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Chercher du gravier
Que faire un samedi d’octobre lorsqu’il fait un temps magnifique.
Aller chercher du gravier!
Je veux étendre du gravier là où nous garons la voiture, et puis aussi je veux poser un tuyau entre les deux anciennes rizières qui forment notre jardin pour mieux faire s’évacuer l’eau des pluies. Je poserai du gravier pour stabiliser et cacher le tuyau.
Mon ami S a un nouveau camion, un Mitsubishi Fuso, flambant neuf. Il va m’aider à aller chercher du gravier. Plus facile avec un camion de trois tonnes qu’avec mon petit camion keitora où l’on peut charger jusqu’à 350 kg.

J’achète deux canettes de café pour la route. … il me passe une cigarette (il roule son tabac maintenant, le coût à la cigarette revient à la moitié des cigarettes normales), et c’est parti pour un tour. C’est un moment tout à fait génial, dans ce beau camion on doit être les deux hommes les plus heureux du monde, manque que le violon de Grapelli avec la musique des Valseuses.
https://www.youtube.com/watch?v=qyW9bsWOJmc
On va à quinze kilomètres trouver une caillouterie … comment dit on en Français ?
Là un énorme engin vient déverser en une fois, trois tonnes de gravier oh yeah dans la benne. Le conducteur d’engin nous fait de beaux sourires, c’est un jeune, le jeune le plus heureux du monde c’est sûr, avec un engin pareil!

Les hommes quelque soit leur âge aiment les gros jouets. Regardez les militaires comme ils ont heureux avec leurs gros tanks et les porte-avion … pareil …
Il fait beau temps et du camion qu’est ce qu’on voit bien la route. Magnifico.

Avant de verser le gravier pour la place de la voiture, on retire des grosses pierres. Le pied-de-biche tricolore bleu blanc rouge est ici encore bien utile en plus d’être magnifique…

Reconstruction du sanctuaire détruit
Il y a quelques mois déjà, un énorme cryptomère a détruit dans sa chute un sanctuaire shinto dans le village. La photo est assez impressionnante.

Depuis, tout a été dégagé; et les travaux de (re)construction ont bien avancé.
Je suis allé y faire un tour et le charpentier et un maçon y était affairés. Très sympa le charpentier, on a pu faire connaissance; et il m’a fait visiter le chantier.

Intéressant de noter que la nouvelle construction est différente. On ne fait pas à l’identique. D’ailleurs plus ouvragé et recherché qu’avant.


Cet élément entre les deux poutres, s’appelle; m’explique le charpentier, kaérumata ou les cuisses de la grenouille. 蟇股

Non seulement le charpentier est très sympathique mais il a aussi un beau camion.

Pour la construction il a choisi du cyprès hinoki ヒノキ 檜. Le plafond est fait avec du sugi cryptomère すぎ 杉.

Le charpentier est également bien organisé avec ce système pour réchauffer les canettes de café. Quand j’étais étudiant en Pologne j’utilisais un truc similaire pour chauffer des boites d’épinard.
Je suis vraiment content de savoir que ce sanctuaire est reconstruit, et ce dans les règles de l’art.
Mais ce qui me réjouit aussi, c’est qu’autour du sanctuaire; là où se dressaient les cryptomères qui se sont écroulés; ils ont planté des arbres. Des érables du Japon.
Avec les cryptomères (et Claudel)
Samedi. Hier. On part à 5 heures du matin. Destination, une petite vallée à 30 km au nord de chez nous.
La vallée est presque inhabitée. Recouverte de forêts de cryptomères plantés là il y a 40 ans, comme un peu partout dans la région.
L’endroit est très plaisant. Une magnifique rivière, ses belles pierres arrondies.
Autrefois, avant que les cryptomères ne se dressent sur leurs trente mètres de hauteur, c’étaient des rizières. En témoignent les anciens murs de pierre qui mettent les terrains à niveau. On exploitait alors le moindre terrain pour faire pousser du riz.
Mon copain S. a été engagé pour couper les cryptomères d’un grand terrain. Un investisseur de la ville y fera installer des panneaux solaires. C’est le boom du solaire ici au Japon et les panneaux solaires fleurissent un peu partout, jusqu’en des endroits à priori préservés. Quand on voit les déastres de l’énergie nucléaire, on ne peut être que pour le solaire. Mais j’ai des réserves lorsque l’on détruit des forêts et que l’on remplace des arbres par des panneaux. Toujours cette course pour la laideur.
Aujourd’hui j’accompagne S. Je chargerai mon camion des plus grosses branches de cryptomères. Le cryptomère est un bois léger, il brûle très vite. Mais c’est différent pour ses branches. Les branches sont beaucoup plus denses que le tronc et peuvent bien s’entendre avec un poêle a bois.

Toutes les branches font un gros tas sur une partie dégagée du terrain. Le travail consiste à dégager les plus grosses branches, les couper et les charger dans le camion. Un parfum étonnant de réglisses m’accompagne tandis que je m’affaire.

S. coupe d’autres arbres. Toujours impressionnant d’observer la chute de ces colosses au pied d’argile.




Le passage sur les cryptomères, dans Connaissance de l’Est de Claudel, me revient à l’esprit.

Avant de rentrer, S. charge son camion.

Un dimanche comme je les aime
- Lever à sept heures – petit déj en famille
- Glandouille devant Calcifer le poêle à bois, lis quelques pages du journal de guerre de Ernst Jünger. Le fils à mes côtés sur le canapé lit une manga de Ishinomori sur Sherlock Holmes. Les chats se réveillent.
- Neuf heures, vais dans notre montagne. En descends quatre troncs d’arbres. Les porte sur l’épaule. C’est lourd. Je transpire. Le bonnet de laine de huit euros est tout trempé. Le bois c’est pour une future barrière.

- Un voisin passe, monsieur K. On discute.
- Remonte dans la montagne. Réarrange le grillage autour de quatre arbres momijis plantés l’année dernière. Les chevreuils ont abimé le grillage et grignoté un peu de ces petits arbres.
- S. passe en camion en bas. Il m’appelle et dit qu’il est train de couper des arbres, que je pourrai prendre les chutes. Je descends et le suis en camion.
- Nous arrivons au pied de la montagne de Kaz. Un bel endroit. Trois grands cyprès coupés bloquent le petit chemin de montagne. S., Kaz., et un inconnu X. s’affairent avec leurs tronçonneuses. Les pros utilisent des tronçonneuses allemandes de la marque Stihl.

- En fait monsieur X. veut faire des tabourets en bois pour une équipe de foot. Un beau visage. Un sourire très calme. Très rare ici; une boucle d’oreille. Dès le début je le trouve très sympathique. De tout façon si c’est un ami de Kaz ce ne peut être qu’une personne sympathique.

- Tous les morceaux de moins de 30cm de diamètre je les ramasse et les charge dans mon camion. Ca finira par faire trois camionnées. Not bad at all. C’est Calcifer le poêle à bois qui va être content!

- On fait la pause de midi et allons tous les quatre déjeuner dans un petit resto. Quelle fine équipe.
- C’est vraiment sympathique de travailler ensemble tous les quatre. On charge les plus gros morceaux qui feront les tabourets dans le camion de X. C’est bien lourd et l’on apprécie l’occasion de pouvoir utiliser sa force.

- Je monte le chemin de montagne pour m’éloigner et faire pipi. Qu’il est agréable de faire pipi en montagne. J’admire le paysage et la beauté du coin tout en mouillant mes bottes. D’énormes arbres, poussés par la neige tombée en abondance cette année se sont effondrés d’une falaise.

- S. coupe un autre arbre, un cyprès énorme. facilement 60 ans. Le cyprès est bloqué à un moment. S. l’attache à son camion et le tire pour le débloquer. On passe ainsi trois bonnes heures. Une pause café. On est tous détendus et sérieux. Mais pas de déconnade. Faut jamais déconner en présence de tronçoneuses.

- Le travail fini tout le monde se sépare.
- Je décharge le camion, retourne dans ma montagne et finis de poser un filet autour de deux autres arbres. Toujours contre les chevreuils affamés.
- Retourne à la maison et fais une petite recherche sur les prix de vente de bois de chauffe. S. qui sait vraiment tout faire, mais vraiment tout, ne s’emmerde pas avec internet et quand il veut chercher une info il me demande de le faire pour lui. Je m’exécute avec grand plaisir. J’imprime le fichier excel avec une liste de prix et les différents ratios en Yens par volume, et vais le retrouver chez lui.
- Il est dehors, fume une cigarette en se réchauffant devant un petit braséro. Il regarde le soleil couchant. On discute des prix du bois de chauffe. Un voisin agriculteur arrive. Il s’allume une cigarette et approche ses mains du braséro. Il fait frisquet.
- Rentre à la maison, et repars avec le fils; diner au kaiten sushi de la ville voisine. Comme dessert le fils commande un parfait à la fraise. On discute avec le chef sushi qui nous informe qu’avec le prix des fraises qui est à la hausse ils vont bientôt retirer du menu les parfaits à la fraise. Et oui c’est comme en France: tout part en couille, .
- Je lui demande s’il va remplacer le parfait à la fraise avec du parfait à la sardine.
Au pied de l’arbre sacré
Cette fois-ci pour la branche de l’arbre sacré, j’y vais à la tronçonneuse. Beaucoup trop gros pour scier à la main.

Il neige légèrement, le sol est mouillé et glissant. Je travaille le plus lentement possible et veille à enclencher le frein de la tronçonneuse entre chaque découpe, pour éviter tout accident.

Lorsque je tronçonne les parties les plus épaisses, le bois, coupé, apparait dans toute sa splendeur endormie.
Dans une vie antérieure, cet arbre a certainement été un cachalot. C’est vraiment ça …. ces couleurs, et cette sensation de puissance passive, de force silencieuse: un cachalot!




Cet arbre est majestueux. On voit bien la branche arrachée par la neige.

La petite construction derrière c’est le sanctuaire qui habite les jizous.

A ses pieds, on se sent tout petit….
Avec le bois obtenu je fais trois aller et retours avec le camion.

Scarry ! ! et les crapauds de la forêt
Vous connaissez sans doute les formidables petits camions blancs japonais que l’on appelle ici keitora ou kei truck soit ‘camion léger’. On les trouve partout dans les campagnes japonaises. Il y a plusieurs fabricants; Daihatsu, Subaru, Mitsubishi, Honda et Suzuki.
Le modèle de Suzuki s’appelle Carry soit ‘transporter’. Pas mauvaise idée certainement mais les génies du département marketting à Suzuki ont fait mettre le S du logo de Suzuki juste devant le nom du modèle ….
Ce qui donne Scarry. Marrant non ? Ou bien scarry ? ?
Personne à Suzuki n’y a pensé ?
Si le marketing de Suzuki me fait un peu marrer tout seul dans mon coin, les crapauds de la forêt m’inspirent le plus grand respect. Car pendant ce temps là dans les flaques d’eau de la forêt, les crapauds font leur business. C’est la saison. Regardez cette quantité presque infinie de petits oeufs de crapauds ! Respect ! C’est la puissance de la nature …
Bande Dessinée: English please ! ! !
J’ai il y a peu fait imprimer ma bande dessinée ‘TOUT IRA BIEN’. J’ai été étonné par le nombre de commandes reçues et ai dû commander de nouveaux exemplaires à l’imprimeur à plusieurs reprises ! Quelle merveilleux sentiment que d’être en rupture de stock !
C’est purement fantastique. Merci encore pour votre soutien.
Cette fois-ci j’ai fait imprimer la version anglaise (ou Frenglish pour être plus précis).
Elle nous a été livrée aujourd’hui. Je réalise malheureusement que j’ai commis une grosse faute de frappe sur la couverture. Je corrigerai à la prochaine impression…
Belle coïncidence, le poissonnier ambulant passe nous voir peu après la livraison des BD. Comme il étudie l’anglais je lui montre un exemplaire de la BD et il est très intéressé.
Il déchiffre attentivement les premières pages. Je lui explique que l’intrigue est directement inspirée des événements qui ont suivi la catastrophe nucléaire de Fukushima, il devient soudainement songeur.
Alors nous faisons un deal, et échangeons une copie de la BD contre quatre chinchards et une tête de poulpe !
Vous pouvez donc désormais commander à la fois la version anglaise et la version française, avec le bouton paypal ci-dessous:
Le plein d’énergie avec le poissonnier ambulant
C’était l’occasion d’aller nous promener au fond de la vallée.
Nous nous promenons dans les ruelles du hameau à moitié abandonné, il n’y reste qu’une vingtaine d’habitants, et l’on entend une musique délirante qui perce le silence des montagnes et les chants réguliers des insectes. D’où peut donc venir cette musique ?
Nous découvrons le camion du poissonnier ambulant! Et faisons ainsi la connaissance de Monsieur I.
Un personnage au grand sourire et qui déborde d’énergie. On commence tout de suite à parler de tout, sur tout. Qu’est-ce-qu’un Français fait là. Où est -ce que j’habite. Quel est mon job. Et lui où il habite, comment il a arrangé son camion etc; si, sur la musique du camion, c’est sa femme qui chante ? ….
Il vit dans la ville voisine et depuis plus de 30 ans fait le tour des villages alentours avec son camion et vend des poissons et des friandises. (côté gauche, poissons, côté droit, friandises).
Au détour de la conversion on apprend qu’il apprend l’anglais et qu’il se lève tous les matins à 3 heures pour aller se fournir en poissons au marché de Himeji à 30 kilomètres.
Il n’a pas de magasin et ne fait que de la vente ambulante. Ce qui me semble un bon business, car les frais et les soucis sont bien moindres ainsi, et tous les jours il sort et voit du pays.
Il a de beaux saba (サバ 鯖、maquereaux) et on cède aussitôt à l’envie d’en acheter.
Pour finir Monsieur I. sort son ocarina et nous joue un truc très chouette et nous projette directement dans le monde de Totoro.
Bien en tout cas c’est décidé désormais nous nous fournirons en poisson auprès de Monsieur I ! Et ce sera aussi l’occasion de bien blaguer !
Au sujet des vendeurs ambulants, il y en avait autrefois beaucoup ! De nos jours tout le monde a une voiture, et Monsieur I et son sourire sont parmi les derniers rescapés. Autrefois il y avait ainsi un marchand de glaces qui faisait le bonheur des enfants. On dit que le vendeur de glaces faisait aussi du kami shibai. Pour les enfants.
Ça devait être pareil en France. Quand j’avais 5 ou 6 ans nous habitions en région parisienne et je me souviens de Pedro le marchand de glaces qui passait dans sa fourgonnette Citroën avec ses petites boules sucrées.
Par contre Pedro ne jouait pas d’ocarina.
Le portrait du camion
Energie Solaire et bois de chauffe
La recherche d’opportunités pour trouver du bois de chauffe est constante. Car, en hiver, Calcifer notre poêle à bois a très faim.
Cette fois-ci c’était assez spécial: nous avons reçu l’appel d’une connaissance nous informant d’une gigantesque installation de panneaux photovoltaïques à 30 kilomètres du village.
Pour ce faire une entière foret a été rasée. Et il est possible d’y aller chercher du bois.C’est un gros chantier avec des pelleteuses et plusieurs dizaines de personnes. Les branches des arbres ont été broyées, et il reste les troncs d’arbres, coupés et rangés en tas réguliers.
L’installation photovoltaïque est impressionnante. La capacité prévue est de 2 Mégawatts. 2 Mégawatts … c’est vingt mille panneaux solaires …
Pour nous c’est une affaire en or, car il suffit de charger le camion et de prendre tout le bois possible.
Cela pose la question tout de même de l’énergie solaire déployée ainsi à échelle industrielle. L’énergie solaire c’est l’avenir absolument … mais raser des forêts pour poser des milliers de photovoltaïques ? On peut être dubitatif. Est-on condamné à toujours détruire la nature ? Encore la démesure, l’hubris ?
Voir le sol de la forêt, dénudé, écrasé et tassé par les engins est une vision attristante. La vie est partie et la terre meurt.
OK l’énergie solaire est nécessaire pour pouvoir se désengager du nucléaire et du pétrole, ces grands cancers qui dévorent l’avenir du monde; donc cette installation, c’est donc un moindre mal. Mais si quelqu’un venait à me demander mon avis je dirais que je préfère l’installation solaire modeste sur le toit de la maison autonome et pas raccordée au réseau … voila le rêve.
On note le développement exceptionnel du solaire au Japon grâce à une tarification avantageuse et garantie pour 10 ans …. les photovoltaiques poussent partout comme des champignons.
Mais bon pendant ce temps, on a chargé le camion de notre ami. Les essences sont de qualité. Beaucoup de chêne. Le bois coupé au mois de mai a séché pendant l’été. Reste à le couper, le fendre et à le ranger avec amour …. Y a du boulot !
















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