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C’était formidable (le marché)
Le marché dimanche: c’était formidable
Dimanche dans un temple à 10, 15 km d’ici avait lieu un petit marché où des bouquinistes, et des collectionneurs se sont assemblés pour vendre des livres. J’y étais aussi, pour vendre mes BDs.
Le temps n’était pas clément et il a plu toute la journée. Nous nous sommes installés abrités dans et autour du temple.

Le temple est vraiment formidable. Il est truffé de petites bibliothèques dont on peut emprunter les ouvrages. Sur un côté de l’autel il y a un piano droit ! C’est la première fois que je vois un piano dans un temple. Bibliophiles et mélomanes.
Je l’avais évoqué dans un article précédent; il y a aussi un petite maison attenante qui est ouverte aux enfants du village. Les enfants après l’école y viennent faire leurs devoirs, ou simplement passer le temps ensemble. C’est comme autrefois, m’explique plus tard ce matin mon ami Saki chan, les enfants après l’école allaient étudier ensemble au temple du village.

Sur mon compte instagram j’ai posté deux courtes vidéos de l’ambiance sereine et heureuse du marché. Il y avait aussi des musiciens, dont un duo de joueuses de shamisen.
Quelle paix et quelle sérénité ! Encore cette fois cela m’a frappé, et j’ai admiré cet art de vivre ensemble.
Des serviettes ténugui 手ぬぐい
Pour le marché, suivant les recommandations de mon épouse j’avais fait le design de serviettes ‘ténugui’, pour avoir autre chose à vendre et agrémenter ma petite table avec mes produits. Ne vendre en effet que mes trois bande dessinées, c’est hard core, il n’est pas facile de vendre un livre, encore plus hardu s’il s’agit d’une BD qui est bien différente des mangas et faite par un amateur …

Le ténugui sur le thème des algues et des oeufs (ce qui correspond à mon pseudonyme wakamé tamago).
J’en ai fait réaliser une centaine. Au pire, me disais-je, j’aurais 100 ténugui à utiliser jusqu’à ma mort !
Mais il ne m’en reste plus que 75 ….
J’ajouté un bouton paypal si les ténuguis vous intéressent !!!
ici avec mes voisines de stand, qui testent les ténuguis, et dont j’emprunte la photo d’instagram et qui font de l’arrangement floral.
Une énorme surprise
Un énorme surprise c’est lorsqu’une dame très élégante est venue, m’a dit bonjour wakamé tamago et m’a donné un sac avec du café et du chocolat, et puis elle est repartie comme elle était venue. J’ai été bien gêné, car je n’avais pas pu la reconnaitre, et étais dans l’incapacité de la remercier, jusqu’à ce que je comprenne qu’il s’agit d’une des employées du bureau de la poste du village ! (à la poste elle porte un uniforme et un masque). Quelle générosité !!
Lundi je suis allé la voir à la poste et lui ai offert un ténugui pour la remercier de son gentil geste.
Une autre surprise de taille
Une autre surprise de taille c’est que les ténugui et mes bandes dessinées se sont vendus comme des petits pains. Déjà dans les 10 premières minutes du marché j’avais vendu un ténugui et j’étais déjà content de moi (la peur de rentrer la queue entre les jambes) et puis oui; que pensent les gens en regardant mon travail ? Sont-ils intéréssés ? curieux ? C’est pas évident du tout !


et oui, on voit que le temple fait aussi ciné club avec des projections de films !

L’entrée qui mène à la maison ouverte aux enfants. On distingue les tables de ping pong.

C’est un vrai paradis !!
En bonne compagnie
C’était un week end récent, on a passé beaucoup de temps avec les gens du village et c’était formidable.
Samedi le matin rendez vous au fond de la vallée dans un petit hameau, où ne vivent plus qu’une dizaine de personnes …

Il s’agit de la préparation d’une future fête aux flambeaux. Ça a lieu chaque année, en juillet. et ce samedi on se retrouve pour préparer les flambeaux.
D’ailleurs à écrire cet article je me rends compte que le mois dernier on s’était retrouvés pour aller en montagne chercher des troncs de pin.
On commence par affûter les haches courtes; ‘yoki’.

D’autres s’affairent autour d’un fendeur de bûches.

Il faut emplir les flambeaux de faisceaux de bois (du pin car celà brûle très bien).

D’autres fendent du bois.

Les habitants de ce hameau sont âgés. Le plus jeune a 70 ans. Mais ils ont tous une bonne pêche.
Entre ces montagnes de sagesse je barbote comme un petit poisson rouge.
Ils sont bien contents qu’avec quelques autres du village en bas nous venions donner un coup de main.
La préparation des flambeaux est super rapide, et bouclée en une petite heure. Commence ensuite un gros barbecul, avec de la viande de sanglier et de chevreuil, chassés récemment, et les légumes des potagers.
Le hameau est formé par un petit groupe de maisons; la plupart sont vides, malheureusement. Mais c’est vraiment un endroit magnifique, sur 360 degrés des montagnes couvertes de forêt nous surplombent.


On passe un excellent moment.
On s’installe dans un petit hangar; là où ils gardent du bois et dépècent les chevreuils.



Les blagues et les bons propos fusent de toute part. Les gens ont de la répartie. Quelle bonne humeur. Depuis pas mal de bière a coulé sous les ponts et je ne me souviens plus beaucoup des sujets de conversation….

Comment on prépare le chevreuil est évoqué…. On parle aussi de la dépopulation… Et des initiatives en cours pour mieux faire connaitre le village et, éventuellement, attirer de nouveaux habitants. J’ai pas mal oublié.
Un voisin qui ne boit pas nous ramène gentiment chez nous plus tard.
Hanami au village
Cette année encore, ce dimanche les habitants du hameau se sont retrouvés pour faire un hanami: un grand pique nique, sous les fleurs des cerisiers.

Il faisait beau. Les cerisiers en fleurs étaient de toute beauté.

On se groupe par quartier ourinpo, soit un groupe de dix ou douze maisons. C’est le chef de rinpo de l’année qui arrange les boissons, thé, bière, shochu et les bentôs.
La maison de retraite amène une camionnée de vieillards, on les pose délicatement sur des chaises, ils sont bien, là, sous le doux soleil, et avec les employés ils entonnent des chansons d’enfants.
Monsieur K, conseiller municipal, prend sa retraite cette année. Il vient nous présenter son remplaçant, lequel; il faut remarquer, porte un costume trois pièces.

Sur la pelouse on déploie une grosse moquette et puis zouh des tables basses, quelques bancs, et c’est parti. Oh le bentô est magnifique! C’est un bentô à trois mille yens ça !

La bière se boit toute seule.
On parle de tout ou presque, du nom de la nouvelle ère, du manyoushu, ce recueil de poèmes du 8è siècle qui l’a inspiré, et du nouveau projet du voisin, avec ses plantations de vigne.

Ceux qui ont été malades parlent des opérations qu’ils ont subies. On s’attarde aussi sur les événements récents du village. L’installation d’une nouvelle famille.
Les enfants jouent. Ils découvrent dans un fossé le squelette d’un chevreuil. Ils ramassent les os, et les installent sur les branches d’un arbre. Un crâne, quelques tibias. Intéressant de voir comment cela amuse les enfants.
Le matin j’avais préparé des crêpes, elles reçoivent bon accueil, c’est un dessert bienvenu.

Une fois les bentôs terminés on s’en va butiner d’une table à l’autre, pour discuter avec les autres quartiers. On sort les bouteilles de shochu, cet alcool de patate douce. Les hommes et les femmes forment des groupes séparés.
Je fais la connaissance du petit fils de monsieur O, il a un an et est très mignon.
Un voisin qui travaillait pour une société de chemins de fer avoue; après des verres de shochu, avoir fait monter une jeune femme une fois dans sa locomotive. Il travaillait alors dans le fret. C’est génial!
Bien sûr tout le monde a ses soucis, petits et grands, mais sous les fleurs de cerisiers, on les oublie et on passe tous un excellent moment.

J’apprécie ce savoir vivre, ce savoir vivre ensemble que m’enseignent les voisins, dans leur grande générosité.
14 cm
Cette semaine je suis en buziness tripe, aux US, à Seattle. J’aime tellement notre vie simple au village que chaque business tripe est un petit déchirement. Le moment que j’aime le plus dans les business tripe, c’est, le jour du retour, quand je monte dans l’avion pour le Japon.
Pour chaque bizetripe, mon premier objectif, c’est rentrer à la maison sain et sauf.
Mon grand ami S. opère au niveau supérieur: il ne part jamais trop de loin de chez lui, de sorte qu’en cas de problème il puisse rentrer chez lui à pied.
Si tout le monde était à son niveau et faisait comme lui.. le monde serait meilleur
Ah le plaisir de rentrer chez soi. Quand on arrive à l’aéroport de Narita, avec les moquettes très eighties et tous les employés relativement âgés, les petits papys qui s’activent dans leurs uniformes amples, et tirent des chariots ou font la circulation, mais attention ! toujours avec déférence, le sourire et un style indéniable. Respect. Tout ce côté un peu suranné et très poli.
Ma femme m’envoie ce matin des photos du village où il a neigé quatorze bons centimètres.

La neige c’est magique en témoigne le déferlement de photos sur fessebouc ou instagrame dès les premiers flocons!

Je me demande ce qu’en pensent les arbres.



Les chats je crois aiment bien la neige.



Notre petite vallée. Et la petite maison achetée l’année dernière.



Un Cerisier pour célébrer
Notre fils a douze ans. Il finit sa dernière année à l’école primaire (qui compte six ans au Japon). En avril il entrera au collège.
C’est quelque chose. Les cycles de douze ans ont un sens.
Pour féliciter notre fils et marquer le coup, un voisin nous a offert un cerisier. Quelle merveilleuse attention ! Nous recevons ainsi souvent des leçons de savoir vivre.
Cerisier, que nous plantons dans le jardin aujourd’hui.




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