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Déblocages: La lecture en Japonais

J’ai pu réaliser récemment plusieurs déblocages. En voici un, d’abord, sur le sujet de la lecture en Japonais.


Je vis au Japon depuis plus de vingt ans et pourtant je lis très, très peu en Japonais. En tout cas, je ne lis pas en Japonais pour le plaisir, mais plutôt par nécessité. Ce qui est vraiment dommage et un finit par constituer un handicap.

Le fait que mon travail se fait tout en Anglais n’aide pas du tout. Et en plus beaucoup des infos que je consulte ou consomme sont elles aussi en Anglais, que ce soient des podcasts ou des vidéos sur youtube.


La découverte plus tôt cette année du fanzine de monsieur Iwata a aidé mon cerveau à former de nouvelles connexions. Cet été j’ai lu des recueils de chroniques qu’il avait écrites pour le Kobe Shinbun.

Donc j’avais une pile de héra hera tsushin (le fanzine en question) à côté de mon futon. Un soir que je bouquine avant de me coucher, je comprends tout d’un coup que ce héra héra tsushin que j’aime tant est un peu l’équivalent contemporain des Heures Oisives de Urabé Kenko (14è siècle). Je me suis mis alors à relire les Heures Oisives, en Français. C’est l’un de mes livres préférés et il m’a suivi partout. En le relisant avec énormément de plaisir je découvre qu’il évoque le temple de Engyo ji de Himeji (à 10 km de la maison). J’y prends tellement de plaisir que j’achète une édition de l’époque de Meiji afin d’essayer de me rapprocher un tout petit peu du sujet et de l’esprit …

Cet ancien livre décrit un ancien monde révolu. Et ces belles illustrations. La calligraphie, qui imite une écriture au pinceau et se nomme kusushimoji rend le book tout à fait inbitable au novice que je suis et resterai.

J’ai parlé des heures oisives et des points communs avec héra héra tsushin à Monsieur Iwata et ça lui a fait très plaisir …. il a même mis dans son fanzine une photocopie de mon exemplaire des heures oisives !

(magazine du 27 mai 2024) https://www.hera-hera.net/nikki202405.html#top

Plus tard je lui ai aussi donné un dessin de lui et de urabe kenko dans la même maison, à des époques différentes. Il l’a mis aussi dans son fanzine.

(magazine du 2 août 2024) https://www.hera-hera.net/nikki202408.html


Un autre événement c’est un workshop sur le théatre noh, dans un restaurant pas loin d’ici. Des acteurs de noh viennent nous présenter leur art, en particulier leurs instruments de musique. Au préalable nous devions, les participants, préparer un petit texte sur le noh, ce que j’avais fait avec plaisir …

Le workshop se passe très bien et à la fin nous emportons avec nous les copies des textes écrits par les autres participants. Ma première réaction -typique- était ah non je ne vais pas lire ça (trop difficile). Mais finalement une fois de retour à la maison je me mets à lire les textes écrits pas les autres participants.

En particulier le texte écrit par un participant qui compare l’histoire de la pièce de noh « hachi ki » à certains passages de la bible. Ce texte est magistral et sa lecture me donne beaucoup de plaisir.

Finalement: je me dis: hey, je peux lire des choses « compliquées » comme ça, sans avoir recours au dictionnaire… C’est comme une révélation..!


Pour tester cette « théorie » je vais chercher un roman contemporain; La Fille de la supérette (コンビニ人間, Konbini Ningen). Le texte est simple dans un contexte que je connais et ce livre finalement se laisse lire. Sur les pages je copie les mots et les idéogrammes que j’ignore.

Je lis ce livre avec plaisir. Constater que je peux lire avec un effort raisonnable un roman en Japonais me donne confiance et dissout mes réticences.

Ainsi je peux découvrir de nouveau le Japonais écrit. Et il y a vraiment des pépites à découvrir, dans les expressions et les tournures de phrases. OMG !!


Quel idiot que je suis mais mieux vaut tard que jamais; sans doute absorbé dans le travail et toutes les autres choses, ces 20 dernières années, je n’avais pas essayé vraiment de lire en Japonais.

Or, il y a tant de choses à apprendre.


En même temps, en tant qu’auteur de BD, je me renseigne sur la nécessité de créer une maison d’édition.

Je m’intéresse aussi aux librairies, au Japon. Avec la digitalisation, le vieillissement de la population, et l’accaparement des cerveaux par les smart phones, beaucoup de librairies au Japon ont fermé. En 20 ans, un tiers des librairies au Japon a fermé.

La magie encore de youtube, (cette même magie qui contribue aux faillites de librairies) m’informe que, au milieu de ce marasme, il y a des cas exceptionnels, comme par exemple une librairie ouverte 24 heures sur 24, car elle est jointe à un convenience store (konbini) Family Mart. Ce qui est fou, c’est que cette librairie n’est qu’à 40 km d’ici. Trop curieux j’attends la nuit et je vais voir….

Pour y trouver quelques romans contemporains auxquels je vais m’essayer. Il faut, en effet, continuer à apprendre…

[vivre au Japon et] Rester Jeune dans sa tête…

Rester jeune dans sa tête … facile au Japon !!!

Ca fait partie des trucs que j’aime au Japon: la possibilité constante d’être surpris par de nouvelles idées, de nouveaux produits…. et ça c’est excellent pour les rorones (les neurones) … surtout aussi qu’il y a une sécurité constante qui permet de rester reposé et relax, on n’a pas, comme dans certains coins en Colombie ou à LA, à rester constamment sur ses gardes.

De nouvelles associations d’objets; d’idées, surprenantes, inattendues, incongrues, de mauvais goût, drôles, brillantes, tout ça à la fois. En voici deux exemples.

Exemple 1.

C’était le 11 novembre je passais au konbini du village (convenience store) pour trouver ça:

  • des glaces de cannelé …. je n’aurais jamais pensé à un truc pareil ….
  • Le 11 novembre c’est la journée du Pocky. Pocky, un petit gateau fin comme un petit bâton. Le 11 11 c’est comme quatre Pocky …

Ce même biscuit est commercialisé en France sous le nom de Mikado. eh bien ça m’a bien fait rigoler de voir que le staff du konbini avait tout préparé pour le Jour du Pocky !

  • Et puis, et le tout dans cette unique visite au konbini quand même, je fais la découverte de ce book au sujet très improbable.

C’est la traduction japonaise de « how to be more tree« . En japonais c’est « pousser tout droit, ça n’est la (meilleure) façon de vivre », Ce propos de s’inspirer des arbres pour sa propre vie, et les superbes illustrations d’Annie Davidson, excellent!

Exemple 2

Une promenade à Himeji. On se balade dans une ancienne rue commerçante où calme et ennui règnent et on trouve … Une petite librairie. De peu être dix mètres carrés, où des livres d’occasion sont en vente, mais … il n’y a aucun staff. Il y a juste une caméra de sécurité et on peut se demander si c’est une vraie et si elle fonctionne. Sur une table un boite avec de la monnaie.

C’est donc comme, à la campagne; les petits abris où sont à vendre des légumes, le passant-client dépose une petite pièce de 100 yens et prend un sac de carottes ou un chou … et l’idée est ici déclinée en milieu urbain, pour les bouquins !

Voila c’est ce genre de chose dont je ne me lasse pas ici; la créativité constante et je sais que c’est excellent pour les neurones … et pour l’humeur!

Sur un sujet similaire j’avais dresssé la liste des choses que j’aime au Japon. ici….