Tagué: geste
Opération Charbon de bois
Dans sa base secrète (秘密基地), dissimulée des regards, dans une vallée inhabitée, mon ami S. s’est remis à faire du charbon de bois. Je ne sais pas si j’ai déjà fait un article sur cette base. Je crois pas. Ah si! Le voila. En 2013 peu après notre arrivée.
Il a construit deux fours à charbon de bois dans sa base. Il en parlait depuis 4 ans au moins, d’allumer les fours et d’y refaire du charbon de bois mais c’est finalement cet hiver qu’il s’est décidé à s’y remettre.
C’est vraiment pour le fun qu’il fait ça, S.
Il aime à continuer les gestes d’autrefois.
Autrefois: beaucoup dans la vallée étaient charbonniers.
Je suis allé prendre quelques photos.
Toute cette opération tient du domaine du magique. Il faut bien observer et avoir une intuition développée pour réussir à faire du charbon de bois.
vocabulaire
炭焼き sumiyaki charbon de bois
窯 kama four
Première étape, préparation du four en l’emplissant de bois. Cette fois S. utilise des branches de cryptomère.

Ensuite on commence à chauffer le four.


Cela prend plusieurs heures et des litres de bière.
Le four bien chauffé, on ferme la gueule du four.

S. a fait lui même ces fours à charbon de bois.
Des ouvertures au sommet permettent de réguler les entrants en oxygène.
De la on peut observer ce qui se passe à l’intérieur.

A l’intérieur on dirait un petit volcan.

Je ne me souviens plus exactement. On attend deux à trois jours. La gueule du four refermée.
Puis le moment venu, on ouvre et on retire le charbon de bois. On voit cette fois ci ça a un peu merdé, beaucoup de bois s’est entièrement consumé.

Il fait une chaleur d’enfer. On sort le charbon de bois incandescent du four.
On le recouvre ensuite de sable pour stopper la combustion.

Cet article a été lu et approuvé par Kiri chan le chaton.

Réparer l’ancienne serpe
C’est l’automne, d’ici quelques semaines, il n’y aura plus ni sangsue ni frelon et je retournerai dans notre petite montagne. Le but, débroussailler, continuer à déblayer et planter des arbres. C’est donc le temps des préparations. Car telle est ma mission.
Un truc à faire, remplacer le manche de la serpe et en réarranger la lame. Cette serpe est ancienne. Un voisin me l’avait offerte l’année dernière après que nous ayons acheté notre petite montagne. Elle avait dû appartenir à son père ou son grand père. La lame porte le nom du forgeron qui l’a faite ainsi que le nom de la ville de Shiso; proche de 10 kilomètres.
Autrefois il y avait une trentaine de forgerons à Shiso, je crois comprendre qu’il n’en reste aujourd’hui que deux ou trois. Ces forgerons fournissaient les agriculteurs et les forestiers en outils … Pas du made in china mais du made à dix kilometres de la maison.
Je me suis bien servi de la serpe l’année dernière, mais tapant comme un malade sur des tonnes de lianes et de bambous j’en ai brisé le manche et abimé la lame.

D’abord je protège la lame dans un journal plié pour éviter de me trancher les bras.
Je scie dans la longueur un nouveau manche, sur 3寸, 3 sun, soit trois pouces. Les charpentiers utilisent toujours le sun comme mesure et expliquent que les chiffres exprimés en pouces sont plus faciles à retenir qu’en centimètres car ils sont sont plus petits. (par exemple 3 sun au lieu de 10 centimètres).
Il est un peu plus délicat de voir où percer le manche pour y insérer les deux clous de fixation.
Mais bon on y arrive après avoir fait une copie de la lame sur un bout de papier.
Ensuite je passe la lame à la meule pour la corriger, et effacer les éclats faits l’année dernière.
Finalement je passe la lame à la pierre à aiguiser pour la reprendre en douceur. Ce type de travail avec la pierre ou la meuleuse invite toujours à apprendre des gestes. A les faire bien. C’est tout un art. A chaque fois on finit par se laisser guider par le geste. La pierre et le métal se parlent et on suit le geste qu’ils nous incitent à faire. C’est très reposant.
Le résultat est assez concluant.
J’en profite pour dégager l’entrée de la montagne. La végétation obstrue l’entrée.
Les branches coupées, on les amène ensuite aux chèvres du voisin qui sont toutes contentes. Elles aiment bien ces feuilles.
Rien ne se perd. Tout se transforme.
Les présents
Hier, je bêchais le jardin entre deux réunions téléphoniques; histoire de retirer les herbes flottes qui envahissent les haricots. Madame Y qui habite un pleu plus loin, au fond de la vallée, arrive en voiture et apporte des croissants et des pains aux haricots rouges qu’elle vient de faire cuire chez elle. Ils sont encore chauds et sont déclieux. Elle offre aussi un petit melon qui tiend dans la main, elle l’a ceuilli dans son jardin.
Les relations avec les habitants du village sont toujours ponctuées de petits présents. Les produits des potagers sont d’ailleurs les présents idéaux, car ils sont à profusion et ne coûtent pas d’argent.
Monsieur K passe devant la maison, dans son petit camion blanc, il s’arrête à peine, juste pour nous donner un sac plastique blanc empli de tomates fraichement cueillies.
La relation est bien sûr bi directionelle, et si l’on reçcoit un présent, on se doit de retourner le geste et d’offrir quelque chose en retour. La production de notre jardin étant ce qu’elle est nous sommes réduits à acheter des petits gâteaux dans le magasin le plus proche.
Accompagnée de transactions physiques, l’échange de présents; la relation avec les autres est plus forte et tangible. On la voit avec les yeux et on peut la toucher avec les mains. Elle n’est pas réduite à des salutations et des formules d’usage et gagne en épaisseur; ça devient du 3D.








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