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Deux semaines depuis que j’ai quitté mon travail
(J’ai écris ce même article en anglais ici)
Cela fait un peu plus de deux semaines que j’ai quitté mon travail.
Les choses commencent à se stabiliser.
Je suis encore un peu trop occupé. J’ai besoin de ralentir un peu.
J’ai l’impression d’avoir gardé mon rythme de salarié à temps plein …
Il faudra encore quelques semaines pour que tout se calme vraiment.
Le jour où je serai plus apaisé—quand je pourrai m’asseoir et regarder en moi—je sais que je pleurerai de joie.
Je pleurerai de joie parce que je me suis libéré.
Mon nouveau rythme quotidien
Je me rends compte que ce que je fais maintenant, chaque jour :
- Je me réveille quand je me réveille.
- Je vais dans mon home office et je me fais un café.
- Je passe plusieurs heures à dessiner, faire des bandes dessinées ou écrire quelque chose.
- J’ai commencé deux nouvelles séries de BD courtes, que je publie sur Instagram
- Puis, une fois que le soleil passe les montagnes, vers 10 ou 11h, je commence à bouger, je pars pour une longue marche, ou je fends du bois, je travaille au jardin, je récolte fruits et légumes et je les cuisine.
Ce que je fais chaque jour ressemble beaucoup à ce que je faisais quand j’avais 12 ans : écrire, dessiner, lire.
Est-ce que tout cela ne serait pas un retour à un état initial ?
Je me demande : est-ce que ça valait la peine de travailler pendant 30 ans juste pour revenir à faire ce que j’aimais déjà enfant ? Oui bien sur …
Décomposer ces 30 années
1995 → 2005
- Profiter de la vie
- Explorer, travailler dans différents pays
- Apprendre à être salarié, Apprendre un métier, Apprendre l’anglais
- Mariage !
2005 → 2015
- Notre fils est né
- Chercher un endroit où s’installer, une maison à acheter
- Déménagement de Tokyo vers notre village
- Une autre forme d’exploration
- Puis en 2014, j’ai lu ces livres :
- The Good Life | À la campagne au Japon
- A Handmade Life | À la campagne au Japon
Ils parlaient d’autosuffisance et de la joie d’une vie simple et gratifiante. Ce furent les graines…
2015 → 2025
- J’avais déjà lancé ce blog en 2012 et terminé ma première BD, Tout Ira Bien
- Wakame Tamago est né et a commencé à prendre une place plus importante dans ma vie
- Durant ces années, j’ai commencé à réfléchir sérieusement à une retraite anticipée
- J’ai découvert Mr. Money Moustache, le livre de JL Collins The Simple Path to Wealth et Your Money or Your Life de Vicki Robin
Je mets « retraite anticipée » entre guillemets parce que je ne suis pas sûr qu’arrêter de travailler comme employé à 54 ans et se lancer dans ses projets personnels ce soit vraiment anticipé…
Mais mieux vaut tard que jamais
Vivre la vie idéale
Ma vie actuelle ressemble à la vie idéale que j’imaginais.
En ce sens, il est utile d’avoir une vision—quelques images—de ce à quoi ressemble sa vie idéale.
Chacun aura sa propre conception de la vie idéale, ses propres images.
Pour moi, la vie idéale est un mélange de travail créatif—dessin et écriture—et de travail physique, concret, comme le jardinage ou toute activité liée à l’autosuffisance.
Un exemple de vie idéale pour moi est celle de Tomi Ungerer, qui avait quitté New York dans les années 70 pour vivre quelques années au Canada, en Nova Scotia, avant de s’installer en Irlande.
Il partageait son temps entre le travail artistique et l’elevage de moutons.
Je me souviens d’un documentaire où on le voyait s’occuper de moutons au Canada.
🎥 Documentaire sur Tomi Ungerer – Kunst Künstler
D’ailleurs, je connais le travail de Tomi Ungerer depuis l’âge de sept ans, quand ma tante Francoise m’a offert un de ses livres :
Déjà j’adorais ses dessins !!!!
Jardin, BD, Grenouille !
Pas croyab’ qu’on soit presque en juillet déjà. J’avais drafté un article il y a 10 jours mais ai décidé de ne pas le publier … mauvais sujet !
Juin a apporté pas mal d’eau, c’est la saison des pluies. Après ce sera l’étuve pour deux bons mois ! …. Ceci dit … je suis déjà en short et marcel 24 heures sur 24, donc la vidéo pour les conférence call au travail, ça va plus !
J’ai deux collègues très téméraires (en réalité ils s’en foutent) et mettent la vidéo dans les conférence calls, en marcel et avec tous leurs tatouages. Ca donne un côté rock n roll.
Le jardin va bien. Les tomates, aubergines, et autres commencent à pousser. Les pommes de terre ont été récoltées. Si ça continue à bien pousser et pour cela il faut que je continue à visiter le jardin souvent, ce sera ratatouilles et ratatouilles que nous allons nous faire cet été.
Un lundi matin comme chaque semaine je suis allé rencontrer mon ami Saki chan dans son atelier, cela fait peut-être 10 ans que chaque lundi matin j’apporte le café et nous passons une petite heure à discuter. Quoi de mieux pour commencer la semaine…
Cette fois nous étions trois, il y avait aussi Saburo, un ami d’enfance de Saki chan; depuis la maternelle donc plus de 65 ans …
On a parlé des niouzes du moment et en particulier de la visite à priori étonnante de madame Akié Abé, veuve de l’ancien premier ministre Japonais, à Vlad Poutine, à Moscou.
Bien joué de la part des Japonais, pouvoir entretenir cette relation -certes pas officielle- avec le top du pouvoir Russe. Il est vrai que des investissements japonais dans le secteur énergétique russe ‘Sakhalin II’ par exemple sont cruciaux pour l’archipel. A Saki-chan et à Saburo je leur raconte par exemple comment Renault s’est fait plumer en étant forcé de céder aux russes leurs investissement dans Avtovaz, pour un rouble symbolique. Ou comment jeter des milliards d’euros à la poubelle … en plus, un truc qui fait les choux gras des constructeurs automobiles chinois ….
D’ailleurs; la même déconvenue a été imposée à Peugeot si je ne me trompe lorsqu’ils avaient été forcés de quitter le marché Iranien.
Intéressant !
Au sujet de ma prochaine BD je me suis lancé, ayant réécrit le scénario quatre fois je suis maintenant en train de faire des drafts sur ordinateur.
Si j’arrive à drafter une page par jour c’est bon. Ce qui est génial c’est que les nouvelle idées n’arrêtent pas et je m’amuse bien !
Cette fois je souhaite m’inspirer des livres illustrés de l’époque Meiji et avant. Comment y étaient dessinés les arbres, les animaux … La mise en page …
J’ai donc investi dans un livre en 10 volumes de 1823: 絵本彦山霊験記
Le texte, pour moi malheureusement imbitable .. mais la facture de l’ouvrage .. les illustrations … cela fait voyager dans le temps. Ce sont comme de vraies BD !!

Retournons dans l’atelier de Sakichan. Nous continuons à cultiver le champ qui y est atenant.
Pour l’été Je me suis commandé de nouveaux T shirt ‘nonbiri nougyoubu’ l’agriculture nonchalante …
Donc dimanche dernier je vais dans son champ; je prends de l’eau avec la pompe à main; hors j’y découvre une petite grenouille !


Elle est toute mignonne. Cela me fait penser au proverbe Japonais de la grenouille dans le puits …
Et j’en tire l’idée d’un dessin … à suivre dans un article futur.
A propos de pompe à main je trouve avec surpise qu’il existe encore un fabricant de pompes en France … très bien https://www.pompesgrillot.fr/pompes-a-eau/114-a-90-retro.html
Ici au Japon il y a encore au moins un fabricant: http://www.keiwaseisakujyo.co.jp/pump/#teoshi
Belle rencontre au mois de juin lors d’un entretien de monsieur Iwata… monsieur K ancien directeur d’école qui a pris sa retraite et s’est mis à écrire son journal!
Personnage très sympathique. Une semaine après notre rencontre il vient à la maison à l’improviste, le directeur de l’école du village lui a donné notre adresse, et il m’apporte une cinquantaine de pages, ce sont des copies de son journal ! On fais un échange avec mes bandes dessinées.

Depuis, le soir le lis donc son journal, tout est écrit à la main, mais son écriture étant très soignée j’arrive à comprendre entre 80 ou 90 pour cents, sans dictionnaire.
Il écrit beaucoup sur la société japonaise, l’école et toutes les transformations qui aujourd’hui ont lieu dans le système éducatif. On voit la passion de monsieur K pour le sujet et je prends beaucoup de plaisir à le lire.
Beaucoup de choses auxquelles je n’avais jamais pensé ! C’est très enrichissant.
Dix jours plus tard il repasse à la maison avec de nouvelles copies, des algues (wakamé) et des oeufs (tamago) … Qu’est-ce-qu’il est drôle !!!
Je lui prépare une surprise à monsieur K, un petit cadeau que je concocte … si tout va bien….
Voila quelque chose que j’adore, ces rencontres soudaines, et la confiance qui s’installe tout de suite ….
Certains de ses articles sont vraiment intéressant et un en particulier que j’ai eu envie de traduire et mettre dans ce blog … faut que je le retrouve !!!
Vente Directe de BD & expo – deux jours au village
Samedi et dimanche j’ai donc ouvert ma petite galerie que j’avais commencé à préparer il y a deux ans.
Dans la galerie -nommée le garage de wakamé tamago- j’avais exposé des dessins extraits de mes trois bandes dessinées, collés à une petit plaque plastique, de sorte que l’on peut prendre les dessins dans ses mains et les observer à souhait.
Beaucoup de personnes sont venues; beaucoup plus que je ne l’avais imaginé, 49 visiteurs en tout, de 1 an à 89 ans.
Dans la deuxième pièce du garage une table triangulaire permettait de s’asseoir; goûter au thé bancha fait maison et d’échanger tranquillement.
Ca a été donc un grand succès et je suis très satisfait de cette expérience.
Beaucoup des visiteurs étaient des connaissances et je suis très sensible à leur soutien.
Je mets les photos ici aussi au cas où l’intégration wordpress instagram cesse de marcher.



Wado sensei maître de la flute shakuhachi est venu nous honorer de sa visite.

Benoît aussi avec sa famille:

Et Jun; qui dirige un bistrot français à Himeji et même venu nous voir en dodoche !!!

C’était, franchement; une grande fête.

En attendant les visiteurs je profite de la belle lumière et travaille au sketch d’une nouvelle bande dessinée. Les voisins n’ont pas l’habitude d’entrées et de sorties du garage et j’ai acheté deux plots pour éviter des accidents.

Première pièce du garage avec des dessins de RETOUR SUR TERRE

Dans la deuxième pièce des dessins de ma dernière BD CONTINUER il y a aussi des dessins de TOUT IRA BIEN (que je n’ai pas traduite en Japonais)

Magnifique flower box par TWood, aux couleurs de Wakame (Algue) et de Tamago (oeuf)
Dimanche c’était hanami
Dimanche avec les voisins c’était hanami: pique nique arrosé sous les cerisiers en fleurs.
Il y a de telles micro variations dans la floraison des cerisiers. Au sud de la vallée les cerisiers sont en pleine floraison, je dirais 120 pour cents. alors qu’ici, juste 3 km plus au nord mais la vallée est plus étroite ça commençait juste ….
Tous les hameaux qui constituent le village ne fêtent pas le hanami. Il semble que notre hameau fasse exception. Sans doute une tradition hyper locale, mais c’est aussi possible parce qu’il y reigne une atmosphère particulièrement bon enfant dans notre hameau, et ça peut être un peu différent ailleurs.
Il est vrai que dans notre hameau, personne ne se prend trop au sérieux. Or il suffit qu’il y ait une seule personne qui se prenne trop au sérieux pour gâcher toute l’athmosphère ….
Et comme tout le monde se connait si bien, notre voisine sa famille vit dans le village depuis 700 ans mais les autres vivent ici depuis au moins 4 générations …. ça fait des liens des forts. C’est comme une grande famille.
Nous venus de Tokyo il y a 12 ans nous sommes comme la mouche tombée dans le yaourt mais tout le monde nous a acceuillis si chaleureusement! On n’est pas prêts de l’oublier ça …
Côté lecture, la lecture de 『卵の緒』 瀬尾まいこ | 新潮社 n’avance pas trop vite, je suis un peu distrait et étalé … Mais l’histoire est touchante, un garçon a l’intuition d’avoir été abandonné par ses parents et adopté (suteko) et on le voit de chapitre en chapitre progresser jusqu’à l’adolescence. Lire ainsi des romans japonais contemporains m’aide à toucher des sujets de la société japonaise …. sinon au village je suis trop dans ma bulle.
Il est difficile de suivre longtemps les bonnes habitudes. La bonne habitude en l’occurence c’est de se coucher le soir à 19 heures trente ou 20 heures; débrancher tout l’électronique et lire tranquillement, une heure. Je vais essayer de m’y remettre cette semaine.
J’ai commencé à travailler sur un nouveau projet de livre-bande dessinée. J’ai fini d’écrire le scénario général.
C’est un mélange de joie et d’excitation, de savoir que je suis sur le point de commencer à travailler sur un nouveau projet, mais aussi de crainte … et de questionnement: dois-je continuer comme je le fais, écrire des histoires, les faire imprimer et les vendre ensuite directement sur le site, et dans les commerces de la région, ou bien dois-je changer de méthode ?
Dois-je par exemple après que j’aurais quelques pages de faites, contacter des éditeurs et voir ce que ça peut donner ? Sachant que ça me mettrait sur une catapulte qui permettrait d’aller au niveau suivant -un peu comme un jeu vidéo- ou bien est-il préférable que je continue à travailler dans mon coin, tout seul, mais entièrement libre …. Je ne sais pas ! ….
Mais, l’absence de progrès; de transformation c’est une sorte de régression … Les boules !!!
Nouvelle Bande Dessinée: Continuer つづける
Roulements de tambour…
Ma nouvelle Bande Dessinée est ficelée. Je l’ai reçue de l’imprimeur hier.
Continuer つづける
(つづける se lit tsouzoukélou et signifie Continuer).
Je présente la BD dans cette petite vidéo youtube:
Le livre: 70 Pages, tout en couleurs. Format B5. Le livre est orienté horizontalement, façon paysage. Après plusieurs tests il était clair que A4 en paysage, la prise en main est difficile. En B5 au contraire le livre est vraiment mignon !!
Bilingue Français Japonais.
Le livre est orienté à la façon japonaise, et se lit de droite à gauche !
L’histoire?
Je viens de finir de dessiner Retour Sur Terre et recherche un nouveau projet.
Sans avoir d’idée claire je me mets à dessiner en m’inspirant des estampes japonaises « ukiyoé« , que, franchement, j’adore. C’est aussi un moyen de célébrer mon amour pour le Japon.
Je montre le résultat à mon épouse qui me conseille de réfléchir un peu plus, et je demande alors aux animaux de la forêt, le chevreuil et le sanglier de la BD précédente, Retour Sur Terre, de m’aider …
Sur 70 pages on explore plein de sujets différents, les sujets de la vie:
La liberté. L’amour. La mort. Les impôts. La paix. Les amis. La gratitude. Transformer sa vie. Le travail.
Sur la page de droite, un dessin dans le style de l’ukiyoé, sur la page de gauche, les commentaires, remarques, par le chevreuil et le sanglier.
(j’ai pris les photos avec une version de test avant de changer l’ordre des pages).
Voici quelques exemples:
Ici le thème de se construire. (avec en plus le portrait de Pierre, un lecteur de longue date du blog-Pierre m’a conseillé pour dessiner une forge traditionnelle japonaise).

Savoir s’excuser: le secret des relations qui durent

L’enfer des impôts

Pour les livraisons hors Japon, vous pouvez commander ‘Continuer’ avec Paypal.
J’envoie les livres avec la Poste. Les postières du villages d’ailleurs se sont bien habituées aux envois à l’international. Les livres arrivent en Europe en 10 jours. Vers l’Amérique du Nord par exemple le Québec ça prend plus de temps, compter deux semaines.
18 Euros; Port inclus toutes destinations
Pour les commandes sur le Japon, cliquer sur ce lien https://wakametamago.theshop.jp
MERCI POUR VOTRE SOUTIEN
Déblocages: Dernière page de la bande dessinée
Ici un déblocage énorme, j’ai fini la dernière page de ma nouvelle bande dessinée!!
J’ai refait cette page au moins trois fois depuis septembre, mais là, je crois que c’est final !!
Ici un des sketchs pour cette dernière page … on nous voit tous les cinq, mon épouse, moi, le chevreuil, le sanglier et le hibou ….

Je vais faire une dernière relecture ce week end, pour ensuite préparer les fichiers que j’enverrai à l’imprimeur, si tout va bien, lundi.
Cette « phase finale de la BD » prend beaucoup de temps: trois mois de relectures, corrections, additions. C’est normal, si l’on veut produire quelque chose de correct, il faut passer par là et ne pas négliger cette étape super importante …
Sans l’aide de mon épouse je n’y serais pas arrivé, c’est si stressant que j’aurais eu le réflexe de, plutôt que de relire et de revérifier, …. d’appuyer sur l’accélérateur, comme un dingue, et de tout boucler, illico presto.
Mon épouse est vraiment mon 編集者, rédactrice … tout seul je n’y arriverais pas. C’est elle qui m’a fait refaire la dernière page plusieurs fois et m’a donné l’idée du dialogue final …
La dernière page est tellement importante, je me dis, ce serait peut être plus facile de commencer par dessiner la dernière page ? Cependant on fait tant de découvertes pendant l’élaboration de l’œuvre …. mais …. c’est une bonne question.
Mieux vaut tard que jamais: j’ai upgradé mon espace de travail pour la BD en y installant une nouvelle table de travail.

J’avais cette grande planche qui depuis un an n’attendait qu’à se rendre utile.

Jusqu’à maintenant soit je faisais mes BDs le soir dans la cuisine à la maison, soit dans mon bureau mais sur une table très basse. Maintenant, c’est beaucoup mieux, c’est pro….

Déblocages: La lecture en Japonais
J’ai pu réaliser récemment plusieurs déblocages. En voici un, d’abord, sur le sujet de la lecture en Japonais.
Je vis au Japon depuis plus de vingt ans et pourtant je lis très, très peu en Japonais. En tout cas, je ne lis pas en Japonais pour le plaisir, mais plutôt par nécessité. Ce qui est vraiment dommage et un finit par constituer un handicap.
Le fait que mon travail se fait tout en Anglais n’aide pas du tout. Et en plus beaucoup des infos que je consulte ou consomme sont elles aussi en Anglais, que ce soient des podcasts ou des vidéos sur youtube.
La découverte plus tôt cette année du fanzine de monsieur Iwata a aidé mon cerveau à former de nouvelles connexions. Cet été j’ai lu des recueils de chroniques qu’il avait écrites pour le Kobe Shinbun.
Donc j’avais une pile de héra hera tsushin (le fanzine en question) à côté de mon futon. Un soir que je bouquine avant de me coucher, je comprends tout d’un coup que ce héra héra tsushin que j’aime tant est un peu l’équivalent contemporain des Heures Oisives de Urabé Kenko (14è siècle). Je me suis mis alors à relire les Heures Oisives, en Français. C’est l’un de mes livres préférés et il m’a suivi partout. En le relisant avec énormément de plaisir je découvre qu’il évoque le temple de Engyo ji de Himeji (à 10 km de la maison). J’y prends tellement de plaisir que j’achète une édition de l’époque de Meiji afin d’essayer de me rapprocher un tout petit peu du sujet et de l’esprit …

Cet ancien livre décrit un ancien monde révolu. Et ces belles illustrations. La calligraphie, qui imite une écriture au pinceau et se nomme kusushimoji rend le book tout à fait inbitable au novice que je suis et resterai.
J’ai parlé des heures oisives et des points communs avec héra héra tsushin à Monsieur Iwata et ça lui a fait très plaisir …. il a même mis dans son fanzine une photocopie de mon exemplaire des heures oisives !
(magazine du 27 mai 2024) https://www.hera-hera.net/nikki202405.html#top

Plus tard je lui ai aussi donné un dessin de lui et de urabe kenko dans la même maison, à des époques différentes. Il l’a mis aussi dans son fanzine.
(magazine du 2 août 2024) https://www.hera-hera.net/nikki202408.html

Un autre événement c’est un workshop sur le théatre noh, dans un restaurant pas loin d’ici. Des acteurs de noh viennent nous présenter leur art, en particulier leurs instruments de musique. Au préalable nous devions, les participants, préparer un petit texte sur le noh, ce que j’avais fait avec plaisir …
Le workshop se passe très bien et à la fin nous emportons avec nous les copies des textes écrits par les autres participants. Ma première réaction -typique- était ah non je ne vais pas lire ça (trop difficile). Mais finalement une fois de retour à la maison je me mets à lire les textes écrits pas les autres participants.
En particulier le texte écrit par un participant qui compare l’histoire de la pièce de noh « hachi ki » à certains passages de la bible. Ce texte est magistral et sa lecture me donne beaucoup de plaisir.
Finalement: je me dis: hey, je peux lire des choses « compliquées » comme ça, sans avoir recours au dictionnaire… C’est comme une révélation..!
Pour tester cette « théorie » je vais chercher un roman contemporain; La Fille de la supérette (コンビニ人間, Konbini Ningen). Le texte est simple dans un contexte que je connais et ce livre finalement se laisse lire. Sur les pages je copie les mots et les idéogrammes que j’ignore.

Je lis ce livre avec plaisir. Constater que je peux lire avec un effort raisonnable un roman en Japonais me donne confiance et dissout mes réticences.
Ainsi je peux découvrir de nouveau le Japonais écrit. Et il y a vraiment des pépites à découvrir, dans les expressions et les tournures de phrases. OMG !!
Quel idiot que je suis mais mieux vaut tard que jamais; sans doute absorbé dans le travail et toutes les autres choses, ces 20 dernières années, je n’avais pas essayé vraiment de lire en Japonais.
Or, il y a tant de choses à apprendre.
En même temps, en tant qu’auteur de BD, je me renseigne sur la nécessité de créer une maison d’édition.
Je m’intéresse aussi aux librairies, au Japon. Avec la digitalisation, le vieillissement de la population, et l’accaparement des cerveaux par les smart phones, beaucoup de librairies au Japon ont fermé. En 20 ans, un tiers des librairies au Japon a fermé.
La magie encore de youtube, (cette même magie qui contribue aux faillites de librairies) m’informe que, au milieu de ce marasme, il y a des cas exceptionnels, comme par exemple une librairie ouverte 24 heures sur 24, car elle est jointe à un convenience store (konbini) Family Mart. Ce qui est fou, c’est que cette librairie n’est qu’à 40 km d’ici. Trop curieux j’attends la nuit et je vais voir….

Pour y trouver quelques romans contemporains auxquels je vais m’essayer. Il faut, en effet, continuer à apprendre…

Plier et ne pas rompre, harmonie
Je suis en phase avec l’harmonie générale qui règne au Japon.
J’apprécie chaque minute que j’y passe.
Disons plutôt que, maintenant, je réussis à moins perturber l’harmonie générale qui y règne. Je me fonds mieux dans la nature.
On a vraiment transitionné dans l’automne après un mois de septembre longtemps chaud. Les anciens confirment que les étés sont plus chauds et plus longs.
Il y a encore quelques indices de l’été… comme les pieds de tomates. et les aubergines qui continuent à donner.
Il a fait tellement chaud, avec Saki chan, on a quasiment abandonné notre projet d’agriculture nonchalante l’été.
Déjà, j’ai peu de temps, et avec la chaleur nous faisons très attention à éviter le 熱中症 – hyperthermie.

Par contre l’automne venu nous continuons et cette semaine nous avons planté des navets et radis japonais. Cependant, cette fois-ci nous utilisons une bâche en plastique pour éviter les herbes… En gros j’abandonne mes convictions ou idéologies anti plastik pour une démarche beaucoup plus pragmatik ! On évolue.
Cette semaine encore ma voisine Elisabeth, une dame vraiment formidable et si intelligente, elle est vraiment incroyable. Je l’appelle Elisabeth car elle a vécue expatriée au Royaume Uni plusieurs années et est bilingue en Anglais. Dans ma BD Retour Sur Terre je l’avais dessinée sur deux cases mais j’aurais pu faire franchement monter les oeufs en neige sur plusieurs pages, avec Elisabeth !!
Cette semaine encore donc elle m’a pris trois exemplaires de ma BD, qu’elle va ensuite redonner à un monsieur mystérieux qui vit à Okayama … C’est un amoureux de la nature, il aime beaucoup les insectes, je l’ai nommé mushiméganésensei -en ce moment apparement il s’occupe beaucoup de papillons- eh bien ce monsieur a dû offrir ma BD à une quarantaine voire une cinquantaine de personnes.
Quel honneur pour moi.
- Je devrais aller lui rendre visite pour faire sa connaissance et le remercier
- Il y a deux ans je lui avais adressé un délicieux gâteau allemand de noël, un Stollen, fait par un ami allemand à Tokyo, Benjamin.
- En fréquentant et suivant de très près monsieur Kenzaburo Iwata j’ai bien compris que, en tant qu’artiste c’est bien de construire et d’entretenir une relation avec son lectorat. Iwata san après chaque rencontre envoie une carte postale ! En observant monsieur Iwata j’apprends et comprends toutes mes lacunes. Disons que si je veux devenir un créateur je dois agir et travailler comme un professionnel.
J’ai reçu les test d’impressions de mon nouveau livre.
Quand j’ai reçu l’impression j’étais un peu paralysé et au bord des larmes. le premier jour j’ai été complètement déprimé par le résultat mais le lendemain après une nouvelle lecture absolument positif et très fier …. C’est grave docteur ???
La qualité du papier et les couleurs sont vraiment top.
Le format A4 en orientation paysage est excellent.
Par contre j’ai un petit problème avec l’équilibre -l’harmonie- entre les pages de dessin style ukiyoé et les pages style BD … Mon épouse et mon ami Franck me conseillent de séparer les pages, voire d’en faire deux books. Mais je vais d’abord essayer de changer les pages style BD pour qu’elles n’étouffent pas les pages ukiyoé…
Voici par exemple la page sur le thème de la liberté.

Il faut que les deux éléments différents s’aident l’un l’autre comme des réactifs mais il ne faut pas qu’ils se dérangent. C’est une question de dosage. Ici je trouve que la page de droite (style BD) prend trop de place par rapport à la page ukiyoé.
Voici une nouvelle version d’essqi; où la page de droite est moins chargée: (j’ai encore à ajouter les dialogues en japonais, le livre sera bilingue FR JP).

Je trouve que c’est mieux. Qu’en pensez-vous ?
Samedi soir dernier nous sommes allés diner avec monsieur Kenzaburo Iwata et son associté monsieur Sako. Nous sommes allés à Anzai un petit restaurant à Himeji dans la même rue que le restaurant Le Chat Botté, tenu par Dimitri. Le chef d’Anzai est un ami d’enfance de monsieur Iwata et pour l’ouverture du restaurant monsieur Iwata à peint une immense raie. (Hiramé, en Japonais).
La raie trône juste derrière le comptoir, face aux clients. C’est superbe !!!

Vous voyez les points noirs sur le dessin ? Monsieur Iwata nous a raconté que lorsqu’il a fait le dessin, il a collé des feuilles de papier sur des planches et a fait le dessin dehors, dans son jardin. C’était l’hiver. Il est rentré chez lui prendre un café chaud. Il s’est mis à neiger. Et la neige a fait ces points noirs que l’on peut discerner.
Si vous vous promenez à Himeji vous pourrez noter par ci par là des œuvres de monsieur Iwata. Regardez bien … Son style, et le style de ses caractères sont si particuliers qu’on peut les reconnaitre facilement.
Donc pour aller dîner avec monsieur Iwata je m’étais préparé et pour faire écho au dessin de la raie j’avais mis mon T Shirt avec la plie … cela nous a bien fait rigoler !
J’ai mis mes designs de T shirts et de sacs sur un nouveau site, made in Japan. ….
je plie et ne romps pas …
Déjà Juin.
Juin. C’est l’été. La deuxième des cinq saisons du Japon. (Printemps Eté Enfer Automne Hiver)
Ce mercredi 5 juin c’est du big car l’après midi monsieur Iwata Kenzaburo dont le fanzine hérahéra m’a donné une énorme claque va faire mon ‘interview’ dans un restaurant galerie à 10 km d’ici.
Il publie ensuite les interviews dans son fanzine …
Pour préparer l’interview il est venu nous rendre visite lundi dernier, avec son assistant. On a donc passé une heure et demie dans le jardin avec thé et café. C’était un moment assez incroyable. Mais nous étions tellement dans le moment que nous n’avons pas pris de photo !
Côté jardin la récolte des oignons est très décevante. Décidément je n’ai toujours pas la méthode. Les oignons sont rikiki.
Les carottes et les laitues marchent bien. Mais ici aussi la récolte sera-t-elle à la hauteur des espérances ? Pas certain.
Jeudi un villageois a aperçu un ours au sud de notre vallée.
Apparemment beaucoup de châtaigniers n’ont pas survécu à l’été dernier, à cause d’un insecte. Il faut que je demande à Sakichan de quel insecte exactement. Voila, avec cette cata pour les châtaigniers, les ours ont beaucoup moins pour se nourrir avant l’hiver … Ces changements dans les forêts touchent les ours directement qui, affamés; n’ont alors plus qu’à se rapprocher des villages … Déjà que les forêts constituées ici à 80 pour cents de cryptomères forment un écosystème pauvre avec peu de nourriture pour les animaux….
Regarder les niouzes à ce sujet est également pathétique. Les niouzes vont décrire les ours comme un animal dangereux etc mais sans remarquer du tout que si leur habitat leur permettait de s’y nourrir eh bien il n’y aurait pas de problème. Décidément l’homme moderne a été perdu sa connexion avec la nature.
Je m’étais fait cette remarque il y a 2 ans déjà; lorsque les feux de forêt faisaient rage en Australie, j’avais alors évoqué ces incendies avec une collègue de Sidney, et la seule chose qu’elle évoquait, c’était … les fumées … aucune pensée pour les millions d’êtres vivants; végétaux, animaux qui disparaissaient dans la fournaise ?? Cela m’avait vraiment attristé. Exactement pareil lors des feux de forêt en Californie et j’avais alors eu exactement le même genre de réflexion de la part des collègues américains.
L’homme est foutu !
Mardi il y a eu des pluies très violentes qui en une nuit ont presque rempli la rivière qui coule juste à côté de chez nous …
Très impressionnant

Un petit canal d’irrigation autrefois installé pour alimenter les rizières en eau qui s’étend sur l’autre côté de la maison était lui aussi plein à rabord, menaçant d’inonder notre maison…
A cinq heures du matin deux voisins s’y affairaient à retirer des pierres et des branches dans le canal d’irrigation pour éviter les débordements. Ce matin j’ai alors annulé mes meetings du boulot pour pouvoir me joindre à eux.
Pour éviter que ce canal ne déborde on est allés le bloquer plus en amont avec une planche coupée illico presto ….

Les choses sont retournées à la normale; la pluie a cessé vers 15 heures et les niveaux ont commencé à baisser peu après.
Au sujet de mes dessins inspirés du style ukiyoé j’ai fini le 47è cette semaine. Je vais essayer d’en faire un livre où il y aura une sélection des dessins et, à côté, des dessins plutôt style BD … Il y a encore beaucoup de travail à faire ! Mais je pense que cela pourra aboutir à quelque chose de très original.
Revenons aux moutons de monsieur Kenzaburo Iwata …. Son fanzine hérahéra tsushin dont j’ai dévoré quelques numéros m’a soudainement fait penser au classique japonais: les heures oisives, écrit au 14è siècle par Urabe Kenko. Le titre japonais de ce chef d’oeuvre c’est tsurezure gusa ….
Je l’ai donc relu; en avril. pour la 4è fois. Et c’était vraiment passionnant. Je devrais faire un article avec des extraits. ISBN– 2070709256 Qu’il est bon de lire de telles merveilles!!!
Lorsque monsieur Iwata est venu nous voir lundi; je lui ai parlé de cette analogie que je m’étais faite; entre son travail et le tsurezure gusa … Voila qui l’a bien intéressé … Je vais chercher le livre, que j’avais acheté à la fnac à Paris en 1992 ou 1993 … et je lui montre alors le passage où Urabe Kenko parle du temple de Shosha qui est à Himeji à juste 25 kms de notre village: Voila qui l’époustoufle !!
Il demande une photocopie du passage avant de partir …
Et voila que le lendemain; sur son blog où il poste les pages de son fanzine avant impression …. Il parle de notre rencontre et de tsurezuregusa !!! https://www.hera-hera.net/nikki202405.html#top …. sur le menu à gauche sélectionner la date du 28 MAI
Se reconnecter grâce à la lecture
Tôt le matin de week end vers 5 ou 6 heures j’aime me glisser dans le jardin avec une thermos de café… et je parcours quelques pages, je lis!
Lire me permet de me reconnecter avec moi-même car je fus il y a très longtemps un très gros lecteur, dévorant quand j’étais étudiant un livre par semaine. La vie professionnelle et la numérisation inéluctable de ma vie personnelle et la profusion des distractions sur le Net, m’ont éloigné de la lecture, et c’est quelque chose qui me manque !!
Tôt le matin donc j’essaie de me faire une désintoxe en passant le matin ces moments calmes, en grande compagnie.
Samedi c’était avec Shakespeare, et son Macbeth, que je n’avais jamais lu.
Ca réveille d’anciennes connexion dans la cervelle, ça les dépoussière,
les synapses font des petites étincelles;
par exemple je me souviens tout d’un coup que le film de Kurosawa 蜘蛛巣城 avec Mifune était une adaptation de Macbeth…
Et ça donne envie de le revoir …
Une phrase… dans Macbeth:
Rien dans sa vie Ne l’honora autant que sa façon de la quitter. Il est mort Comme un homme qui eût appris par cœur à mourir Pour rejeter le plus précieux de ses biens Comme une bagatelle insignifiante
Et puis dimanche et ce matin de lundi retrouvailles avec l’un de mes personnages préférés: Chateaubriand! Je l’avais lu il y a plus de vingt ans et j’avais à l’époque, adoré ses mémoires d’outre tombe…
Je m’y remets. Avec plaisir. Avec un peu d’appréhension aussi: que vais-je en penser, aujourd’hui ?

p6
tout chevalier errant que je suis, j’ai les goûts sédentaires d’un moine : depuis que j’habite cette retraite, je ne crois pas avoir mis trois fois les pieds hors de mon enclos. —– tiens ben c’est tout comme moi, dans le village!!
(xx)
Quant à moi, je ne me glorifie ni ne me plains de l’ancienne ou de la nouvelle société. Si, dans la première, j’étais le chevalier ou le vicomte de Chateaubriand, dans la seconde je suis François de Chateaubriand; je préfère mon nom à mon titre
p10
Les jésuites suppléent à la solitude à mesure que celle-ci s’efface de la terre.
p54
C’est pour avoir vu le colonel en second du régiment de Conti, le marquis de Wignacourt, galoper sous des arbres, que des idées de voyage me pour la première fois par la tête.
p62
La mort est belle, elle est notre amie: néanmoins, nous ne la reconnaissons pas, parce qu’elle se présente à nous masquée et que son masque nous épouvante.
Ces petites heures que j’arrive à arracher à ma propre médiocrité me font un bien énorme.
Après on peut faire un tour dans le jardin et contempler les fleurs des zaricots

Et puis plus tard aller chercher dans les bois des pousses de bambou






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