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Technology Transfer: c’est parti pour la construction
Le point culminant de ce gros projet. Les fondations (six pierres) sont prêtes.
Et nous allons construire l’azumaya (kiosque, charréterie, pergola). Dernieres préparations on écourte les colonnes en fonction de la hauteur relative de chaque pierre.
Et on finit aussi les chevilles.
S. est là et est aux commandes. Les pièces de bois sont très lourdes, et il faut bien sa pelleteuse pour les lever et les positionner.
J’ai bien merdé: je voulais poser une caméra et nous filmer toute la journée, mais dans le feu de l’action j’ai complètement oublié. Je dois dire que j’étais assez tendu, car je craignais que les pièces de bois que j’ai travaillées ne s’emboitent pas comme il faut. Finalement il n’y a eu aucun problème.
Le processus pour la construction est le même que si nous construisions une maison. Il y a simplement moins de pièces et en particulier pas de plancher. Mais le principe et la séquence d’action sont identiques.
Voici l’algorithme:
On assemble un côté (enfonce deux colonnes dans une poutre keta). On le lève et le pose sur les pierres.
On assemble le côté opposé, (enfonce deux colonnes dans une poutre kéta). On le lève et le pose sur les pierres.
On positionne la colonne du milieu (pour le côté où il y a trois colonnes). Puis on pose le 3e kéta (3e poutre). lequel vient se ficher dans deux poutres avec l’assemblage des ari (fourmi) ou queue d’aronde.
Ici intervient S. qui se transforme en chat tant il grimpe sur les échelles et marche sur les poutres avec agilité et souplesse malgré ses 62 balais. Avec de gros maillets nous frappons la poutre qui petit a petit s’emboite dans ses deux frangines.
C’est très impressionnant.
On recommence pour le quatrième côté.
Ensuite on pose la poutre centrale, hari, qui va elle aussi se fixer dans les deux kétas avec des queues d’aronde. Cette poutre centrale est très lourde, elle a la forme d’une baleine. Dans notre montagne, cet arbre était sur le flanc de la montagne et sa souche etait courbe.
On remet a niveau, quelques ajustements et ensuite on place les chevilles.
Il faut continuer ensuite en posant les tsuka et les moya qui forment l’ossature du toit.
On est en septembre mais il fait encore très chaud. Mais tout prend forme et c’est un vrai bonheur de voir comment les choses se mettent en place. Nous avons passé trois mois à éplucher, découper et tailler ces pièces de bois et tout se joue à la fois, en une journée.
Puis on pose les hi-uchi, pièces en diagonale qui vont solidifier l’ensemble.
Voila c’est presque fini, une journée bien remplie. Reste à finir le toit mais le plus dur a été fait.
Travail sur les poutres avec les fourmis
La petite construction dans notre jardin aura quatre poutres placées en carré. Une paire de poutres s’appuira directement sur les colonnes.
Une seconde paire de poutres s’emboitera dans les premières. On appelle ari 蟻, soit fourmi, cet assemblage qui fixera les poutres ensemble et qui se nommerait en français queue d’aronde borgne (?).
J’aimerais bien comprendre pourquoi on appelle cet assemblage « fourmi » en Japonais. Quelqu’un a une idée ???
Préparation de l’ari mâle.
Préparation de l’ari femelle. Pré marquage à l’encre de Chine rouge.
Démonstration par le maître.
La fête de l’automne à Tatsuno
Tatsuno. Petite Ville à quelques encablures du village. Une ville d’histoire, c’est un peu un mini Kyoto, avec des clusters de temples et des ruelles anciennes bordées de vieilles bâtisses.
Sources de prospérité on y trouve encore de nombreuses fabriques de sauce de soja. Cette ville a de beaux restes.
Chaque année en novembre: la fête de l’automne.
Une centaine si ce n’est plus de petites échoppes, des marchands et des bénévoles, des paysans, des artisans s’égrainent aux bords des rues ou chez l’habitant et proposent leurs productions comme dans une grande foire.
Nous y avons passé une excellente journée et fait de belles rencontres.
Voici l’inventaire à la Prévert des différentes rencontres et découvertes. Ca donne une idée de la créativité générale. Et de la pêche qu’ont toutes ces belles personnes; tous âges confondus.
- Un jeune maçon retape l’ancien bar où officiait autrefois une geisha. Une association accompagne les jeunes qui souhaitent retaper des maisons ou commerces abandonnés pour y faire un café ou un nouveau business. L’association prend en charge une partie des travaux. Le maçon nous montre son chantier et on discute un peu. Il est jeune et a une vraie passion pour ce qu’il fait. Débordant d’énergie.
- On rencontre un agriculteur qui fait du bio. Il respire le bonheur. Il tient aussi un restaurant où ils servent un plat unique, et fort apprécié ici au Japon; le tamago kaké gohan. C’est à dire un oeuf crû mélangé à du riz.
- Une fleuriste avec une très jolie boutique. Tout y est bien arrangé. On se croirait chez un fleuriste branché de Tokyo.
- Un jeune couple retape un ancien bain publique. Construction étonnante car à priori on dirait une maison sans réel signe distinctif. Ils y monteront un restaurant au printemps prochain. On a hâte d’y aller.
- De très belles peintures de fleurs et de choses du quotidien par un groupe de femmes. On apprécie les couleurs, la sensibilité du trait et du propos.
- Les magnifiques dessins de paons; multicolores, par Akiko Ikawa, artiste trisomique, sont également exposés. Le Pape; nous dit-on; aime beaucoup ses dessins !
- Au détour d’une rue, on voit une belle bibliothèque; grande comme le salon d’une maison. Les portes sont ouvertes; les murs recouverts de livres. C’est lumineux; chaleureux. On a envie de s’y installer et d’y faire la sieste, on entre, on observe ….. ah mais c’est chez quelqu’un … oh le gars a transformé son salon en bibliothèque pour tous. C’est magnifique n’est ce pas, une vraie image du bonheur.
- Devant l’entrée d’un temple un monsieur vend des jikatabi dont il a fait le design. Ils sont très chouettes. Motifs à cheval entre modernité et tradition. Voici son site web. On discute. Il souhaite développer les ventes à l’étranger. On est d’accord que cela pourrait avoir du succès. Mais nos pieds sont peut-être trop grands. Ancien banquier, ce monsieur s’est lancé dans cette aventure. Bravo.
- A côté, trois belles jeunes femmes, les Trois Grâces de Raphael, proposent des légumes rares. Elles se sont lancées dans le jardinage bio. Une autre belle aventure.
- Musique; du jazz; il y a un groupe qui joue un truc chouette; dans le hangar d’une société de sauce de soja. Celle-ci est ouverte et nous visitons donc la fabrique. Les employés nous guident et nous montrent leur machines avec pleins de tuyaux. Le bâtiment; tout en bois, date du début de l’ère Showa et étale ses charpentes magnifiques.
Ces employés sont très sympathiques. J’apprécie de voir les ouvriers vendre directement leur production et guider le badaud dans leur usine. C’est beau. On sent la fierté de travailler pour une maison qui a de l’histoire et de faire de beaux produits.
D’ailleurs; pensez à François Michelin, qui toujours faisait référence à la société de pneumatiques avec le terme ‘maison’. Quel grand patron le fait aujourd’hui ? Aucun ! C’est fini !
Et puis nous retrouvons notre ami; tourneur sur bois. Nous lui achetons des baguettes. Il récolte lui-même la laque qui les protège.
Il y a aussi cette étrange maison n’est ce pas. recouverte de rouille. On hésite entre oeuvre d’art et tas d’ordure. Un peu des deux.
Au mur de la maison cette pancarte noire avec des signes jaunes: Dieu juge même les crimes du coeur