Les étés au Japon (et la chaleur)

Il y a 4 ans nous vivions encore à Tokyo. Les étés étaient si chauds! Chaleur. Humidité. Sauna permanent. Encore plus chaud quand on met une cravate pour le boulot… A Tokyo la chaleur était une obsession .. J’y pensais sans cesse … L’été c’était l’horreur !!!

Mais depuis notre installation à la campagne, c’est très différent.

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une cigale

 

D’abord les nuits sont fraiches. Il n’y a guère que deux nuits chaque année où il fait très très chaud et où il est difficile de dormir.

Et nous pouvons vivre très bien sans climatisation. Les ventilateurs suffisent. Nous sommes pourtant peut-être les seuls du village qui sommes sans la clim… Quelle régression générale n’est-ce-pas. La maison, une maison japonaise traditionnelle, est fraiche également, grâce aux murs de terre, à l’entrée doma etc ..

De plus il faut ajouter que dès quatre heures de l’aprèm, notre maison est sous l’ombre de la montagne….

Aussi, dès la mi aout, les nuits sont plus fraiches. On peut alors déjà pressentir la fin de l’été. Ce que je ne sentais pas vraiment lorsque nous étions a Tokyo. Il fallait alors attendre jusqu’à septembre pour sentir une différence.

Nous remarquons à la maison que vers fin août, alors qu’il fait  moins chaud, certains insectes viennent se promener. Ainsi l’année dernière un énorme cafard, gros comme le poing d’un boxeur, était venu s’écraser sur la table à manger un soir, fin aout. Nous étions tous attablés pour le diner. De chance, le cafard avait manqué le plat de spagghetis fumantes de quelques centimètres.

 

 

 

 

Hummock café: un endroit incroyable

Parfois on trouve des endroits incroyables. Par exemple la pâtisserie Morizou il y a quelque temps.

Cette semaine nous avons fait la découverte du Hummock café à Himeji. Il est situé au bord de la mer, faut bien une heure de route de chez nous, mais le déplacement vaut la peine.

 

Un petit port de pêche dans le lequel vient se déverser un canal assez douteux. Il y a une plage et des baigneurs insouciants; l’horizon donne sur une gigantesque centrale thermique avec des gros tuyaux et des montagnes de charbon. Un port de plaisance aussi. La rouille resplendit sous le soleil et les carapaces de crabes.

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Il y a donc là plusieurs espaces de différentes natures qui s’entrecroisent, se superposent ….  les bateaux de pêche, de vieilles ruelles et de belles maisons anciennes, un chantier naval où ils font des barques en bois … c’est industrieux … et aussi super zen …  il y a une petite montagne recouverte de verdure. Tout au bout de la route un sanctuaire shinto nous rappelle, s’il en était encore besoin, au souvenir de Totoro.

 

Dans tout ce fratras, on découvre le hummock café. Construit avec des shipping containers. Le rez-de-chaussée est en fait un garage spécialisé dans la restauration et la revente d’anciennes voitures. Il y a une peugeot 205 et  des petits bolides au design exceptionnel, tous dans l’attente d’une transaction sonnante et trébuchante. Le garage semble se nommer Monte Carlo.

Il faut monter un petit escalier de bois, et la se trouve le café, fait de deux containers placés en L.

Il y a une terrasse avec vue sur la Mer Intérieure et ses épaves. Dans les containers, la déco est kitsch et agencée avec beaucoup de goût. C’est délicat. Les meubles sont vintage. Un truc avec des mange disques de Disc Jokey apporte de la modernité. Un Piano.

La climatisation est un soulagement par cette chaleur où le béton le dispute à l’asphalte. Une douce musique brésilienne accompagne l’air frais. On prend le set du p’tit déj et l’on nous sert une magnifique assiette de fruits et de légumes, ainsi que trois tranches de cochon et de pain de campagne. Des bouchées de mangue. D’aubergine. Une sauce à l’orange. Il y a beaucoup de raffinement et de sensibilité.

Voila, le message du Hummock Café c’est peut-être, la possibilité de la beauté malgré l’endroit . On apprécie l’intention. Ca marche. C’est efficace.

C’est une vraie oeuvre d’art que ce Hummock café. Une bulle d’oxygène au bord de la ville qui s’étouffe.

Au voyageur qui vient visiter la ville de Himeji pour voir son chateau mondialement connu, je recommanderais fortement d’aller visiter ce petit coin perdu et d’y savourer quelques instants de calme.

 

 

J’ai pris une tonne de photos dans les alentours et aussi l’extérieur du hummock café. Par contre pas pris de photo à l’intérieur … à vous donc de venir visiter un jour …

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Hummock café

 

〒671-0111   兵庫県姫路市的形町的形 磯1864
ZIP671-0111  1864 matogata himeji hyogo japan

TEL  079-254-1400

http://hummock.blogspot.jp/2008/03/blog-post_24.html

Minou avec mon grand-père Jean

Du bon usage de la chaussette

Y a pas mal de temps, nous avions ecrit sur le bon usage de la cravatte.

Cette fois, penchons nous sur le cas de la chaussette:

 

chaussette

Ces histoires la sont universelles. Ca me rappelle, il y a 40 ans, nos cousins Raymond et Andre, agriculteurs dans les Landes, qui utilisaient de vieilles chaussettes comme filtre a cafe. C’etait la grande epoque !

Travail sur les poutres avec les fourmis

La petite construction dans notre jardin aura quatre poutres placées en carré. Une paire de poutres s’appuira directement sur les colonnes.

 

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Une seconde paire de poutres s’emboitera dans les premières. On appelle ari 蟻, soit fourmi, cet assemblage qui fixera les poutres ensemble et qui se nommerait en français queue d’aronde borgne (?).

J’aimerais bien comprendre pourquoi on appelle cet assemblage « fourmi » en Japonais. Quelqu’un a une idée ???

 

Préparation de l’ari mâle.

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Préparation de l’ari femelle. Pré marquage à l’encre de Chine rouge.

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Démonstration par le maître.

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Le cosplay du charpentier

Depuis presque trois mois je passe mes week end dans l’atelier de S. S. est charpentier et il m’enseigne ses techniques.

Ce petit apprentissage c’est un peu une immersion. Il faut observer, ecouter. Il faut imitier les gestes et copier.

Il faut utiliser les memes outils. Pour marquer les poutres etc je utilise un sumitsubo et un sumisashi au lieu d’un crayon de papier. Un premier pas pour moi etait d’apprendre a utiliser les unites de mesure traditionnelles. Il faut aussi parler la meme langue et adopter un nouveau vocabulaire.

Depuis peu je vais un peu plus loin dans le mimetisme: je range mes outils dans une ancienne caisse a outils de charpentier, et je porte desormais des chaussures de charpentier.

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Ca fait certes un peu cosplay (costume play), cosplay du charpentier …. mais cela fait partie du jeu.

Les chaussures quand a elles sont epatantes. Legeres. Offrent un bon contact avec le sol et une bonne securite avec une coquille d’acier.

yeah !

Un village au bord de la mer

Au Japon on n’est jamais loin de la mer. Pour nous, en une petite heure de route, on peut de notre village aller voir la Mer Intérieure ou Sétonaikai. Le paysage est presque méditerranéen. Les montagnes vertes.. la mer … parsemée de petites îles.

Ce village de pêcheurs, le nom m’échappe, est mignon … les rues sont escarpées. Les petites maisons les unes sur les autres, elles se disputent le moindre terrain plat.

Le port de pêche est comme les centaines (milliers) autres ports de pêches du Japon; il y a-t-il quelque chose qui le distingue de ses congénères, pas sûr. Toujours les petits bateaux et le bordel étalé partout avec les filets de pêche et tout et tout.

Une spécialité de ce village c’est l’ostréiculture, et ils font de grandes plateformes flottantes avec des bambous.

On voit que le temps s’est arrêté. Certaines ruelles me rappellent des scènes d’un film d’Ozu.

Mais certes ce village au bord de la mer n’a vraiment rien de spécial, mais il y a pour autant une foule de choses d’intérêt à observer et à photographier.

D’ailleurs c’est bien connu, ce sont souvent les coins les plus paumés et où personne ne va jamais qui sont les plus intéressants à visiter, car ils sont authentiques.

 

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faites pas pisser votre chien dans le port

 

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remarquer la proue en bois joliment travaillée

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‘placez vos économies à la coopérative maritime’

 

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80 pour cents des habitants de ce village portent le même nom de Inoue.

 

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vieille pub pour du curry rice

 

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jamais vue une bonbonne de gaz transformée ainsi en boite aux lettres.

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un petit sanctuaire shinto

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des crevettes à sécher

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vieille épicerie

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Dans le sanctuaire shinto plus haut; cette représentation des dieux hilares et festifs.

 

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Remarquer le nom de la société de travaux sur le camion: INFINI

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un keitora custom (avec le klaxoon en cuivre). A noter que le nom de la société Inoué Seisan est inscrite à l’envers comme c’est souvent le cas mais en caractères latins et en minuscules, ce qui fait un peu bizarre.

 

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Les six colonnes sont faites

L’abri que nous allons construire dans le jardin (technology transfer) aura six colonnes (hashira 柱).

J’ai fini les colonnes hier.

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Je travaille dans l’atelier de S. Il me prête ses grosses machines. Il m’a fallu dompter cette machine infernale assez impressionnante au départ, qui avec quatre scies circulaires découpe des tenons en deux coups. Il faut rester concentré. Les Saoudiens pourraient utiliser cette même machine pour couper les mains des voleurs de poule, comme il est d’usage chez eux.

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Le tenon découpé, il faut percer le trou pour la cheville.

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Cheville  komisen 込栓

Pour celà on utilise une perceuse spéciale qui fait des trous carrés, de la taille de la future cheville. (la cheville fait 5 buns de côté soit la moitié d’un sun, et cela correspond  à la largeur de la sashigané … comme par hasard ….) ….

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Ensuite on fait une petite entaille à 45 degrés sur le côté supérieur du trou carré avec le ciseau à bois. Cela permettra à la cheville de pénétrer plus facilement. (photo ci dessous avant de faire l’entaille).

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Ensuite il y aura des hiuchi, ou arbalétrier c’est ça ? qui vont connecter la colonne aux poutres à 45 degrés. On prévoit des entailles dans les colonnes pour y accueillir (et soutenir) les hiuchi.

Pour ce faire on utilise ici aussi le ciseau à bois, j’en utilise un qui fait 1 sun et 4 buns de largeur. Très bien aiguisé il découpe le bois comme si c’était du beurre.

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S. revient d’une partie de pêche et me montre au début comment se positionner par rapport au bois et aux outils etc … ici démonstration clope-au-bec avec un tsukinomi, ciseau à bois à manche long, que l’on utilise sans marteau.

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Pour préparer ces six colonnes il y a donc toute une série d’opérations et de gestes à faire, une séquence précise à suivre. Et voyez vous tout celà est comme une danse, à la manière de bouger, de se positionner, et d’utiliser les divers outils. Il y a grand plaisir à faire tout cela.

 

Village humide

La saison des pluies continue de battre son plein. Il a encore plu une bonne partie de la journée.

Le Japon ne sera jamais à court d’eau, c’est certain !

Dès la fin de la saison de pluies viendront les journées très chaudes. Mais bon ici au village il ne fait pas aussi chaud que ça.

Et puis on peut toujours se baigner dans la rivière pour se rafraichir et se remettre à zéro.

 

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un crabe de rivière bien téméraire au milieu de la route.

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Voyez la, un bois de chevreuil…; c’est pas tous les jours qu’on trouve un petit trésor comme ça.

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Les plans du projet et vocabulaire de base

On va construire un petit abri dans le jardin, pour pouvoir faire des petites fêtes dehors même quand il pleut. Avec le bois de notre montagne que nous avons épluché et ensuite découpé en poutres. C’est le projet de technology transfer avec l’ami S., charpentier. Car il m’apprend les (grosses) ficelles de son métier.

L’abri sera carré et fera quatre mètres de côté.

Il y a deux mois maintenant, j’ai commencé par faire un plan à l’ordinateur. J’en ai fait plusieurs versions allant à chaque fois vers un truc plus simple.

J’imprime et hop je vais voir S. dans son atelier.

S. me montre comment lui il dresse le plan des maisons qu’il construit.

La vue verticale; il la dessine sur une planche de bois. Un plan sur une planche de bois c’est bien pratique. C’est difficile à perdre, et ça ne craint pas l’eau. On appelle le plan de la construction; dessiné sur une planche de bois: 図板 ずいた (libéralement plan – planche).

C’est un quadrillage avec les lignes référencées par des chiffres  一、二、三 (1 2 3) et les colonnes représentées par des syllabes イ、ロ、ハ (i ro ha, équivalent de l’ancien A B C).

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On tracera les colonnes de la construction aux intersections qui correspondent. Le quadrillage permet ainsi de référencer les colonnes et les poutres. (A 1 ou い一).

Ensuite, à partir du plan, on prend une longue planche de bois sur laquelle on marque l’emplacement des colonnes. On fait ça à l’échelle 1. On appelle cette planche de bois; yokoken.

On prépare une autre planche sur laquelle on marque les différentes hauteurs de la construction. tateken. (A l’échelle 1 également). Ces deux planches permettront de marquer sur chaque poutre l’emplacement des mortaises (hozo ほぞ) et autres.

La construction pour ce projet est très simple. Une forme carrée, six colonnes. Mais avec le vocabulaire technique de S., et malgré ses efforts visibles pour m’expliquer en des termes simples je me suis senti vite largué.

D’où l’idée de faire une petite maquette de la construction. Pour compléter le zu-ita.

Ca me permet d’apprendre plus facilement les termes techniques des différents éléments.

 

hashira 柱 colonne

hari 梁

dobuchi Liteau

taruki 垂木 Arbalétrier

keta 桁

hiuchi 火打 Contre-fiche

moya 母屋

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