Tagué: technique de construction japonaise
Construction d’un pavillon pour boire le thé
Cette fois, mon ami S a reçu la commande d’un petit pavillon, d’où, surplombant une rivière, il fera bon boire du thé.
J’essaie de documenter tout ce travail.
La semaine dernière c’était le munéagué (棟上げ); le jour où l’on assemble toutes les pièces de bois. Ca se fait en général en une journée…
Pour ce projet S; utilise de l’hinoki (cyprès) pour les poteaux de longueur moyenne et du cryptomère pour tout le reste. Les cryptomères il les coupe dans notre vallée. Certaines pièces il les tire lui même, d’autres il les envoie à une scierie de la ville voisine.
Je m’incruste… pour observer et prendre tout celà en photos.
C’est amusant cela fait plus d’un mois que je regarde les pièces de bois que S découpe, mesure, taille, ponce chaque jour dans son atelier, en regardant le plan de la construction, mais ce n’est que ce jour du munéagué que je comprends vraiment l’allure générale et comment les choses s’emboîtent les unes dans les autres.
Cette construction; et tout ce travail, c’est de la poésie à l’état brut.
Les regarder assembler ce légo géant aussi c’est beau !








Voilà tout a été préparé dans l’atelier … Maintenant, le jour du munéagué ….






















Technology Transfer: c’est parti pour la construction
Le point culminant de ce gros projet. Les fondations (six pierres) sont prêtes.
Et nous allons construire l’azumaya (kiosque, charréterie, pergola). Dernieres préparations on écourte les colonnes en fonction de la hauteur relative de chaque pierre.
Et on finit aussi les chevilles.
S. est là et est aux commandes. Les pièces de bois sont très lourdes, et il faut bien sa pelleteuse pour les lever et les positionner.
J’ai bien merdé: je voulais poser une caméra et nous filmer toute la journée, mais dans le feu de l’action j’ai complètement oublié. Je dois dire que j’étais assez tendu, car je craignais que les pièces de bois que j’ai travaillées ne s’emboitent pas comme il faut. Finalement il n’y a eu aucun problème.
Le processus pour la construction est le même que si nous construisions une maison. Il y a simplement moins de pièces et en particulier pas de plancher. Mais le principe et la séquence d’action sont identiques.
Voici l’algorithme:
On assemble un côté (enfonce deux colonnes dans une poutre keta). On le lève et le pose sur les pierres.
On assemble le côté opposé, (enfonce deux colonnes dans une poutre kéta). On le lève et le pose sur les pierres.
On positionne la colonne du milieu (pour le côté où il y a trois colonnes). Puis on pose le 3e kéta (3e poutre). lequel vient se ficher dans deux poutres avec l’assemblage des ari (fourmi) ou queue d’aronde.
Ici intervient S. qui se transforme en chat tant il grimpe sur les échelles et marche sur les poutres avec agilité et souplesse malgré ses 62 balais. Avec de gros maillets nous frappons la poutre qui petit a petit s’emboite dans ses deux frangines.
C’est très impressionnant.
On recommence pour le quatrième côté.
Ensuite on pose la poutre centrale, hari, qui va elle aussi se fixer dans les deux kétas avec des queues d’aronde. Cette poutre centrale est très lourde, elle a la forme d’une baleine. Dans notre montagne, cet arbre était sur le flanc de la montagne et sa souche etait courbe.
On remet a niveau, quelques ajustements et ensuite on place les chevilles.
Il faut continuer ensuite en posant les tsuka et les moya qui forment l’ossature du toit.
On est en septembre mais il fait encore très chaud. Mais tout prend forme et c’est un vrai bonheur de voir comment les choses se mettent en place. Nous avons passé trois mois à éplucher, découper et tailler ces pièces de bois et tout se joue à la fois, en une journée.
Puis on pose les hi-uchi, pièces en diagonale qui vont solidifier l’ensemble.
Voila c’est presque fini, une journée bien remplie. Reste à finir le toit mais le plus dur a été fait.
De belles pierres pour les fondations.
Je ne sais comment nommer en Français la petite structure que nous allons construire dans notre jardin. (pergola ? pavillon ?) En Japonais on dit Azumaya. Etrangement, ce mot s’écrit de deux façons en Japonais: 東屋 ou 四阿.
C’est un petit édifice carré, sans murs pleins. avec un toit….
Enfin … bon … je vais utiliser le mot Japonais.
Nous avons travaillé sur ce projet de technology transfer depuis mai et toutes les pièces de bois sont prêtes.
Il nous faut aller chercher de grosses pierres qui serviront de fondation.
On positionne ensuite les pierres. Les colonnes en bois se ficheront directement dans la petite barre de fer fixée dans les pierres.
On ajoute également une pièce métallique qui ira se viser contre la colonne sur le côté. Faudrait pas que le tout s’envole avec le premier typhon …
Les pierres alignées et à niveau. On mesure les différences de hauteur respectives entre les pierres, car il faudra ajuster la longueur des colonnes.
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