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Un projet terminé: la maison de Mme M

Le problème d’eau chaude dans la petite maison de madame M est résolu. Il a fallu appeler le service après vente de la société du chauffe eau, un homme dans la soixantaine est venu le lendemain souriant et plein de gentillesse. Ah je suis déjà venu dans cette maison dit il et il se souvient de madame M.

Le chauffe eau marche au kérozène ou toyu 灯油. Le problème ? il y a un peu d’eau chaude qui sort au début mais au bout de deux minutes l’eau arrête de couler.

Après une rapide dissection du système on y voit plus clair, un petit moteur commandé électroniquement contrôle le flux d’eau en sortie du système de chauffage, et ne fonctionne plus. Remplacer le moteur serait très onéreux; car il faudrait remplacer un bloc de pièces et le monsieur à qui j’offre un bon café explique que retirer simplement le moteur et laisser la valve ouverte permettra d’avoir de l’eau chaude: le changement de températures se fera simplement avec un peu plus d’inertie. Ce sera très bien comme ça qu’on se dit.

D’ailleurs il y a quelques années j’ai eu un problème similaire sur le camion, le moteur de la direction assistée kaput. Le remplacer aurait aussi été onéreux (relatif au prix d’achat du camion de deux mille roros) Avec la même solution: simplement déconnecter le moteur de la direction assistée. On voit un certain désavantage de la technologie: les choses ne durent pas, et quand c’est kaput, on voit que l’on peut très bien faire sans. En tout cas voilà le problème d’eau chaude réglé!

Donc avec la résolution du problème de l’eau chaude je me dis que le projet de remise en état de la petite maison de Mme M est terminé. Certes il reste des choses à faire mais l’essentiel est fait.

Good timing car on fait une grosse nomikai (fête) avec les ‘jeunes du village’, dans la maison. Nous étions une bonne vingtaine.

Je n’ai pas du tout l’habitude de faire des grosses fêtes, ça n’est pas mon style, je suis plutôt du type solitaire ou alors petit groupe, mais d’abord comme la maison est prête je veux l’utiliser à quelque chose et puis dans le village il n’y a pas d’endroit comme ça où l’on peut se retrouver de façon conviviale.

Il y a donc un besoin.

Je crois que nous avons tous passé un bon moment. Pour la bouffe mister H, ancien lutteur sumo a préparé un méga chankonabé (le plat que se préparent les sumotoris). Il le prépare dans le doma (l’entrée de la maison).

Naturellement tout le monde s’y regroupe pour discuter. C’est beau à regarder, les cercles qui se forment et les discussions qui y naissent.

On voit ainsi la maison prendre vie. Je me dis, la dernière fois qu’il y a dû y avoir autant de monde ça a dû être pour un enterrement …

De mon côté j’ai préparé un civet de chevreuil. Il rencontre un certain succés. Et un gateau au chocolat aux noix et aux graines de tournesol.

Une jeune femme apporte des huitres et nous improvisons un petit feu devant la maison, il est rare ici de les manger crues. D’ailleurs, on indique à la vente si les huitres peuvent se manger crues ou non, histoire de qualité de l’eau.

Au Japon il est d’usage de mettre les photos des ancêtres dans les maisons, à côté de l’autel bouddhique ou butsudan. J’ai un peu imité cet usage en affichant la photo de mon grand père Jean alors dans le 76è régiment d’artillerie pendant la deuxième guerre, et celle d’un ancètre à la moustache très photogénique prise pendant la première.

Ces deux photos me valent beaucoup de questions…

Des visiteurs remarquent aussi un crucifix que j’ai installé dans une des pièces, et le prêtre bouddhiste du village qui est de la fête se met à prier…

Côté musique pour l’ambiance on met Beggars’ banquet des Stones, Fantaisie militaire de Bashung, du Haruomi Hosono et du JS Bach.

Le civet de chevreuil a longuement mijoté sur Calcifer le poêle à bois
Dans l’entrée de la maison s’improvise un chankonabé
Pour le bouillon les grosses algues konbu
Mister H fait des nikudango ou boulettes de viande
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C’est prêt
Les premiers arrivés se mettent autour des marmites
On discute tranquillement avec quelques bières
Comme il y a pas de chauffage on m’a offert ce vieux poêle à kérozène
Dessus on fait bouillir des oeufs
Les gens commencent à arriver!
On voit comment les hommes et les femmes ne s’assoient pas ensemble
ce qui ne manque pas de m’étonner
un feu devant la maison pour faire cuire quelques huitres
Les convives se marrent, sous la photo de mon grand père Jean, qui décidément en a vu d’autres
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Acheter des clémentines et des huîtres

On a un peu de temps cet après midi, après avoir fait un grand nettoyage dans la maison ce matin (une tradition avant le nouvel an), et nous allons faire un tour dans la ville d’Akou à 50km de chez nous. C’est une ville de 50 mille habitants, située le long de la mer intérieure sétonaikai, la méditerranée japonaise …

Nous allons acheter des clémentines chez monsieur Kawabata.

Il faut suivre un route minuscule qui serpente dans la montagne pour arriver à son champ situé sur le flanc orienté plein sud d’une montagne faisant face à la mer. Du sommet de celle ci on peut voir l’île de Shikoku.

Le champ est arrangé en une trentaine de petits paliers, formés avec de très belles pierres. De la bien belle ouvrage. Il nous explique que l’emplacement est idéal pour la culture de clémentines: plein sud, protégé des vents du nord, et proximité de la mer.

Monsieur Kawabata a 88 ans et une pèche du tonnerre. Il ne fume pas, ne boit pas, ne joue pas, il n’a aucun hobby nous dit-il , hormis la culture des mandarines.

Une chose qui le distingue de tous les autres c’est qu’il pratique une agriculture bio. Pas d’engrais chimiques. Pas d’insecticides. Il est le seul producteur bio de la ville nous explique-t-il. J’aurais du lui demander combien de mandariniers il a.

Pour fertiliser son champ il lui faut produire 2 tonnes de EM bokashi chaque année en faisant fermenter du komenuka (son de riz), des débris de coquillages etc…. Ce qui représente un travail considérable mais donne un produit largement supérieur.

Le camion keitora de Mr K
Tri des clémentines en S et en L
Le champ est à flanc de montagne. De la belle ouvrage.
Les arbres sont chargés de fruits. Réussite de l’agriculture bio.
Vue vers la ville d’Akou et, plus loin, la mer intérieure (sétonaikai)
Clémentines
Mister Kawabata

Les clémentines embarquées nous descendons vers la mer. La route est sinueuse, le long de la côte montagneuse. Il y a peu de place et les villages de pécheurs sont très denses. Il y a des producteurs qui vendent des huîtres.

Nous nous y arrêtons. Autrefois, mon grand père Jean était ostréiculteur, à l’île d’Oléron. Trouver des huîtres fraîches et de qualité et ça fait une bouffée de souvenirs. La vendeuse d’huîtres est charmante, on la prendrait pour une sirène. Il fait déjà nuit, trop tard pour la prendre en photo. Elle me dit ha mais pour les huîtres fraîches il faudra les ouvrir vous même. Les gens ici ne sont pas habitués à ouvrir les huîtres. La belle sirène ignore qu’elle a affaire avec un descendant d’ostréiculteur, et qu’ouvrir les huîtres fait partie de mon patrimoine génétique.

Pour ouvrir les huîtres j’utilise le couteau que l’établissement ostréicole familial offrait à ses clients. Le couteau date, le numéro de tél inscrit sur le manche n’a que deux chiffres. Le château d’oléron T. 10

A ouvrir les huîtres avec ce vieux couteau, je me dis que je répète ainsi les gestes de mon grand-père et de mon père. Enfant, je les observais debout dans la cuisine de la maison d’Oléron, penchés sur l’évier, et affairés à ouvrir les huîtres.