Tagué: serpents du japon
En pyjama (dans le jardin)
Dans l’article de la semaine dernière je parlais des catastrophes naturelles qui frappent souvent le Japon, une collègue m’avait fait la remarque, pourquoi pas aller habiter ailleurs ce serait plus safe, mais voilà, ailleurs, il y a des catastrophes de nature humaine.
Et à y repenser à cet article il y a cette phrase que mon ami S. dit souvent
人間より怖いものはない
Il n’y a rien de plus effrayant que l’homme.
Cet été j’ai pris quelques journées de congé et j’essaie de les passer le plus tranquillement possible. En général ça veut dire faire quelques travaux le matin, et de préférence en écoutant la radio ou des podcasts, prendre une douche, et passer l’après midi en pyjama dans le jardin à glandouiller (lire, écrire, dessiner).
Je suis sur la bonne voie, je le sens.
Passer ses vacances d’été dans son jardin et en pyjama.
Garder le bonheur à portée de la main.
Ce matin j’essaie de mettre de l’ordre dans les tomates. En mon for intérieur je voudrais laisser les tomates tranquilles, et en récolter les fruits de temps en temps. Mais voilà dans la réalité la liberté finit en laisser aller, et c’est l’anarchie. Ceci d’ailleurs ne s’applique pas qu’aux tomates ! Résultat ça pousse dans tous les sens ça prend du volume, mais les tomates à récolter, pas tant que ça.
J’admire mes voisins qui jardinent et où tout est si bien organisé, les tomates poussent au pas et pas la place pour le moindre chaos dans leur jardin.
Je ne sais si j’arriverai jamais à ce niveau, peut être d’ailleurs que c’est incompatible avec mon caractère.
Car comme on peut voir; le jardin devient rapidement une jungle une fois l’été venu.

Ces filets sont pour protéger les tomates des corbeaux

Shiso c’est cette feuille qui est souvent servie avec le sashimi. Il y en a plein dans le jardin.


voilà un bon support pour les haricots.


ces grilles métalliques pour grimper. Le goya démarre assez tard je trouve, sans doute le manque de soleil en juillet. Il a plu énormément.

On en mange les pousses. Celles ci coupées finement accompagnent très bien le toufu.

Ici deux pousses pointent le bout de leur nez.

Les petits piments type shishito poussent très bien. Je les fais souvent en ratacouille.

J’en avais planté dans cent petit pots, pour notre projet d’agriculture … Décimés par les insectes ça n’a donné que huit pieds.


Il a fallu plusieurs minutes pour que la couleuvre avale entièrement la grenouille. Voilà un point faible pour les serpents car pendant cette opération ils sont assez vulnérables.
Dégager le chemin abandonné
J’avais un peu évoqué lors d’articles plus tôt cet été de gros soucis au travail avec un nouveau boss affreux.
Je pense écrire un truc là dessus car il y a des épisodes cocasses et quelques leçons retenues, mais il me faudra encore un peu de temps pour tout digérer.
Entretemps j’ai pu trouver un autre job, en interne, dans la même boite. J’ai donc joint une autre équipe mais continue à travailler dans le village; dans mon petit bureau de trois mètres carrés; et je suis de nouveau dans un contexte sans hostilité, normal. Ouf!!!!
Les après midi j’aime bien faire une pause. (je commence très tôt, les poules dorment encore, vers 5 heures du matin). Ce qui me plait bien en ce moment c’est de marcher jusqu’au fond de notre vallée, la où la route devient chemin, dans les forêts.
J’y croise souvent des animaux. (pas encore d’ours) Un coin magnifique que j’aime beaucoup.
Beaucoup d’arbres y sont écroulés. Suite à une grosse tempête il y a un an. C’est un triste de voir que ces arbres sont toujours là, obstruant le chemin. C’est sûr, personne ne vient là et puis comme il n’y a pas de projet d’abattage d’arbres dans le coin … sinon pour les bûcherons ce serait un jeu d’enfant de tout dégager.
Et donc voilà un nouveau jeu pour moi, j’emporte ma hache suédoise, une excellente scie japonaise avec moi et je pars m’aventurer sur le chemin, et arrivé, une heure plus tard, je coupe les troncs d’arbres qui entravent le chemin, et les dégage, un à un.
C’est un bon exercise, et celà confirme les bienfaits de sortir armé.

J’aime beaucoup ce chemin. Bien que les plantations de cryptomères abandonnées ce ne soit pas la joie, mais il y le bruit de l’eau, le silence des arbres, quelques insectes, et l’odeur ! Ce parfum de réglisses. On est bien, là, quand même.




Une fois en chemin j’ai vu deux serpents bizarrement entrelacés. Ils étaient littéralement collés l’un à l’autre au niveau du ventre. J’ai pensé à un coit (comment je fais les deux points sur le i avec le clavier déjà), mais c’est peut être une lutte qui a eu lieu, avec morsure … Qu’en dites vous ?

L’un des deux serpents était mort, l’autre essayait de se libérer, mais était collé à l’autre … je me suis dit que c’est peut être une morsure, avec le venin qui aurait fusionné la peau des deux ?
Aidé d’un bâton et de beaucoup d’amour je suis parvenu à les détacher. Le survivant s’est échappé en boitant.
La dépouille du serpent mort je l’ai laissée sur le bord du chemin, le lendemain elle avait disparu, rien ne se perd.

Là où court le chien (et la couleuvre)
Là où court le chien. inubashiri. 犬走
Ainsi appelle-t-on la bande de béton autour des maisons.
Notre maison, une maison japonaise traditionnelle, n’a pas de fondations. Des pierres sont posées à même le sol. Les poutres de bois, du marronnier, s’appuient dessus. Si bien que la maison est à même la terre.
Cette année je me décide à finir la bande de béton autour de la maison. J’avais fait une partie il y a trois ans, côté nord. Cette bande de béton permet d’éviter le développement des mauvaises herbes jusqu’au pied de la maison. Cela fait plus propre.
Je pose donc la bande de béton, au niveau du mur où se connectent les canalisations d’eau. Le tout en écoutant des podcasts de France Culture. A un endroit, un tuyau affleure au sol, ouvert. Et il arrive une chose amusante.
Un matin, je vois une jolie couleuvre se réchauffant au soleil. Elle est sur le béton coulé la veille. C’est de bonne augure me dis-je. Je me rapproche, curieux, et puis je veux la prendre en photo et hop elle se met a bouger
..elle est très rapide, moi j’ai pas encore bu mon café …. et la couleuvre s’engouffre dans le tuyau !
Merde me dis je. Je ne vais pas enterrer la couleuvre dans mon béton … d’ailleurs ce tuyau j’ignore à quoi il sert, où il va … , il faut le laisser ouvert et accessible.
Je continue à couler le béton le long de la maison, en préservant un accès au tuyau. Depuis bien sûr je n’ai pas revu la couleuvre …Elle a dû partir c’est certain …
La couleuvre et la grenouille
Un cri strident hier, un cri inhabituel. Jamais entendu un cri pareil.
C’est une grenouille, à moitié dans la gueule d’une couleuvre. Il est rare de pouvoir observer ainsi le télescopage de deux animaux.
La grenouille n’a guerre de chance de se libérer de l’emprise de la couleuvre.
La couleuvre ne lache pas prise et petit à petit engloutit sa proie. Au bout de deux minutes la messe est dite.
喰うか喰われるか Manger ou être mangé, comme l’écrivait Sakai Saburo.
Aussitôt après avoir observé cette scène je vais voir mon La Fontaine, histoire qu’il y ait une fable sur la grenouille et la couleuvre. Je ne la trouve pas, par contre Le Loup et L’Agneau confirme que la raison du plus fort est toujours la meilleure.
1 Minou
+1 Scotch
+6 Chatons de Scotch
-2 Chatons donnés
+1 Chaton trouvé samedi dernier
-1 Chaton donné
-1 Chaton donné
-1 Chaton donné
————————————————–
Total= 4
Vipère ce matin
5:40 le matin je vais pour sortir les poubelles ! et cachée dans un caniveau, pelotonnée sur elle même, une vipère. Juste devant l’atelier.
Heureusement que j’étais assez réveillé et que je l’ai vue rapidement.
Elle remuait fébrilement le bout de sa queue, en guise de menace sans doute.
Nous aurions étés dans la foret ou sur un chemin de montagne, je l’aurais laissée tranquille … Mais la, quasiment sur le pas de notre maison …. le danger est trop grand pour être ignoré et je l’ai butée.
Déjà il y a trois ans a notre arrivée dans le village on nous avait prévenus que les vipères sortent en septembre, pour donner naissance a leurs petits.
Minou vs Serpent
Hier j’avais remarqué un petit serpent se promenant devant la maison. De couleur bleu et portant des motifs en losanges je suppose qu’il s’agissait d’une couleuvre.
Aujourd’hui en sortant de la maison j’aperçois Minou le chat qui fouille au milieu des fleurs et de la jungle devant la maison … en se rapprochant on comprend qu’elle a débusqué le même serpent !
S’ensuit un fight. Minou le poursuit et donne de ces coups de pattes qui de loin ont l’air si mignon… c’est parce que on ne voit pas les griffes. Minou est sur le point de tuer le serpent je pense. Le serpent lui fait le mort.
Tout à coup Minou s’éloigne. Elle se met à cracher de la salive blanche, de gros paquets de salive blanche. A-t-elle en mordant le serpent ingéré du poison ?
Je suis tout de suite inquiet pour Minou et vais chercher un gros bâton pour buter le serpent -réflexe- à mon retour sur les lieux … le serpent arrête de faire le mort et se barre dare dare … Minou continue de cracher cette salive blanche … ma femme cherche sur google ce qu’il y a faire dans ce cas …
Minou s’éloigne et se met à l’abri sous le plancher de la maison …. on pense à la phrase les oiseaux se cachent pour mourir … On est inquiet pour Minou … Puis Minou retourne dans le jardin et y mange quelques brins d’herbe. Est ce en réaction à ce qui vient d’arriver …
Une heure plus tard je retrouve Minou qui se repose tranquillement … Ouf !
Le dialogue de vendredi
Côté travail, cette semaine a été un peu lourde avec pas mal de déconvenues et peu de sommeil. Pas vraiment productif. C’est vendredi en fin d’après midi et je vais voir S., de l’autre côté du hameau. (de l’autre côté de la montagne). S. est charpentier, a commencé à travailler à l’âge de 14 ans et a construit 100 maisons. Je dois lui payer une facture pour la fenêtre et le bois de la cabane dans l’atelier. J’ai avec moi aussi un maxi pack de 24 canettes de bière.
Je le trouve avec ses chats et ses chèvres devant la terrasse de sa si belle maison.
S’engage alors un beau dialogue qui me réjouit et pulvérise toute la fatigue de la semaine. Malheureusement ma traduction perd la truculence savoureuse du dialecte local. (le dialecte du banshu).
S -> notre ami
H -> épouse de S
WT -> Wakame Tamago
Ca commence bien:
S: Dis, tu tombes bien: on a besoin de ton aide; il y a O., qui habite au fond de la vallée, celui qui fait des épouvantails, hé bien il y a un Argentin qui va venir lui rendre visite et le prendre en photo ..; comme il n’a jamais vu d’étranger il voudrait te voir pour te poser des questions… C’est où ce l’Argentine d’ailleurs ?
La femme de S s’appelle H.
H: Buenos Aires !!!
WT: Euh, c’est en dessous du Brésil. Ah dis donc une grosse question c’est où l’Argentin va pouvoir dormir et si il y a quelqu’un du village qui pourrait le loger chez lui.
H amène des bières et des cacahouètes.
S: C’est très difficile ça. Tu vois, tu dois construire une tree house dans ta montagne !!! Je la construirai. Il faut le faire tant que j’ai la pèche.
WT: Ah dis donc ce serait fantastique ça. Mais n’y a t il pas trop de sangsues dans la montagne pendant l’été ? Les gens auraient peur. Moi aussi d’ailleurs.
S: Mais non, c’est rien ça. Tu vois des gens viendraient du monde entier visiter le village !
WT: C’est sûr que cela devrait intéresser un certain public, en plus, un tree house. Ca pourrait même devenir un business.
S: Ah non …. Un projet comme ça, ça doit pas être pour gagner des sous mais pour s’amuser… Tu te ferais plein d’amis.
WT: Good point.
S: Pour gagner de l’argent il faut compter sur son travail principal, rien d’autre. Entre nous ..; nous les hommes … on n’a pas besoin de beaucoup pour vivre. Il nous faut juste assez d’argent pour payer l’alcool et le tabac.
H amène un sashimi de tête de poulpe. C’est délicieux ! Et une deuxième bière. H voyant ma réluctance devant la deuxième canette de bière devient taquine.
H: Comme tu rentres à la maison en camion, tu veux que j’appelle le policier qui habite dans la vallée et que je lui demande de t’accompagner ?
WT: Question logement pour les voyageurs et visiteurs, le mieux quand même ce serait une maison japonaise, ancienne, dans le village … une maison authentique, comme la maison de 1000 ans … Je suis sûr qu’on y dormirait très bien !
S: Ah oui ça alors !! Nous les Japonais nous nous sommes trompés. Les maisons anciennes étaient fraiches l’été, chaudes l’hiver… Aujourd’hui dans les nouvelles maisons le gens sont obligés de mettre la clim’ ou le chauffage en permanence.
WT: Ah oui. Nous on n’a pas installé la clim’…
S: Exact ! Tu peux te le permettre dans une maison ancienne. Et puis les nouvelles maisons sont entièrement hermétiques. Si bien qu’on est obligé de mettre des ventilateurs partout pour aérer ! Ca n’a aucun sens !
Maintenant on parle un peu poulpe. Tête de poulpe.
WT: Dis, c’est délicieux la tête de poulpe ! J’avais envie de poulpe depuis pas mal de temps.
S: J’adore ! On les achète chez un poissonnier de la ville voisine.
WT: En général on n’y trouve que les tentacules dans les supérettes …
S: Peu de gens aiment la tête … Moi j’aime la tête de poulpe .. la chair est tendre … et ce poissonnier vend une tête 50 Yens. (40 centimes d’euro).
H: Tiens tu vas emporter une tête avec toi, pour le diner. Avec du gingembre et de la sauce de soja.
(….)
S travaille en ce moment à démolir une maison dans une ville voisine.
WT: Comment avance le chantier de démolition ?
S: Ca peut aller
H: Par contre j’ai failli marcher sur un clou l’autre jour sur le chantier
WT: C’est dangereux ça !
S: Ah oui ! Quand j’étais apprenti, je me suis frappé les plantes de pied avec un marteau, on y a ajouté de l’huile et mis le feu. Pour éviter les futures blessures.
Ces propos me surprennent tant que je décroche un peu je l’avoue.
Pause cigarette.
WT: A propos de voyageur. Un lecteur français de ce blog est en train de voyager au Japon. Il m’a contacté sur Facebook. Il apprécie les outils japonais et m’a demandé le nom en Japonais du cordeau à tracer. Tu te souviens, j’avais photographié le tien.
S: Ah oui. Celui qu’il a acheté, il y a une grue et une tortue dessus ?
WT: Non mais il est en forme de baleine.
S: Le mien est en plastique tu sais. C’est que je ne prends pas soin de mes outils.
(….)
WT: Les scolopendres sont tardifs cette année, je n’en ai pas encore vu
H: Il y en avait un ici hier soir je l’ai écrasé avec ma pantoufle.
WT: Leurs morsures sont très douloureuses. Il parait qu’il faut verser de l’eau chaude sur les morsures, cela arrête la douleur.
S: Le thé tue les scolopendres. Si tu en verses dessus il va crever. Les tanins dans le thé vert tuent les scolopendres.
WT: N’empêche que les scolopendres ne sont pas si méchants que ça.
S: C’est sûr. Celui qui vit ici on est obligé de devenir l’ami des insectes.
(pause cigarette)
S: D’ailleurs il n’y a aucun danger dans la nature ici. Personne dans le village n’est mort à cause d’une vipère. Le seul danger ce sont les frelons asiatiques mais c’est tout. Rien à voir avec l’homme en qui on ne saurait faire confiance.
D’ailleurs moi quand je travaille seul dans les bois ou les montagnes, à couper des arbres, la vue d’un animal sauvage ne me surprend jamais, que ce soit un serpent ou n’importe quoi d’autre … un peu comme si je les sentais venir … mais si je vois un homme; je suis tout de suite sur mes gardes.
Mochi tsuki et alcool vipèrine
Comme l’année dernière des voisins nous invitent à faire le mochitsuki avec eux.
On cuit à la vapeur du riz gluant, puis on le malaxe et on le frappe dans un mortier. C’est une coutume répandue dans tout le pays (as far as I know).
On en avait parlé l’année dernière dans cet article.
Aujourd’hui il fait beau, et notre voisin nous fait déguster entre chaque mochi, des sakés qui sont faits dans le village.
Nous passons un bien bon moment. L’excitation et les rires culminent lorsque, de derrière les fagots, surgisse une bouteille d’alcool dans laquelle macère une vipère depuis 7 ans.
On goûte, sans oublier de faire le rapprochement avec le fameux épisode des Bronzés font du ski.
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