Catégorie: matière
Chez le tourneur
Le bois ici fait partie intégrante de notre vie. La maison de bois, les bûches pour le poêle et les forêts qui entourent le village.
L’étape suivante, logique, est l’ustensile en bois pour la cuisine et prendre les repas. C’est peut-être aussi le souhait d’un retour en arrière, utiliser des objets plus primitifs, simples. A titre d’essai; tout est expérience. Car sinon nous sommes des inconditionnels de la céramique japonaise.
De fil en aiguille nous faisons connaissance avec un couple qui vit à une trentaine de km d’ici. Le mari est tourneur sur bois. Nous allons les voir. Ils ont construit leur maison atelier eux-mêmes sur le flanc d’une montagne versant sud avec une superbe vue sur la vallée qu’ils dominent. Histoire sans doute de repérer tout mouvement de police suspect. Le toit de la maison, en demi géode, est remarquable.
L’atelier est caché dans une brume de sciure de bois. L’homme et la femme semblent en émerger et leur visages sont recouverts d’une fine couche blanche. La conversation nait naturellement, comme si nous nous connaissions déjà. Ils sont surpris quand même un peu de nous voir arriver, et moi donc l’étranger. Qu’est-ce-qu’on est venus faire ? Je dois clarifier que je travaille dans l’IT, et que je ne tourne pas le bois. Soulagement, nous ne sommes pas venus observer leurs secrets de fabrication. Notre histoire aussi: une famille avec un mari français qui a quitté Tokyo et est venue s’installer dans la région dans une vieille maison que tout le monde ici aurait bulldozée sans hésitation les surprend, et nous rapproche.
L’atelier est pro, et il y a aussi un côté sauvage dans le chaos qui règne.
Le couple me donne l’impression d’artistes ou d’artisans qui vivent à fond dans leur art. Ils ne s’arrêtent jamais. Ils vivent également avec la nature. Le contact avec le bois. Les panneaux solaires sur le toît. Le système de chauffage à la sciure de bois. La maison qu’ils ont construits eux mêmes. Les légumes et les fruits qu’ils produisent. Il y a eu un choix délibéré de prendre ses distances avec la ville et le système et de se réfugier dans les montagnes et l’art de tourner et travailler le bois. Outre la maîtrise de leur art on sent dans chaque propos leur assurance teintée de modestie, assurance dans le fait que leurs choix sont les bons et dans tout ce qu’ils ont réalisé par eux même sans emprunter la force de l’argent.
On fait le tour de l’atelier, la femme nous explique les fonctions de chaque machine, tandis que l’homme s’affaire à son tour sur un kataguchi.
On protège les plats et ustensiles en bois avec de la laque. Urushi. L’homme part dans les montagnes couper des laquier, pour en extraire la résine. La laque protège le bois de l’eau et permet à l’objet de durer quasi indéfiniment. Mais j’ai en tête un objet en bois crû. Une écuelle en bois. Bien sûr, ils ne font pas du tout ça. Alors je dessine sur un bout de papier l’objet en question. Dimensions, épaisseur (tu veux un truc épais comme ça?) et les anses. La vidéo de Robin Wood; le tourneur traditionnel anglais qui reproduit des objets du XVIIe siècle m’a frappé. Mais son site web est trop loin d’ici. Je ne veux pas faire venir d’Angleterre un tel objet. Aussi beau soit-il.
Je parle au tourneur et à sa femme de Robin Wood, comment il tourne selon les méthodes d’antan, avec un tour activé par le mouvement de la jambe. Et l’homme s’en va tout d’un coup dans son bureau, d’où il ressort une vieille revue anglaise ..; et où il y a justement un article sur ce même Robin Wood, plus jeune de 20 ans. Quelle coincidence . La boucle est bouclée.
Finalement je fais la commande d’une écuelle. On convient du prix et de l’essence (ceriser). Ce sera la copie d’une copie.
Trois semaines plus tard. On revient les voir. Il a fait trois écuelles. Je lui demande s’il a pris du plaisir à les faire. Il acquièce et sourit. Les écuelles sont encore plus belles que je n’avais pensé. J’achète les trois. On discute. La femme part dans la cuisine et revient avec un pot de ragout de chevreuil qu’elle a préparé et qu’elle nous offre. Elle l’a préparé comme on prépare la viande de baleine, explique-t-elle.
Le garage
C’est peut-être le rêve de tout mec qui se respecte (cojones) que d’avoir un garage, avec des outils, et d’y faire pleins de trucs. Jobs et Wozniack ont commencé dans un garage, Hewlett et Packard aussi.
Et bien voilà nous y sommes aux portes du rêve. Le chais -débarras- est une petite construction en bois carrée assez récente, on lui donne 10 ou 20 ans à peine.
C’était la caverne d’Ali Baba de l’ancien propriétaire, qui y stockait tous ses outils de jardinage et de menuiserie. Il y avait quelques trésors.
On y a fait percer deux fenêtres afin de puiser de la lumière et de profiter de la vue sur la montagne et la rivière qui font face.
Le moment est venu de transformer le capharnaüm et d’en faire un endroit ou l’on peut travailler.
Côte droit, ranger les outils agricoles et le motoculteur. Et les pots de peinture. Et la vieille machine pour le riz.
A gauche, construire un établi le plus long possible, ranger les outils de menuiserie. Avoir un espace pour poser un PC et du papier.
Cette partie qui est lumineuse et donne sur la nature sera un standing desk, on y écrira des emails, et fera de l’excel.
A la fois donc un bureau, un atelier … le panard quoi.
Pour l’instant j’abandonne l’idée du plancher pour la moitié gauche de la pièce. Pas assez de temps, et c’est tellement le bazar qu’il faut pouvoir ranger d’abord.











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