Samedi on va dans la ville voisine de Tatsuno. à 30 km au sud du village. On va d’abord passer un moment au bord de la mer, c’est la mer intérieure, notre méditerranée.
Déjeuner dans un nouveau restaurant. avec vue sur la mer
Faut pas s’étonner que ce restau aie du succès, vu cette vue. Ils ont retapé une ancienne bâtisse de façon très intelligente, en arrangeant deux niveaux différents … le long de la fenêtre un niveau bas, de sorte que tous les clients puissent admirer la mer …
Ensuite on se promène sur la plage, une plage minuscule. Une coquille saint jacques vient se cogner contre mon pied et je la mets dans ma poche. Au loin on voit Iejima qui est une ile qui fait partie de la ville de Himeji.
La mer intérieure ou sétonaikai me fait toujours penser à un film de Ozu … peut être Tokyo monogatari … me souviens plus, ça fait si longtemps …
Il y a dans ce hameau en bord de mer un cluster de petits commerces, un café pour motards, deux ou trois restos, un boulanger …. et il y a aussi le studio d’un artiste, c’est un dessinateur, je retrouve dans son style l’influence de Katsuhiro Otomo, l’auteur d’Akira.
Il a arrangé son studio dans une belle extension de sa maison, où l’on peut voir son bureau, et ses œuvres. L’homme est plutôt timide, on le salue et on passe quelques moments à regarder son travail.
Ses dessins sont pleins d’énergie et de positivité aussi. Il y aussi du kawaii.
Vous pouvez suivre le gaillard sur instagrammes : hidarinekoze
Il faut une dose de courage et de confiance pour s’exposer comme ça en montrant le lieu où l’on travaille.
Ensuite nous allons au centre historique de la ville de Tatsuno; il y a de très belles demeures et des rues pleines de caractère. Nous allons y prendre un verre et redécouvrir quelques coins de rues.
Le regard s’attarde sur cette maison tarabiscotée et fantaisiste qui évoque les dessins animés de GHIBLI.
Rentrés à la maison je nettoie la coquille saint jacques et l’accroche à l’entrée de ma future galerie.
Puis aller dans le jardin et collecter quelques légumes pour le souper … on va faire une soupe miso avec plein de légumes !!
fleurs de colza, petits navets, épinards, takana, poireaux
Courte visite à Sasayama. Petite ville en bordure de Kyoto et d’Osaka, sur le côté ouest.
Sur la route on passe dans un magasin / galerie étonnant. On appelle ça un select shop ? Les objets en vente sont produits par des artisans / artistes contemporains, choisis dans tout le Japon. Il y a de très belles céramiques, des vêtements, des sacs étonnants faits en écorce d’arbres, et des pots de confiture d’haricots, des petits biscuits. Tout est franchement très beau; c’est comme une galerie d’art.
Le lieu s’appelle Archipelago (instagramme: archipelago.me), je pense à Soljenitsyne mais ils avaient à l’esprit j’imagine l’image de l’archipel -l’arc insulaire- qui forme le Japon et d’où viennent tous ces artistes formidables qu’ils ont sélectionnés avec soin.
La galerie elle-même est installée dans l’ancien entrepôt de la coopérative agricole d’un tout petit hameau, desservi par une gare non moins minuscule. Le nom de la gare, signifie l’ancien marché furuichi: 古市
On discute avec la proprio de la galerie, elle est très aimable. Ses deux jeunes enfants l’accompagnent et tiennent la caisse. Elle connait très bien tous ces artistes qu’elle a sélectionnés. Notre portefeuille s’est emballé d’ailleurs car nous lui achetons deux céramiques (une de Mashiko, une de Nara) et aussi un sécateur que j’utiliserai au jardin. Le sécateur est fait par un atelier de la région établi dans la ville de Ono, qui, avec une autre ville voisine, Miki, est très connue pour sa production d’outils. Franchement le sécateur est superbe.
On discute donc et elle nous explique qu’elle et son mari ont juste ouvert cette galerie il y a quelques mois et qu’ils sont venus vivre de Tokyo. (comme nous en 2012 donc …). Quel courage de se lancer dans une telle aventure me dis-je, dans un coin si reculé.
Elle nous dit aussi qu’en plus de cette galerie ils ont monté un café librairie ! mais qu’il est fermé ce dimanche mais si on veut bien elle va nous le montrer … on ne se fait pas prier…
Ce café librairie est superbement arrangé … et installé dans le bâtiment de l’ancienne banque agricole du village ! incroyable d’ailleurs on voit l’ancien coffre fort de la banque … personne n’a pu l’ouvrir nous dit-elle ah zut si j’aurais su, j’aurais apporté mon chalumeau !
L’ancien entrepôt de la coopérative agricole. Où se trouve Archipelago. On voit encore l’inscription « confiez vos économiés à la coopérative » 貯金は農協へ
Installer une galerie dans un tel bâtiment, c’est vraiment du wabi sabi.
c’est l’entréela c’est la banque agricole où ils ont installé un café librairie (à droite il y avait jadis un distributeur de billets)l’intérieur est vraiment réussica fait du bien de voir des livres
On fait un petit tour dans le hameau paisible.
la garepromenade dans le village
Ensuite nous allons à Sasayama.
Du château de Sasayama subsistent des superbes mûrs d’enceinte que je ne photographie pas.
On fait quelques rues, il y a quelques touristes, une rue est particulièrement bien préservée. Je m’arrête devant le superbe atelier d’un artisan de tatamis, monsieur Tadani. On voit qu’il utilise des machines anciennes.
Il est très ouvert est sympathique, on discute une bonne demie heure. Il fait les tatamis à l’ancienne et il nous explique l’histoire du tatami … Sujet passionnant. Justement on lui fait part de nos demis regrets car lorsque nous avons refait notre vieille maison pour nous y installer, nous avons viré tous les tatamis et fait installer un parquet.
Or, un tatami est si confortable … mais aussi qu’en penseraient les griffes des chats, et aussi les vomis des chats ??? mmmm …
Monsieur Tadani on discute avec lui on est tellement naturels on a l’impression que l’on se connait depuis 10 ans alors que ça ne fait que quelques minutes !
Il nous explique entre autre que lui n’utilise que de l’igusa (une espèce de jonc) produite à Kyushu, à Kumamoto, par quelques réfractaires… Il faut savoir que la majorité des tatamis aujourd’hui sont produits avec de l’igusa faite en Chine et contiennent aussi des plaques en plastique …
Voilà une belle rencontre.
Recette facile – ou une recette qu’il m’est difficile de rater.
Faire revenir du poulet coupé en petits morceaux (peut se substituer avec du goret) dans une marmite, un peu d’huile d’olive, de l’ail, un oignon.
Puis ajouter des haricots (ici je fais avec des pois-chiches) et ajouter:
2 cuillérées de sucre
6 cuillèrées à soupe de sauce de soja
3 cuillèrées à soupe de mirin
3 cuillèrées à soupe de saké
recouvrir d’eau
Laisser mijoter tranquillement.
Sur la fin, si on peut en trouver, ajouter du sansho. (celui-ci provient de notre montagne, je l’avais récolté le printemps dernier.)
Si c’est des haricots, je les fais bouillir au préalable.
J’appelle cette recette ‘oba no aji’ soit: « le goût de grand mère ».
Car si j’en fais une grosse marmite je vais en apporter à mon ami Saki chan et à sa femme pour leur dîner, et il me dit souvent « ah c’est oba no aji » soit « c’est exactement comme la cuisine de ma mère », laquelle a 95 ans…. Qu’est ce que ça m’amuse lorsqu’il dit ça!!!!
Les onigiris ! C’est un peu le sandwich Japonais ! (article en Japonais ici)
Un onigiri est une boulette de riz japonaise, souvent enveloppée d’une algue nori et fourrée d’un ingrédient salé ou acide. C’est un en-cas très populaire au Japon, que l’on peut trouver dans les konbini (supérettes) ou les onigiri-ya (magasins spécialisés). Les onigiri existent depuis le XIᵉ siècle et ont des formes variées, comme le triangle, le cylindre ou la galette.
En pensant à mon ami Philippe qui tient avec son épouse le restaurant Japonais Yoisho! à Tours, spécialisé dans la soul food Japonaise, avec des onigiris au menu, j’ai eu l’idée de faire des dessins d’onigiri.
Le mot onigiri veut dire en Japonais « se tient dans la main » et s’écrit en général en hiragana … おにぎり
Mais on peut se laisser inviter à quelques jeux de mots. car « oni » peut désigner le démon, giri est la nasalisation de kiri qui peut signifier couper… ou tuer avec un sabre…
Avec mon voisin et ami Saki chan on se retrouve tous les lundis matins pour faire le point. Nous étions devant un petit feu, dehors et regardions le soleil se lever pas à pas, sur la vallée. Avec son chien cha cha.
A un moment on a parlé démographie; quiconque vit au Japon est conscient de l’énorme changement qui s’annonce avec le manque d’enfants dans le pays… on consulte le web qui nous confirme que la population du Japon en 1850 n’était que de 32 millions… aujourd’hui 125 … eh bien on “risque” de retourner vers les 32…
Quelques notes sur des choses apprises ou consultées récemment:
La vie du Père Michel Jaouen sur lequel je souhaite me renseigner un peu.
Un podcast écouté à moitié mais non moins intéressant, par Sam Harris sur l’hubris et le chaos de la politique étrangère américaine et occidentale, avec Rory Stewart
Et puis finalement j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt l’interview de Poutine par Tucker Carlson. Sur le sujet de Poutine et de la guerre en Ukraine j’observe que j’ai personnellement changé d’avis plusieurs fois… Il est clair que la pauvre Europe comme un poulet sans tête; et les anglais les premiers, s’est laissée embobiner dans un gros merdier … sans parler des pauvres moujiks ukrainiens et russes qui paient le prix fort; celui de leur vie …
D’ailleurs “avoir un avis” sur la chose ne veut pas dire … grand chose … la guerre a commencé et elle continue; et on ne sait pas quand elle va finir.
Cela fait penser au célèbre tableau de Brueghel, la parabole des aveugles; un aveugle en guide un autre pour former une longue procession et tomber tous ensemble dans la fosse à purin. C’est exactement ce qui s’est passé, chaque antagoniste s’est laissé guider par un autre, et tous … sont aveugles ….
A retrouver dans l’évangile selon St Matthieu; 15: “Laissez-les: ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse.”
Tout le monde est-il perdant ? je me dis que les US jusqu’à maintenant ont fait de très bons deals en donnant leurs vieux stocks et en équipant de nombreux pays européens avec leur matériel militaire dernier cri… les affaires continuent. Par contre ils perdent beaucoup en crédibilité. Les US essaient désormais et péniblement de se désengager en limitant leurs soutien à l’Ukraine … le Japon, la Corée du Sud qui dépendent tant des US pour leur défense vont prendre note … juste quelques années après la débandade en Afghanistan ça fait beaucoup…
Côté jardin, on sent la fin de l’hiver se rapprocher et on commence quelques préparations dans le jardin. On a d’ailleurs l’année dernière installé des structures permanentes dans le champ de Saki chan, l’idée étant d’être le plus efficace possible … c’est à dire de ne pas avoir à nous occuper à chaque saison installer et retirer les filets; tissus, supports … toute la petite logistique …
Ces structures permanentes forment des cellules métalliques qui protègent éventuellement des chevreuils et aussi servent de support aux haricots et concombres etc … L’été on peut ajouter une toile plastique pour protéger les tomates de la pluie et des corbeaux…
Donc samedi nous débroussaillons et déposons du fumier de vache. Histoire d’être prêts pour planter des trucs, plus tard.
Nous faisons ensuite un civet de chevreuil, un chevreuil a été pris la semaine dernière par monsieur H et il m’en a fait donner de beaux morceaux. Je fais le civet dans le dutch oven, et le résultat est excellent.
A noter que après avoir découpé la viande il y avait quelques déchets que j’ai posés sur une pierre au milieu de la rivière et bien comme prévu cinq minutes plus tard tout à disparu, les corbeaux ont tout de suite repairé l’aubaine… (j’avais fait une video similaire).
Plus tard encore je raconte à Saki chan cette histoire avec les corbeaux, comment presque par magie ils arrivent à détecter des morceaux de viande de façon instantanée … comment font-ils, car dans notre hameau il n’y a qu’un couple de corbeaux, ils couvrent donc un large territoire ….
Saki chan me raconte alors que il y a quelques années, lorsqu’il avait des poules “boris brown” et qu’il pouvait les laisser en liberté dans son atelier les corbeaux étaient à l’affut et dès qu’ils entendaient une poule chantonner après la ponte d’un œuf, ils se ruaient pour essayer d’emporter l’œuf … il aurait vu plusieurs fois un corbeau s’envoler, avec un œuf dans son bec.
Une vidéo des niouzes japonaises me fait sourire car évoquant les manifs par les agriculteurs en France ils y traduisent littéralement les opérations escargots (blocage des routes avec les tracteurs etc): エスカルゴ作戦 « esukarugo sakusen«
Cette expression me faire rigoler … c’est trop mignon….
C’est que escargot, en japonais c’est katatsumuri カタツムリ ils auraient pu donc dire katatsumuri sakusen mais ils ont choisi d’utiliser esukarugo qui désigne l’escargot, non pas l’animal .. mais l’aliment … (comme porc vs cochon) et qui vient direct du mot en Français escargot.
Et justement cette expression ainsi choisie évoque la France et sa culture culinaire…
Bon. Voila un truc que je trouve passionnant.
A l’heure où j’écris le moment de protestation des agriculteurs semble se calmer. Je suis un peu déçu que les tracteurs avec leurs citernes pleines de purin n’aient pas continué leur chemin jusqu’au palais présidentiel de l’Elysée … pour remplir la piscine de Manu et la baignoire de gigite … Cela aurait été tellement beau !
Au sujet d’escargots j’en ai deux boites qui attendent patiemment le printemps. Elles sont au congélateur.
J’avais même demandé à mon papa de m’envoyer ce superbe service à escargots qui était à la maison (en France) et qui me rappelle de beaux souvenirs d’enfance.
J’attends le printemps et une bonne occasion pour les déguster avec mes amis du village …et leur faire découvrir…
Ce fameux service à escargots en compagnie de son ami godzilla.
J’étais curieux de voir ce qui se passe en ville et au Japon en général. J’allais aussi rencontrer plus tard le soir mes acolytes; ilotiers de la région de Hyogo, nous sommes cinq compères qui au cas d’une catastrophe dans la région pourraient avoir a relayer des infos de l’ambassade aux français vivant dans la région.
En sortant du train je découvre un peu le quartier de Kitano, un quartier très touristique et élégant, avec des belles villas de l’époque de Meiji. Il y a de nombreux touristes et ils ont l’air d’apprécier l’endroit.
Même les touristes Chinois sourient et font la queue devant des magasin de pâtisserie mais c’est certainement la liberté qu’ils goûtent le plus. En profitent-ils pour penser librement ? visiblement ceux-là non car sinon on les verrait dans les bibliothèques, et pas devant les pâtisseries. Ceux qui sauraient en profiter pour penser librement sont sans doute déjà exilés, ou bien encore en prison.
Un peu à l’écart je trouve l’église catholique de Kobé. Un très beau bâtiment où je vais essayer de me recueillir. D’abord avant d’y entrer on passe par une cour circulaire, bien arrangée. J’y vois des grosses marmites -pour faire cuire le riz- encore sur des tables, j’imagine que l’on y a arrangé un repas, pour nourrir les nécessiteux sans doute.
Il y a toujours la coexistence de la richesse et de la misère.
A l’entrée de l’église il y a comme dans toutes les églises un panneau avec des affiches, des publications chrétiennes et des messages par les associations et les volontaires. Ce suis très touché de voir ces efforts pour venir à l’aide à l’autre.
Une grande boite en bois est mise à disposition pour y recueillir des dons pour la région de Noto touchée par le grand tremblement de terre.
J’y glisse un billet de 1000 yens et oui je suis un peu con pourquoi ne pas y avoir mis 10 000 à la place ?
Puis j’entre dans l’église proprement dite. Architecturalement c’est une véritable réussite. Je m’assieds et j’essaie de me calmer l’esprit. Les années de catéchisme sont très lointaines, j’ai oublié la moitié du Notre Père.
Cette longue pause me permet de ré-assembler les pièces de mon puzzle et je repars visiter la ville.
Les rues en pente guident les pas vers la gare de Sannomiya et des rues très animées, des rues avec des bars et restos, des rues avec des magasins de fashion, il y en a pour tous. Partout une foule jeune, assez fluide et très joyeuse.
Les gens font la queue devant de nombreux cafés et magasins c’est assez impressionnant. Le tout dans une ambiance joviale. Finalement faire la queue avec ses copains ou copines ça fait partie de la fête, on discute dans le froid mais on sait qu’à un moment un peu plus tard il y aura une table des fauteuils et du chauffage….
Il y a des ruelles étroites où se cachent des boutiques étonnantes arrangées avec goût et la aussi des gens font la queue … incroyable !!
Gelato Pique une marque de pyjamas avec une stratégie marketing géniale, qui permet au final de transformer du pétrole en or …
Parfois la foule heureuse doit s’arrêter pour laisser passer une énorme Mercedes ou alors une LEXUS magnifique ….
Cette pancarte explique que manger des gyozas et boire de la bière ça fait partie de la culture. Entièrement d’accord. Lu et approuvé.
J’admire tout cela mais je me dis que cela manque un peu d’authenticité …
Au fond ce luxe et cette joie forment une fine couche de quelque chose qui finira par sécher, craqueler et sera remplacée par quelque chose d’autre.
Un peu plus tard je découvre un ancien marché, une vieillie galerie marchande couverte, très étroite … Cela date directement de l’époque de Showa. On imagine qu’à l’époque il y avait du monde, c’était bruyant, il y avait des enfants et des chats.
De nombreuses boutiques sont fermées mais il y a encore deux poissonniers, un marchand de thé qui travaillent la depuis 50 ou 60 ans peut-être, comme si rien n’avait changé. Tout cela c’est certain sera bulldozé dans quelques années.
Et puis dans quelques années les rues animées que j’ai admirées plus tôt auront elles aussi changé.
Ce renouvellement permanent très visible ici au Japon car on construit et détruit facilement donne à la ville cet aspect organique qui est si envoutant.
S’y mélangent tristesse et beauté.
Finalement je trouve un petit café tranquille où poser ma besace et m’y vient cette réflexion;
le village où nous vivons représente le Japon d’il y a 50 ou 60 ans, avec les traditions d’autrefois qui y subsistent.
mais le village où nous vivons représente aussi le futur du Japon, où il n’y aura plus que des vieux et où il n’y aura plus d’enfants.
Voila pour terminer sur une note assez sombre …. merci
Au sujet du tremblement de terre du 1er janvier qui a frappé la péninsule de Noto, sur la côte nord.
J’ai regardé quelques reportages de la télé japonaise qui montrent la détresse des personnes qui ont perdu ou évacué leur maison et qui sont réfugiées dans des écoles, sans eau ni électricité et dans le froid, et sous la neige.
Il est intéressant de constater la relative lenteur des secours et l’insuffisance des aides pour les survivants, et ce, même dans un pays riche et préparé comme le Japon.
Est ce que le Japon n’est pas assez préparé ? Ou bien est il simplement impossible de répondre en masse à de telles catastrophes ?
Dans les titres des reportages à la télé il y a un mot qui revient sans cesse, c’est isolation 孤立: de nombreux villages et hameaux ont été coupés du monde avec les routes détruites, les fines lignes des flux logistiques, les câbles électriques ont tous été brisés et ces villages se retrouvent coupés du reste du Japon, où la logistique est si efficace !
Tout en visionnant ces reportages je me disais mais cette région est une région très excentrée, rurale, et justement les habitants de la campagne savent peut être encore vivre un peu comme autrefois: ils ont accès à l’eau des puits et des rivières, et il savent faire du feu… Ils récoltent leur riz et donc ont de gros stocks … Donc ils devraient pouvoir s’en sortir …
Je posais la question hier à mon ami Saki chan sur ce sujet et il faisait exactement la même remarque.
Peut être que ça n’est pas dans le script des studios télé, le profil des campagnards qui savent être autosuffisants, et … vivre en dehors du ‘système’.
Ces ‘campagnards’ même si les lignes logistiques sont coupées savent se suffire à eux mêmes.
Une fois, c’était il y a 5 ou 6 ans une collègue du Royaume Uni m’avait demandé pourquoi je restais au Japon où il y a tant de catastrophes naturelles.
En Japonais il y a ces deux mots 自然災害 qui désigne la catastrophe d’origine naturelle et人的災害 qui désigne la catastrophe d’origine humaine
Je lui avais alors répondu, et sur le moment j’avais l’impression de dire quelque chose d’intelligent, qu’à choisir je préfère vivre dans un pays où il y a plus de catastrophes naturelles que d’humaines, que le contraire. Lorsque je lui avais répondu ça j’avais en tête les shootings dans les écoles aux US et puis les nombreuses attaques terroristes en France.
On peut accepter la violence de la nature, car la nature est telle quelle.
Il m’est impossible d’accepter la violence humaine et en réaction à la violence humaine mon corps produit des molécules de colère en retour, et qui vont venir m’auto détruire.
Certes dans les deux cas on se retrouve soudainement vulnérable et possiblement sans défense (dans le cas où l’on n’est pas broyé immédiatement).
Ca me rappelle le livre de Nassim Taleb sur l’anti fragilité.
Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un vrai rapport avec le sujet.
Ce serait vraiment cool si la télé japonaise montrait, en plus de ceux que le tremblement de terre a mis dans une situation très précaire, aussi ceux qui, malgré les coupures d’électricité et d’eau, parviennent à survivre grâce à leurs connaissances de la vie à la campagne…
Il y a des choses encore aussi intéressantes à noter: après un grand séisme; l’importance d’avoir accès à l’eau et donc d’avoir un puits, par exemple.
La voisine de mon ami Franck qui habite au centre Kyoto s’est à propos fait installé un puits, ce qui lui permet de pomper et d’avoir de l’eau même en cas d’urgence.
Si vous habitez dans une très grande ville au Japon, et si vous y avez votre propre maison, essayez de voir si vous pouvez faire creuser un puits.
Ca ne devrait coûter que un ou deux millions de yens et ça en vaut certainement la peine.
Le 1er janvier un énorme tremblement de terre, suivi d’un tsunami a dévasté une partie de la péninsule de Noto (sur la côte nord, qui donne sur la Mer du Japon).
Si vous souhaitez aider la région de Noto qui a été lourdement frappée par le séisme et si vous ne savez pas où adresser vos dons, sachez que la mairie de Wajima a mis en place un compte bancaire spécialement à cet effet.
Leur page web a ajouté une traduction en anglais avec les détails du compte bancaire, pour les transfers internationaux.
Je veux vous souhaiter un Joyeux Noël et d’excellentes fêtes de fin d’années.
Je vous remercie aussi de continuer à suivre ce blog, et de vous intéresser à mes petites histoires, que ce soit dans le blog ou dans mes bandes dessinées et mes dessins.
Grâce à vous, à votre suivi et à votre soutien, s’opère une transformation profonde: comme vous consommez mes « productions » artistiques … je deviens un artiste!!
Être un artiste c’était un de mes rêves et petit à petit je sens cette transformation se produire.
En cette fin d’année on sent que les choses dans leurs mouvements commencent à ralentir … Le nouvel an c’est vraiment un big deal au Japon.
On peut en profiter pour faire une pause et se rappeler aux choses qui sont essentielles:
l’amour
et vivre le moment présent.
L’amour, d’ailleurs, est une source d’énergie infinie, comme l’explique ce dessin:
愛情は無限エネルギー L’amour, énergie infinie.
Bien sûr il est important de garder aussi à l’esprit la dureté du monde et de ses réalités.
Amour et vivre le moment présent, dans la réalité d’un monde qui peut être dur, qui n’est pas bisounours.
C’est la signification de la silhouette lointaine du cuirassier japonais Yamato, dans le dessin.
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