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C’est si rapide (le mur)
Ce projet de mur le long de la maison et de la rivière … déjà fini ? C’est si rapide. La bétonneuse a bien aidé. Et j’ai bien pougné ce week end !
J’aurais pu continuer et aller encore un peu plus haut … mais je vais m’arrêter là; au moins pour le moment.
La semaine dernière

Et aujourd’hui

La semaine dernière, quand je m’activais à porter des pierres, une voisine est venue me voir et m’a dit:
‘Toi tu n’es pas comme Carlos Ghosn’ あなたはゴーンさんと違う
Tout est dit.
Couper le kaki
La maison de madame M est littéralement construite sur le bord de la rivière qui traverse notre hameau.
Là, entre la maison et la rivière, il y a un bel arbre à kaki.
Il y avait.
J’ai un peu hésité, avant de décider de le couper. Mais ses branches vont jusque sur le toit, et il est beaucoup trop près de la maison.
Je l’ai coupé dimanche. Je veux aussi dégager un peu l’espace (30 centimètres) le long de la rivière pour pouvoir rehausser la berge, avec des pierres. Des pluies torrentielles il y en aura d’autres et je souhaite mieux protéger la maison d’éventuelles inondations.
Tant qu’à faire.
Ce kaki a dû pousser de lui-même, je ne vois pas comment quelqu’un aurait eu l’idée de la planter là. En tout cas il a bien tracé sa route.
Je suis curieux d’essayer de faire une ou deux cuillères avec son bois, histoire qu’il nous reste un souvenir, et que tout ne finisse pas dans la bedaine de Calcifer le poêle à bois.
Dans le potager il y a trois jeunes arbres à kaki qui, à l’etroit dans leur pots, ont bien profité depuis deux ans. Cet hiver je les planterai dans notre montagne.
La liste des projets en cours et futurs
La liste des projets en cours et futurs continue de s’allonger alors que, l’été fini, les journées vont raccourcir.
- Continuer la Bande dessinée ‘Histoires Naturelles‘. Je fais une pause depuis Mai. Encore 40 ou 50 pages à faire. 20 sont déjà faites.
- Essayer de vendre sur le Net une partie des porcelaines de madame M. En particulier, voir, pour chaque lot possible, le poids et les dimensions incluant l’emballage pour estimer les frais d’envoi.
- Rehausser la berge de la rivière le long de la maison de madame M, pour mieux la protéger d’inondations possibles. Pierres et béton.
- Faire quelques meubles, une table, deux bancs; pour la maison de madame M. Pour celà je pourrai utiliser les cryptomères que la fille de madame M a fait couper au mois de mai dans une de ses forêts.
- Y installer de nouveaux rideaux.
- Réparer une partie d’un mur extérieur, fortement endommagé par les zanimaux.
- Décider du prix de location de cette maison, pour le week end ou la semaine. et faire une page web pour cela. Ce serait pour les lecteurs du blog; en exclu, pour rester entre amis!
- Faire un nouveau meuble pour l’entrée de la maison principale; refaire aussi l’arbre à chat.
- Construire dans la montagne une plateforme surélevée pour y faire la sieste et admirer la forêt. Une dizaine de cryptomères ont été coupés cet hiver, on attend qu’ils sèchent un peu. La plateforme fera deux mètres sur trois, à deux mètres de hauteur. Comme j’ai un peu le vertige, ce sera un projet passionnant.
- Dans la montagne, cet hiver, planter les momijis, les ginkos, les kakis qui sont en ‘pépinière’ dans le jardin.
Qui a dit que l’on s’ennuie à la campagne ?
La maison de Madame M
Madame M est décédée il y a deux ans. Cette dame à la volonté et prestance exceptionnelles, qui a vécu des productions de son jardin, en quasi autarcie, jusqu’à un âge très avancé.
Une anecdote à son sujet, peu après notre arrivée dans le village; il y a six ans, je me suis mis a déplacer des rochers dans la rivière, pour essayer de la dégager et éviter les débordements lors de déluges; eh bien malgré ses quatre vingt dix ans elle est descendue dans la rivière venir m’aider ….
Depuis son décès, sa maison est restée vide. Sa maison est ancienne, centenaire. C’était, autrefois, le logement des instituteurs du village. Elle est adjacente à notre terrain.
L’idée d’acheter cette maison n’a cessé de trotter dans ma tête, et finalement nous nous sommes lancés.
Nous avons finalisé l’achat de cette maison hier. Maintenant que tout est fait, il nous reste à trouver un ou des projets pour cette maison (location court terme pour voyageurs égarés, bar pour les nuits de pleine lune, qui sait …).
Cette maison qui a tant de désavantages, c’en est presque charmant: pas de parking, petit terrain. Un peu sombre. (Lire l’éloge de l’ombre de Tanizaki).
Son schéma est identique à celui de notre maison, et probablement à toutes les anciennes maisons de la vallée. Également identique au plan de la maison de mille ans… sauf qu’il n’y avait pas de place pour y mettre une vache.
Une grande entrée, qui donne sur la cuisine. A gauche quatre petites pièces en tatami arrangées en quatre carrés adjacents comme l’idéogramme de la rizière 田. La pièce, au fond et du côté de l’entrée, abrite un tokonoma et l’autel aux ancêtres, ou butsudan. (celui-ci a été évacué).
Comme chez nous; la salle de bains a été ajoutée plus tard, pendant les seventies ?
Il y a eu quelques autres travaux, comme par exemple l’effacement des engawas (ces couloirs qui font une transition entre le dehors et le dedans) pour agrandir les pièces (les panneaux coulissants en papier rendus obsolètes avec l’introduction des rideaux), et l’entrée où un carrelage est venu remplacer la terre battue (chez nous c’est du béton).
L’esprit original de la maison est, malgré ces ajustements qui ont suivi les nouveaux modes de vie, préservé: la structure en bois avec les poutres et les piliers est toujours visible; les tatamis aussi sont encore là.
Cette modeste maison a du potentiel aussi: elle est petite et n’est pas gigantesque. Elle est en excellent état et il n’y a presque pas de travaux a faire. Elle donne directement sur la rivière, ce qui est sympa.
Il y a aussi une annexe, sur deux niveaux, qui servait de hangar pour les outils. Intéressant de noter que la surface construite pour l’habitation occupe la même superficie que pour stocker les outils et les choses du jardin ou des champs.
A ma demande, l’annexe a été laissée telle quelle, elle est donc encore pleine des outils plus ou moins anciens que Madame M et sa famille ont utilisés dans leurs potagers, montagnes et rizières.
La première tâche sera donc de dégager tout cela et de faire un peu de tri, il y aura sans doute des choses intéressantes, des objets d’autrefois; j’en dresserai la liste ici dans des articles futurs.
Penser à Madame M
En Octobre 2012, nous étions à peine arrivés au village, j’écrivais un portrait de notre voisine, Madame M, l’un des premiers articles de ce blog .
Madame M nous a quittés il y a deux ans maintenant.
La page 11 de ma nouvelle BD lui est consacrée.
Voici une version allégée de l’article de 2012.
Sa maison est juste à côté de la notre. Elle doit avoir 88 ans ?
Elle vit seule depuis j’imagine plusieurs années.
Son corps est très fin. Son visage bien sûr très ridé. Elle est courbée. Elle doit être toute légère. Comme un moineau. On la dirait faite en papier.
Pour se déplacer elle s’aide d’une canne. Pour les distances plus longues elle s’appuie sur un petit caddie qu’elle pousse.
Elle vit quasiment en autarcie. On la voit parfois 800 mètres en aval jusqu’à une superette, ou elle achète des petites choses. Pour tout le reste elle se nourrit de la production de son jardin.
Chaque jours elle traverse le village pour travailler sur ses deux jardins; un potager et un verger parsemé de chataigners. Le potager a une surface impressionante et je crois qu’il aurait facilement raison de mon dos et de ma patience.
Mais elle travaille dur, et ne laisse aucun espace inexploité, le potager est recouvert de plants de haricots, de patates douces et là ou il n’y a pas de légumes des fleurs draguent les abeilles.
Je la vois le soir l’été à son retour des jardins, elle rentre chez elle; pliée en deux au dessus de son caddie, son tshirt trempé de sueur.
Son jardin est situé en hauteur par rapport à la rivière qui irrigue le village. Si bien qu’elle doit transporter l’eau dans des seaux l’été lorsqu’il fait chaud.
Je la vois aussi sur le chemin du jardin transporter un débroussailleur à essence. L’engin est lourd, elle le pose à moitié sur le caddie qu’elle pousse, et je me demande bien comment elle peut parvenir à s’en servir dans le jardin.
Vous voyez, toute la détermination et la force qu’elle deploie dans son quotidien. J’avoue, moi qui ai la moitié de son âge, ne pas avoir cette même énergie.
Ma boite de vitesse est toujours en première, elle, est en cinquième.
Mais comme toujours et partout les efforts payent. Madame M. arbore un sourire qui éblouit. Son sourire, c’est comme un rayon de soleil, le champ d’un oiseau ou le rire d’un enfant.
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