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Flash back (2)

Les travaux de la maison il y a sept ans c’était un peu spécial:

Nous vivions toujours à Tokyo et n’étions pas sur place pour pouvoir superviser.

Et comme nous n’étions pas du coin, nous ne connaissions personne sur place.

Et quand à moi je n’y connaissais rien; je n’avais aucune idée, de comment c’est fait une maison japonaise ancienne.

Etant donnés toutes ces difficultés le résultat était pas mal.

Depuis, j’ai fait la connaissance de S, charpentier du village et nous sommes devenus amis. Depuis aussi, j’ai pu observer plusieurs chantiers et j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur le sujet.

Les travaux nous les avons faits avec un budget minimum. Tout ce qui pouvait être réutilisé a été réutilisé.

je me demande d’où tout ce bois a pu sortir
côté ancienne cuisine plus salle de bains
A voir ces photos sept ans plus tard je me demande si les gars ont vraiment fait un bon boulot… si je compare au plancher que nous avons refait cette année ….

Mais bon à la fin le plus important c’est d’apprendre…

L’espace à gauche c’était autrefois là où on gardait la vache.
Ensuite transformé en débarras plus chiottes donnant sur l’extérieur; désormais changé en salle de bains plus chiottes.
Ca c’est le plafond du doma ou entrée traditionnelle. on voit bien l’ancien passage qui permettait de monter sous le toit.
Témoins de la vie d’autrefois toutes les vieilles poutres sont noircies…

L’entrée de la vache

A droite de la porte de notre maison, une ancienne ouverture, à peine obstruée par une vilaine planche de contreplaqué.

C’était, autrefois, la porte d’entrée pour la vache. Les paysans avaient à l’époque une vache pour le travail des champs. Il y avait une pièce pour la vache, située à proximité du doma, l’entrée traditionnelle.

On m’a expliqué que l’on réservait à la vache le meilleur emplacement dans la maison, sage précaution, sachant que la vache était un bien précieux dont dépendait les récoltes.

Cette année nous faisons quelques travaux. Nous avons fait changer les gouttières qui étaient vraiment en fin de vie. Et vous faisons refaire l’entrée de la maison. Certaines parties du mur en terre battue (tsuchikabé 土壁ou arakabé 荒壁) s’émiettaient et il fallait rafraîchir un peu tout cela.

Quand les travaux seront finis l’entrée de la vache ne sera plus visible, il fallait bien écrire un article à ce sujet, donc.

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A droite de la porte d’entrée, l’ancienne porte réservée à la vache de la famille. Les planches de travers seront le support pour poser l’enduit shikkui 漆喰

 

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Une vache dans la cuisine

Nous sommes dans le village depuis trois semaines.Les voisins s’habituent à nous et leur réserve s’estompe. On parle plus. On discute. Les coeurs d’ouvrent et c’est le moment de poser des questions sur le village et son histoire.

Dans un post précédant on comparait le plan de la maison avec celui d’une ferme qui date de mille ans, ils sont en effet comparables. La maison de mille ans intégrait une écurie (馬屋).

Nos voisines expliquent qu’autrefois; avant l’apparition des objets mécanisés dans les travaux agricoles, les propriétaires de la maison possédaient une vache; et qu’elle logeait à l’emplacement actuel de la cuisine. Voilà qui renforce la ressemblance de notre maison avec celle de mille ans.

ferme japonaise

ferme japonaise

La maison, ou disons le corps de ferme, est bâtie sur un étage et demi. Toutes les pièces sont au niveau du rez de chaussée et le demi-étage au dessus est une sorte de grenier. Aujourdhui on ne peut y accéder que par le toit. Il y avait sans doute autrefois une ouverture dans le plafond qui permettait d’y accéder avec une échelle. Le grenier est éclairé par deux paires de fenêtres.

Mais à quoi servait ce grenier ou demi-étage ? Les voisins expliquent qu’on y entreposait le foin l’hiver.

Toutes les pièces du puzzle sont là.

Le foin stocké dans le grenier est facile d’accès pour nourrir la vache l’hiver, elle vit à l’emplacement actuel de la cuisine, il suffit de le descendre du grenier.

Le foin offre également l’isolation nécessaire, car les hivers sont froids, et il n’y a presque pas de chauffage, le foin stocké en haut permet au rez de chaussée de garder un peu de la chaleur diffusée par le irori.