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Sur tous les fronts

Un week end bien occupé, avec des activités variées. Les activités ne manquent pas. A la campagne il y a toujours plein de choses à faire.

Vers 8 heures je vais voir S à l’autre bout du village, il est dans son atelier, se réchauffe devant un petit feu. J’apporte des cafés. Il me passe une cigarette. On se parle de la semaine qui vient de passer, et de celle qui va suivre.

Ensuite à la maison je déplace du bois dans le jardin, du point A au point B, pour pouvoir, plus tard, le couper, le fendre et le mettre à sécher. Ce sera pour nous chauffer, dans deux ans. (le bois pour l’hiver prochain est déjà prêt, préparé il y a deux ou trois ans). C’est du bon bois. C’est Mr K. qui m’avait fait signe en décembre, pour aller chercher tout ce bois, au sud du village, sur le futur chantier d’une usine. Une partie aussi (les troncs de cryptomères en premier plan) je les ai descendus un par un de notre montagne.

Ça donne chaud de transbahuter tout ce bois et le chêne et le kaki sont particulièrement lourd. Toujours veiller à ne pas se blesser.

Pour faire une pause je déguste la première page du neveu de Rameau. C’est tout à fait formidable.

Ensuite je pars à 30 minutes du village pour aller chercher du crottin de cheval dans un club hippique. Notre fils y faisait du dada il y a quatre ans … Revoir les chevaux me fait un choc, quelle beauté, quelle puissance, quelle douceur. On se sent tout petit.

Ça me fait vraiment du bien. Une Horse therapy express en dix minutes. Après, je charge le camion de crottin!

Pour plus tard l’étaler dans notre potager. Le crottin de cheval fait toujours un effet boeuf sur la terre. ça sent bon tout ça.

Ensuite notre ami S passe nous avoir avec son chien. On se retrouve tous sous les rayons du soleil, c’est une belle journée printanière, mon épouse rapplique, on sort les bières.

On parle de la vie: c’est notre sujet favori.

Les canettes de bière vides on va jeter un coup d’oeil à la petite maison, S. me donnera un (gros) coup de main pour refaire le plancher des deux pièces du fond. Au préalable j’ai retiré les tatamis.

Intéressant de voir que sous les tatamis il y a une étiquette qui indique leur emplacement dans la pièce (les anciennes maisons ne suivent pas un standard particulier, et donc les tatamis n’y ont pas tous forcément la même taille).

Sous ce tatami par exemple on voit ‘Ouest’.

Voila ce que ça donne sans les tatamis. Certaines parties on vraiment été bricolées et on peut se demander comment tout tient debout. Il faut vraiment refaire cette partie du plancher.

Mais aussi il faut saluer cette grande économie de moyens! Il y a pas de gâchis. Et le tout avec des matériaux naturels.

A noter, les espaces le long des engawas, renforcés de pierres et de torchis. Avec des ouvertures pour laisser le tout bien aéré. Ce qui est fondamental dans ce pays aux été très humides.

Quelques photos du jardin

Les brocos et les laitues poussent plutôt bien. Il y a aussi quelques pieds de fèves. Les radis restent modestes et ne causent guère. Les épinards sont en fin de course.

 

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Essayer de passer dans le jardin une heure tous les deux jours à peu près me fait beaucoup de bien. Cela me fait sans doute plus de bien à moi qu’aux plantes mêmes!

Cela me calme beaucoup.

La connexion avec la terre; et essayer de s’occuper des plantes .. .tout en observant les milles petites choses qui se passent.

Aujourd’hui après le boulot je plante du gingembre, dans le petit jardin derrière la maison.

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Il n’y a pas que des légumes. J’essaie de faire démarrer des arbres, ici des ginkos, pour ensuite les transplanter dans la montagne. Plusieurs essais:avec des agrumes, des kakis, et des momijis. Ces ginkos proviennent des grains ramassées il y a deux ans.

Road Kill

Road Kill, c’est les animaux tués sur la route.

Hier ma femme m’informe qu’un petit animal a été tué sur la route, devant le bureau de poste du village.

Je vais voir. C’est une belette. Ou Itachi.

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Il y a deux ans un blaireau était mort sur la route devant notre maison. On avait vu l’employé municipal venir le ramasser et le mettre dans un sac plastique … mmm direction l’incinérateur …

Ayons considération et respect pour les animaux sauvages qui daignent vivre autour de nous.

Je ramasse la belette.

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Je l’emmène dans notre montagne. J’y fais un trou. La terre est vraiment belle et c’est un plaisir que de la creuser.

Voilà, petite belette, tu peux reposer ici en paix.

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En même temps je sens que la terre de la montagne a faim et qu’ainsi je la nourris.

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Vocabulaire: itachi イタチ 鼬 belette

Momigara ou glume de riz

Les récoltes de riz ont bien commencé dans les rizières du village. Les dates des récoltes dépendent du type de riz qui a été planté. Des variétés sont tardives et d’autres pas.

On voit les agriculteurs montés sur des machines qui ressemblent à des robots gundam.

C’est donc le moment d’aller prendre du momigara, ou glume de riz.

Certains le déposent aux pieds des légumes l’hiver dans les jardins pour les protéger du froid et du gel. Je me dis aussi que cela doit être très aussi bien pour pailler le potager, je suis curieux d’essayer en tout cas.

La voisine d’en face me propose d’aller en chercher ensemble. On part tous les deux dans le camion, et nous nous rendons a quelques kilomètres, chez un agriculteur. C’est monsieur T.

A cote de ses combain, mini moissonneuses batteuses montées sur chenilles de caoutchouc, un gros tas de momigara.

Monsieur T est content de nous voir car le momigara ne lui est d’aucune utilité et il souhaite s’en débarrasser. Nous en chargeons le camion.

momigara

A vivre à la campagne nous sommes proches des réalités et à bien y réfléchir une des choses les plus fantastiques que nous pouvons vivre, c’est d’être acteurs des cycles de transformation. Si la société de consommation rime souvent avec déchet, poubelle, gâchis (« waste » en anglais), à la campagne nous participons aux cycles de transformation où les matières organiques se transforment et sont utilisées de nouveau et à l’infini. Pas de plastique dans tout ça.

Examples, la récolte de riz s’accompagne donc de production de glumes, lesquels sont utiles pour le jardinage; leurs elements retournent à la terre et l’enrichissent.

Le bois coupé alimente Calcifer qui nous réchauffe, la cendre laissée par sa combustion retourne dans le jardin où elle enrichit le sol.

Pareil pour les déchets de la cuisine, ou encore le crottin de cheval du club hippique pas loin, la matière organique retourne à la terre et n’est jamais perdue, et alimente les organismes vivants du sol.

Cercles vertueux donc qui peuvent être répétés à l’infini.

Vocabulaire

もみがら 籾殻 momigara glume du riz

momigara

momigara

momigara

momigara

Energie Solaire et bois de chauffe

La recherche d’opportunités pour trouver du bois de chauffe est constante. Car, en hiver, Calcifer notre poêle à bois a très faim.

Cette fois-ci c’était assez spécial: nous avons reçu l’appel d’une connaissance nous informant d’une gigantesque installation de panneaux photovoltaïques  à 30 kilomètres du village.

Pour ce faire une entière foret a été rasée. Et il est possible d’y aller chercher du bois.C’est un gros chantier avec des pelleteuses et plusieurs dizaines de personnes. Les branches des arbres ont été broyées, et il reste les troncs d’arbres, coupés et rangés en tas réguliers.

L’installation photovoltaïque est impressionnante. La capacité prévue est de 2 Mégawatts. 2 Mégawatts … c’est vingt mille panneaux solaires …

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Pour nous c’est une affaire en or, car il suffit de charger le camion et de prendre tout le bois possible.

Cela pose la question tout de même de l’énergie solaire déployée ainsi à échelle industrielle. L’énergie solaire c’est l’avenir absolument … mais raser des forêts pour poser des milliers de photovoltaïques ? On peut être dubitatif. Est-on condamné à toujours détruire la nature ? Encore la démesure, l’hubris ?

Voir le sol de la forêt, dénudé, écrasé et tassé par les engins est une vision attristante. La vie est partie et la terre meurt.

OK l’énergie solaire est nécessaire pour pouvoir se désengager du nucléaire et du pétrole, ces grands cancers qui dévorent l’avenir du monde; donc cette installation, c’est donc un moindre mal. Mais si quelqu’un venait à me demander mon avis je dirais que je préfère l’installation solaire modeste sur le toit de la maison autonome et pas raccordée au réseau … voila le rêve.

On note le développement exceptionnel du solaire au Japon grâce à une tarification avantageuse et garantie pour 10 ans …. les photovoltaiques poussent partout comme des champignons.

Mais bon pendant ce temps, on a chargé le camion de notre ami. Les essences sont de qualité. Beaucoup de chêne. Le bois coupé au mois de mai a séché pendant l’été. Reste à le couper, le fendre et à le ranger avec amour …. Y a du boulot !

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Lecture: Le Sol

Une courte vidéo sur Facebook me fait connaitre le couple Bourguignon. Spécialistes du sol. Je m’empresse de commander leur livre que je dévore. Qu’est ce que le sol. Les interactions entre le vivant et le minéral. les différentes faunes qui habitent le sol, et le transforment. L’impact de l’agriculture moderne. Le manque d’intérêt et de compréhension pour le sol.
Le dernier chapitre traite des animaux domestiques, de notre relation avec l’animal.
Le livre est passionnant. J’ai marque beaucoup de passages dans ce livre, et j’en recommanderais la lecture à toute personne qui jardine ou s’intéresse au sujet.
En voici quelques extraits.
Claude & Lydia Bourguignon
Le Sol, La Terre et les Champs.
ISBN 978-2-86985-199-7
p29 Le sol est le fruit d’une synergie entre les argiles provenant de la roche mère et les humus provenant des débris organiques.
p29 30
les facteurs qui participent à l’altération des roches et à la décomposition de la litière (….) facteurs physico chimiques et facteurs biologiques.
température (….) toute augmentation de la température de 10C multiplie la vitesse des réactions chimiques par trois. (…) un autre facteur est la pluviométrie.  Plus celle-ci est abondante plus la décomposition des roches et de la litière sera rapide. (…)
les racines er les microbes attaquent la roche mère (…) pour y prélever leur alimentation. (…) Les roches sont essentiellement formées de silice, de fer et d’aluminium, Lors de leur attaque, les racines et les microbes vont prélever dans les roches les éléments dont ils ont besoin; à savoir la potasse, le phosphore, le soufre; le calcium, la magnésie … par contre la silice, le fer et l’aluminium sont des oligo éléments pour les plantes, elles ont donc en prélever très peu. Ce faisan, elles vont laisser, dans l’eau du sol, de grandes quantités de silice, de fer et d’élu puisqu’ils sont majoritaires dans les roches. Lorsque les concentrations de ces éléments seront arrivés à un certain niveau, il y a cristaliisation de la silice, du fer et de l’alu en silicates de fer et d’alumine, qui sont des argiles.
p66
Il y a 80pc de vide à la surface du sol. Ceci va conférer au sol une très grande perméabilité qui atteint 150mm p heure en forêt de feuilles tempérée et 300mm p heure au sol de forêts tropicales. Grâce à cette perméabilité, le sol de forêt peut absorber tous les orages sans érosion.  un limon labouré, qui devient battant, voit sa perméabilité tomber à 1mm p heure. Cela explique pourquoi notre époque est touchée par les inondations alors que la pluviométrie n’augmente pas. En tuant la faune érigée par nos labours, nos engrais et nos pesticides, nous avons créé le siècle des inondations; des glissements de terrain et nous essayons de fuir nos responsabilités en rejetant la faute sur la pluie.
p66
La faune anémique est connue de tous.  Ce sont les grands vers de terre, les lombrics qui vivent dans des terriers verticaux. Ils cont nocturnes; toutes les nuits, ils remontent chercher de la litière. Ils font demi-tour, vident leur intestn à l’extérieur de la galerie pour former les turciques et replongent en profondeur. Ce sont eux qui brassent continuellement le sol de profondeur riche en argile, avec le sol de surface riche en humus.
p67 (…) chaque faune a un rôle très particulier. L’épigée décompose la litière et aère le sol de surface. L’endogée digère les racines mortes et la faune anémique brasse la terre, évitant ainsi le lessivage des éléments.
p68
Lorsqu’un brin de paille tombe au sol, il est d’abord attaqué par les bactéries capables de dégrader la cellulose et qui pullulent sur les fibres cellulosiques de la paille. Puis, les amibes mangent ces bactéries et libèrent les fibres de lignite; permettant ainsi aux champignons qui dégradent celles-ci d’intervenir.
Sans l’action de ces amibes, les champignons seraient gênés par les bactéries
p70
on pourrait comparer le sol à une pâte à pain qui a besoin d’être brassée, aérée, malaxée, par les mains du boulanger pour pouvoir ensuite permettre l’action des levures qui la feront gonfler; changeront son goût et permettront de la changer en pain.
p78
Sans le monde microbien, l’azote de l’atmosphère ne pourrait pas entrer dans le monde vivant. L’azote est  une molécule très stable que seules les bactéries savent transformer en ammonium, puis en nitrate. Il a fallu attendre 1913 avec le procédé Haber Bosch pour que l’homme sache copier cette réaction microbienne afin d’obtenir des nitrates pour les bombes. Jusqu’alors l’homme fabriquait la poudre avec le salpêtre (nitrate de potassium) fabriqué dans les caves huiles par le monde microbien.
p80
Les deux sources du phosphore sont les roches 60pc et la matière organique 40pc. Ce sont les champignons qui attaquent les roches et libèrent le phosphore sous forme d’ion phosphate. Cet ion est absorbé par les racines des plantes. Lorsque ces dernières meurent; le phosphore se retrouve dans l’humus d’où des champignons le minéraliseront à nouveau en phosphate.
p83
En n’apportant que le N, P, K, l’agriculteur déséquilibre ses plantes, les rend malades et doit ensuite acheter des pesticides pour les protéger. Au lieu de négliger les microbes, il peut les stimuler, soit en faisant des engrais verts qui nourrissent les microbes de la minéralisation, soit en apportant du compost qui ensemence son sol en microbes de l’humification, en particulier, les champignons.
p85
Lorsque la matière végétale et animale est déposée sur le sol, elle est broyée par la faune puis transformée par les micro organismes. Une partie est minéralisée par les bactéries et sert à l’alimentation des plantes, une autre partie sert à nourrir la faune et les micro organismes, enfin une troisième partie est transformée en humus par les champignons et sert à nourrir le sol. L’importance de chacune de ces voies dépendra de la nature des matériaux constituant la litière. Si les matériaux sont jeunes, c’est à dire riches en azote et pauvres en carbones, comme les engrais verts, les tourteaux, les lisiers ou les gadoues urbaines, c’est la voie de la minéralisation qui va dominer. Les composés ne produiront pas d’humus. (….) a l’inverse, les matériaux riches en carbones et pauvres en azote comme les pailles les bois raméaux ou la sciure de bois vont stimuler la voie de l’humification car ils sont riches en cellulose et en lignine, les deux substances qui produisent l’humus.
p86 87
le compost aboutit à une fermentation chaude qui a l’avantage de pasteuriser la matière organique et d’éviter ainsi de contaminer les champs avec des graines de mauvaises herbes et avec des germes pathogènes contenus dans les excréments animaux. (….) pour le compostage il faut que la fermentation soit aérobie car ce sont les champignons qui transforment la cellulose et la lignaient en humus et tous les champipi sont aérobies. (….)  en absence d’oxygène le métabolisme microbien ne peut pas dépasser 30C. Cette montée en température est assurée par des germes thermophiles en particulier les actinomycètes dont l’intérêt est d’être producteur d’antibiotiques. Ceux ci vont bloquer le développement des bactéries minéralisatrices qui se multiplient 20 fois plus vite que les champignons. Si on laisse les bactéries dominer elles vont minéraliser le tas…. la pasteurisation ne concerne que le centre du compost, la partie la plus chaude; celle qui dépasse 41C. Il faut donc retourner 2 à 3 fois le tas pour que l’ensemble du compost se pasteurise. Après les montées en température le tas va se rafraîchir et la faune érigée du sol pourra intervenir. Les vers de fumier(….) vont broyer finement le compost et produire des boulettes fécales que les champignons pourront alors attaquer et transformer en humus.
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Les graminées sont les seules plantes qui ne contiennent pas de facteurs toxiques anti nutritionnels et qui peuvent donc être mangées en grande quantité sans risque d’intoxication.
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Les arbres des régions froides ouvrent leurs bourgeons en fonction de la longueur du jour ex le chêne. Les espèces ne sont donc pas trompées par un mois de février trop doux. Dans les régions équatoriales où les jours et les nuits ont les mêmes durées toute l’année, les plantes sont sensibles à la température.
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Tout élevage doit pouvoir fournir un environnement physique, biologique, et social eg structure des troupeaux de qualité afin de produire des bêtes en bonne santé.
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Curieuse civilisation que celle qui brûle ses vaches et ses volailles, qui extermine la faune sauvage et qui cajole à l’excès ses chiens et ses chats. Notre coeur n’est-il plus assez vaste pour aimer la nature dans sa plénitude ?