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Minou retrouve la montagne
Dimanche. Mon épouse est à la maison avec Minou le chat pendant que je suis dans la montagne à planter quatre noyers.
Elle dit alors à Minou: On va faire un tour dans la montagne ? 山に行く?Minou miaule de façon décidée et se met sur ses quatre pattes, racontera-t-elle plus tard. Lorsqu’elle sort de la maison, Minou court en avant et il est clair que Minou a parfaitement compris !
Et voila donc Minou qui retrouve la montagne. On prend ces quelques photos. Elle a l’air très heureuse de retrouver sa montagne !
Je suis en train d’essayer d’arracher une vieille souche de cryptomère pour planter un noyer à la place. Les vielles racines sont enfoncées dans la terre et la roche. Je dois suer un litre d’eau dans l’effort.
Surprise par la tiédeur du jour, une grosse sangsue se promène sur la lame de ma hache, je la tranche en deux sans hésitation. Du trou sous la souche; surgit un énorme scolopendre, je l’admire courir ainsi de ses mille pattes synchrones.
Minou et les oiseaux qui se mettent soudainement à chanter. La beauté glorieuse de la nature. Les promesses de ces arbres que nous plantons. La paix.
Vocabulaire
Hiru 蛭 ひる Sangsue
Mukadé 蜈蚣 むかで Scolopendre
Kurumi no ki クルミの木 Noyer
Minu ミヌ Minou
Amagoi ou la prière à la pluie
La rivière au bas de notre jardin est sèche. De mémoire de centenaire, et notre voisine madame M a presque cent ans, cela ne s’était jamais vu !
En effet il n’a pas plu depuis un mois.
A propos monsieur T., 80 ans ou plus, nous racontait l’autre jour qu’autrefois dans sa jeunesse pendant les périodes de sécheresse il voyait les villageois monter sur le sommet des montagnes de la vallée. Ils y faisaient d’énormes feux, brûlant bois et bambous.
Ces feux qui pouvaient durer une journée entière, on les appelait amagoi, c’est à dire prière à la pluie.
Très étonnés d’entendre ce récit d’un autre âge et empreint de magie, nous demandions alors à monsieur T s’il pleuvait vraiment après l’amagoi.
Et il confirme en effet qu’il pleuvait invariablement après l’amagoi !
C’est fantastique, n’est-ce-pas?
Par contre il s’est mis à pleuvoir pendant que j’écrivais ce petit article …
Vocabulaire
あまごい 雨乞い amagoi prière à la pluie
et à propos de goi …
ものごい 物乞い monogoi aumône
Le plein d’énergie avec le poissonnier ambulant
C’était l’occasion d’aller nous promener au fond de la vallée.
Nous nous promenons dans les ruelles du hameau à moitié abandonné, il n’y reste qu’une vingtaine d’habitants, et l’on entend une musique délirante qui perce le silence des montagnes et les chants réguliers des insectes. D’où peut donc venir cette musique ?
Nous découvrons le camion du poissonnier ambulant! Et faisons ainsi la connaissance de Monsieur I.
Un personnage au grand sourire et qui déborde d’énergie. On commence tout de suite à parler de tout, sur tout. Qu’est-ce-qu’un Français fait là. Où est -ce que j’habite. Quel est mon job. Et lui où il habite, comment il a arrangé son camion etc; si, sur la musique du camion, c’est sa femme qui chante ? ….
Il vit dans la ville voisine et depuis plus de 30 ans fait le tour des villages alentours avec son camion et vend des poissons et des friandises. (côté gauche, poissons, côté droit, friandises).
Au détour de la conversion on apprend qu’il apprend l’anglais et qu’il se lève tous les matins à 3 heures pour aller se fournir en poissons au marché de Himeji à 30 kilomètres.
Il n’a pas de magasin et ne fait que de la vente ambulante. Ce qui me semble un bon business, car les frais et les soucis sont bien moindres ainsi, et tous les jours il sort et voit du pays.
Il a de beaux saba (サバ 鯖、maquereaux) et on cède aussitôt à l’envie d’en acheter.
Pour finir Monsieur I. sort son ocarina et nous joue un truc très chouette et nous projette directement dans le monde de Totoro.
Bien en tout cas c’est décidé désormais nous nous fournirons en poisson auprès de Monsieur I ! Et ce sera aussi l’occasion de bien blaguer !
Au sujet des vendeurs ambulants, il y en avait autrefois beaucoup ! De nos jours tout le monde a une voiture, et Monsieur I et son sourire sont parmi les derniers rescapés. Autrefois il y avait ainsi un marchand de glaces qui faisait le bonheur des enfants. On dit que le vendeur de glaces faisait aussi du kami shibai. Pour les enfants.
Ça devait être pareil en France. Quand j’avais 5 ou 6 ans nous habitions en région parisienne et je me souviens de Pedro le marchand de glaces qui passait dans sa fourgonnette Citroën avec ses petites boules sucrées.
Par contre Pedro ne jouait pas d’ocarina.
Futon hoshi, onomatopées et la toilette de Minou
Quiconque a vécu ou voyagé au Japon aura remarqué les futons sortis des maisons et laissés à sécher sous le soleil les belles journées.
Les futons qui sont souvent faits de coton; auront tendance à prendre de l’humidité et cette opération de futon hoshi (séchage des fuyons) est nécessaire.
futon hoshi 布団干し
梅干し le hoshi est le même idéogramme que dans uméboshi et désigne le séchage.
Sous le soleil les fibres de coton du futon reprennent leur souplesse … on dit que le futon est alors fukafuka ふかふか。Les UV aussi tuent les acariens qui se promènent à la surface.
Lorsque j’avais commencé à étudier la langue japonaise en autodidacte dès 1988 j’avais été très amusé par ces onomatopées japonaises, tout à fait intraduisibles et qui expriment une sensation ou un phénomène particulier. Il y a aussi donc pékopéko, garagara, bétabéta, gunyagunya, batabata, hokahoka, pokapoka, daradara, komikomi, boroboro, barabara, nikoniko, kachikachi, sarasara, zarazara, jabajaba, jobojobo et caetera.
Elles sont caractérisées par deux syllabes répétées. On les appelle aussi kurikaeshikotoba 繰り返し言葉, ou mot qui se répète.
Dans le cas du futon séché au soleil, deux expressions viennent à l’esprit:
fukafuka pour la sensation de gonflement que donnent les fibres du coton étendues et aérées.
et pokapoka qui exprime la douce chaleur du futon
Le fukafuka et le pokapoka n’échappent pas à Minou qui se presse d’aller se hisser sur un futon et de faire une toilette poussée.
Réparer une vieille hache
Après la serpe … la hache …
Cette hache trouvée pour 500 yens dans une brocante (soit 5 euros) a besoin d’être réparée pour pouvoir servir.
Nous avons envie de l’utiliser lorsque nous irons travailler dans la montagne.
Il faut en remplacer le manche, le manche actuel se défait et en plus il est trop long.
Il faut aussi retirer la rouille pour faire réapparaître la beauté du métal.
Et affûter la lame avec la pierre.
Je crois que l’on appelle ce type de hache Yoki.
Vocabulaire.
Ono 斧 Hache
Yoki ヨキ Hache plus petite, que l’on utilise d’une main. Je crois ce nom est une onomatopée.
A propos, une autre hache du même type, mais plus grande; somnole dans l’atelier. Achetée également pour 500 yens.
Le jour viendra où nous lui referons une petite beauté:
Si vous ne connaissez pas je vous recommande l’article où nous parlions des signes magiques inscrits sur les lames des haches japonaises.
Momigara ou glume de riz
Les récoltes de riz ont bien commencé dans les rizières du village. Les dates des récoltes dépendent du type de riz qui a été planté. Des variétés sont tardives et d’autres pas.
On voit les agriculteurs montés sur des machines qui ressemblent à des robots gundam.
C’est donc le moment d’aller prendre du momigara, ou glume de riz.
Certains le déposent aux pieds des légumes l’hiver dans les jardins pour les protéger du froid et du gel. Je me dis aussi que cela doit être très aussi bien pour pailler le potager, je suis curieux d’essayer en tout cas.
La voisine d’en face me propose d’aller en chercher ensemble. On part tous les deux dans le camion, et nous nous rendons a quelques kilomètres, chez un agriculteur. C’est monsieur T.
A cote de ses combain, mini moissonneuses batteuses montées sur chenilles de caoutchouc, un gros tas de momigara.
Monsieur T est content de nous voir car le momigara ne lui est d’aucune utilité et il souhaite s’en débarrasser. Nous en chargeons le camion.
A vivre à la campagne nous sommes proches des réalités et à bien y réfléchir une des choses les plus fantastiques que nous pouvons vivre, c’est d’être acteurs des cycles de transformation. Si la société de consommation rime souvent avec déchet, poubelle, gâchis (« waste » en anglais), à la campagne nous participons aux cycles de transformation où les matières organiques se transforment et sont utilisées de nouveau et à l’infini. Pas de plastique dans tout ça.
Examples, la récolte de riz s’accompagne donc de production de glumes, lesquels sont utiles pour le jardinage; leurs elements retournent à la terre et l’enrichissent.
Le bois coupé alimente Calcifer qui nous réchauffe, la cendre laissée par sa combustion retourne dans le jardin où elle enrichit le sol.
Pareil pour les déchets de la cuisine, ou encore le crottin de cheval du club hippique pas loin, la matière organique retourne à la terre et n’est jamais perdue, et alimente les organismes vivants du sol.
Cercles vertueux donc qui peuvent être répétés à l’infini.
Vocabulaire
もみがら 籾殻 momigara glume du riz
La fête de l’école
Samedi c’était la fête de l’école primaire du village. Notre fils y est, en CM2.
Vocabulaire; Fête de l’école – 運動会- undoukai
La fête de l’école dure toute la journée et c’est comme une grande fête du village entier. Car les parents mais aussi le club 3e age, la brigade de pompiers volontaires et tous les habitants intéressés s’y rendent.
Les enfants ont l’occasion de montrer à tous leurs progrès et les développements de leurs capacités dans les domaines de la course à pied, de la gymnastique, de la danse et de la musique.
Il y a aussi des jeux auxquels les clubs des mères de famille et les clubs des ainés participent. C’est donc ouvert à toute la communauté.
C’est un mélange de sérieux, de rire et de burlesque qui dure toute la journée et permet à la communauté du village de se retrouver et d’admirer la puissance et les promesses de sa jeunesse.
Ce spectacle est d’autant plus précieux que le nombre d’enfants dans la vallée a été divisé par trois en 50 ans. Effet conjugué de l’éxode rural et de la chute de la natalité.
Chacun dans l’assistance fait un peu comme il veut. Certains s’asseyent ensemble et boivent de l’alcool. 🙂 je dissimule les visages mais n’en pensez pas pour autant que les messieurs sur la photo ne sont pas respectables !
D’autres se retrouvent et discutent. D’autres encore se reposent et dorment.
Un tour qui me fait à chaque fois manquer de mourir de rire, c’est le tour burlesque de la brigade de pompiers volontaires. Déguisés en cochon, en canard ou encore en grenouille.
On fait assoir un pompier sur un fauteuil de bureau que l’on fait tourner rapidement. Puis le pompier doit pouvoir marcher sans tomber le long d’une poutre de gymnastique. Ensuite on lui plonge le visage dans de la farine et on lui fait avaler un infect jus de salade etc …
Cet épisode de blagues potaches style bizutage devant tout le village rappelle qu’il est bon de ne pas se prendre au sérieux !
En tout cas, on voit encore ici comment les Japonais savent vivre ensemble et en communauté. C’est vraiment remarquable.
Les rizières et les épouvantails
Bois et logistique
On ne se lasse pas du contact avec le bois et amasser du bois pour les hivers prochains est toujours une occupation physique et pleinement satisfaisante.
Cette fois-ci une connaissance doit raser une vieille maison à la demande d’un client. A une vingtaine de kilomètres. Et il doit aussi raser tous les arbres du jardin. Etrange histoire mais cela arrive plus souvent qu’on pourrait le penser. Le client n’habite plus dans cette maison familiale au pied de la montagne et même s’il y a des tombes de plusieurs générations de ses ancêtres il souhaite faire place nette.
Et mon ami me propose d’aller chercher tout le bois qui proviendra des arbres du jardin. Je ne me fais pas prier, l’occasion est trop rare.
Sous la chaleur le travail est très fatigant et j’observe les pros qui savent faire des pauses toujours aux bons moments. Ils savent s’économiser, voila la recette pour pouvoir durer. C’est pas un sprint …
Le travail est donc physique, faut couper les branches et tronçonner sur place pour pouvoir transporter dans le petit camion blanc. La quantité de bois est assez phénoménale et les essences variées me permettent de me familiariser avec la morphologie de différents arbres. Cerisier 桜 Marronnier 栗. Chêne 樫. Erable du Japon 椛. Cyprès. 檜 Cryptomère 杉. Et autres.
Je ne dois pas être allergique au laquier 漆 car j’en manipule sans me recouvrir de pustules.
Cependant; il ne faut pas brûler le laquier, car ses fumées pourraient incommoder sérieusement tout habitant du voisinage qui serait allergique à cet arbre redoutable et sensationnel.
Le travail se passe sérieusement et dans la bonne humeur. Je ramène plusieurs camionnées de bois jusqu’à la maison.
Se pose ensuite la question de la logistique, transporter dans la petite brouette bleue jusqu’au tas de bois s’annonce répétitif et ennuyeux!
Surtout pour les morceaux les plus longs. Coïncidence heureuse, Saxo Bénévole présente sur son blog un chariot vraiment chouette et très élégant. Après contact, Saxo Bénévole m’envoie des photos montrant comment il a réalisé son chariot.
Je me lance de mon côté. Il me faudrait trouver des roues plus grandes, mais le chariot même s’il n’est pas parfait et s’il n’arrive pas à la cheville de celui de Saxo Bénévole permet de transbahuter le bois en grande quantité et de façon ludique. Pour le plus grand étonnement des voisins du village. Voyez comme la technologie française s’exporte jusqu’en Extrème Orient ! !
Bricolage … une cabane dans l’atelier (3)
Trois poutres, 9cm de côté, supporteront le plancher de la cabane dans l’atelier. On appelle ces poutres O-biki. 大引
Les mettre à niveau est fastidieux. Les pieds ajustables en plastique sont bien pratiques.
On appelle néda 根太 les traverses.
Il a plu la veille et un petit crabe de rivière vient se promener … Il a perdu une pince.
Le plancher apporte une grande différence. C’est définitivement mieux avec !!!
Restent à refaire la porte et poser le bureau… A suivre …































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