La possibilité d’une montagne
Face à notre maison, de l’autre cote de la rivière et la route, somnole une montagne. Aux abord de la route et sur 10 mètres de hauteur, une jungle de ronces et arbustes la recouvre. Plus haut, des criptomères droits comme des I se dressent à intervalles réguliers.
Ici au village les gens disent yama: montagne. Chez nous on dirait peut-être forêt ou bois, je ne suis pas sûr. Ça monte assez sec, et tout en haut on est plus proche du paradis (ou plus loin de l’enfer, comme vous préférez).
Les montagnes qui couronnent le village ont toutes la même histoire. Autrefois l’homme l’exploitait pour faire du charbon de bois. Il faisait alors des fours par ci par là . Puis la mode a changé. L’homme y a fait quelques terrasses, et y a planté des muriers; les vers à soie sont friands de leurs feuilles. Avec la dernière vague, il y a 60 soixante ans les gens ont crû toucher le jack pot; tout le pays avait besoin de bois pour construire des maisons. Il fallait du bois qui pousse vite et droit !
Alors on a planté partout des criptomères. Partout ! La forêt qui recouvre la montagne est donc artificielle.
Mais entretemps on a commencé à importer du bois de l’étranger bien meilleur marché. Les objets en plastique sont apparus, rendant les objets de bois obsolètes. Le cours du bois local s’est effondré et l’économie de la montagne avec. Les criptomères sont restés.
Aujourd’hui, la montagne n’est pas rentable et a perdu son rôle économique. Rares sont ceux qui vivent de l’exploitation du bois. Les montagnes n’ont de mémoire d’homme jamais été aussi peu chères.
La montagne en face de chez nous appartient à l’ancien propriétaire de notre maison. Et de fil en aiguille nous nous sommes mis d’accord et la lui avons achetée. Nous l’avons acheté la semaine dernière.
Il s’agit seulement d’un morceau de la montagne, pas de toute la montagne ! Juste 6000 mètres carres.
Ce qui est beaucoup pour nous qui il y a deux ans encore habitions à Tokyo. D’un coup l’espace de nos rêves s’agrandit. C’est une autre dimension.
A notre échelle, 6000 mètres carres, c’est quasiment infini.
Qu’allons nous faire de la montagne ? Vous avez des idées ?
-planter des arbres fruitiers sur les terrasses inférieures. Des châtaigniers, des arbres à kaki, des noyers. De l’akebi aussi.
-couper quelques criptomeres, éclaircir la foret sombre qui recouvre la montagne pour fortifier la montagne et lui permettre de reprendre un aspect naturel.
-Faire une cabane, pourquoi pas une tree house. Ça donnerait une vue splendide sur le village et alentour.
D’autres idées ?
Note
Sur les montagnes -ou bois-au Japon voir aussi cet article
C’est incroyable ça, acheter un morceau de montagne, c’est presque surréaliste. En tout cas félicitations, comme on dit, quand on devient propriétaire d’un lieu ;O)
Merci ! J’avoue que je suis tres excite par cette nouvelle perspective.
Félicitations pour votre chance – et bravo à vos futurs efforts !
Des arbres fruitiers paraissent une bonne idée ?
justement je pensai oui à une cabane, pour se trouver dans la verdure, et observer la nature, les oiseaux et insectes, peut etre un ptit coin de culture, mais je sais pas si c’est facile en montagne et comment est la terre,
et c’est possible de mettre des chevres ? des animaux en semi liberté ? ce serait sympa aussi, tu pourrais avoir du lait et faire des ptits fromages juste pour toi et ton entourage, peut etre que ton bois tu peux en faire des choses
bon ba felicitations avoir un pan de montagne c’est pas donné à tout le monde, super !!!!!!
Si tu trouves une bonne idee fait signe! Ma femme a le meme probleme a Okinawa et Izu…
Des montagnes ?
Félicitations ! Vous devez être heureux comme tout de ce petit bout à contempler et bichonner…
Ce billet résonne particulièrement, ici dans les montagnes françaises, où la situation décrite est vraiment similaire : déprise agricole, la forêt reprenant ses droits, le passé des charbonniers et bûcherons, et au présent les corbeaux, hérons, chevreuils… Et les songeries lorsqu’on acquiert un tout petit morceau de tout ça, à projeter des fruitiers, des cabanes et des tyroliennes un peu dingues… les mêmes rêves ici ou là-bas, le monde est vaste et tout petit en même temps 🙂
C’est fantastique tout ca ! Vous avez un bois ou un morceau de montagne aussi ?
Félicitations ! C’est super ! Tu vas pouvoir faire pousser des gourmandises pour les chevreuils 🙂
Ok ! OK ! Je sors => Mais lentement, je ne suis pas pressée 😀
Oui les deux, enfin un petit bout de montagne boisé quoi. Nous sommes dans les Pyrénées centrales, c’est très beau, dépeuplé ; et je ne reviendrais à la ville pour rien au monde (pour ma moitié c’est moins tranché). Voilà voilà 🙂
J’envisage cette montagne comme celles de Wakayama: complètement reboisées (pour la troisième fois dans le cas de la péninsule de Kii !) et ainsi complètement dépourvues de feuillus et de biodiversité. Conséquence, les forêts uniformes ne nourrissent plus les rivières en feuilles mortes et insectes, les rivières sont dépourvues de poissons. À Wakayama, les rivières sont trop pures, il n’y a point de poissons. Donc (pour en venir au point!) mon idée: redonnez à cette montagne sa biodiversité. «L’homme qui plantait des arbres»… plantez des feuillus, tous aborigènes… Et oui, construisez une chashitsu pour jouir pleinement de cette montagne. Bravo! C’est vraiment un bel achat, vous menez une belle, une bonne vie, vraie.
Oui entierement d’accord avec toi Pierre. L’homme a plante partout de facon quasi industrielle, et la nature, les sols en ont beaucoup souffert. S’occuper de la montagne et l’aider a repartir d’elle meme et a reproduire sa propre energie, je pense que c’est ca l’idee fondamentale. Comme toujours merci pour ton commentaire.
Ce doit etre un bien bel endroit !
Oui très joli et apaisant 🙂 d’ici un demi siècle, si la forêt qui repousse n’est pas ravagée, ce sera un début de forêt adulte si l’on peut dire. Il faut soigner cette terre pour ce que nous laisserons à nos enfants…
+1 pour la forêt diversifiée ! Ici il y a quelques coins de « champs d’arbres » alignés et mono espèce, c’est la cata ! Pas d’oiseaux, pas de sous-bois, les sols détestent, tous les arbres ont la même taille et hauteur… Et c’est horrible. De loin on dirait qu’on a peigné la montagne, comme une coupe de cheveux ratée.
les chèvres c’est sympa, le seul hic c’est que c’est ultra-stupide ! Donc c’est assez pénible à gérer. Par contre c’est rustique et ça bouffe tout (un peu trop même). Donc pour cohabiter avec des arbres fruitiers, il faut attendre que cela soit assez robustes et immangeables. Ici nous avons pas mal de châtaigners en bordure de forêt, pour le kurikinton. Il vaut mieux privilégier une solution mixte et voir avec un expert qu’est ce que vous ouvez planter sur ce sol (un vigne peut être en terrase ??? :))
Bonjour Ragafrance, merci pour ton commentaire. Les chèvres j’adorerait, mais il faudrait que je sois au chômage pour avoir le temps … Apres le debroussaillage et nettoyage finis je planterai des arbres fruitiers sur la partie ou il n’y a pas de sugis. (criptomeres). Avec tous les chevreuils, et maintenant les singes, je protègerai tout avec des filets, jusqu’à ce que les arbres soient assez grands. Pour la partie couverte de criptomeres, j’ai plus de questions, mais il fat d’abord que j’explore et observe la foret beaucoup plus !
As tu des terrains toi aussi ou des forets, a Gifu ?
Non malheureusement ! Comme chez vous, beaucoup de sugi. Ce qui un pose un problème car les ours n’ont plus assez à manger – ils se nourrissent de glands, les chênes sont rares et cette année la production de glands est faible semble-t-il. Des gens ont été attaqué à Shirakawa et il y a eu des alertes ici. Il y aussi pas mal de châtaigniers dont les châtaignes n’ont rien à envier à l’Ardèche ! Vraiment très bonnes.
Il y a quelques rizières en terrasse abandonnées aussi mais sinon cela reste assez bien mis en valeur, quoique la pression foncière s’est accrue dans le coin.
Nous avons du terrain (hatake) en jachère car la partie cultivée suffisait à la famille de mon épouse. On a passé le tracteur pour pouvoir planter pour l’année prochaine comme nous allons être plus nombreux.
Un terrain – rizière – est occupé par un appentis (stockage, garage, etc.).
Sinon j’ai vu pas mal de bois à shiitake posés en sous bois, ça peut être une piste pour la partie couverte.
Je plussoie dans les kakis, les Shiitake, et pourquoi pas les pleurotes, parce que c’est assez facile à faire prendre.
Le problème est que les daims et autres bestioles vont s’en donner à coeur joie…L’akebi / mube est une bonne option, mais faut avoir envie d’en manger souvent, quoi…
Malgré le fait que ce soit un aimant à merles, je conseille le cornouiller (sanshuyu), qui fleurit jaune avant la fin de l’hiver, et donne des fruits acidulés qu’on mangera blets, mais dont on peut aussi faire une délicieuse gelée pleine de vitamine.
L’arbousier japonais (yamamomo) devrait bien s’y plaire aussi…deux haies de framboisiers(kiichigo), des groseilles (suguri / currant), c’est possible en sous-bois aussi. C’est d’autant mieux si on fait un jardin aromatique sur bute (thym, origan, livèche, etc).
Avec le bois coupé, on peut faire un ou deux étages terrassés, ce qui devrait draines suffisamment pour le confort des framboisiers. Celui qui pourrit devrait faire un super support à pleurotes.
Les navets prennent bien en sous-bois aussi, mais attention aux sangliers.
Tres bon feedback merci senbei. En effet toute plantation sera automatiquement l’objet du desir des sangliers et chevreuils. faudra tout blinder … et eventuellement faire des terrines et des pates mais ce serait une autre histoire …