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C’était formidable

L’interview de monsieur Iwata s’est très bien passée et c’était formidable.

Nous étions installés dans un petit bâtiment où il stocke des œuvres. Il y avait avec nous son assistant monsieur S., une personne tout à fait charmante et étonnante.

Sa maison ressemble à la nôtre; dans le sens où sur un grand terrain se dressent quatre différents bâtiments. Nous sommes voisins, moins de trente kilomètres nous séparent.

Il vit en bordure de la ville de Himeji, d’un côté de sa maison sommeille une rizière, de l’autre, un grand potager.

Le style des petits bâtiments est moderne, en bois et -ça n’est certainement pas une coïncidence- rappelle la maison de Hayao Miyazaki à Tokyo (j’étais passé devant en vélo lors d’une longue balade lorsque nous vivions à Tokyo et la présence d’une deux chevaux Citroën devant la maison confirmait la présence du maître).


Monsieur Iwata était en train de travailler sur une gravure sur bois, représentant la ligne de chemin de fer qui relie la ville de Himeji au nord … la ligne ‘bantan’ ban – banshuu la région historique de Himeji, tan – tajima la région historique éponyme. Une superbe composition.

J’avoue que je craignais de ne pas être à la hauteur. Est ce que j’arriverais à poser mes questions; à entretenir le flot de la conversation et pour mon plus grand soulagement dès notre arrivée la conversation coule naturellement et s’ensuivent des moments merveilleux.

A plusieurs reprises j’ai été complètement choqué par les réponses et la pensée de monsieur Iwata …

A un moment par exemple je dis quelque chose comme la vie c’est un peu comme un marathon c’est à dire que ça n’est pas un sprint, et que l’on peut faire des pauses; des pauses pipi et des pauses banane ….

Lui alors il réfléchit et puis il dit: la vie, c’est une danse !!!

Voila quelque chose à laquelle que je n’avais JAMAIS pensé !! Incroyable.

Bref, de cet interview nous revenons éclairés et humbles !!

A gros coups de ciseaux électroniques, j’ai réduit 3 heures de vidéo en quinze minutes.

Il faudra encore plusieurs heures de travail pour finir les sous titres en Français et publier la vidéo sur youtube….

Encore une belle aventure.


Pour remercier monsieur Iwata et monsieur S pour leur générosité je dessine une carte postale que je leur envoie, avec mes remerciements. Je fais la carte postale « dans le style Iwata » c’est à dire que je noircis une page sur mon software de BD et ensuite je dessine en utilisant la gomme, comme si je gravais une planche de bois …

Ce qui est très amusant et flatteur c’est qu’aujourd’hui monsieur Iwata a publié la carte postale dans son fanzine hérahéra: https://www.hera-hera.net/nikki.html#top (date du 23 juillet)

Préparer l’interview de Monsieur Iwata Kenzaburo – Comment faire ?

J’ai déjà parlé de monsieur Iwata Kenzaburo ici de nombreuses fois et quel choc j’ai reçu plus tôt cette année lorsque j’ai découvert le fanzine qu’il produit.

Ici le numéro 309

où l’on voit ce superbe dessin de poissons médaka

Tout est allé très vite: découverte de son fanzine dans un restaurant au mois de mars, puis rencontre lors d’une de ses expositions, rencontre encore dans un café où il interview des gens pour le fanzine, ensuite il est venu chez nous et a fait mon interview, pour son fanzine.

Le mois dernier j’ai appelé son assistant et lui ai proposé d’aller rencontrer monsieur Iwata, le filmer et lui poser quelques questions, je mettrais les sous titrages en français et posterais la vidéo sur mon channel youtube, cela pourrait être l’occasion de faire connaitre le travail de monsieur Iwata en France ….

Tout a été décidé rapidement, et demain lundi, avec mon épouse nous allons le rencontrer chez lui, dans son atelier, pour l’interviewer !!!

Je le filmerai en train de travailler sur une gravure sur bois… Si tout marche bien je mettrai la vidéo sur ma chaine youtube.

Côté technique: les piles des caméras sont rechargées et les cartes mémoire ont été vidées ….

Je prépare quelles questions à lui poser. Je les note ici. Mais peut-être que je changerai tout. Il ne faut pas être sur-préparé, il faut pouvoir être spontané … mais faut pas être vide non plus …

Quelques questions possibles:

  • Votre parcours en tant qu’artiste
    • Comment avez-vous commencé ?
    • Avez-vous appris seul la gravure sur bois ? (版画)
  • Il y a t il des influences qui ont façonné votre travail ?
    • Des artistes particuliers, dans la gravure sur bois ?
  • Comment la ville de Himeji et sa culture locale influencent-elles votre art ?
    • Est-ce qu’il y a un esprit himeji-esque (il y a une certaine truculence particulière à cette région de Harima, ou encore Banshuu).
  • Comment trouvez-vous l’inspiration ?
  • La gravure sur bois joue un rôle particulier dans votre production mais vous faites beaucoup d’autres choses aussi…
    • Est ce qu’il y a des choses particulières que vous n’exprimez que via la gravure sur bois ? ….
    • La gravure sur bois a-t-elle pour vous une puissance particulière ?
  • Quels thèmes principaux ou messages cherchez-vous à transmettre à travers vos œuvres ?
  • Pourquoi avoir décidé d’écrire le fanzine hérahéra tsuushin ?
    • Ca correspond à un énorme travail !
    • J’ai l’impression que c’est une sorte de synthèse
  • Dans votre travail qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction ?

Cette liste de questions …. c’est peut être un problème des questions comme ça. Faire cette liste cependant est important car cela permet à mon cerveau de se préparer, de faire son échauffement.

Idéalement on ne posera pas de question; ce sera plus une discussion qu’un interrogatoire, mais la discussion comme le papillon ira butiner certains de ces thèmes ….


Non finalement nous changeons les questions !

A travers tout ce que vous avez créé, gravures; dessins, peintures et reportages radio, vous avez toujours été original. Cette originalité qui est bien à vous est elle venue naturellement ?

Dans le fanzine hérahéra on trouve plein de choses, des dessins des gravures des articles; comment êtes vous arrivé à ce concept ?

Quand on lit le fanzine hérahéra on sent de l’intimité et l’on en ressent de la joie, est ce que les lecteurs vous écrivent souvent ? Comment décrivez vous la relation avec les lecteurs ?

La gravure sur bois offre t elle une façon particulière de s’exprimer, par rapport (example) au dessin ?

Comment faire si, en gravant, on fait une erreur ?

On a remarqué lorsque l’on a fait votre connaissance lors de votre exposition que tous les visteurs étaient vraiment heureux de vous voir!!

Inspiration (Suite)

Dans l’article du 3 mars je parlais du choc reçu en découvrant dans un restaurant un petit fanzine nommé ‘hérahéra tsuushin’, écrit par un artiste qui vit à Himeji, monsieur Iwata Kenzaburo.


Rentré à la maison je lui écris pour lui commander quelques numéros du zine. Reçus quelques jours plus tard je les feuillette et les lis un à un.

Les dessins, les textes dans le fanzine sont si chaleureux et humains … Dès qu’on l’ouvre, on se sent bien !

La plupart des textes sont écrits à la main. J’y trouve dans ce fanzine une innocence et de l’honnêteté … C’est authentique. Les sujets traités ? ses rencontres; ses lectures, sa vie de tous les jours, la santé aussi un peu et ce qu’il lit et mange ….


Je me suis renseigné sur l’auteur: Monsieur Iwata écrit ce fanzine depuis … une trentaine d’années. C’est un artiste, il dessine, il fait des estampes (ou ‘hanga’)… Monsieur Iwata a 77 ans ….

Et justement Monsieur Iwata a une expo de ses gravures dans une salle à Himeji … Et ce qui est génial c’est que nous pourrons l’y rencontrer…


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J’achète une boite de chocolats et fais un petit dessin, d’une locomotive à vapeur, avec des wagons, chaque wagon portant un caractère de héra héra …

C’est en effet l’image générale que je retiens …

ce fanzine qu’il écrit depuis trente ans me fait penser à une vieille loco à vapeur

qui, malgré les aléas, continue son chemin … et rien ne l’arrête…


L’exposition a lieu dans un bâtiment municipal situé dans une vallée à l’est de la ville de Himeji, un quartier que nous ne connaissions pas …

Tout à fait surprenant, car dans cette vallée on peut voir d’anciennes sépultures du 7è siècle, des « kofun » http://bansyu.com/1204kohun/kohun.htm qui m’ont fait penser aux dolmens bretons…

Revenons à notre mouton ….


Il y a une grande salle, où des gravures sont exposées sur des panneaux. Au centre, une table avec des livres et des classeurs pleins de gravures par ce monsieur Iwata. Ces gravures, simples allégories de la jeunesse, il dessine beaucoup d’enfants, et des fleurs, des légumes, qui évoquent les saisons. Les compositions sont très dynamiques, on sent la vie et le mouvement. L’angle est toujours surprenant.

Nous sommes les seuls visiteurs lorsque nous arrivons mais d’autres viennent se joindre à nous …. comme nous je crois ils ont choisi cette heure de début d’après midi sachant que monsieur Iwata arrivera, en vélo, vers 13 heures …


Et voila l’honorable bonhomme qui arrive, il porte une petite sacoche, pleine de dessins et d’outils pour ses gravures …

On va le saluer, je lui donne la boite de chocolats et le dessin, il nous invite à nous asseoir et on discute une bonne dizaine de minutes en toute simplicité. Une vieille dame arrive, elle aussi est une fan de Monsieur Iwata et nous discutons alors tous ensemble … voila un moment bien agréable.

Monsieur Iwata explique qu’il a décidé de devenir dessinateur et d’en faire sa profession lorsqu’il avait quelque chose comme 17 ans, après avoir vu le film A Bout de Souffle, lorsque Jean Paul Belmondo dit: Les voleurs volent Les assassins assassinent Les amoureux s’aiment

Il s’est dit alors ‘eh bien: les dessinateurs dessinent’ ….


C’est assez merveilleux de rencontrer ce formidable personnage et de voir ses autres fans…


Quand je lui donne la carte postale avec le dessin de la locomotive, il me dit:

« tu sais, je me considère moi-même comme un train ! et regarde, –il ouvre une page de son dernier hérahéra où l’on voit un train passer sur un pont — ce train la, c’est moi, c’est mon auto portrait »