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Récolter et consommer du makomo
Makomo. Une plante dont je n’avais jamais entendu parler. Un jeune agriculteur à 15 km d’ici en a planté dans sa rizière. Il y a même eu une petite fête organisée, en mai, et avec quelques dizaines de personnes, nous y étions allés, pour planter du Makomo. Ca se plante comme du riz.
C’était la première fois que je m’aventurais dans une rizière inondée. La sensation d’être les pieds dans l’eau, de s’enfoncer et de glisser dans la boue et de sentir le sol dur au fond c’est presque magique…
Tout ça c’est Reiko vraiment une personne formidable et pleine de créativité qui a monté cet évènement. Elle connecte les idées et les gens, car établie dans le même village que l’agriculteur elle monte une école d’agriculture et de noh. J’ai pu participer modestement puisque j’ai fait le dessin que cette école utilise.
Bref, la semaine dernière nous nous sommes retrouvés dans la rizière pour cette fois récolter le makomo.
Ce makomo, on peut traduire par riz sauvage. Or, ici interviennent les dieux, car par l’effet d’un champignon la tige du makomo va enfler et produire une tige blanche; gonflée et tendre, qui se consomme.
Ici un extrait de wikipédia pour prouver que je ne suis pas fou:
mais pour la production d’un légume particulier : ses tiges enflées par les galles causée par un champignon du groupe des charbons, Ustilago esculenta. Lorsque le champignon envahit la plante-hôte, il provoque une hypertrophie, augmentant la taille des cellules et leur nombre. L’infection par le champignon Ustilago esculenta inhibe la floraison de la plante et interdit la mise à graines de sorte que la plante doit être reproduite par multiplication végétative grâce à ses rhizomes. Les nouvelles pousses sont infectées par les spores présentes dans le milieu environnant, qui est généralement une rizière6.
Les tiges enflées sont récoltées comme légumes appelés gau-soon et kal-peh-soon6 (également, gau sun et kah peh sung)7 et jiaobai en Chine8. Leur nom japonais est makomotake9.
Aller dans la rizière on est entouré des ces tiges très hautes et on oublie rapidement le monde alentour. Les pieds dans l’eau on observe ce microcosme différent. Les araignées. Les grenouilles. C’est superbe. Parmi les tiges on cherche celles qui sous l’effet du champignon montrent cette protubérance blanche, on la coupe.
Rien n’est perdu avec le makomo. Arrivé à la maison on récupère ces parties blanches. Elles font penser un peu au salsifi et à l’asperge. Mais on garde aussi les grandes feuilles car séchées au soleil on peut les passer dans une grande marmite comme lorsque nous préparons le thé: on obtient une infusion délicieuse et sucrée.
Pour cuisiner le makomo on a essayé plusieurs façons différentes; cuit avec le riz, ou bien en poêlée avec du beurre.
Un vrai régal.

Lorsque en mai nous avons planté le makomo.

La rizière avec le makomo, pas encore récolté


Biotope vivant

Récolte

Récolte

L’agriculteur coupe les tiges récoltées

On voit bien les protubérances blanches…

Mais à la maison on récupère les longues tiges

Que l’on fait sécher au soleil. Puis je les passe dans une marmite

Et avec cela nous pourrons boire du thé de makomo!
Premier essai de cuisine avec les « choses blanches », à la poêle avec du porc

Un régal
Vous pouvez suivre l’agriculteur sur instagram et trouver plus de photos: https://www.instagram.com/yauchishizennouen24/
Plier et ne pas rompre, harmonie
Je suis en phase avec l’harmonie générale qui règne au Japon.
J’apprécie chaque minute que j’y passe.
Disons plutôt que, maintenant, je réussis à moins perturber l’harmonie générale qui y règne. Je me fonds mieux dans la nature.
On a vraiment transitionné dans l’automne après un mois de septembre longtemps chaud. Les anciens confirment que les étés sont plus chauds et plus longs.
Il y a encore quelques indices de l’été… comme les pieds de tomates. et les aubergines qui continuent à donner.
Il a fait tellement chaud, avec Saki chan, on a quasiment abandonné notre projet d’agriculture nonchalante l’été.
Déjà, j’ai peu de temps, et avec la chaleur nous faisons très attention à éviter le 熱中症 – hyperthermie.

Par contre l’automne venu nous continuons et cette semaine nous avons planté des navets et radis japonais. Cependant, cette fois-ci nous utilisons une bâche en plastique pour éviter les herbes… En gros j’abandonne mes convictions ou idéologies anti plastik pour une démarche beaucoup plus pragmatik ! On évolue.
Cette semaine encore ma voisine Elisabeth, une dame vraiment formidable et si intelligente, elle est vraiment incroyable. Je l’appelle Elisabeth car elle a vécue expatriée au Royaume Uni plusieurs années et est bilingue en Anglais. Dans ma BD Retour Sur Terre je l’avais dessinée sur deux cases mais j’aurais pu faire franchement monter les oeufs en neige sur plusieurs pages, avec Elisabeth !!
Cette semaine encore donc elle m’a pris trois exemplaires de ma BD, qu’elle va ensuite redonner à un monsieur mystérieux qui vit à Okayama … C’est un amoureux de la nature, il aime beaucoup les insectes, je l’ai nommé mushiméganésensei -en ce moment apparement il s’occupe beaucoup de papillons- eh bien ce monsieur a dû offrir ma BD à une quarantaine voire une cinquantaine de personnes.
Quel honneur pour moi.
- Je devrais aller lui rendre visite pour faire sa connaissance et le remercier
- Il y a deux ans je lui avais adressé un délicieux gâteau allemand de noël, un Stollen, fait par un ami allemand à Tokyo, Benjamin.
- En fréquentant et suivant de très près monsieur Kenzaburo Iwata j’ai bien compris que, en tant qu’artiste c’est bien de construire et d’entretenir une relation avec son lectorat. Iwata san après chaque rencontre envoie une carte postale ! En observant monsieur Iwata j’apprends et comprends toutes mes lacunes. Disons que si je veux devenir un créateur je dois agir et travailler comme un professionnel.
J’ai reçu les test d’impressions de mon nouveau livre.
Quand j’ai reçu l’impression j’étais un peu paralysé et au bord des larmes. le premier jour j’ai été complètement déprimé par le résultat mais le lendemain après une nouvelle lecture absolument positif et très fier …. C’est grave docteur ???
La qualité du papier et les couleurs sont vraiment top.
Le format A4 en orientation paysage est excellent.
Par contre j’ai un petit problème avec l’équilibre -l’harmonie- entre les pages de dessin style ukiyoé et les pages style BD … Mon épouse et mon ami Franck me conseillent de séparer les pages, voire d’en faire deux books. Mais je vais d’abord essayer de changer les pages style BD pour qu’elles n’étouffent pas les pages ukiyoé…
Voici par exemple la page sur le thème de la liberté.

Il faut que les deux éléments différents s’aident l’un l’autre comme des réactifs mais il ne faut pas qu’ils se dérangent. C’est une question de dosage. Ici je trouve que la page de droite (style BD) prend trop de place par rapport à la page ukiyoé.
Voici une nouvelle version d’essqi; où la page de droite est moins chargée: (j’ai encore à ajouter les dialogues en japonais, le livre sera bilingue FR JP).

Je trouve que c’est mieux. Qu’en pensez-vous ?
Samedi soir dernier nous sommes allés diner avec monsieur Kenzaburo Iwata et son associté monsieur Sako. Nous sommes allés à Anzai un petit restaurant à Himeji dans la même rue que le restaurant Le Chat Botté, tenu par Dimitri. Le chef d’Anzai est un ami d’enfance de monsieur Iwata et pour l’ouverture du restaurant monsieur Iwata à peint une immense raie. (Hiramé, en Japonais).
La raie trône juste derrière le comptoir, face aux clients. C’est superbe !!!

Vous voyez les points noirs sur le dessin ? Monsieur Iwata nous a raconté que lorsqu’il a fait le dessin, il a collé des feuilles de papier sur des planches et a fait le dessin dehors, dans son jardin. C’était l’hiver. Il est rentré chez lui prendre un café chaud. Il s’est mis à neiger. Et la neige a fait ces points noirs que l’on peut discerner.
Si vous vous promenez à Himeji vous pourrez noter par ci par là des œuvres de monsieur Iwata. Regardez bien … Son style, et le style de ses caractères sont si particuliers qu’on peut les reconnaitre facilement.
Donc pour aller dîner avec monsieur Iwata je m’étais préparé et pour faire écho au dessin de la raie j’avais mis mon T Shirt avec la plie … cela nous a bien fait rigoler !
J’ai mis mes designs de T shirts et de sacs sur un nouveau site, made in Japan. ….
je plie et ne romps pas …
Acheter un bentô à la gare
L’avion pour Seattle où j’ai trois jours de meetings cette semaine part de Tokyo, de l’aéreport de Haneda. Il y a 10 ans il y avait un direct Osaka KIX Seattle et c’était bien pratique: il suffisait alors de prendre le bus qui relie direct himeji à KIX mais le vol a été arrété un ou deux ans après notre emmenagement à Himeji.
Donc je prends d’abord le shinkansen pour aller à Tokyo et ensuite prendre l’avion. Pourquoi pas, j’aime beaucoup le Shinkansen ! Conseil aux voyageurs: voyager en première classe dans le Shinkansen. C’est tranquille, confortable, spacieux….

Avant de monter dans le Shinkansen sur le quai de la gare de Himeji je vais voir la petite boutique où une dame très attentionnée vend des friandises, des bentôs et des boissons.
Je remarque que derrière elle il y a la reproduction d’une gravure de monsieur Iwata qui représente les très célèbres fêtes de Himeji. Au fond, la silhouette du chateau et devant, une foule pleine de joie et de puissance.

Je lui demande si elle connait monsieur Iwata elle me dit que pas personnellement, non; alors je lui parle de l’interview que j’ai faite de lui et lui en résume très brièvement les propos, et en particulier: faire les choses en mode ténuki (mode nonchalant) pour pouvoir les faire dans la durée.

Alors elle se met à sauter sur ses petits pieds et elle me dit:
« ‘c’est exactement ça pour moi !! je fait tout en ténuki !!! et comme ça, j’ai pu travailler ici pendant 16 ans !! »
Voila qui est merveilleux !!
Pour marquer le coup je lui achète son bentô le plus cher !!

L’aéroport de Hanéda est vraiment bien. Super propre. Il y avait d’ailleurs une émission TV qui avait fait le portrait d’une dame qui travaille au nettoyage de l’aéroport et qui avec sa façon de travailler formidable est devenue une célébrité … En cherchant le lien vers la vidéo je vois qu’elle a commencé son propre channel youtube et qu’elle a plus de 30 000 followers. Dingue ! https://www.youtube.com/@user-wy9eu7sb5o
Nettoyage du sanctuaire et bientôt à Seattle
Dans dix jours je retourne à Seattle voir les collègues, cela fera 6 ans je crois que je ne suis pas allé au bureau ! Je me demande si ma carte marche toujours pour ouvrir les portes.
La raison de ce business trip, ma chef prend sa retraite et nous nous retrouverons toute l’équipe pour faire connaissance de son remplaçant.
En Février j’aurais pu postuler pour remplacer ma chef mais j’ai rapidement abandonné cette idée, car travailler encore plus que maintenant, jusqu’à 14 ou 15 heures par jour et la plupart dans des meetings c’est simplement impossible, je suis en ce moment au contraire sur une autre vague, pas la vague où on veut travailler plus pour gagner plus mais la vague où je voudrais travailler moins et gagner moins.
Une fois que les besoins essentiels sont satisfaits et que l’on a sa propre maison est-il nécessaire de courir encore plus vite dans la cage du hamster, sachant que plus l’on gagne plus l’on paie des impôts etc…

J’ai énormément d’estime pour ma chef et la remplacer aurait été un honneur mais … j’ai d’autres choses à faire!
Déjà notre quotidien est très pris avec le travail et mon activité de blogueur dessinateur, déjà je vois que le potager souffre de mes absences prolongées.
Pour célébrer le départ en retraite de ma chef adorée je lui ai préparé une surprise: un dessin d’elle transformée en blanche neige qui prépare une soupe pour ses petits nains … c’est à dire nous les membres de l’équipe. Ce dessin m’a peut être pris entre 15 et 20 heures … et j’espère que ça lui fera plaisir ! En le dessinant j’avais souvent les larmes aux yeux à penser à toute la bonne camaraderie que nous avons avec les autres membres de l’équipe ….
Dimanche dernier était une belle journée. Nous avons retrouvé nos voisins immédiats et sommes allés nettoyer le sanctuaire shintô du hameau. Il fait chaud et humide et j’ai du transpirer plus d’un litre. C’était cool de se retrouver tous ensemble et de faire le ménage ….

Je l’ignorais mais autrefois il y avait un autre sanctuaire shintô, encore plus profond dans la vallée … Il a du être détruit.

Dans le sanctuaire un voisin a affiché un dessin qu’il avait fait, représentant les enfants du village qui autrefois les jours de fête allaient au sanctuaire et jouaient au sumo. Le gagnant des combats gagnait 10 ou 20 yens pour s’acheter des bonbons.

Toute cette époque est révolute: il y a beaucoup moins d’enfant, et les enfants restent chez eux devant leur switch nintendô. Nous assistons au changement dramatique des pratiques ….

Le dessin du voisin m’a donné l’idée d’imprimer la page de ma BD Retour Sur Terre qui se passe justement dans ce sanctuaire. et …. de l’accrocher dans le sanctuaire. Ce serait très drôle. Sauf que c’est peut être un peu déplacé ?
J’avais écrit un article en 2016 sur le sanctuaire … et fait aussi une vidéo il y a 3 ans https://www.youtube.com/watch?v=YVRoNA3KLV0
Plus tard nous sommes rentrés à la maison j’ai pris une douche et je suis parti avec notre fils voir un spectacle de Noh à Himeji. Notre fils était parti l’année dernière étudier la physique en Allemagne et il est de retour avec nous pour quelques semaines. En Allemagne c’est merveilleux car il va voir des concerts de musique classique 2 ou 3 fois par semaine et ce pour une bouchée de pain. Quelle chance !
Et je me suis dit pourquoi pas aller ensemble tous les deux voir quelque chose de très japonais: un spectacle de noh. Ce spectacle en l’occurrence c’était Hachi no ki par zéami. Le noh, c’est vraiment très étonnant… !
Si vous venez voyager au Japon vraiment je vous recommande d’aller voir un noh. Vous n’y comprendrez certainement rien comme moi mais c’est une quelque chose à connaitre.
Pour mon projet de BD je suis presque à la fin, il me reste à faire deux pages, les deux dernières. Ensuite je la ferai imprimer en 5 copies pour avoir une version d’essai qui deviendra un point de départ pour une vague de corrections et de rectifications. Il faut aussi que je trouve un titre ! Depuis une dizaine de jours je suis bloqué pour ces deux dernières pages, j’ai une idée mais je veux trouver quelque chose de mieux … Dans ce cas là j’arrête et j’attends que ça vienne … L’idée viendra lorsque je ne l’attends plus …
C’était bien O bon
La semaine dernière c’était O bon.
Le O bon c’est la fête des morts ici: les défunts reviennent chez eux et les familles au préalable se sont rassemblées pour les accueillir.
Ca se déroule en trois phases, le mukaé bon (préparations pour l’acceuil des défunts), le chu-nichi (les familles sont ensemble), et le okuri-bon (les défunts repartent).
J’écris ça mais je ne l’ai jamais vraiment vécu car ma femme « ne le pratique pas » et nous sommes à 600 km de sa famille …
En pensant à ce ‘principe’ de o-bon je me suis dit que c’est quelque chose de génial. J’aimerais pouvoir revoir ma mère comme ça et qu’elle vienne nous voir à la maison ! Elle qui nous a quittés il y a 7 ans.
J’en parle à ma femme et très sérieusement elle me dit qu’il suffit que je le demande et ma maman reviendra nous voir, au o-bon. On aimerait tous pouvoir faire le o-bon et que ça marche …
Mercredi soir c’était la fête du o-bon dans le village. J’y suis allé mais n’y suis pas resté trop longtemps, à peine deux heures, car le lendemain j’avais une réunion pour le travail, très tôt, à 3h30.

Revoir les voisins et pouvoir passer du temps ensemble avec eux m’a bien touché et fait plaisir. Ils sont si gentils. Je suis toujours surpris par leur gentillesse. Je me forcerais, je crois que je n’arriverais jamais à être aussi gentil qu’eux! C’est peut-être mon côté Charentais …

Monsieur Fuku est la; dès que j’arrive il me montre où sont les bières, Monsieur S. m’accueille, je discute avec monsieur H. que je n’avais pas vu depuis longtemps, je m’étais un peu inquiété d’ailleurs, il me raconte qu’il s’est blessé il y a quelques mois en tombant du toit du sanctuaire shintô qu’il était en train de nettoyer ….
Je passe du temps avec les plus jeunes; ceux de ma génération, cinquantaine ou late fourties, ils sont regroupés autour d’un petit barbecue où sifflent les saucisses et brochettes de poulet. On prend des nouvelles. Comment vont les enfants, où en sont-ils dans leurs études, lycée, université…

Le prêtre bouddhiste du village, son temple est juste en face de la salle des fêtes, est avec nous. Il a visionné sur youtube la vidéo de monsieur iwata et a beaucoup aimé.
Un peu plus tard vers 1900 heures plus de monde arrive, les familles et beaucoup d’enfants. Alors commence vraiment la fête, avec la musique, le tambour japonais et les danses … Il y a beaucoup d’enfants, peut-être une vingtaine d’enfants.

Le directeur de la banque postale arrive, encore dans son superbe costume, il rentre du travail et est passé nous voir directement. Quelle classe ! J’aurais du le prendre en photo …
Je me dis c’est bien précieux ces moments. La population du village continue de baisser comme partout au Japon, malgré quelques arrivées de nouveaux, et qui sait encore combien d’années on pourra continuer à avoir une belle fête comme ça!
La vidéo de l’interview de M Iwata est en ligne !
Ca y est la vidéo de l’interview de monsieur Iwata est en ligne.
Pour rappel: C’est un artiste qui vit à Himeji et produit des gravures sur bois mais a également écrit de nombreux livres. Il écrit également un magnifique fanzine; le hérahéra tsushin https://www.hera-hera.net/nikki.html
Faire le montage et ajouter les sous titres en français a pris beaucoup de temps mais je voulais vraiment vous faire découvrir et rencontrer ce personnage et artiste formidable.
Dans l’interview vous constaterez qu’il est plein d’humour.
Si, lors d’un voyage au Japon, vous souhaitez voir ou même acquérir ses œuvres, contactez moi et je pourrai vous guider vers sa galerie – musée, à Himeji.
Si vous avez des commentaires ou des questions pour monsieur Iwata, n’hésitez pas à le mes envoyer en commentaire sur l’article ou sur youtube et je les lui transmettrai.
C’était formidable
L’interview de monsieur Iwata s’est très bien passée et c’était formidable.
Nous étions installés dans un petit bâtiment où il stocke des œuvres. Il y avait avec nous son assistant monsieur S., une personne tout à fait charmante et étonnante.
Sa maison ressemble à la nôtre; dans le sens où sur un grand terrain se dressent quatre différents bâtiments. Nous sommes voisins, moins de trente kilomètres nous séparent.
Il vit en bordure de la ville de Himeji, d’un côté de sa maison sommeille une rizière, de l’autre, un grand potager.
Le style des petits bâtiments est moderne, en bois et -ça n’est certainement pas une coïncidence- rappelle la maison de Hayao Miyazaki à Tokyo (j’étais passé devant en vélo lors d’une longue balade lorsque nous vivions à Tokyo et la présence d’une deux chevaux Citroën devant la maison confirmait la présence du maître).
Monsieur Iwata était en train de travailler sur une gravure sur bois, représentant la ligne de chemin de fer qui relie la ville de Himeji au nord … la ligne ‘bantan’ ban – banshuu la région historique de Himeji, tan – tajima la région historique éponyme. Une superbe composition.

J’avoue que je craignais de ne pas être à la hauteur. Est ce que j’arriverais à poser mes questions; à entretenir le flot de la conversation et pour mon plus grand soulagement dès notre arrivée la conversation coule naturellement et s’ensuivent des moments merveilleux.
A plusieurs reprises j’ai été complètement choqué par les réponses et la pensée de monsieur Iwata …
A un moment par exemple je dis quelque chose comme la vie c’est un peu comme un marathon c’est à dire que ça n’est pas un sprint, et que l’on peut faire des pauses; des pauses pipi et des pauses banane ….
Lui alors il réfléchit et puis il dit: la vie, c’est une danse !!!
Voila quelque chose à laquelle que je n’avais JAMAIS pensé !! Incroyable.
Bref, de cet interview nous revenons éclairés et humbles !!
A gros coups de ciseaux électroniques, j’ai réduit 3 heures de vidéo en quinze minutes.
Il faudra encore plusieurs heures de travail pour finir les sous titres en Français et publier la vidéo sur youtube….

Encore une belle aventure.
Pour remercier monsieur Iwata et monsieur S pour leur générosité je dessine une carte postale que je leur envoie, avec mes remerciements. Je fais la carte postale « dans le style Iwata » c’est à dire que je noircis une page sur mon software de BD et ensuite je dessine en utilisant la gomme, comme si je gravais une planche de bois …
Ce qui est très amusant et flatteur c’est qu’aujourd’hui monsieur Iwata a publié la carte postale dans son fanzine hérahéra: https://www.hera-hera.net/nikki.html#top (date du 23 juillet)

Faire son chemin à la machette
Samedi matin 5 heures. Le temps est sublime, il y a une magnifique lumière, le soleil est toujours caché derrière la montagne et donc il fait encore un peu frais. On est encore protégé de ses javelots de photons.

C’est un moment magique et pour bien en profiter je me suis installé dehors dans le jardin pour écrire cet article. J’entends les chants des grenouilles. Les chants des insectes. Les chants des oiseaux.

Les pluies continuelles (c’est la saison des pluies) nous ont dissuadés d’aller dans le jardin cette semaine, sauf hier, il a fait beau et nous avons alors récolté un seau de pommes de terre.
Je parlais dans l’article précédent de mon collègue Christopher; cette semaine on a fait un truc très sympa: chaque jour on a regardé tous les deux un épisode d’une série d’entretiens avec Joseph Campbell, qui a du être réalisée dans les années 80 dans le ranch de George Lucas. (le skywalker ranch). La série d’entretiens se nomme la Puissance du Mythe. (Voici le link du blog de Christopher: https://mushroom-paladin.com/; et ici un article qu’il avait fait sur moi https://mushroom-paladin.com/f/how-the-ai-war-is-won-the-king-maker très drôle !!!!)
Il regarde l’épisode dans sa soirée aux US, il m’envoie une photo de sa TV, vers ce même moment je me mets sur mon rameur dans le bureau, et je regarde le même épisode, en ramant.
Ramer en regardant quelque chose de compliqué comme cela je peux comprendre et retenir au plus 50 pour cents, car souvent je me focalise sur le compteur du rameur et n’écoute plus, ou alors ma pensée se met parfois à faire de longues promenades mais c’est comme ça souvent aussi que j’ai de nouvelles idées pour mes dessins.
Les mythes. Les religions. Par exemple; les similarités entre des passages du livre de la genèse et d’autres mythes …. Ce sont des sujets tout à fait passionnants. Dans ma jeunesse étudiant en école d’ingénieur j’avais pris une option anthropologie et cela m’avait passionné, j’avais alors lu beaucoup des Mircea Eliade et Marcel Griaule … C’est peut être les seuls trucs que j’ai retenus de mon école d’ingénieur d’ailleurs …
Il y a vraiment des choses magnifiques dans ces documentaires. https://www.youtube.com/watch?v=hEqR73j_oMY Certains propos sont repris aujourd’hui par Jordan Peterson. Passionnant. Je connecte tout cela aussi avec un formidable podcast par Jonathan Pageau, sur Dante et la divine comédie.
Encore un problème: comment pouvoir passer du temps et s’éduquer sur des sujets passionnants comme ça quand le travail nous occupe 10 heures par jour si ce n’est plus. …

Une image créée avec IA par Chris avec ses champignons magiques les connexions intergalactiques et Joseph Campbell…
Pour ces élections en France j’ai voté électroniquement de nouveau. Le deuxième tour. J’avais l’impression d’être en classe économique; sur un vol aeroflot, et une énorme hôtesse de l’air, ancienne haltérophile aux bras velus (toutes ses anciennes piqures de testostérone) pousse vers moi un chariot avec les plats et me dit BEEF OR FISH mais moi je veux du CHICKEN
Franchement avec la technologie actuelle on pourrait se défaire de tous ces députés qui vivent et s’engraissent à nos frais, et généraliser le vote électronique, une fois par mois. Pour approuver ou désapprouver toute nouvelle loi. Référendum continu. Ce serait un équivalent des votations suisses et alors ce serait vraiment la démocratie. Techniquement c’est faisable.
Car pourquoi essayer de résoudre les problèmes du 21è siècle avec une technologie du 19è ?
Laurent aux yeux bleus a réagi à mon dernier article sur fessebouc, lorsque j’évoquais certains aspects de la vie politique japonaise qui semblent avantageux.
Et oui, on finit par se dire que l’indifférence des Japonais vis a vis de la politique est peut-être salutaire, dans ce monde si chaotique (oui, mais on pourrait dire cela seulement si ce pays n’etait pas ronge de l’interieur par le système quasi-mafieux patriarcal-ultra-libéral du Jiminto, qui sacrifie les femmes et les campagnes, et de fait entraine automatiquement une chute du taux de fécondité jusqu’a 0,9 a Tokyo !… d’ou aussi un manque d’ouverture et de rêves pour nos enfants élevés ici au Japon…
En effet ce système japonais a été successfull dans l’après-guerre mais aujourd’hui comme Laurent aux yeux bleus je ne vois pas comment il sera capable d’évoluer, de se réinventer: en tout cas il a été incapable de s’attaquer au gravissime problème de la natalité, et il continue toujours sur sa même trajectoire comme si de rien n’était, à faire des jeux olympiques à Tokyo, des expositions universelles à Osaka toutes ces choses du 19è siècle dont le monde on n’a plus vraiment besoin … sans voir le mur de béton épais de 20 mètres , au bout du rail. L’impact va faire très mal.
Être jeune au Japon aujourd’hui ? Oui, la garantie de trouver un boulot. Mais une très grande chance d’être payé le minimum, pour juste de quoi survivre. Et pour longtemps. Un peu comme en France, sauf qu’on y est peut être souvent au chômage. C’est difficile. Et comment s’en sortir en vivant à Tokyo avec un petit salaire … Pas étonnant que les gens n’y fassent plus d’enfants …
Dans tous les cas c’est la démerde, c’est à dire qu’il faut penser et agir par soi-même, et essayer faire son propre chemin, comme dans la jungle, à la machette … stage commando de survie tropicale … Je dis ça, mais moi j’ai toujours été guidé par mes peurs …
Côté projet de nouveau livre BD, j’ai fait d’énormes progrès cette semaine. Le prochain livre fera un peu moins de 80 pages. J’ai scotché ensemble deux classeurs pour faire 80 pages max et où je mets mes dessins à mesure que je les fais. Cela me permet de bien visualiser et de mesurer la progression.

Ici j’ai un bon sketch pour le dessin qui accompagnera la gomen machine

Ici un dessin style ukiyoé sur le thème du travail que je ne veux pas faire ….. manque encore le petit dessin pour l’accompagner
Dans tout cela le plus important c’est le process de fabrication plutôt que le résultat
car à chaque nouveau dessin
je change,
j’évolue,
je progresse….
je vieillis …
et ça m’occupe …
chaque nouveau dessin, chaque seau rempli de pommes de terres récoltées c’est comme un coup de machette dans la jungle … On avance …
Samedi dans les bois
Article en Japonais ici …https://wakametamago.wordpress.com/2024/06/18/%e5%9c%9f%e6%9b%9c%e6%97%a5%e3%80%81%e8%96%aa%e3%82%92%e5%8f%96%e3%82%8a%e3%81%ab%e8%a1%8c%e3%81%93%e3%81%86/
Ici on ne dit pas forêt mais montagne, car en effet ça n’est pas plat.
Samedi mon ami Saki chan est allé chercher du bois dans une vallée voisine de notre hameau, et je suis allé l’accompagner. Le bois c’est six cryptomères qu’il avait coupés l’an dernier, et, depuis; laissés à sécher.
Le chemin de montagne qui mène à l’endroit est complètement défoncé, de fortes pluies l’année dernière l’ont partiellement détruit, et on ne peut y aller qu’en petit camion kéitora.
Pour avancer il faut enclencher le mode 4 roues motrices du camion et se mettre dans le mode Low gear (vitesse basse). Je fais attention car à 20 cm près je pourrais tomber dans la rivière.
A peine un kilomètre sur ce petit chemin, et on se sent loin de tout le reste. Les arbres et les montagnes bouchent le paysage et font tout oublier, nous sommes dans un autre monde.
Ce lieu, je l’avais dessiné dans ma bande dessinée car il y a plusieurs années j’étais allé apporter du café à Saki chan qui était en train de couper des cryptomères pour construire une maison.

On travaille assez dur et prenons peu de pauses, mais on est bien comme ça à nous affairer. Avec sa pelleteuse équipée d’une grosse pince il saisit les troncs d’arbre de 25 mètres de long et les tire, et vazyla que je te les découpe par tronçons de quatre mètres avec ma tronçonneuse.
Ma tronçonneuse, de marque shindaiwa, une marque que je recommande, elle démarre toujours sans problème. Quand la tronçonneuse se tait on entend des champs d’oiseaux.
A sept heures d’ailleurs quand nous sommes d’abord allés repérer l’endroit on pouvait entendre une chouette.
C’est vraiment une belle journée. Un gros effort physique aussi. Le bois Saki chan va l’utiliser pour faire des fagots, qu’il vend au camping du village. Tous les morceaux qui ne lui conviennent pas; trop gros ou trop petits, conviendront très bien à notre poêle à bois, Calcifer. Je charge 5 camionnées … C’est du volume …




Bien entendu nos camions sont de la même couleur !!

Je veille à ne pas trop charger le camion vu l’état du chemin

Ensuite; couper; fendre … ranger … y a du boulot.
Intelligences Humaine et Artificielle
Mercredi c’était, dans un restaurant du coin, mon interview par Iwata Kenzaburo.
Ca s’est très bien passé et ce fut l’occasion de faire de nouvelles connaissances, dont une lectrice qui avait commandé ma BD en version française et japonaise il y a deux ans: c’est une chanteuse soprano qui a étudié en France et maîtrise parfaitement le français.
Quelle belle rencontre! Elle m’a offert un de ses CD, un CD de chansons où elle chante en japonais et en français des chansons d’Emile Jacques Dalcroze, un compositeur suisse. C’est absolument superbe. Le CD maintenant tourne en boucle dans mon camion (je n’ai pas d’autre lecteur CD sinon)…
D’autres rencontres, avec un chasseur professionnel que monsieur Iwata avait interviewé il y a quelques mois. Et puis un gars très sympathique qui comme moi a quitté Tokyo mais travaille en remote pour une boite dans l’IT. Et enfin Benoît, un musicien burkinabais.
Ces interviews; dans le restaurant, l’assistant de monsieur Iwata prend des notes et les publie ensuite dans le fanzine hérahéra.
C’est vraiment bien organisé.
On commence par un petit morceau de musique; joué au koto par une collégienne du village.
Puis on fait l’interview, pendant 30 minutes.
Autre petite pause musicale, avec un couple de musiciens du village. Leur chanson est très drôle et mélange texte et chants d’oiseaux. Vous pouvez les suivre sur Spotify: https://open.spotify.com/intl-fr/artist/3M6fq1I66LVV44BCrtIWa2?si=C9REeL8UTWOHRvUAf00owg
Puis encore 30 minutes pour continuer l’interview… Et c’est fait.
Ensuite tout le monde rentre chez soi…. ce processus de rentrer chez soi … prend une heure, car tout le monde préférerait rester plus longtemps, plutôt que de rentrer chez soi !!!
Bref: c’est merveilleux. Cet événement allie intelligemment tous les sens, la musique, le langage; le contact humain, la beauté puisque le cadre est fleuri et magnifique. C’est vraiment très beau.
Dostoïevski a écrit que la beauté sauvera le monde et c’est vraiment ce que l’on a senti.
Dans le jardin les choses suivent leur cours. Je pourrai bientôt récolter les pommes de terre. Les haricots grimpants sont sur leur fin. J’ai remarqué que des petites guêpes aiment bien y établir leur nid, ce qui est finalement une mauvaise idée car avec le vent les longues tiges des zaricots peuvent plier et se renverser: exposant alors le petit nid au soleil et à la pluie ! Ainsi j’ai remarqué dans les zaricots plusieurs nids de guêpe qui ont finalement été abandonnés, car exposés à la pluie …

Il fait tout de même moins chaud que d’habitude et les légumes progressent plus lentement.
Cette année aussi nous faisons pousser des légumes dans le champ de Sakichan et nous voyons la même chose, un développement assez lent des taro, et des patates douces.
Pour faire joli et faire plaisir aux oiseaux nous avons aussi planté une centaine de tournesols.
En suivant les événements mondiaux je pense à l’importance d’avoir une exit strategy, une stratégie pour se sortir d’une situation difficile.
La guerre en Ukraine traine en longueur. Il semble que les russes avaient une exit strategy au début des hostilités car un traité de paix a failli être signé au tout début de la guerre mais les US ont insisté pour que cela ne se fasse pas …. et donc cette porte fermée, l’exit strategy semble inexistante: la guerre va durer encore combien de temps?
Macron dit envoyer des militaires français pour entrainer des pauvres ukrainiens quinquagénaires ou adolescents. Les entrainer à quoi ? à de faire sauter sur des mines ? Il devrait plutôt chercher à se désengager le plus possible et chercher des moyens de désescalade, pour une exit strategy. Macron fait cela par calcul politique mais il sous estime le possible prix à payer.
Chirac avait vraiment été très bon lorsqu’il avait dit non à la deuxième guerre du golf. Finalement dans cette affaire ukrainienne les deux chefs d’état les plus malins sont Erdogan et Orban…
On peut se demander aussi si Israel a une exit strategy …
On voit tous ces événements qui se répètent. Les dirigeants politiques ayant une vraie compréhension des événements et des enjeux sur le moyen et long terme semblent faire exception, sera-t-il possible un jour de remplacer les médiocres par une intelligence artificielle ?
(au sujet de Macron, pour autant, il maîtrise le sujet d’exit strategy; son mariage avec Brigitte le démontre; qui sait d’ailleurs, peut-être ne s’est-il jamais aventuré à l’intérieur)
Donc ce concept d’exit strategy. Cela s’applique à moi aussi …. J’ai le même boulot depuis 17 ans … incroyable !! Quelle est mon exit strategy. Ma cheffe elle prend sa retraite, elle a 67 ans. Et elle m’a posé la question la semaine dernière à savoir que quand je pense m’arréter… Elle doit sentir mon manque de motivation parfois … Bien sûr au Japon même comme ailleurs le système des retraites va juste s’évaporer dans les airs, comme les volutes de tabac des Gitanes de Serge Gainsbourg … à défaut d’être un fumeur de havanes …..
A moi aussi il me faudrait une intelligence artificielle pour bien me conseiller … remplacer mes rorones …
Côté projet galerie, je fais des petits progrès, j’ai fini un banc, et puis monté un petit muret pour éviter des chutes …


Les pieds du banc … un cryptomère qui était tombé dans notre montagne …

Je remets aussi en état une partie du sol … Ils ont vraiment fait cette grange avec les moyens du bord ! Mais ils n’avaient peut être pas le choix. Et finalement ça a très bien tenu donc pourquoi s’enquiquiner.





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