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Faire du charbon de bois (vidéo)

Dans la vidéo ci-dessous avec mon ami S nous faisons du charbon de bois.

Du charbon de bois j’en utilise pas mal, car plusieurs fois par semaine je fais griller des choses (poissons ou viandes) sur ma table irori.

Et pour S c’est pareil, sauf que lui c’est tous les soirs qu’il se fait griller ou cuire son diner, sur un petit feu.

Sa table irori est installée chez lui, dans son salon. Et il se fait griller des trucs tous les jours. Comme autrefois. C’est comme ça que tout le faisait autrefois.

Il est donc grand consommateur de charbon de bois, et bien entendu il fait son charbon de bois lui-même.

Tout découle de la même pensée que, si il y a une chose que l’on peut produire soi-même il est bénéfique de le faire au lieu de l’acheter. On n’est jamais mieux servi que par soi-même:

  • les choses prennent tout leur sens
  • on apprend et on améliore son skill set (comme dans les jeux vidéos)
  • on dépend moins du pognon
  • c’est fun

Pendant la vidéo aussi on récolte des édamamés et on sauve un petit crabe de rivière …

Ecoutez bien S. sur la vidéo, le nippophone remarquera la particularité et la beauté du patois … il s agit du patois local, le banshuuben (播州弁)

Opération Charbon de bois

Dans sa base secrète (秘密基地), dissimulée des regards, dans une vallée inhabitée, mon ami S. s’est remis à faire du charbon de bois. Je ne sais pas si j’ai déjà fait un article sur cette base. Je crois pas. Ah si! Le voila. En 2013 peu après notre arrivée.

Il a construit deux fours à charbon de bois dans sa base. Il en parlait depuis 4 ans au moins, d’allumer les fours et d’y refaire du charbon de bois mais c’est finalement cet hiver qu’il s’est décidé à s’y remettre.

C’est vraiment pour le fun qu’il fait ça, S.

Il aime à continuer les gestes d’autrefois.

Autrefois: beaucoup dans la vallée étaient charbonniers.

Je suis allé prendre quelques photos.

Toute cette opération tient du domaine du magique. Il faut bien observer et avoir une  intuition développée pour réussir à faire du charbon de bois.

 

vocabulaire

炭焼き sumiyaki  charbon de bois

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Première étape, préparation du four en l’emplissant de bois. Cette fois S. utilise des branches de cryptomère.

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Ensuite on commence à chauffer le four.

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Cela prend plusieurs heures et des litres de bière.

Le four bien chauffé, on ferme la gueule du four.

 

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S. a fait lui même ces fours à charbon de bois.

Des ouvertures au sommet permettent de réguler les entrants en oxygène.

De la on peut observer ce qui se passe à l’intérieur.

 

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A l’intérieur on dirait un petit volcan.

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Je ne me souviens plus exactement. On attend deux à trois jours. La gueule du four refermée.

Puis le moment venu, on ouvre et on retire le charbon de bois. On voit cette fois ci ça a un peu merdé, beaucoup de bois s’est entièrement consumé.

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Il fait une chaleur d’enfer. On sort le charbon de bois incandescent du four.

On le recouvre ensuite de sable pour stopper la combustion.

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Cet article a été lu et approuvé par Kiri chan le chaton.

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Une découverte merveilleuse

On vient de petit-déjeuner. Une voiture s’arrête et quelqu’un sonne à la porte. Oh, c’est Monsieur K. Oh, il a une nouvelle voiture.
Il porte ses bottes étanches et un treillis, camouflage jungle. Cosplay.
« -Qu’est-ce-que vous faites aujourd’hui ? Venez nous voir, nous faisons un mochi tsuki. Venez, il y a même un Noir ! »
[il y a très peu d’étrangers ici, donc la présence d’un gaijin, un étranger, est un événement en soi]
« -c’est où ?
-c’est dans la prochaine vallée, au fond, un kilomètre après les dernières maisons .. la route qui serpente …
-c’est où, dans la maison de quelqu’un?
-non, c’est notre base secrète, l’endroit secret pour nous amuser …. 遊び場所
-ok … »
Les deux excitent notre curiosité; la présence potentielle d’un Africain; ce qui ferait deux étrangers dans la vallée, et ‘cette base secrète’ … On y va !
L’endroit dépasse notre imagination. A flanc de montagne, une vingtaine de voitures stationnent. Elles viennent d’un peu partout.
Vue sur la vallée; on devine une rivière poissonneuse. A perte de vue les arbres qui recouvrent les reliefs, et le ciel blanc. Il pleut. Il fait froid aussi.
Une énorme structure en bois qui soutient une grande toiture.
Des gens; vieux; jeunes; enfants s’y affairent; autour d’un feu; d’autres frappent le mochi avec le kine; un groupe sectionne le mochi en boules aplaties (qui serviront de décoration pour le nouvel an avant d’être mangées), et quelques uns s’occupent de la cuisine où un ragout mijote dans ses nouilles. On dirait un Brueghel, les anciennes fêtes campagnardes.
Ils sont tous en survêtements; décontractés. Il y a de l’alcool, bière et saké; et beaucoup de fumées: des cigarettes, et des différents feux en cours.
Deux garçons s’amusent a défoncer avec une hache une palette en bois.
K. traduit: « ici, on n’interdit rien aux enfants. Ils font ce qu’ils veulent. »
On discute avec trois vieux qui s’occupent d’un feu. Clope au bec.
Derrière toutes ces personnes affairées il y a une structure en terre battue magnifique; massive, aux arêtes arrondies; elle abrite cinq fours; alignés en un cluster de vingt à trente mètres de long. Le tout fait penser à la ferme marocaine de Skywalker et de son oncle; dans Star Wars.
Le premier four chauffe l’eau du bain, récoltée de la montagne dans une énorme marmite récupérée chez un fabricant de saké. Les deux foyers suivants sont de la taille d’un four à pain et servent à la cuisine.
Les deux derniers fours; on pourrait entrer dedans, ils servent a faire du charbon de bois. Chaque fournée produit jusqu’à 180 kg de charbon de bois, explique K.
La charpente est faite de troncs d’arbres. Ils n’ont pas lésiné. Monsieur K. nous guide, nous présente à tout le monde et explique aussi que lui et son copain ont tout construit; la charpente; les fours il y a quelques années. La montagne appartient à son copain.
Il y a de la fumée partout; tout le monde est détendu; visiblement dans son élément. Il y a un côté sauvage dans la scène, mais on trouve aussi tous les éléments de la civilisation. Le feu. Le Toit. L’eau. Le bain. La cuisine. La communauté qui partage le moment et le lieu.
On est face aux éléments primordiaux et il n’y a pas de subterfuge, ni de bruit parasite, c’est l’essentiel. Pas de plastique; mais du bois, des pierres et de la terre. Pas de Made in China.
Tout le monde là se sent bien. Il y a de la liberté dans l’air. On se croirait à Lascaux, ou à Woodstock; peut-être les deux.
C’est un espace dans lesquels les Japonais excellent, ils savent vivre ensemble, ils apprécient le temps partagé avec les autres membres du groupe: la tribu.
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Des sourires et de la fumée, la liberté ! Derrière, les fours.
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La tribu devant le cluster de fours
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Pour l’eau du bain
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Les troncs d’arbres, pris dans la montagne, pour l’imposante toiture.
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La cuisine et les femmes et les enfants qui préparent les mochis.
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De grosses pierres pour une cheminée