en place. Nous avons passé trois mois à éplucher, découper et tailler ces pièces de bois et tout se joue à la fois, en une journée.

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Puis on pose les hi-uchi, pièces en diagonale qui vont solidifier l’ensemble.

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Voila c’est presque fini, une journée bien remplie. Reste à finir le toit mais le plus dur a été fait.

 

Travail sur les poutres avec les fourmis

La petite construction dans notre jardin aura quatre poutres placées en carré. Une paire de poutres s’appuira directement sur les colonnes.

 

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Une seconde paire de poutres s’emboitera dans les premières. On appelle ari 蟻, soit fourmi, cet assemblage qui fixera les poutres ensemble et qui se nommerait en français queue d’aronde borgne (?).

J’aimerais bien comprendre pourquoi on appelle cet assemblage « fourmi » en Japonais. Quelqu’un a une idée ???

 

Préparation de l’ari mâle.

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Préparation de l’ari femelle. Pré marquage à l’encre de Chine rouge.

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Démonstration par le maître.

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Le cosplay du charpentier

Depuis presque trois mois je passe mes week end dans l’atelier de S. S. est charpentier et il m’enseigne ses techniques.

Ce petit apprentissage c’est un peu une immersion. Il faut observer, ecouter. Il faut imitier les gestes et copier.

Il faut utiliser les memes outils. Pour marquer les poutres etc je utilise un sumitsubo et un sumisashi au lieu d’un crayon de papier. Un premier pas pour moi etait d’apprendre a utiliser les unites de mesure traditionnelles. Il faut aussi parler la meme langue et adopter un nouveau vocabulaire.

Depuis peu je vais un peu plus loin dans le mimetisme: je range mes outils dans une ancienne caisse a outils de charpentier, et je porte desormais des chaussures de charpentier.

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Ca fait certes un peu cosplay (costume play), cosplay du charpentier …. mais cela fait partie du jeu.

Les chaussures quand a elles sont epatantes. Legeres. Offrent un bon contact avec le sol et une bonne securite avec une coquille d’acier.

yeah !

Les six colonnes sont faites

L’abri que nous allons construire dans le jardin (technology transfer) aura six colonnes (hashira 柱).

J’ai fini les colonnes hier.

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Je travaille dans l’atelier de S. Il me prête ses grosses machines. Il m’a fallu dompter cette machine infernale assez impressionnante au départ, qui avec quatre scies circulaires découpe des tenons en deux coups. Il faut rester concentré. Les Saoudiens pourraient utiliser cette même machine pour couper les mains des voleurs de poule, comme il est d’usage chez eux.

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Le tenon découpé, il faut percer le trou pour la cheville.

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Cheville  komisen 込栓

Pour celà on utilise une perceuse spéciale qui fait des trous carrés, de la taille de la future cheville. (la cheville fait 5 buns de côté soit la moitié d’un sun, et cela correspond  à la largeur de la sashigané … comme par hasard ….) ….

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Ensuite on fait une petite entaille à 45 degrés sur le côté supérieur du trou carré avec le ciseau à bois. Cela permettra à la cheville de pénétrer plus facilement. (photo ci dessous avant de faire l’entaille).

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Ensuite il y aura des hiuchi, ou arbalétrier c’est ça ? qui vont connecter la colonne aux poutres à 45 degrés. On prévoit des entailles dans les colonnes pour y accueillir (et soutenir) les hiuchi.

Pour ce faire on utilise ici aussi le ciseau à bois, j’en utilise un qui fait 1 sun et 4 buns de largeur. Très bien aiguisé il découpe le bois comme si c’était du beurre.

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S. revient d’une partie de pêche et me montre au début comment se positionner par rapport au bois et aux outils etc … ici démonstration clope-au-bec avec un tsukinomi, ciseau à bois à manche long, que l’on utilise sans marteau.

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Pour préparer ces six colonnes il y a donc toute une série d’opérations et de gestes à faire, une séquence précise à suivre. Et voyez vous tout celà est comme une danse, à la manière de bouger, de se positionner, et d’utiliser les divers outils. Il y a grand plaisir à faire tout cela.

 

Les plans du projet et vocabulaire de base

On va construire un petit abri dans le jardin, pour pouvoir faire des petites fêtes dehors même quand il pleut. Avec le bois de notre montagne que nous avons épluché et ensuite découpé en poutres. C’est le projet de technology transfer avec l’ami S., charpentier. Car il m’apprend les (grosses) ficelles de son métier.

L’abri sera carré et fera quatre mètres de côté.

Il y a deux mois maintenant, j’ai commencé par faire un plan à l’ordinateur. J’en ai fait plusieurs versions allant à chaque fois vers un truc plus simple.

J’imprime et hop je vais voir S. dans son atelier.

S. me montre comment lui il dresse le plan des maisons qu’il construit.

La vue verticale; il la dessine sur une planche de bois. Un plan sur une planche de bois c’est bien pratique. C’est difficile à perdre, et ça ne craint pas l’eau. On appelle le plan de la construction; dessiné sur une planche de bois: 図板 ずいた (libéralement plan – planche).

C’est un quadrillage avec les lignes référencées par des chiffres  一、二、三 (1 2 3) et les colonnes représentées par des syllabes イ、ロ、ハ (i ro ha, équivalent de l’ancien A B C).

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On tracera les colonnes de la construction aux intersections qui correspondent. Le quadrillage permet ainsi de référencer les colonnes et les poutres. (A 1 ou い一).

Ensuite, à partir du plan, on prend une longue planche de bois sur laquelle on marque l’emplacement des colonnes. On fait ça à l’échelle 1. On appelle cette planche de bois; yokoken.

On prépare une autre planche sur laquelle on marque les différentes hauteurs de la construction. tateken. (A l’échelle 1 également). Ces deux planches permettront de marquer sur chaque poutre l’emplacement des mortaises (hozo ほぞ) et autres.

La construction pour ce projet est très simple. Une forme carrée, six colonnes. Mais avec le vocabulaire technique de S., et malgré ses efforts visibles pour m’expliquer en des termes simples je me suis senti vite largué.

D’où l’idée de faire une petite maquette de la construction. Pour compléter le zu-ita.

Ca me permet d’apprendre plus facilement les termes techniques des différents éléments.

 

hashira 柱 colonne

hari 梁

dobuchi Liteau

taruki 垂木 Arbalétrier

keta 桁

hiuchi 火打 Contre-fiche

moya 母屋

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