Tagué: bois de chauffage

Vidéo: préparer le bois pour l’hiver

Je m’essaye à faire des vidéos sur notre quotidien.

Ici: je me filme lors de la préparation du bois pour les hivers prochains.

C’est donc aussi mon coming out !

C’est lundi dernier, j’ai passé la journée entière à fendre du bois 🙂

Sur tous les fronts

Un week end bien occupé, avec des activités variées. Les activités ne manquent pas. A la campagne il y a toujours plein de choses à faire.

Vers 8 heures je vais voir S à l’autre bout du village, il est dans son atelier, se réchauffe devant un petit feu. J’apporte des cafés. Il me passe une cigarette. On se parle de la semaine qui vient de passer, et de celle qui va suivre.

Ensuite à la maison je déplace du bois dans le jardin, du point A au point B, pour pouvoir, plus tard, le couper, le fendre et le mettre à sécher. Ce sera pour nous chauffer, dans deux ans. (le bois pour l’hiver prochain est déjà prêt, préparé il y a deux ou trois ans). C’est du bon bois. C’est Mr K. qui m’avait fait signe en décembre, pour aller chercher tout ce bois, au sud du village, sur le futur chantier d’une usine. Une partie aussi (les troncs de cryptomères en premier plan) je les ai descendus un par un de notre montagne.

Ça donne chaud de transbahuter tout ce bois et le chêne et le kaki sont particulièrement lourd. Toujours veiller à ne pas se blesser.

Pour faire une pause je déguste la première page du neveu de Rameau. C’est tout à fait formidable.

Ensuite je pars à 30 minutes du village pour aller chercher du crottin de cheval dans un club hippique. Notre fils y faisait du dada il y a quatre ans … Revoir les chevaux me fait un choc, quelle beauté, quelle puissance, quelle douceur. On se sent tout petit.

Ça me fait vraiment du bien. Une Horse therapy express en dix minutes. Après, je charge le camion de crottin!

Pour plus tard l’étaler dans notre potager. Le crottin de cheval fait toujours un effet boeuf sur la terre. ça sent bon tout ça.

Ensuite notre ami S passe nous avoir avec son chien. On se retrouve tous sous les rayons du soleil, c’est une belle journée printanière, mon épouse rapplique, on sort les bières.

On parle de la vie: c’est notre sujet favori.

Les canettes de bière vides on va jeter un coup d’oeil à la petite maison, S. me donnera un (gros) coup de main pour refaire le plancher des deux pièces du fond. Au préalable j’ai retiré les tatamis.

Intéressant de voir que sous les tatamis il y a une étiquette qui indique leur emplacement dans la pièce (les anciennes maisons ne suivent pas un standard particulier, et donc les tatamis n’y ont pas tous forcément la même taille).

Sous ce tatami par exemple on voit ‘Ouest’.

Voila ce que ça donne sans les tatamis. Certaines parties on vraiment été bricolées et on peut se demander comment tout tient debout. Il faut vraiment refaire cette partie du plancher.

Mais aussi il faut saluer cette grande économie de moyens! Il y a pas de gâchis. Et le tout avec des matériaux naturels.

A noter, les espaces le long des engawas, renforcés de pierres et de torchis. Avec des ouvertures pour laisser le tout bien aéré. Ce qui est fondamental dans ce pays aux été très humides.

Prêts pour 2018

Des quantités phénoménales d’arbres se sont écroulées avec le dernier typhon; il suffit de se baisser et d’en ramasser (j’exagère un peu).

Nous avons donc un énorme tas de bois derrière la maison, avec lequel nous nous chaufferons l’année prochaine. Nous sommes donc prêts pour 2018.

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Voilà une activité que j’adore, ramasser du bois dans tous les coins de notre vallée, découper des arbres tombés et caetera.

Avec le copain K. nous partons au fond de la vallée. Un chemin forestier défoncé de toutes parts, pour récupérer un cyprès écroulé. K. collecte les branches pour en faire du charbon de bois, je récupère le tronc pour Calcifer.

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La forêt sent la réglisse; que l’on y est bien. Le silence est doux et léger.

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A la fin de la journée, on voit à notre plus grande surprise quelqu’un qui descend le chemin en vélo, il porte une grande serpe. Il nous demande ce qu’on fait là; nous lui demandons ce qu’il fait là.

Pour finir; ce message, aperçu sur un sac, dans un magasin de la gare d’Osaka.

Bonne fin d’année à tous.

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Avec les cryptomères (et Claudel)

Samedi. Hier. On part à 5 heures du matin. Destination, une petite vallée à 30 km au nord de chez nous.

La vallée est presque inhabitée. Recouverte de forêts de cryptomères plantés là il y a 40 ans, comme un peu partout dans la région.

L’endroit est très plaisant. Une magnifique rivière, ses belles pierres arrondies.

Autrefois, avant que les cryptomères ne se dressent sur leurs trente mètres de hauteur, c’étaient des rizières. En témoignent les anciens murs de pierre qui mettent les terrains à niveau. On exploitait alors le moindre terrain pour faire pousser du riz.

Mon copain S. a été engagé pour couper les cryptomères d’un grand terrain. Un investisseur de la ville y fera installer des panneaux solaires. C’est le boom du solaire ici au Japon et les panneaux solaires fleurissent un peu partout, jusqu’en des endroits à priori préservés. Quand on voit les déastres de l’énergie nucléaire, on ne peut être que pour le solaire. Mais j’ai des réserves lorsque l’on détruit des forêts et que l’on remplace des arbres par des panneaux. Toujours cette course pour la laideur.

Aujourd’hui j’accompagne S. Je chargerai mon camion des plus grosses branches de cryptomères. Le cryptomère est un bois léger, il brûle très vite. Mais c’est différent pour ses branches. Les branches sont beaucoup plus denses que le tronc et peuvent bien s’entendre avec un poêle a bois.

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Toutes les branches font un gros tas sur une partie dégagée du terrain. Le travail consiste à dégager les plus grosses branches, les couper et les charger dans le camion. Un parfum étonnant de réglisses m’accompagne tandis que je m’affaire.

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S. coupe d’autres arbres. Toujours impressionnant d’observer la chute de ces colosses au pied d’argile.

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Le passage sur les cryptomères, dans Connaissance de l’Est de Claudel, me revient à l’esprit.

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Avant de rentrer, S. charge son camion.

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Au pied de l’arbre sacré

Cette fois-ci pour la branche de l’arbre sacré, j’y vais à la tronçonneuse. Beaucoup trop gros pour scier à la main.

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Il neige légèrement, le sol est mouillé et glissant. Je travaille le plus lentement possible et veille à enclencher le frein de la tronçonneuse entre chaque découpe, pour éviter tout accident.

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Lorsque je tronçonne les parties les plus épaisses, le bois, coupé, apparait dans toute sa splendeur endormie.

Dans une vie antérieure, cet arbre a certainement été un cachalot. C’est vraiment ça ….  ces couleurs, et cette sensation de puissance passive, de force silencieuse: un cachalot!

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Cet arbre est majestueux. On voit bien la branche arrachée par la neige.

 

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La petite construction derrière c’est le sanctuaire qui habite les jizous.

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A ses pieds, on se sent tout petit….

 

Avec le bois obtenu je fais trois aller et retours avec le camion.

 

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Un arbre sacré

Avec les tonnes de neige qui sont tombées dans la vallée, une grande branche d’un arbre sacré s’est cassée. Elle est tombée dans la rivière.

L’arbre sacré protège un petit sanctuaire situé au bord de la route, à l’entrée d’un hameau, un peu plus haut. A écrire ces lignes la question me tarabuste … c’est un sanctuaire shinto ou autre chose ? Il n’y a pas de portique sacré (torii). C’est ce que l’on appelle un hokora. ほこら、祠

Toujours est-il que cet arbre magnifique et sacré protège un sanctuaire, et qu’il a perdu une de ses grandes branches, laquelle est tombée dans la rivière et ça va poser problème lors de pluies violentes.

Je téléphone au chef du village pour savoir si je suis autorisé à dégager la rivière et emporter le bois tombé, pour Calcifer notre poêle à bois,  son appétit est sans limite. Il faudra sans doute trois camionnées pour tout ramener à la maison …

On me confirme que ça arrange tout le monde et j’ai le green light. Il y a trois ans j’avais fait aussi la découverte d’un cerisier géant effondré dans les montagnes, à côté d’un cimetière.

Voyez-vous, les beaux arbres comme ça il n’y en a quasiment que dans les lieux sacrées ici; les sanctuaires ou les cimetières. Les hommes, dans leur hubris, mais aussi dans l’espoir d’échapper à la pauvreté et de pouvoir embrasser la modernité, ont tout rasé pour planter des cryptomères, il y a quarante ans. Voila. Tous les beaux arbres sont partis.

Je descends dans la rivière. Encore de la neige, ça glisse. J’emporte deux scies. Pas envie d’utiliser la tronçonneuse aujourd’hui. Il fait sombre déjà. Je récite un pater noster avant de commencer le travail. Car le lieu est particulier, et il faut le respecter. C’est un power spot. Beaucoup de choses s’y passent. Pas forcement que des bonnes.

Le travail pendant deux petites heures se passe très bien. Avec un immense plaisir. C’est bien plus agréable de scier à la main. C’est, en fait, du bonheur à l’état brut. Je suis seul. Les pieds dans l’eau glacée et mes bottes et mes gants de cuir sont trempés. Je transpire. C’est formidable.

Découper un arbre c’est comme dépecer un animal. C’est pareil. A part que les organes dont on n’a pas besoin sont à l’extérieur pour l’arbre, c’est le feuillage et les petites branches. Mais que l’on dépèce un arbre ou un animal, il faut le faire avec respect et amour. Et ainsi les choses prennent leur sens.

Pour aujourd’hui j’ai retiré les branches qui étaient dans l’eau. La rivière est dégagée, ses paroles peuvent de nouveau s’écouler sans entrave. Il fait nuit. Je rentre à la maison. Mais je reviendrai. I will be back.

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Un peu d’ibérico?

Vous prendrez bien un peu de ce délicieux jambon espagnol, l’ibérico ?

Mmmmm, comme ça a l’air bon.

 

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Nous vivons tellement proches du bois. Notre maison bien sur en bois. Et les tas de bois pour le chauffage (calcifer). Et tous les meubles à la maison … bois …. bois … bois … Des fois je me dis que du bois, on en mangerait!

C’est une des plus grandes joies que nous avons dans notre vie quotidienne; ce contact permanent avec le bois.

Dans une vie future, je serai sans doute termite …

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Il pleut légèrement mais je continue à travailler dans la montagne aujourd’hui. J’écoute Harumi Hosono et son groupe Happi End .. (Hosono … un des fondateurs du yellow magic orchestra)… Leurs chansons sont si belles, on ne sent pas la pluie.

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Travailler le bois. C’est comme travailler la terre. L’arbre est un intermédiaire entre la terre et nous. Travailler le bois c’est un peu comme se reconnecter à la terre.

Aujourd’hui je termine trois piliers pour la barrière. Je fume une cigarette pendant la pause. Les allumettes sont récalcitrantes sous la pluie.

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Après Hosono et ses compères je mets une cantate de Bach. La pluie s’arrête … Le soleil tout à coup nous inonde … on est vraiment bien !

Le cocktail du week end

Le cocktail pour le week end de Calcifer le poêle à bois, c’est: moitié cerisier, moitié cyprès.

Dans cette brouette, je reconnais chaque arbre.

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Le cerisier, c’était le cerisier éléphant trouvé dans la montagne l’année dernière. Le cyprès provient d’un jardin à 20 km d’ici.

Lorsque je vivais à Paris en 2001 par exemple, le cocktail était très différent: un peu de Chinon, un peu de Nogent … le tout avec de l’uranium extrait du Niger ou du Kazakhstan …

Je préfère me chauffer au bois.

Le marronnier de la voisine

Donc, on a coupé le marronnier de la voisine lors du nettoyage collectif de la rivière car il encombrait trop et gênait le débit de l’eau (de la rivière).

Un beau marronnier centenaire.

La voisine était triste et aurait préféré le garder et ne pas le couper. Je sentais qu’elle n’était pas tout à fait d’accord avec la décision du chef du village (par contre son mari était d’accord).

Une fois coupé on a transporté les buches jusqu’à la maison.

Le bois était très frais et ma hache suédoise l’a fendu avec beaucoup de facilité. Une vraie entente entre le bois et l’acier. On sentait vraiment qu’il était encore vivant, le marronnier. Il était frais comme un légume que l’on vient de retirer de la terre du jardin. Maintenant le marronnier est saucissonné et rangé dans mon abri bois. Où il va pouvoir sécher tranquillement.

En le fendant j’ai pu observer tous les différents insectes qui y vivaient. C’était impressionnant.

Dans une branche pourrie j’ai vu quelques termites. Cette branche je vais l’apporter au tondo, le grand bûcher annuel du village. Pas besoin de garder ça à côté de la maison trop longtemps.

J’ai trouvé aussi une colonie de fourmis. Les fourmis étaient assez grosses, un centimètre. Et d’une magnifique couleur caramel.

Dans d’autres branches il y avait une autre colonie de fourmis qui elles étaient minuscules, de l’ordre du millimètre.

Dans le bois de marronnier ici on trouve invariablement les galeries creusées par un kamikirimushi. (capricorne). On pourrait y enfoncer le petit doigt. On trouve aussi des larves de capricorne. Je sais que certains ici au Japon les passent à la poêle avec un peu de beurre, ça un goût de noisette dit-on !

Ce beau marronnier était un écosystème à lui tout seul.

La voisine disait que ce marronnier avait été planté par le grand père; elle était vraiment attachée à cet arbre. Malgré son âge avancé elle continuait à descendre dans la rivière pour y récolter ses marrons, malgré la descente acrobatique et hasardeuse le long du mur de pierres, et les gros galets glissants.

En fendant a la hache une partie du tronc j’ai gardé une petite planche. Je l’ai passée au rabot et à la ponceuse. Je vais la donner à la voisine comme souvenir de ce bel arbre.

 

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Fendre du bois si on s’ennuie