Tagué: possibilité d’une montagne

Matin de printemps

Me lève tôt ce matin et décide d’aller faire un petit tour dans notre montagne. Le printemps est là. Il a plu toute la journée d’hier et tout regorge d’eau.

Arrivé en haut, un beau panorama du village. Tout est calme. Beaucoup de chants d’oiseaux. La rivière chante avec force, sa puissance est démultipliée par la pluie de la veille.

vue du village

vue du village

Je fais le tour des arbres plantés cet hiver. Les bourgeons sont bien visibles et prêts à exploser. Sauf le grenadier, sur lequel on ne discerne aucun changement. Il faut attendre qu’il fasse plus chaud pour le grenadier ?

Voyez à propos comment je les ai barricadés, derrière des grillages métalliques et des filets. C’est un peu la ligne maginot contre les chevreuils. Espérons que les chevreuils n’auront pas l’idée de passer par la Belgique …

arbres plantés dans la montagne

arbres plantés dans la montagne

 

On voit les premières plantes pousser. Une sorte de cresson. Désormais les chevreuils pourront trouver de quoi manger dans la montagne ? Les fougères aparaissent aussi.

fougère

fougère

 

On voit bien les mousses qui regorgent d’eau. Une forêt miniature.

mousse

mousse

A propos des chevreuils d’ailleurs, j’aperçois, à moitié enfoui dans la terre, sur le flanc de la montagne, le bois d’un chevreuil. Encore un beau cadeau de la montagne.

 

un bois de chevreuil émerge

un bois de chevreuil émerge

Je retourne à la maison tout excité par cette découverte et les jolies choses vues. Beaucoup de plaisir à observer les transformations de la nature.

Mais sur le retour j’aperçois une sangsue qui se balade sur mon bras, je la dégage d’un coup de pouce.

Arrivé au jardin je fais quand même une petite vérification et là je constate encore une fois que la nature n’est pas tendre… quatre sangsues se promènent sur mon pantalon … avec une paire de ciseaux je les sectionne de façon systématique … au vietnam les soldats américains fumaient cigarette sur cigarette, pour pouvoir brûler les sangsues et s’en débarrasser ….

et je regarde aussi dans mes bottes: une dizaine de sangsues s’y promènent! Il y a des grosses de trois centimètres et des petites de quatre millimètres …. je ne peux retenir un cri de surprise, c’est la folie ! je n’ai passé que 15 minutes à peine dans la montagne !

Les plus petites sangsues ont le réflexe de se dissimuler dans les coutures intérieures de la botte. je les déloge avec la lame des ciseaux … et sectionne. Elles continuent de gigoter.

Dans le village il n’y a personne, et je me fous presque à poil dans le jardin, pour tout vérifier: chaussettes. pantalon, envers et endroit. pull. tee shirt. slip.

OK ! Je crois que je vais espacer mes visites dans la montagne. Et surtout éviter d’y aller après la pluie.

Aussi; je vais m’acheter un pantalon de travail jaune ou orange. Eviter les camouflages. Pour mieux détecter les bestioles !!!!

une sangsue

une sangsue

Minou dans la montagne (3)

Un crâne de chevreuil et rêveries

Ce matin je vais faire un petit tour, histoire de faire une pause dans mon travail sur ordinateur. Je marche au pied de notre petite montagne … aperçois une forme blanche.

crane chevreuil 1

Après vérification en effet c’est bel et bien le crâne d’un chevreuil. C’est juste au bord de la route, mais dissimulé dans la végétation.

Il est très beau et serait un magnifique ajout au pare-choc de notre camion.

crane chevreuil 11

Quelques réflexions s’invitent. Attention, ça va délirer sec.

Ces os blanchis par la pluie et le temps sont l’empreinte minéralisée des animaux sauvages. Ils vivent autour de nous dans le même espace, mais pas dans les mêmes zones horaires. Je suis diurne. mais les chevreuils sont plutot actifs la nuit. C’est au crépuscule qu’ils s’approchent du village et pénètrent les potagers, alors que tout le village est devant sa TV, son ordinateur ou sa playstation. On peut donc penser à des mondes parallèles qui se superposent, et rarement se croisent.

Les ossements sont une sorte d’empreinte permanente qui est indépendante du temps. C’est comme si l’animal, une fois mort, devenait visible dans notre monde à nous (dans notre zone horarire).

Une autre réflexion, c’est que je ne trouve presque jamais de squelettes entiers. Par quels phénomenes les os disparaissent et se séparent les uns des autres. Il y a-t-il une force magique en action ?

Troisième réflexion, c’est que si j’avais une tonne de temps, si j’étais au chômage, je prendrais la peine de ramasser tous les cadavres d’animaux que nous trouvons souvent aux bords des routes pour leur offrir une sépulture chrétienne digne de ce nom dans la montagne. Je sais que la religion chrétienne est homo-centrique et qu’elle ne s’interesse que très peu à la chose animale. C’est là une grave lacune et j’y remédierais ainsi à ma facon.

Ces sujets sont -au moins pour moi- tout à fait passionnants et si j’en ai la force je les développerai dans un futur projet de bande dessinée. Intitulée Histoires Naturelles.

Un crâne de chevreuil et rêveries

Un crâne de chevreuil et rêveries

Minou dans la montagne (2)

La possibilité d’une montagne

Face à notre maison, de l’autre cote de la rivière et la route, somnole une montagne. Aux abord de la route et sur 10 mètres de hauteur, une jungle de ronces et arbustes la recouvre. Plus haut, des criptomères droits comme des I se dressent à intervalles réguliers.
Ici au village les gens disent yama: montagne. Chez nous on dirait peut-être forêt ou bois,  je ne suis pas sûr. Ça monte assez sec, et tout en haut on est plus proche du paradis (ou plus loin de l’enfer, comme vous préférez).
Les montagnes qui couronnent le village ont toutes la même histoire. Autrefois l’homme l’exploitait pour faire du charbon de bois. Il faisait alors des fours par ci par là . Puis la mode a changé. L’homme y a fait quelques terrasses, et y a planté des muriers; les vers à soie sont friands de leurs feuilles. Avec la dernière vague, il y a 60 soixante ans  les gens ont crû toucher le jack pot; tout le pays avait besoin de bois pour construire des maisons. Il fallait du bois qui pousse vite et droit !
Alors on a planté partout des criptomères.  Partout ! La forêt qui recouvre la montagne est donc artificielle.
Mais entretemps on a commencé à importer du bois de l’étranger bien meilleur marché. Les objets en plastique sont apparus, rendant les objets de bois obsolètes. Le cours du bois local s’est effondré et l’économie de la montagne avec. Les criptomères sont restés.
Aujourd’hui, la montagne n’est pas rentable et a perdu son rôle économique. Rares sont ceux qui vivent de l’exploitation du bois. Les montagnes n’ont de mémoire d’homme jamais été aussi peu chères.
La montagne en face de chez nous appartient à l’ancien propriétaire de notre maison. Et de fil en aiguille nous nous sommes mis d’accord et la lui avons achetée. Nous l’avons acheté la semaine dernière.
Il s’agit seulement d’un morceau de la montagne, pas de toute la montagne ! Juste 6000 mètres carres.
Ce qui est beaucoup pour nous qui il y a deux ans encore habitions à  Tokyo. D’un coup l’espace de nos rêves s’agrandit. C’est une autre dimension.
A notre échelle, 6000 mètres carres, c’est quasiment infini.
Qu’allons nous faire de la montagne ? Vous avez des idées ?
-planter des arbres fruitiers sur les terrasses inférieures. Des châtaigniers, des arbres à kaki, des noyers. De l’akebi aussi.
-couper quelques criptomeres, éclaircir la foret sombre qui recouvre la montagne pour fortifier la montagne et lui permettre de reprendre un aspect naturel.
-Faire une cabane, pourquoi pas une tree house. Ça donnerait une vue splendide sur le village et alentour.
 D’autres idées ?
 montagne (1)
Note
Sur les montagnes -ou bois-au Japon voir aussi cet article