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Construction d’une maison japonaise – Les murs de terre (3)

On voit, les semaines qui suivent, l’évolution de la terre et les changements qui accompagnent le séchage naturel.

Des craquelures apparaissent. Certains petits morceaux de terre même se défont du mur et tombent à terre.
Il est important, le temps que les murs de terre sèchent complètement, de laisser les fenètres ouvertes et d’assurer un courant d’air afin de laisser l’humidité partir, sous peine d’avoir des moisissures etc. On laisse donc un ventilateur tourner en boucle 24 heures sur 24.
En sèchant la terre se rétracte. On devine des rais de lumière entre la terre et la structure de bois de la maison.
Toutes ces transformations. On voit que la maison respire, et qu’il y fera bon vivre.
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Construction d’une maison japonaise – Les murs de terre (2)

Une fois le treillis de bambou en place

Un camion livre 2 tonnes de terre. Pour le tsuchikabe. Celà peut paraitre un jeu d’enfant mais c’est du domaine du sakanyasan (équivalent du maçon 左官屋さん).
Il faudra ensuite attendre plusieurs semaines pour que le tout sèche et que l’on puisse passer aux étapes suivantes.
Le procédé nécessite du temps, mais par contre quelle économie de moyens. Du bambou, de la terre et des ficelles. La modernité a vraiment tout compliqué.
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La classe c’est de travailler la clope au bec.
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De l’autre côté de la cloison on appuie avec une grande truelle.
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Après la première couche extérieure.
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la deuxième couche
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Voilà. Ensuite il faut laisser sécher.
On voit bien les lignes élégantes de la construction avec les deux sujikais qui forment les diagonales.

Construction d’une maison japonaise – Les murs de terre (1)

Mur de terre = tsuchikabe. 土壁

La méthode et la technique des ancêtres.
Le marchand de terre de la ville voisine a fermé boutique. Le business disparait, nous aurons été son dernier client. Les gens aujourd’hui ne demandent plus de tsuchikabe et préfèrent les techniques plus modernes. Planches de blois agglo et isolants thermiques en laine de verre ou je ne sais quoi. Partout pareil.
Pour assurer que la construction ne bouge pas et résiste à tout ce qui va lui tomber dessus (séismes, pluies, typhons) on pose les sujikai.
筋交い wiki
Les sujikai sont des pièces de bois, qui en grandes diagonales vont relier les colonnes entre elles. Ils font partie du mur et seront plus tard dissimulés dans le tsuchikabe.
Il faut préparer les grands espaces vides, le menuisier va poser des lattes de bois pour former une structure solide à laquelle le mur de terre va s’attacher.
Puis, on installe un treillis de lattes de bambou. Le bambou ici est importé de Chine. Pour bien faire, si on utilisait du bambou local nous devrions utiliser du bambou coupé en hiver, pour ne pas y avoir d’insectes qui pourraient en compromettre l’integrité et la durabilité.
On pose d’abord les bambous à l’horizontale.
Puis on forme le treillis en ajoutant la partie verticale.
Le tout est noué avec de la corde.
Autrefois, nous rapporte le charpentier, les gens du village venaient aider celui qui s’atelait à ce travail. Les femmes les enfants et les vieux se joignaient au chantier.
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Construction d’une maison japonaise – Jour 2

Le premier jour a été fulgurant, vraiment. Tout avec tant d’émotion. Les gens qui travaillent sur le chantier sont d’une telle bonne humeur. Décontractés. Et professionnels. Ils font un beau métier sous le ciel bleu.  Peur eux le travail ne manque pas.

C’est passionnant de les regarder faire et de voir comment ils bougent. C’est un vrai spectacle;  l’on apprend beaucoup aussi.
Plein de bonnes leçons à retenir, celà nous enrichit.
Le tout mis d’aplomb, les charpentiers vont enfoncer les chevilles et fixer ainsi les différentes poutres et colonnes, les unes en les autres.
A l’ancienne.
Les chevilles ont été préparées à l’avance. Faites à la main chaque pièce est unique.
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Le tout se fait à gros coups de maillets.
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Donc le tout s’assemble en bois. Jusqu’à ce moment là je crois qu’ils n’ont utilisé qu’une paire de vis.
Bien sûr pour fixer les chevrons de la charpente et finir la toiture,  et poser le plancher, ils utiliseront des clous; des agrafes, des vis, mais on note que pour assembler la structure, tout est fait en bois.
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Construction d’une maison japonaise – Jour 1 (4)

Voici la fin de la première journée des travaux.
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La toiture montée, les travaux sont finis pour le jour. Nous nous réunissons tous. Cette fois ma femme et moi nous faisons le tour du bâtiment, et nous dispersons du saké, du sel et du riz.
Puis nous nous tournons tous vers la nouvelle maison et faisons une prière.
Fin de la première journée et le moment d’offrir des rafraichissement à toute l’équipe qui a bien travaillé.
Aussi nous donnons à chacun, caché dans une enveloppe blanche, un peu d’argent.

Construction d’une maison japonaise – Jour 1 (3)

Nous continuons le récit de la première journée des travaux.

Suivant les mêmes procédés on monte la toiture. C’est un moment émouvant.

Il y a deux très belles pièces, deux troncs d’arbres qui vont s’asseoir et lier les sommets des deux façades. Ils supporteront la toiture.

Les voici. Les charpentiers travaillent en hauteur. Avec les gros maillets ils vont forcer les pièces dans les autres.

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Quelle journée. Il faisait chaud, et le ciel était magnifique.

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Voilà des gars avec de vraies cojones.

Construction d’une maison japonaise – Jour 1 (2)

Continuons sur la première journée des travaux.
Il fait chaud. Les gens travaillent dur. Le visage de S. est fermé. On voit qu’il est super concentré, on n’a pas droit à l’erreur. Je n’ai pas compté mais les gens prennent beaucoup de pauses. On avait préparé un parasol, des rafraichissement et des pastèques. Lors des pauses ils reprennent leurs visages d’enfants.
On perce les grosses pierres de la fondation. C’est que l’on on va enfoncer une barre de fer dans les pierres et les poutres, afin de bien fixer l’édifice au sol et d’éviter qu’il ne bouge suite à des seismes ou au travail du bois.
Puis les hommes commencent à assembler la façade Ouest. On assemble les poutres, à coups de gros maillet. La façade est assemblée, posée à terre.
Puis on la soulève avec une grue et on la pose sur les grosses pierres de la fondation.
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On s’attaque ensuite aux deux énormes poutres horizontales qui vont former les côtés complétant les façades.  A cet instant les deux poutres latérales vont se fixer, ténons + mortaises, dans la première façade.
Puis on assemble la deuxième façade et on la fixe au reste suivant les mêmes procédés. On commence à imaginer la maison bien qu’il n’y ait pas encore de toiture.
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Ensuite, on enfonce comme un énorme légo les colonnes, verticales, dans les poutres, horizontales. Là c’est un jeu d’enfant et je me permets de donner un coup de main.
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Vient une partie délicate. Il s’agit de poser la deuxième paire de poutres horizontales, qui font lier entre elles les deux façades par le haut et s’enfoncer dans les poutres droites.
A partir de cet instant les deux charpentiers commencent à travailler en hauteur. Impressionant, que de les regarder hissés sur les poutres en funmanbules et frapper avec leurs énormes maillets pour forcer les éléments dans les autres.
(à suivre…)

Construction d’une maison japonaise – Jour 1 (1)

Ce sont les deux premiers jours, où tout se joue, d’une façon spectaculaire. Comme il y a beaucoup à dire je vais présenter les travaux de la première journée en plusieurs articles.

L’équipe arrive avec un gros camion, chargé du bois. On décharge avec une grue. Dans l’équipe il y a S. le menuisier charpentier, et K, un autre charpentier venu en renfort. Puis O. et A. qui aident à la logistique et pour tous les petits travaux qui accompagnent les grands.
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En faisant le tour de l’emplacement de la future maison, le charpentier disperse du sel et du saké. Puis nous nous réunissons tous et faisons une prière pour que les travaux se déroulent sans incident.
怪我がないように
Normalement, on fait appel à un prêtre shinto pour purifier le terrain avant la construction, mais comme cette fois ci nous faisons construire sur l’emplacement d’un ancien batiment et que ce n’est pas une habitation principale, mais une simple annexe, où il n’y aura pas de feu, nous faisons au plus simple.

Les fondations

La nouvelle construction, à la place du hanaré, sera une piéce de 20 mètres carrés. 4×5. Construction traditionelle. Murs en terre. Et tout le reste en bois.
Pour ce qui est des fondations de la maison, ce sera comme le hanaré, soit les piliers de bois reposant sur de grosses pierres. Rien de plus. Le batiment est surrélevé par rapport au sol. Ceci permet de résister à l’humidité.
Cette semaine nous avons posé les pierres. A l’emplacement des futur piliers… on se croirait sur un site archéo.
L’énorme pierre carrée, ce sera pour monter dans la pièce. Déjà on s’assied dessus, pour regarder tranquilement ce qui se passe dans les montagnes.
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on creuse la terre avec la pelleteuse vert grenouille pour mettre les grosses pierres à niveau.

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Sur les pierres viendront s’appuyer les piliers en bois. On fait comme autrefois ! Ce procédé est économique … pas besoin de camions toupie.

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Les pierres posées, on a mis une couche de terre ‘masatsuchi’

La maison de 1000 ans

[Note de septembre 2014: j’ai plus depuis rencontre l’ancien proprietaire de la maison de 1000 ans]

La maison de 1000 ans. 1000, vraiment ?  千年の家

Multi centenaire c’est certain. Elle était habitée jusqu’il y a quelques années, puis elle a été restaurée et est devenue un musée. A 30 minutes à pied de chez nous. Dans un hameau du même village.

On peut la visiter les week ends. C’est ce que nous avons fait.
L’entrée donne sur l’écurie et la cuisine. La cuisine consiste en un évier et un kamado à trois foyers.
Intéressant, le kamado est construit dans un creux dans le sol. pour mieux amasser les cendres ? Il n’y a pas de cheminée, ce qui fait que toutes les poutres sont noircies par les fumées. L’arrète du toit a deux ouvertures, qui permettent à la fumée de s’échapper, par le haut. La fumée qui s’échappe et se disperse librement dans la maison a le mérite de faire fuir les insectes.
La cuisine et l’écurie ont un sol en terre battue. C’est comme chez nous autrefois.
La deuxième moitié de la maison a un plancher surélevé. Il est constitué de bambous et de nattes de pailles. Ancètres simplissimes des tatamis ?, sur une partie, et sur une autre, d’un plancher superbe, on voit les marques de découpes du bois à l’herminette.
 On a dressé un petit autel shintô dans cette pièce.
La toiture est constituée de paille, comme dans les maisons ultra célèbres et inscrites au patrimoine de l’UNESCO de Hida Takayama.
On voit, l’intérieur est sombre. Et cela rappelle l’essai esthétique de Tanizaki, l’éloge de l’ombre.
Dans la pièce attenante à la cuisine, il y a un irori, un petit foyer, carré; inscruté dans le sol. Normalement il y a toujours des braises et le foyer ne s’éteint jamais, pendant des générations et des générations. Avec le kamado c’est le coeur de la maison.
Sur l’irori, la tradition est d’accrocher une théière ou une soupière crochetée au jizaikagi (自在鉤). Le jizaikagi est un est tube en bambou ou une chaine; pendante du plafond, relié à un levier, souvent en forme de poisson et qui permet de régler la distance entre la théière et le foyer. Pourquoi cette présence incongrue de poisson ? Le poisson évoque l’eau et donc la sécurité par rapport au risque d’incendie, m’a-t-on expliqué un jour.
Dans cette petite maison dite de 1000 ans, tout est simple est réduit au minimum. Il y a aussi des toilettes et un endroit pour se laver, cependant inaccessibles au visiteur.
Donc le minimum, est là. Dans un sens on ne devrait pas avoir besoin de plus… on se verrait assez bien vivre dans cette maison … avec un cheval comme ami et une connexion internet.
la maison de 1000 ans
la maison de 1000 ans
La maison de 1000 ans a-t-elle vraiment 1000 ans ?
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L’écurie occupe la moitié de la cuisine-entrée.
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Le kamado à trois foyers. Le foyer à droite, pour faire cuire le riz. Au centre, bouillir de l’eau. A gauche pour la soupe !
Plus loin à côté de la fenêtre, un évier rudimentaire.
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L’irori à côté de la cuisine. On distingue le morceau de bois qui évoque la forme d’un poisson.
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De jolis objets d’autrefois. Pas de plastique.
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Très beau parquet. Au fond de la pièce, un autel shintô.
Pour les curieux qui souhaitent visiter cette maison, voici l’adresse et les instructions (en JP).
住所 〒671-2415
姫路市安富町皆河(問い合わせは姫路市教育委員会文化課)
TEL 079-221-2786
定休日 千年家の公開は、土曜、日曜、祭日(年末年始は除く)のみ ※平日は団体のみ、要事前予約
アクセス 中国自動車道「山崎IC」から車で約10分