Le nettoyage de la rivière
Aujourd’hui dimanche, de 13:30 à 15:30 avait lieu le nettoyage de la rivière.
Tous les habitants du hameau se sont regroupés.
C’est très organisé, comme lors du mochitsuki.
Les femmes sont divisées en deux groupes. Un se charge de ramasser les éventuels détritus sur les berges de la rivière. Le deuxième groupe est aux fourneaux et prépare les réjouissances qui suivront. Les rares enfants sont avec les femmes.
Les hommes eux sont ensemble. Tout le monde a des bottes, des vêtements de travail, et est armé de faux; de haches recourbées et de scies courtes. Certains amènent leurs keitracks.
On monte à l’arrière des keitracks, pour se rendre en aval. C’est chouette de monter à l’arrière du keitrack. Ca fonce sur 500 mètres avec le vent qui souffle dans les oreilles.
Trois groupes se forment et se dispatchent à plusieurs endroits le long de la rivière. On ne nettoie pas les mêmes chaque année.
Puis tout le monde descend.
L’ambiance est bien macho. Il y a quelques jeunes, mais la plupart ont plus de 60 ans, il y a quelques hommes qui ont plus de quatre vingts ans.
Certains descendent et vont travailler les berges immédiates de la rivière, les pieds dans l’eau. D’autres et parmi eux les plus agés restent sur la route, ils s’occuperont de charger dans les keitracks ce que ceux d’en bas auront coupé et rassemblé.
Tout le monde s’affaire. Certains transpirent malgré l’hiver. On scie des arbres morts qui obstruent la rivière. On ramasse les canettes de café qui la polluent. On coupe les herbes, les bambous mélangés comme des mikados, on ramasse du bois mort bloqué entre des pierres.
Les pluies dans le pays sont brusques et violentes. Il faut que la rivière soit bien dégagée afin de bien dégorger les montagnes et les forêts; sous peine d’avoir des inondations. Il y a déjà assez de catastrophes naturelles comme ça.
Mes bottes sont trop courtes. Elles prennent l’eau. Les pierre arrondies qui forment le lit de la rivière sont glissantes, il faut faire attention; surtout qu’on portes de outils tranchants et très dangereux. Je glisse une fois pour tomber le cul dans l’eau. Heureusement je tiens ma serpe fermement et ne m’ampute pas. J’ai encore besoin de mes dix doigts.
Les deux heures de travail sont intenses. Les gens sont sérieux et travaillent sans rigoler beaucoup. Il s’agit d’être efficace.
Une fois le nettoyage fini on se retrouve. Certains s’assoient. C’est le moment d’allumer une cigarette et de discuter.
Les keitracks reviennent. Ils viennent charger le bois et les herbes coupées. On balaye la route pour n’y laisser aucune stigmate du nettoyage. Les petits camions partent tout déverser dans un petit parc au nord du hameau. C’est là que l’on fera le tondo; à la mi janvier.
Le tondo; mais je le verrai de mes yeux dans un mois, c’est un grand bucher que l’on organise. On célèbre l’année nouvelle. Ceux qui se baignent des fumées du tondo sont bons pour l’année: ils ne tomberont pas malades, et tout ira bien pour eux.
Le travail est terminé. Il faut marquer le coup. Tout le monde converge vers le foyer communautaire. On retrouve le groupe des femmes et des enfants. Ils ont trouvé quelques canettes et des sac plastiques, mais en petites quantités.
Le foyer communautaire est prêt. Le premier groupe de femmes y a oeuvré. Les tables sont mises. Il y a des jus de fruits; de la bière et du saké chaud à profusion. C’est génial. Les tables ont du jambon, et de l’oden chauffe dans des chaudrons. Chacun prend une place. On passe un bon moment, au chaud. Il doit y avoir 80 pour cents du village réuni. Pas beaucoup d’occasions comme ça dans l’année.
On fait connaissance. Oui, on passe un bon moment; pour clore une bien belle journée.
Super !!