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L’été et les animaux

Fin Mai, il y a la chaleur déjà mais pas encore l’humidité de l’été. C’est une des meilleures saisons au Japon.

Nous apercevons de nombreux animaux. Toutes les bêtes sont sorties.

Des apparitions sont fortuites; le moment d’un battement de cil:

Cette semaine nous voyons un lièvre dans le jardin (apparition rarissime selon les voisins), et une mujina se baladant sous les canalisations dans le village. Je pense que c’est cette mujina qui se régale de nos fraises et des vers de terre du jardin, en fouillant un peu partout.

mujina planquée dans une canalisation

mujina planquée dans une canalisation

Dans notre montagne; en face du jardin, ma femme aperçoit un chevreuil. Ma femme et le chevreuil échangent quelques mots en silence, et il y a même assez de temps pour aller chercher le Nikon et prendre une photo.

chevreuil dans la montagne

chevreuil dans la montagne

La nuit en sortant de la maison .. ce beau crapaud aux yeux rouges …

crapaud

crapaud

Et aujourd’hui notre voisin qui se promène en pyjama, avec un serpent au bout d’une perche. Il retire le serpent de son jardin, de peur qu’il ne dévore les tétards de moriaogaeru, une espèce de grenouilles menacée d’extinction. Il ne fait pas mal au serpent, et va le relâcher un peu plus loin dans la rivière.

serpent au bout de la perche

serpent au bout de la perche

Toutes les bêtes sont sorties. Et les cultivateurs sortent leurs pièges dans l’espoir d’en choper quelques unes. Au détriment de Minou qui à deux reprises se laisse prendre et renfermer dans une cage de métal. Alertés de son absence nous faisons le tour du village et des maisons plusieurs fois jusqu’à ce que nous la trouvions prise dans un piège, misérable et exténuée.

minou

minou

Minou une semaine après l’incident du piège, et encore la marque de la blessure sur le nez.

 

Matin de printemps

Me lève tôt ce matin et décide d’aller faire un petit tour dans notre montagne. Le printemps est là. Il a plu toute la journée d’hier et tout regorge d’eau.

Arrivé en haut, un beau panorama du village. Tout est calme. Beaucoup de chants d’oiseaux. La rivière chante avec force, sa puissance est démultipliée par la pluie de la veille.

vue du village

vue du village

Je fais le tour des arbres plantés cet hiver. Les bourgeons sont bien visibles et prêts à exploser. Sauf le grenadier, sur lequel on ne discerne aucun changement. Il faut attendre qu’il fasse plus chaud pour le grenadier ?

Voyez à propos comment je les ai barricadés, derrière des grillages métalliques et des filets. C’est un peu la ligne maginot contre les chevreuils. Espérons que les chevreuils n’auront pas l’idée de passer par la Belgique …

arbres plantés dans la montagne

arbres plantés dans la montagne

 

On voit les premières plantes pousser. Une sorte de cresson. Désormais les chevreuils pourront trouver de quoi manger dans la montagne ? Les fougères aparaissent aussi.

fougère

fougère

 

On voit bien les mousses qui regorgent d’eau. Une forêt miniature.

mousse

mousse

A propos des chevreuils d’ailleurs, j’aperçois, à moitié enfoui dans la terre, sur le flanc de la montagne, le bois d’un chevreuil. Encore un beau cadeau de la montagne.

 

un bois de chevreuil émerge

un bois de chevreuil émerge

Je retourne à la maison tout excité par cette découverte et les jolies choses vues. Beaucoup de plaisir à observer les transformations de la nature.

Mais sur le retour j’aperçois une sangsue qui se balade sur mon bras, je la dégage d’un coup de pouce.

Arrivé au jardin je fais quand même une petite vérification et là je constate encore une fois que la nature n’est pas tendre… quatre sangsues se promènent sur mon pantalon … avec une paire de ciseaux je les sectionne de façon systématique … au vietnam les soldats américains fumaient cigarette sur cigarette, pour pouvoir brûler les sangsues et s’en débarrasser ….

et je regarde aussi dans mes bottes: une dizaine de sangsues s’y promènent! Il y a des grosses de trois centimètres et des petites de quatre millimètres …. je ne peux retenir un cri de surprise, c’est la folie ! je n’ai passé que 15 minutes à peine dans la montagne !

Les plus petites sangsues ont le réflexe de se dissimuler dans les coutures intérieures de la botte. je les déloge avec la lame des ciseaux … et sectionne. Elles continuent de gigoter.

Dans le village il n’y a personne, et je me fous presque à poil dans le jardin, pour tout vérifier: chaussettes. pantalon, envers et endroit. pull. tee shirt. slip.

OK ! Je crois que je vais espacer mes visites dans la montagne. Et surtout éviter d’y aller après la pluie.

Aussi; je vais m’acheter un pantalon de travail jaune ou orange. Eviter les camouflages. Pour mieux détecter les bestioles !!!!

une sangsue

une sangsue

Un crâne de chevreuil et rêveries

Ce matin je vais faire un petit tour, histoire de faire une pause dans mon travail sur ordinateur. Je marche au pied de notre petite montagne … aperçois une forme blanche.

crane chevreuil 1

Après vérification en effet c’est bel et bien le crâne d’un chevreuil. C’est juste au bord de la route, mais dissimulé dans la végétation.

Il est très beau et serait un magnifique ajout au pare-choc de notre camion.

crane chevreuil 11

Quelques réflexions s’invitent. Attention, ça va délirer sec.

Ces os blanchis par la pluie et le temps sont l’empreinte minéralisée des animaux sauvages. Ils vivent autour de nous dans le même espace, mais pas dans les mêmes zones horaires. Je suis diurne. mais les chevreuils sont plutot actifs la nuit. C’est au crépuscule qu’ils s’approchent du village et pénètrent les potagers, alors que tout le village est devant sa TV, son ordinateur ou sa playstation. On peut donc penser à des mondes parallèles qui se superposent, et rarement se croisent.

Les ossements sont une sorte d’empreinte permanente qui est indépendante du temps. C’est comme si l’animal, une fois mort, devenait visible dans notre monde à nous (dans notre zone horarire).

Une autre réflexion, c’est que je ne trouve presque jamais de squelettes entiers. Par quels phénomenes les os disparaissent et se séparent les uns des autres. Il y a-t-il une force magique en action ?

Troisième réflexion, c’est que si j’avais une tonne de temps, si j’étais au chômage, je prendrais la peine de ramasser tous les cadavres d’animaux que nous trouvons souvent aux bords des routes pour leur offrir une sépulture chrétienne digne de ce nom dans la montagne. Je sais que la religion chrétienne est homo-centrique et qu’elle ne s’interesse que très peu à la chose animale. C’est là une grave lacune et j’y remédierais ainsi à ma facon.

Ces sujets sont -au moins pour moi- tout à fait passionnants et si j’en ai la force je les développerai dans un futur projet de bande dessinée. Intitulée Histoires Naturelles.

Un crâne de chevreuil et rêveries

Un crâne de chevreuil et rêveries

Faire feu de tout bois

Aujourd’hui, je reviens d’un long business trip et l’heure passée cet après-midi dans la montagne me permet de me ressourcer et d’oublier la fatigue du long et pénible voyage en avion.

C’est incroyable, vraiment, cette énergie que nous donne la nature. Je descends du bois d’arbres coupés le mois dernier et le charge sur le petit camion keitora. C’est le transfert de fatigue. Le travail physique transforme la fatigue du voyage en une fatigue positive et je me sens très bien.

bois sur keitora

bois sur keitora

 

Notez cet arbre recouvert d’épines, karasuzansho.

カラスザンショウ(烏山椒)、Zanthoxylum ailanthoides.

En tout cas, si l’on veut espérer pouvoir s’en sortir, il faut savoir faire feu de tout bois.

Au sujet de bois, ma femme trouve dans la montagne le bois d’un chevreuil. Elle a le don de trouver des os et squelettes. L’année dernière elle avait découvert le crâne d’un chevreuil.

bois de chevreuil

bois de chevreuil

bois de chevreuil

bois de chevreuil

 

Montagne – suite et fin pour 2014

J’ai fini de passer la débroussailleuse sur toute la terrasse située au pied de la montagne. On peut désormais avancer sur la terrasse dans toute sa longueur.

Il reste encore une bonne dizaine d’arbres effondrés, qu’il faudra tronçonner et dégager. Donc encore beaucoup de travail, et chaque fois que je redescends de la montagne, il y a plus de travail à réaliser, que lorsque j’y suis monté !

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Point culminant des efforts de ces trois derniers mois, j’ai planté ce matin le premier arbre. Un figuier.

Planter des arbres. Quand on voit l’actualité et tous ces événements inspirés par l’obscurantisme et la bêtise … l’homme ferait mieux de se taire et de planter des arbres…

Sur ce sujet, il y a le magnifique dessin animé de Frédéric Bach. Inspiré du récit de Jean Giono.

L’homme qui plantait des arbres. Youtube.

 

Dans la montagne et le village on ne peut ignorer la présence et l’appétit des chevreuils. Et d’autres animaux.

Si l’on veut que le figuier pousse et éviter que les chevreuils n’en dévorent l’écorce et les feuilles il faut le protéger. Je n’y vais pas par quatre chemins et protège l’arbre avec des treillis d’acier. Avec quatre je fais une grande cage, haute de 1.8 mètre. Le tout est fixé au sol avec des barres de fer.

Normalement celà devrait même décourager d’hypothétiques girafes mais il ne fait pas sous-estimer les animaux de la montagne.

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Le jardin

Cette année j’ai fait pas mal d’expérimentations dans le jardin mais les visites gourmandes des chevreuils (ils n’ont qu’à dévaler la montagne en face et traverser la route et la rivière) ont tout perturbé. J’ai donc passé une grande partie de mon temps libre en juillet à établir des fortifications de bambou et de filets, et après j’ai un peu arrêté de m’occuper du jardin. Parce que la plupart des légumes avaient été tout simplement dévorés. Bon appétit les amis.

Les expérimentations de cette année, c’était:

L’abandon du motoculteur et des légumes en rangées comme au défilé.
La culture en carrés
La culture sur butte
Le déploiement d’engrais vert avec les plantations de sarrasin, trèfle et autres.
Une grande réussite, ça a été aussi le rangement optimal des outils. On garde les outils les plus utiles et on les place au plus prêt, là où on en a besoin.
Ceci dit je m’occupe peu des plantes, la plupart du travail je l’ai focalisé sur la terre (ajout de crottin de cheval etc). La grande quantité de vers de terre est bon résultat.

La prochaine fois, cependant, je penserai d’abord à la protection des plantes et comment éviter l’intrusion d’animaux sauvages gourmands, en faisant des systèmes de barrière plus efficaces et moins moches.

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en arrière plan; les chevreuils n’ont qu’à traverser la route et la rivière avant de venir se régaler dans le jardin.

 

 

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On protège les quelques plants rescapés avec des filets et des bambous.

 

 

 

 

 

 

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J’ai pu protéger cette zone à temps et les chevreuils n’ont pas touché aux plants de tomates.

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Dedans c’est une petite jungle et chaque visite devient une chasse au trésor. On cherche des mini tomates ..et on trouve des poivrons et des concombres.

J’aime beaucoup ce désordre et les surprises qui en résultent.

 

 

Récolte des pommes de terre.

On creuse la terre à la recherche des plus grosses pépites, la récolte des pommes de terre se transforme en chasse au trésor.

Comme lors de nombreux travaux, on se rend compte qu’il est plus ludique et efficace de n’utiliser que ses mains, et que l’outil est superflu.
Il y a une semaine des animaux la nuit sont venus manger toutes les feuilles. Des chevreuils. Sinon nous aurions récolté un peu plus tard.
Nous avons fait bien mieux que l’année dernière.
Plantées le 19 février dernier, donc le résultat de 4 mois de croissance. Je vois que la terre est bien mieux que l’année dernière. Beaucoup moins dure. Grâce au crottin de cheval et à la paille des vieux tatamis. Cependant, seulement deux vers de terre assez costauds, se trotillent sous mes yeux.
En général je passe plus de temps à m’occuper de la terre que des plantes qui y poussent.
Nous n’avons donné aucun engrais. On n’a pas encore de compost, donc seulement du crottin de cheval. Nous recevons avec plaisir et reconnaissance ce que la nature nous offre et que les animaux de la montagne nous laissent…
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Petit tour en forêt

Je suis parti encore en forêt aujourd’hui pour ramener un peu plus de bois mort, pour mon essai de culture sur butte.

Voici quelques photos.

 

Un chevreuil à la sortie du village.

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Les forêts ne sont plus entretenues. L’économie du bois s’étant effrontée avec la hausse du coût de la main d’oeuvre et les importations massives.

 

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Superbes mousses. On se croirait au pays de Totoro.

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Les chasseurs

Je suis avec un ami dans son atelier, situé dans les montagnes, au bord de la forêt. La maison la plus proche est à un kilomètre.
Juste au moment où nous finissons de ranger les affaires, un chevreuil dévale, il est poursuivi par un chien de chasse qui lui mord le train arrière. Le chevreuil dévale; il passe devant nous à deux mètres ainsi que le chien. Le chevreuil se planque en contrebas, se cache derrière une cabane, mais le chien le trouve plus tard, et les chasseurs accourent.
Ils nous demandent la permission avant d’achever le chevreuil, avec un gros couteau. Le chevreuil est déjà blessé et il est difficile de refuser à un groupe d’hommes armés de fusils et de chiens fous.

Les chasseurs sont tous vêtus de costumes oranges. Ils sont discrets et silencieux. Leur visages sont fatigués. La lumière, à l’intérieur, est éteinte. Ils trainent la dépouille du chevreuil jusqu’au bord d’une rivière. Ils ne chassent plus pour le plaisir, mais pour l’argent. Voila pourquoi.

Les chasseurs vont retirer deux incisives du chevreuil avec une pince et une hachette et vont le prendre en photo. Ca leur permettra de toucher une prime de la préfecture. 6500 yens (50 Euros ou $65US) par bête, pour plus de 21 bêtes abattues dans la saison. Car le chevreuil est considéré comme nuisible.

Puis ils nous disent qu’on peut garder le chevreuil abattu si on veut et que sinon, ils iront le balourder au fond de la montagne. Visiblement ils en mangent tous les jours et n’ont pas besoin de s’encombrer.

Avec K. notre ami on dit qu’on va le garder. C’est en effet la meilleure chose à faire dans ce cas. Bon … puis, on appelle un voisin qui est assez réputé pour découper le gibier et on va lui apporter chez lui, lequel nous dit d’aller le suivre au fond d’une autre vallée où il va se mettre à le decouper devant nos yeux. K. ramasse les morceaux (tête, pattes ,peau) et les range dans un trou et fait une prière. Il pose les intestins un peu plus loin; les blaireaux viendront les manger un peu tard dans la nuit.
Finalement avec K. nous laissons le voisin emporter toute la viande, de cette aventure nous ne garderons que le souvenir.
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Le Chevreuil piégé.

Huit heures du mat’, les brumes chachent le haut des montagnes. Il fait doux aujourd’hui; on sent le printemps s’approcher.
Je fais un tour dans le village; histoire de me dégourdir les pattes après avoir passé dix heures en avion hier. J’aperçois un chevreuil de l’autre côté de la rivière. C’est dans un champ de yuzus. Il y a quelque chose d’anormal; l’animal fait beaucoup de bruit; il se débat. Ses bois se sont pris dans des filets. Il a dû être pris là, bloqué; depuis 4 heures. Les chevreuils en effet retrournent vers les montagnes à la fin de la nuit.
La bête est épuisée, mais se démène avec une énergie féroce; elle se tourne sur elle même, donne des coups de tête. Sa langue pend. J’entends son souffle.
Les filets; qui sont là autour des champs justement pour éviter l’intrusion des chevreuils, font une grosse pelotte autour des bois de l’animal. Il y a des cordes; qui lui serrent le cou et sont au point de l’asphixier.
J’appelle ma femme et un voisin. Le voisin répond de suite ‘J’arrive; on va se le faire’: Effectivement zigouiller le chevreuil serait le plus simple; et le moins dangereux. On veut pas se prendre un coup de pattes dans les bijoux de famille.
Dans le village il est d’usage de zigouiller les animaux qui se prennent ainsi dans les filets. Un coup de bout de boit derrière la nuque.
Mais bon on est des gentils gars de la ville et notre préference est de le libérer.
L’affaire est difficile. Avec une corde on tente d’immobiliser l’animal qui dans sa folie risque bien de nous ouvrir le bide d’un coup de tête. N’est pas cow boy qui veut. On finit par attacher le chevreuil au niveau des bois; en lançant une corde et en l’attachant solidement à un arbre. Le chévreuil se tourne; manque de nous foncer dessus. Le filet, de son côté est sur le point d’étrangler l’animal.
A ce moment là je me dis qu’on ferait mieux de le zigouiller. Mais mon épouse me rappelle au bon sens.
On parvient ensuite à attacher une patte arrière du chevreuil. On tend la corde que l’on noue à un tronc. C’est bon l’animal; attaché en deux points, est enfin maîtrisé.
On peut donc s’approcher. On découpe avec de gros ciseaux la pelotte de cordes et de filet autour des bois du chevreuil.  Puis on coupe la corde pour libérer sa tête. L’animal se relève. Il est plus calme.
On finit par couper la corde pour libérer sa patte arrière. Je me demande s’il ne va pas nous foncer dessus.
Libre, le chevreuil fait quelques pas.
Il se retourne et nous regarde en silence.
chevreuil piégé