Tagué: la nature

Mamushi

Kamikiri Mushi.

Les chants de l’eau

Le hameau s’étend le long d’une petite et paisible rivière.

La rivière permet une grande richesse du biotope. Serpents, grenouilles, tortues, crabes et ragondins vivent sur ses berges, elles mêmes recouvertes d’une végétation riche et dense.
Elle nous apporte sa fraicheur et est un lieu de jeu inégalé pour les enfants prudents.
rivière
Les bienfaits de la rivière sont inombrables mais il en est un sur lequel je voudrais écrire quelques lignes: le son.
A tout moment de la nuit et de la journée la rivière nous accompagne de son murmure: la mélodie de l’eau qui carresse les rochers et chatouille les herbes folles. Le son nous calme. On n’est jamais seul. Si bien que l’envie d’écouter de la musique (celle des humains) s’estompe.
Les chants de l’eau, c’est le heart beat de la nature. On se synchronise à eux, on finit par vivre à leurs rythmes. Tant qu’on les écoute, on est calme et relax. Je pense qu’ils nous aident aussi à penser, à ressentir, à réfléchir et à être créatif, à faire venir les idées.
Les chants de l’eau nourrissent nos jardins spirituels.
La rivière n’est pas seule; des petits canaux, qui irriguent les jardins et les champs de ci de là, l’accompagnent de leurs voix plus hautes. C’est donc concert tous les jours.
irriguation
La mélodie n’est jamais la même, elle est le résultat d’une fonction mathématique et parmi ses multiples variables, la pluie.
S’il a plu plus haut dans les montagnes on entend l’eau plus rapide, elle ne s’apesentit pas, elle trace son chemin, sans prendre le temp de jouer entre les pierres.
Et s’il vient une pluie très forte par contre, les chants de l’eau deviennent des cris, des hurlements.
La rivière est un torrent, transportant tout ce qui est tombé sur les montagnes, l’eau est prise de panique, elle est dans une course contre la montre, pour la mer et le plus loin possible.
La rivière nous dit alors une autre leçon, elle nous rappelle la puissance de la nature et que nous sommes de bien petites choses à ses côtés.

Rencontre infernale

Non, on ne vit pas à Disneyland. Les paysages et les gens sont beaux, l’endroit est idylique, mais la nature dans toute sa richesse et sa violence est là.

Nous sommes arrivés avec nos idéaux et nous avons acheté des tue-mouches. Les insectes sont si présents que nous avons désormais recours aux armes chimiques…
D’autant que certaines bestioles sont coriaces et vraiment dangereuses. Les cafards, nos tue-mouches n’en font qu’une bouchée, on s’habitue à tout … mais pour ce qui concerne le scolopendre… (mukade ムカデ en Japonais)
Quand on voit cette bestiole on se pose immédiatement la question de l’existence de Dieu. Si Dieu réellement existait et avait créé le monde comme le prétendent certains; pourquoi a t il créé le scolopendre ? Dites moi.
A. ma femme se réveille tout d’un coup à quatre heures du matin et se met à crier. Elle a senti quelque chose dans son pyjama. Kezako ? Un scolopendre ! Comment est il arrivé là, malgré la moustiquaire qui nous protège la nuit et toutes nos précautions ?
On essaie de l’écraser avec nos tue-mouches que l’on garde toujours sous la main. Mais le futon est trop mou et on ne parvient qu’à immobiliser la bête; dont les morsures sont terriblement douloureuses et redoutées par tous.
La seule solution, c’est de la guider dans une bouteille d’eau en plastique et de l’y renfermer. Nous y parvenons… Les adultes font 20 centimètres ce sont de véritables monstres. Ils se nourrissent de cafards; est ce que celà tendrait à affirmer l’existence de Dieu ?
Fort heureusement A. n’a pas été mordue. Mais imaginez de trouver ça dans votre pyjama en plein sommeil …
Une fois le scolopendre enfermé dans sa bouteille d’Evian, il nous est difficile de trouver le sommeil. Et nous ne sommes pas seuls; car nous découvrons un geckos en train de se promener dans la chambre. Il est jeune, petit; et n’a pas encore l’age de chasser les scolopendres voilà qui est bien dommage.
Au contraire de Disneyland; tout n’est pas rose. Ce scolopendre; à le regarder de plus près est un vrai monstre. C’est un chasseur, une bête tueuse de cafards. D’ailleurs c’est sans doute le gaillard qui a inspiré à l’artiste suisse le monstre d’Alien; vous savez; la petite chose qui court dans tous les sens pour pondre un oeuf dans bouche des pilotes d’astéronefs.

Camouflage

La biche

Deux nuits de suite, nous rencontrons à l’entrée du village une biche. Elle est là, immobile. Elle n’a peur ni de nous ni de notre voiture et de ses phares.
C’est la nuit et la caméra du smart phone ne capture que le reflet vert du fond rétinien de l’animal, après le flash.

Vue de la maison

une vie foisonnante

Cà et là nous avons découvert dans la maison les traces laissées par les animaux et insectes; ils ne nous ont pas attendus pour venir s’installer et vaquer à leurs affaires.

Nous ne sommes pas seuls, pas les premiers, et nous nous efforcerons de traiter avec égard ces voisins qui nous ont précédés.
La présence d’une vie animale riche nous confime aussi que l’ancien propriétaire n’a pas forcé sur les poisons -insecticides et herbicides-, merci à lui, qui n’a pas pratiqué la politique de la terre brulée.
Attachés aux poutres de pin de la petite construction autrefois érigée pour l’élevage des vers a soie nous découvrons des oeufs elliptiques, collés en groupes de 5 a 10 oeufs, à une hauteur de deux mètres. Ils sont blancs et d’une grosseur de 1 centimètre environ.
Il s’agit d’oeufs de geckos. Ma femme plus tard confirme la présence d’un gecko ENORME dans un chais.
De-ci de-là, sous le toit, entre deux poutres, ou encore dissimulés sous l’ancien plancher de chêne, nous découvrons les habiles contructions de papier mâché (guepes) ou de boue séche (?) laissées par des insectes.
Fort heureusement nous ne voyons pas de nid de frelons. Certains nids font jusqu’à 1 mètre de circonférence, et une poignée de piqures peuvent provoquer la mort.
Le frelon asiatique ou suzumebachi (frelon-moineau) est une reélle menace du moins c’est ce que en nous pensons aujourd’hui. Dans les régions montagneuses du centre, vers Nagano les gens considèrent des grands nids, accrochés sous les toits des maisons comme des porte chance, et souvent ils les laissent là. On voit ainsi des maisons les collectionner, avec d’énormes nids pendus sous les toitures, comme des fruits des tropiques. Les larves de ces frelons, passées à la poele, sont un met recherché par certains.
En tout cas, pas de trace de suzume bachi chez nous, ouf ! Une est venue se poser sur mon dos alors que je faisais des travaux dans le jardin. J’ai eu un peu peur. Au contraire des hommes, cependant, les suzume bachis ne sont pas aggressives de nature, elles n’attaqueront que si elles se sentent menacées:
Les grenouilles foisonnent. Elles sont partout dans le champ attenant, sautant à chacun de nos pas ou de nos coups de bèche.
Il y a également des grenouilles dans dans les branches d’un grenadier dans le jardin. Celles-ci ne font pas plus de 3 centimètres et sont d’un vert printemps magnifique, elles sont super mignones !
Dans les broussailles, entre le fond du champ et la rivière qui coule à ses pieds nous apercevons un serpent noir.
Son identification est difficile. La forme de son corps nous fait opter pour une couleuvre ce qui serrait plutot positif, mais nous n’en avons pas encore la certitude.
Il nous faudra débroussailler un peu ce coin; qfin d’éviter les mauvaises rencontres.
Sur le bord de la berge; silencieuse; une tortue.
Après de fortes pluies, nous découvrons des petits crabes, qui s’aventurent jusque dans la maison.
Autre animal rencontre, un chat, dont nous parlerons dans un autre post.

Un nouveau départ

Nous avons vécu plus de 10 ans à Tokyo. J’ai cessé de compter au delà de 10. Je n’ai que dix doigts.

La ville gigantesque fait partie de notre vie. Nous l’avons aimée, vénérée, haie, détestée.

Tokyo est si grande, elle est une planète à part entière.

Elle nous a beaucoup donné et beaucoup pris.

Mais le moment est venu de quitter cette maitresse monstrueuse, et de commencer quelque chose d’entièrement nouveau, avec plus de simplicité, plus de solitude, moins de salary men et de pachinkos.

Nous allons donc vivre à la campagne, dans un petit village, 600 kms à l’ouest du Monstre(1), aux pieds de montagnes fatiguées.

A suivre.

(1) si j’affirme que Tokyo est un monstre, je dois préciser que Paris est un cadavre. pour être juste.