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Eté formidable, projet formidable
Cet été a été formidable. Il a fait chaud mais c’était beaucoup plus supportable que l’année dernière. peut-être grâce aux doubles fenêtres désormais installées dans ma maison-bureau ? C’est vrai que maintenant la petite clim a un effet …
J’ai repris ma vieille habitude chaque après midi d’aller marcher deux heures sous le soleil; j’emporte des boissons et s’il ne fait pas trop chaud j’ajoute des poids dans mon sac à dos. Souvent j’écoute un podcast en alternant sur les sujets ou alors les œuvres d’orgue complètes de Bach par Marie Claire Alain. Je crois que l’homme aime suivre des habitudes tout devient un rituel …
Des ours ont été repérés pas loin et lorsque j’emprunte une petite route dans la montagne je switch le son sur un petit haut parleur. Je me demande d’ailleurs si la musique d’orgue de Bach qui est si belle n’aurait pas un effet contraire, si au lieu d’éloigner les ours et ne les ferait pas venir ? ? Comment vérifier ….
Au bureau j’ai été assez absent … , physiquement j’ai travaillé comme d’hab mais j’avais la tête ailleurs !
J’ai du mal à imaginer comment c’est en Europe où les gens prennent de vraies vacances d’été. Deux semaines, trois semaines … ca fait très longtemps que je n’ai pas fait ça. Déjà ici prendre une semaine entière c’est une marque d’audace par rapport à mes collègues US qui semblent ne prendre que deux semaines dans l’année… Les pauvres …
J’ai un nouveau projet qui m’occupe beaucoup. C’est tout à fait merveilleux: plus tôt au moins de juin; monsieur Iwata Kenzaburo m’a proposé de faire ensemble un talk show mensuel, dans un café situé à côté du château de Himeji.
Le sujet du talk show: la littérature classique japonaise.
On choisit un livre, pour le premier talk show ce sera les Heures Oisives de Urabé Kenko écrit au 14è siècle. Du book; je choisis deux ou trois passages, sur lesquels nous discuterons.
Ce livre est un de mes livres préférés, c’est un peu un manuel de la vie …. C’est plein de bon sens. C’est parfois drôle … rarement hermétique…
C’est un honneur incroyable de pouvoir ainsi faire un projet et collaborer avec monsieur Iwata. Je dois me pincer les fesses pour me dire que je ne suis pas en train de rêver !
Le premier talk show, c’est bientôt; le 6 septembre à 14 heures, dans le café Kokuraya à Himeji https://www.instagram.com/kokuraya.himeji/
Cela requiert de la préparation:
D’abord il faut tout relire, choisir les passages et ceux-là je les lis et relis en japonais; pour bien comprendre. En Japonais moderne et classique … que j’ai jamais appris bien sûr.
Et puis ensuite nous nous retrouvons avec monsieur Iwata pour en discuter et faire un point.
Cerise sur le gâteau je prépare un petit livret, avec le texte en japonais ancien et j’ajoute une petite illustration; afin d’amuser étonner éclairer les spectateurs !!
Donc c’est sûr rien qu’avec ça je n’ai plus le temps de penser au travail, et c’est très bien ainsi !
Trois pour cents, les sept règles, Bach et un cactus.
Il y a deux semaines je crois la boite a fait un dégraissage en virant manu militari 3 pour cents de ses employés.
C’est pas avec 3 pour cents que l’on fait des économies et que l’on dégraisse en vrai. Pour alléger une organisation il faudrait couper 7 ou 8 pour cents, en revoyant les vraies priorités et coupant des équipes entières.
Dans un gouvernement ou la fonction publique ce serait facile 15 pour cents. Plus une organisation est grande moins elle est efficace. On voit d’ailleurs que les ‘petits pays’ comme la Suisse ou Singapour sont efficaces en comparaison avec les plus grands.
Par contre déjà avec 3 pour cents on arrive à gâcher l’ambiance de somnolente fraternité qui régnait …
Il faut savoir ce qu’on veut.
Personnellement ça fait maintenant 30 ans que je travaille et je sens une grande lassitude s’installer. Ou, l’ennui …. D’autant que de l’autre côté de la barrière, avec mon projet Wakame Tamago, qu’est-ce-que je m’amuse !
Oui je sais l’herbe de l’autre côté de la barrière semble toujours plus verte et plus nourrissante.
Bref à un moment je caressais fébrilement l’espoir d’être dans le panier des 3 pour cents… Facile à dire …
Ce qui n’est pas facile c’est d’arrêter quelque chose de soi-même, Poutine et Gel en ski en sont l’exemple il faut les regarder … ils ne peuvent plus s’arrêter …
C’est facile si les autres décident à notre place.
Il y a deux semaines aussi, j’ai fini de lire l’autobiographie de Shigeru Mizuki.
Excellent book. Après l’avoir lu je me suis commandé des albums de Gégégé no Kitaro, et j’ai lu un volume. Certaines idées m’ont vraiment étonné et fait exploser de rire. Très bien.
Dans son autobiographie il parle de ses sept principes pour le bonheur. Les voici.
- Ne pas agir pour le succès, la gloire ou la victoire.
- Continuez à faire ce que vous ne pouvez pas vous empêcher de faire. ( WT: peut-être que ça s’applique aussi aux flatulences ?)
- Ne vous comparez pas aux autres et poursuivez ce qui vous contente.
- Croyez en la force que porte ce que l’on aime.
- Le revenu et le talent sont des choses différentes. Savoir que beaucoup peuvent se laisser trahir par leurs efforts.
- Devenez paresseux.
- Croyez en un monde invisible.
Il fait ensuite un chapitre pour chacun de ces principes.
Lundi je suis allé faire une promenade après le travail. J’ai mis mes belles chaussettes de Jean Sébastien Bach et, les petits écouteurs enfoncés dans les oneilles, je suis parti presque deux heures en écoutant les ouvres complètes de Bach pour orgue, par Marie-Claire Alain.

C’est tellement beau cette musique d’orgue je me dis souvent que dans ma prochaine vie si je suis un humain je ferais bien organiste.

Sur la route j’ai vu trois beaux serpents, j’en vois beaucoup cette année. Ceux qui sont au milieu de la route prennent trop de risque de se faire écraser, sachant que la moitié des conducteurs ici a plus de 70 ans et ne voit rien, l’autre moitié he bien peut-être qu’ils font exprès d’écraser les serpents sur la route (mais à réfléchir je vois rarement des couleuvres écrasées sur la route, ce sont presque toujours des vipères). Les serpents au milieu de la route je leur adresse la parole en Français et leur conseille de regagner les forêts. Il m’écoutent !

Or une surprise m’attend en chemin, sur le bord de la route, dans un caniveau pour être exact:
il y a la un cactus, comment est-il venu s’installer la, aurait-il été jeté au bord de la route …. et ce cactus fleurit ! Je vois ça comme un miracle …

Le balcon en forêt: mission accomplie!
Le tout est désormais stabilisé. Je passe au rabot chaque planche pour éliminer les plus grosses aspérités. Que le balcon en forêt soit confortable! J’utilise aussi le draw knife, un autre outil exotique made in UK, que je ne saurais trouver au Japon et que j’avais trouvé aux US.

Il y a des petits ajustements nécessaires. Pour éviter que l’eau de pluie s’accumule dans les trous creusés pour les différentes vis je remplis les trous de silicone.


Visser les planches au dessus de la plate-forme est un jeu d’enfant et ce moment marque la fin de ce projet.
J’ai aussi découpé des morceaux d’un vieux pneu. Je les cloue aux planches attenantes aux deux troncs d’arbre. En pressant légèrement le bout de pneu contre l’arbre. Ceci permet de stabiliser définitivement le balcon en forêt, tout en préservant l’écorce de l’arbre.

Je retire mes bottes, je suis en chaussettes sur le balcon, le dos appuyé contre l’un des deux troncs. Il pleut légèrement.
Il y a un insecte; un de ces insectes qui se nourrit du bois. Il se promène sur une planche.
カミキリムシ ou capricorne…

J’avais amené un petit haut parleur bluetooth, et j’écoute l’orgelbuchlein de JS Bach.



Je suis très content du résultat …
Mais où est passée Minou ?
Un peu d’ibérico?
Vous prendrez bien un peu de ce délicieux jambon espagnol, l’ibérico ?
Mmmmm, comme ça a l’air bon.

Nous vivons tellement proches du bois. Notre maison bien sur en bois. Et les tas de bois pour le chauffage (calcifer). Et tous les meubles à la maison … bois …. bois … bois … Des fois je me dis que du bois, on en mangerait!
C’est une des plus grandes joies que nous avons dans notre vie quotidienne; ce contact permanent avec le bois.
Dans une vie future, je serai sans doute termite …

Il pleut légèrement mais je continue à travailler dans la montagne aujourd’hui. J’écoute Harumi Hosono et son groupe Happi End .. (Hosono … un des fondateurs du yellow magic orchestra)… Leurs chansons sont si belles, on ne sent pas la pluie.

Travailler le bois. C’est comme travailler la terre. L’arbre est un intermédiaire entre la terre et nous. Travailler le bois c’est un peu comme se reconnecter à la terre.
Aujourd’hui je termine trois piliers pour la barrière. Je fume une cigarette pendant la pause. Les allumettes sont récalcitrantes sous la pluie.

Après Hosono et ses compères je mets une cantate de Bach. La pluie s’arrête … Le soleil tout à coup nous inonde … on est vraiment bien !
Planter des arbres ! !
[note: cet article a été écrit et publié avant les événements de Paris du 13 11 2015]
Après lire les horreurs des nouvelles du monde, on se dit qu’une des meilleures choses à faire, avec se saouler à la bière, ou épuiser ses nuits sur la playstation, c’est planter des arbres.
Ça tombe bien, nous avons un bout de la montagne en face de chez nous. L’année dernière nous y avions planté un marronnier, un figuier, un pommier, un cerisier, un grenadier et un cannelier.
Cette année il faut passer à la vitesse supérieure ! Car telle est désormais notre mission.
Nous allons planter vingt arbres cet hiver. Petits chiffres ! Faudrait faire dans la centaine ! dans le millier !
On va commencer par quatre noyers.
Resteront seize. Que planter ensuite ?
L’année dernière j’avais fait des cages métalliques pour garder les arbres de l’appétit des herbivores gourmands.
Problème, c’est onéreux, et très lourd à porter, jusqu’en tout en haut. Et les bouts de fer manquent toujours de nous blesser lorsqu’on les transbahute sur les faces glissantes de la montagne.
Cette année donc nous innovons et avons commandé au bureau des forestiers du village une vingtaine de filets plastiques biodégradables réservés à cet effet de plantation d’arbres dans les montagnes où les gourmands chevreuils pullulent. En plus ils sont légers. Ces filets ne sont pas en vente dans les grandes surfaces style Monsieur Bricolage, il faut donc les commander auprès des pros.
Je crois que, pour parfaire le tout, nous emporterons aussi un peu de musique dans la montagne, lorsque nous irons planter, comme les petits morceaux d’orgue de Bach, par exemple Herr Christ, der ein’ge Gottessohn, BWV601: les arbres seront heureux.
Voila !



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